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Patrick FROMENT

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Tout ce qui a été publié par Patrick FROMENT

  1. Effectivement, nous pouvons raisonnablement penser que la conscience est une propriété du vivant. Et là, ton propos contredit quelque peu la première citation que j'ai mis dans ce message. Mais, effectivement, si la conscience est une propriété émergente de l'activité neuronale nous pouvons raisonnablement penser qu'un système aussi complexe que le cerveau humain (même non biologique) puisse devenir conscient (cette théorie s'appelle le fonctionnalisme). Je ne voudrais pas revenir sur des discussions passionnantes que nous avons eu sur ce forum dans d'autres sujets mais, comme tu le sais j'imagine, la question de savoir ce qu'il y avait avant la singularité qu'on appelle le big bang est hautement spéculative. Je constate néanmoins que la plupart des scientifiques et des philosophes s'accordent pour dire qu'il est peu probable qu'il n'y avait "rien" (au sens d'un néant) avant le big bang (sous réserve, aussi, que la formulation "avant le big bang" ait un sens). Ces histoires de conscience et de "avant le big bang" me font penser à une théorie très spéculative du philosophe Colin McGinn (qui est loin d'être un rigolo !). Extrait du l'excellent petit livre de vulgarisation La conscience en images de David Papineau et Howard Selina : La conscience comme "résurrection d'une réalité non spatiale antérieure au big bang"... ça fait rêver, Non ?!?
  2. Ce qui est assez fascinant c'est que nous voyons très bien, dans les débats que nous avons ici depuis 12 ans, que ce concept de "conscience au sens fort" est systématiquement contré par des arguments impliquant ce que Michel Béat appelle un "monde au sens fort". L'argument massue étant celui de la science, de son efficacité et de son puissant pouvoir prédictif, démontrant "évidemment" la validité de la conception d'un monde au sens fort. Or, comme le montre très bien Bernardo Kastrup dans l'autre ouvrage cité plus haut, il n'y a pas plus d'arguments empiriques justifiant la conception d'un "monde au sens fort" que d'arguments justifiant la conception d'une "conscience au sens fort". Dans un sens, il y a même plus d'arguments empiriques pour la conscience au sens fort puisque nous faisons plus immédiatement l'expérience de la conscience que l'expérience du monde. Et que par ailleurs les "signes du monde" (que ce soit au sens fort ou au sens faible) ne sont jamais que des contenus de conscience. L'épistémologiste honnête ne peut que concéder que la science est une construction humaine. Et qu'il est impossible de trancher sur la question de savoir si les lois et les régularités observées dans le domaine des sciences appartiennent au monde ou à l'esprit qui observe le monde (ou, encore, à un entre deux). Allez comprendre... !
  3. Oui mais pas que. Je mets en copie ci-dessous un extrait de l'ouvrage de Michel Béat que j'ai cité plus haut Phénomène, sens et substrat: De quoi la conscience est-elle faite ? (il s'agit d'un extrait largement consultable sur l'aperçu Google Books). Michel Béat est diplômé en physique théorique, docteur en philosophie et ingénieur en informatique, ainsi que chercheur rattaché à l'Institut de recherche philosophique de l'université Paris Nanterre. Je trouve qu'il explique très clairement la différence entre la conscience au "sens fort" et la conscience au "sens faible" ...ainsi que les impasses d'une vision strictement physicaliste ou naturaliste . Comme le dit Michel Bréat : "le postulat du naturalisme scientifique ne s'accorde qu'avec une conception de la conscience au sens faible". Or nous ne cessons de faire l'expérience d'une conscience au sens fort. Dés lors nous comprenons pourquoi certains matérialistes cherchent à éliminer ce problème de la conscience au sens fort.
  4. Très bonne question Mickaël ! Il y a effectivement une difficulté majeure à définir la conscience (mais ça c'est déjà le cas dans les neurosciences et dans la philosophie) et cette difficulté est à la source de nombreuses incompréhensions sur ce fil. Nous voyons bien, pour faire simple, qu'il y a au moins deux conceptions : La première conception est la conception d'une "petite conscience" qui est simplement (si j'ose dire) juste le moyen habile que l'évolution a trouvé et sélectionné pour permettre, disons, à l'animal pourvu d'un système nerveux d'appréhender son environnement et sa propre existence. Et ça, c'est plutôt la conscience vu dans une approche strictement scientifique (on peut appeler cette conscience là la conscience d'accès aussi). Et puis il y a la "grande conscience" (ou la conscience phénoménale), celle qui est souvent considérée par les philosophes comme un domaine d'être à part qui n'est pas réductible au domaine matériel. Cette "grande conscience" là n'est pas un phénomène qui apparaît, c'est plutôt l'apparaitre tout entier puisqu'elle s'impose à nous, elle est "ce que ça fait" d'être Mickaël ou d'être Patrick et elle constitue ce qui est notre expérience la plus intime à chaque instant. Cette "grande conscience" là est, en quelque sorte, la condition d'apparition des phénomènes et la condition de possibilité de toute connaissance. "Ce qui apparaît", par définition, apparaît toujours à une conscience et depuis un certain point de vue (je rappelle que l'étymologie du mot "phénomène" est "ce qui apparaît). Du coup c'est plutôt de cette "grande conscience" là dont parlent les auteurs que je cite fréquemment. Ce qui complique encore un peu les choses, c'est que cette "grande conscience" peut aussi être assimilée à l'âme dont parlent les spiritualités et les religions ou à la "conscience universelle" dans des approches plus orientalisantes. J'essaye, bien entendu, de rester ici dans un cadre philosophique bien que métaphysique (mais bon la métaphysique fait partie de la philosophie). Donc pour résumer la conscience au sens faible est une conscience fonctionnelle. Elle raisonne, elle prend des décisions, elle construit une représentation du monde. La conscience au sens fort, en revanche, est plutôt liée à une subjectivité irréductible, subjectivité vue non pas comme relativité mais comme domaine ontologique à part entière comme le dit Michel Béat dans son excellent ouvrage : Phénomène, sens et substrat - De quoi la conscience est-elle faite ? D'où tiens-tu pareille information et pareille certitude ? Je suis le premier à dire que toute idée d'un dessein intelligent, d'un principe organisateur ou d'un "Grand Architecte" sont hautement spéculatives mais, pour être tout à fait justes, il me semble que ton affirmation est, elle aussi, très spéculative. J'ai interrogé GPT-3 pour essayer d'avoir un petit topo des connaissances actuelles Grosso modo nous avons une redite de tout ce qui a été débattu ici depuis 12 ans encore et encore : la conscience existait-elle avant le big bang ? La question de savoir si la conscience existait avant le Big Bang est un sujet complexe et philosophiquement débattu. La réponse à cette question dépend en grande partie de votre conception de la conscience et de votre perspective sur l'origine de l'univers. Selon la plupart des modèles scientifiques actuels, l'univers tel que nous le connaissons a commencé avec le Big Bang, il y a environ 13,8 milliards d'années. Avant le Big Bang, l'espace-temps tel que nous le comprenons n'existait pas. Par conséquent, il est difficile de parler de conscience dans le contexte pré-Big Bang, car la conscience telle que nous la connaissons est étroitement liée à notre réalité physique. Cependant, certains courants de pensée spéculent sur la possibilité d'un multivers ou d'une réalité pré-Big Bang, où des concepts tels que la conscience pourraient exister indépendamment de notre univers observable. Ces idées reposent souvent sur des hypothèses théoriques et sont difficiles, voire impossibles, à vérifier empiriquement. Il est important de noter que la question de savoir si la conscience existait avant le Big Bang relève davantage de la philosophie et de la métaphysique que de la science empirique. Les réponses à ces questions sont souvent spéculatives et basées sur des croyances personnelles ou des systèmes de pensée philosophiques. l'univers implique-t-il une conscience organisatrice ? La question de savoir si l'univers implique une conscience organisatrice est un sujet philosophique profondément débattu. Différentes perspectives philosophiques et métaphysiques ont été avancées pour explorer cette question. Certains courants de pensée, tels que l'idéalisme philosophique, soutiennent que la conscience est fondamentale et constitue la réalité ultime. Selon cette perspective, l'univers émerge de la conscience et est organisé par elle. Dans cette vision, la conscience est considérée comme un principe organisateur qui donne forme à la réalité. D'autres perspectives, comme le matérialisme, considèrent que la conscience émerge à partir de processus physiques complexes dans le cerveau et n'est pas une caractéristique fondamentale de l'univers. Selon cette vision, la conscience est le produit de l'activité neuronale et ne joue pas de rôle causal dans l'organisation de l'univers. Il existe également des positions intermédiaires qui proposent une interaction entre la conscience et l'univers, où la conscience peut influencer l'organisation de la réalité, mais est également influencée par celle-ci. Il est important de noter que cette question relève davantage de la métaphysique et de la philosophie que de la science empirique. Il n'existe pas de consensus clair sur la nature de la conscience et son rôle dans l'univers. Les réponses à ces questions sont souvent basées sur des croyances personnelles, des intuitions philosophiques ou des systèmes de pensée spécifiques.
  5. « L’univers est entièrement mental… Il y a eu de nombreuses tentatives théoriques pour préserver l’idée d’un monde uniquement matériel, mais celles-ci ne font plus progresser la physique et servent uniquement à maintenir une illusion, celle de l’existence d’un monde extérieur à la conscience » Richard Conn Henry - Academy Professor of Physics and Astronomy at Johns Hopkins University - dans la revue Nature (2005) ... et le lien vers l'article en question de la revue Nature : The mental Universe
  6. Nous avons eu plusieurs fois, sur ce fil, des interrogations du style : Qu'est-ce qui pourrait prouver la prépondérance du mental sur le physique ? ou : Quel serait le "signe" que la conscience est "première" par rapport à la matière ? (ce que nous pouvons traduire aussi par la question : Est-ce l'esprit qui découle de la matière ou est-ce la matière qui découle de l'esprit ?) ou encore : Peut-on imaginer une conscience extra-neuronale (c'est-à-dire décorrélée d'une activité neuronale) et quelles en sont les preuves ? Et d'ailleurs... Qu'est-ce que la conscience? Qu'est-ce que la matière ? Qu'est-ce que la réalité ? En 12 ans, sur ce fil, les débats éclairés des plus grands esprits de l'illusionnisme n'ont pas menés à grand-chose sur ces questions fondamentales qui ne sont toujours pas résolues depuis des siècles, ni par la science, ni par la philosophie... Enfin...! le débat a tout de même permis de montrer (et c'est déjà énorme !) que cette question est insoluble et qu'elle dépend d'un simple parti pris métaphysique selon qu'on adopte la perspective physicaliste ou bien la perspective spiritualiste. Par ailleurs nous ne pouvons même pas être sûrs que la question, avec les différentes formulations que j'ai proposé, ait du sens. Pour les besoins de cette grande Farce nous nous sommes distribués, avec @Christian GIRARD, les deux principaux rôles. À lui le rôle du physicaliste obtus rappelant sans cesse l'exigence de rigueur scientifique et rationnelle et à moi le rôle du spiritualiste rêveur à l’irréalisme assumé proposant un nécessaire (et vital !) sens métaphysique aux choses. Que Christian soit, ici, remercié d’avoir endossé ce rôle difficile et ingrat ! Cependant !… Nous allons pouvoir enfin être départagés sur cette question épineuse ! Alléluia ! Le Docteur Bernardo Kastrup vient nous répondre en se fondant sur un raisonnement rationnel et logique, lui-même basé sur des expériences scientifiques et des preuves empiriques publiées dans de prestigieuses revues scientifiques à comité de lecture : "Des preuves physiques récentes et solides indiquent fortement qu'aucune entité ou phénomène physique ne peut être expliqué séparément, ou indépendamment, de son appréhension subjective dans la conscience. Une de ces preuves a été publiée dans le prestigieux journal scientifique Nature en 2007. Si cela est vrai, la conséquence logique est que la conscience ne peut être réduite à la matière - puisqu'il semble qu'elle doit être présente en premier lieu pour que la matière existe- mais qu'elle doit elle-même être fondamentale." Bernardo Kastrup - Pourquoi le matérialisme est absurde Le lien vers l’abstract de l’article de la revue Nature auquel Bernardo Kastrup fait référence : An experimental test of non-local realism
  7. Oui, comme je l’ai dit plus haut ce n’est pas l’effet du siècle. Il y a souvent ce type de discussion avec certains effets ou subtilités psychologiques. Pour certaines personnes c’est trop évident, ce n’est pas assez "magique" en soi et ça doit être enrobé voire mélangé avec d’autres techniques. Pour d’autres personnes c’est très pur, c’est fascinant, et l’exploration des ressorts cognitifs de ces illusions sont de vraies sources d’émerveillement. Certainement une question, à la fois, de sensibilité personnelle et de qualité de présentation.
  8. Effectivement super travail. Bravo ! Je note que vous utilisez le mot esprit plutôt que celui de cerveau traditionnellement utilisé en neuromagie.
  9. Bonjour @Fabien (spankyfab) Excellent cette vidéo, je l’avais loupée effectivement. Pour l’effet du "X" dont tu parles à la fin, à savoir que le graphisme de la lettre X suggère un déploiement à partir d’un point central et qu’il y a aussi cette idée dans la plupart des mots qui comportent un X, c’est un concept que j’avais appris en m’intéressant, effectivement, à la langue des oiseaux. En tout cas ça illustre bien, aussi, les grands principes de sémantique générale. Pour des applications magiques, j’ai dû publier, il y a une dizaines d’années, des idées autour de ce concept (du "X") dans la Chambre des Secrets mais je n’y ai plus accès . Pour ceux que ça intéresse et qui ont accès à la Chambre des Secrets, ça doit s’appeler « Concepts en Magie Psy » ou quelque chose comme ça… Je pense qu'il y a aussi quelques idées applicables à des book tests avec ces principes de sémantique...
  10. Oui, je sais bien ! En tout cas sur la vidéo son anglais est parfait, du même que celui de ses spectateurs ! (Du coup c'est encore plus facile pour utiliser les codes de la culture américaine.)
  11. L'accolade ou le "hug" est un geste très courant aux États-Unis (et bien avant le covid). une alternative à la bise à la française, le "hug" à l’américaine Bien sûr les trailers magiques privilégient, en général, les réactions surjouées ou hystériques pour faire la promotion de leur produit mais je trouve que l'accolade finale va bien avec l'effet qui suggère une sorte de communion de cœur à cœur.
  12. Le vrai sceptique et l'ultra sceptique* que je suis ne résiste pas à vous montrer le sous-titre du premier ouvrage de Bernardo Kastrup traduit en français : * rien à voir avec les zets ou autres faux sceptiques
  13. Merci @Woody (Philippe) D'un point de vue purement magique l'effet bouba-kiki n'est certes pas l'effet du siècle (une chance sur deux). C'est un effet qui est, néanmoins, curieux et intéressant. Nous pouvons même imaginer de l'expliquer au public, ce qui ne manquera pas de stimuler les neurones (dans ce cas l'explication est largement plus forte que l'effet). De plus ce genre d'effet permet d'asseoir le côté "psychologisant" de la prestation (en tout cas pour le mentaliste qui utilise ce type de présentation et de boniment).
  14. L’effet bouba-kiki est un biais cognitif assez peu connu (Chris Pavone en parle dans son ouvrage Votre cerveau vous mène en bateau que j’ai signalé sur un autre fil). Il semble que cet effet fonctionne dans toutes les langues et dans toutes les cultures. Imaginez l’effet suivant pour un tour d'entrée sur scène : Le mentalisme arrive sur scène avec deux cartons sur lesquels sont représentés les deux figures géométriques ci-dessus. Il explique qu'une des figure s'appelle Kiki et l'autre Bouba. L’assemblée est, alors, invitée à répondre à main levée pour savoir qui est Kiki et qui est Bouba (en principe nous devrions avoir une très nette majorité voire quasi unanimité pour chacune des deux questions - un autre biais, le biais de groupe, devrait encore accentuer la tendance). Le mentaliste retourne alors chacun des deux cartons sur lequel est inscrit le nom des figures qui correspondent au choix unanime du public. Ces considérations psychologiques et sémantiques me font aussi penser à la dernière page de Télépathie Réelle :
  15. Une prouesse technologique sidérante.... Un signe (ou une "preuve") de la prépondérance du mental sur le physique... ou bien du physique sur le mental ou encore... aucun des deux... les débats sont ouverts ! Mieux que Neuralink: à Lausanne, un patient paralysé remarche par la pensée
  16. Après cette minute de récréation que nous aurions pu intituler "Quand Zététique rimait avec Platisme" et pour continuer sur la question des biais cognitifs : Le biais de corrélation illusoire, qu'on appelle aussi "effet cigogne" chez les zététiciens, est un biais cognitif fort célèbre et répandu qui consiste à établir une relation causale entre deux évènements sans lien. Spurious Correlations est est site internet (et un livre) qui recense ces liens farfelus, certains plus hilarants que d'autres. Des biais de corrélation illusoires il en a existé de nombreux dans le domaine des sciences. Et, aujourd'hui encore, certaines relations qu'on suppose causales sont suspectées d'être un biais de corrélation illusoire. Dans mes recherches sur l'origine de la conscience, je suis tombé récemment sur un article de la revue Frontiers in Psychology (une revue scientifique à comité de lecture au moins aussi fiable que le Lancet journal ). Neural Correlates of Consciousness Meet the Theory of Identity par Michal Polák ( Department of Philosophy, Faculty of Philosophy and Arts, University of West Bohemia, Pilsen, Czechia) et Tomáš Marvan (The Czech Academy of Sciences, Institute of Philosophy, Prague, Czechia) Extrait de l'abstract : C'est intéressant car les auteurs soutiennent la théorie de l'identité esprit-cerveau qui est plutôt considérée comme une vision "matérialiste" de l'esprit tout en récusant le lien de causalité entre le cerveau et l'esprit qui maintient, selon eux, une forme dualité cartésienne. En tout cas, il est aussi possible d'interpréter les biais cognitifs d'une manière qui ne soit pas exclusivement matérialiste. Toute l'Histoire de la philosophie depuis l'Antiquité est l'histoire du débusquement des biais cognitifs. En se rattachant au courant des sceptiques de l'Antiquité (qui sont les supers "débusqueurs" des biais cognitifs) les zététiciens sont censés poursuivre cette tradition. Hélas, leur conversion au positivisme vient compliquer (et biaiser) un peu les choses. Il faudra un jour parler du biais du positiviste (qui n'a rien à voir avec le biais de positivité ).
  17. Bien avant Henri Broch, d'autres auteurs ont essayé d'utiliser et de recycler l'adjectif grec ζητητικός, zētētikós afin en faire un néologisme sceptique : Zetetic Cosmogony or Conclusive Evidence that the World is Not a Rotating-Revolving-Globe, But a Stationary Plane Circle de Thomas Winship est un ouvrage paru en 1899. Nous pouvons traduire le titre par : "La Cosmogonie Zététique ou la preuve évidente que le monde n'est pas un globe rotatif mais un cercle plat stationnaire" Hey !!!... C'est pas beau ça ?!? On trouve plusieurs éditions modernes de l'ouvrage :
  18. Merci @Christian DELAMORINIERE Les biais cognitifs ont été théorisés au début des années 1970 par Amos Tversky et Daniel Kahneman, deux psychologues israéliens. Le but initial était d'expliquer certaines tendances à prendre des décisions irationnelles dans le domaine économique (Daniel Kahneman est psychologue et économiste (lauréat du prix Nobel d'économie en 2002)). C'est ensuite Buster Benson, un spécialiste du marketing et de la communication, chef de produit chez Slack qui les a classé par familles Il y a environ 250 biais cognitifs sont référencés, généralement classés dans les catégories suivantes : - Biais sensori-moteurs (illusions liées aux sens et à la motricité) - Biais attentionnels ou biais d’attention (problèmes d’attention) - Biais mnésique (en rapport avec la mémoire) - Biais de jugement (déformation de la capacité de juger) - Biais de raisonnement (paradoxes dans le raisonnement) - Biais liés à la personnalité (en rapport avec la culture, la langue, l’influence sociale…) Source avec la classification de Buster Benson La zététique utilise tout ce travail qui a été fait, essentiellement, dans le champ de la psychologie cognitive et en donne une interprétation exclusivement matérialiste. On voit le même genre de choses avec l'utilisation des illusions d'optique qui ont souvent été développées par des psychologues dans le cadre de la psychologie de la perception. L'illusion de Jastrow ou la figure ambiguë du canard-lapin reprise par le même Jastrow en sont de bons exemples.
  19. Et voila, ça y est ! Enfin !!! Un livre de Bernardo Kastrup enfin traduit en français !! J’ai parlé quelques fois de Bernardo Kastrup ici, il s’agit un philosophe contemporain néerlandais qui soutient ouvertement une forme d’idéalisme métaphysique et ontologique. L’ouvrage qui parait aux Editions Aluna est un de ses best-seller : Pourquoi le matérialisme est absurde Pour rappel, également, le matérialisme est l'idée philosophique et métaphysique selon laquelle il n’existe aucune autre réalité que la matière et que tout ce qui n’est pas matériel (conscience, pensées, sentiments, émotions…) est néanmoins réductible à la matière et à des processus physiques. Bernardo Kastrup explique au cours des 368 pages pourquoi cette idée est absurde. Les zététiciens vont adorer !
  20. Débusquer les biais cognitifs semble être le vrai domaine d’expertise de la zététique. Pour le reste des activités zététiques, à savoir essentiellement vulgarisation scientifique ou philosophie, j’avoue que je préfère me tourner vers des personnes comme Étienne Klein ou Aurélien Barrau (vrais scientifiques, vrais philosophes, vrais vulgarisateurs au sens noble du terme et, surtout, une liberté bien plus grande vis à vis du parti pris matérialiste et physicaliste). Pour les biais cognitifs, il y a aussi, un youtuber passionné de curiosités et de savoirs insolites , Chris Pavone qui vient de produire une recension fort intéressante et agréable à lire : Votre cerveau vous mène en bateau ! - Chris Pavone Une lecture bien inspirante pour tous les magiciens (rappelons que nombre de biais cognitifs peuvent être utilisés en illusionnisme ou en mentalisme). La chaîne Youtube de Chris Pavone ICI
  21. Ouh la ! Il est difficile de résumer en quelques mots. Bon... Le livre est dense mais, en tout cas très abordable et compréhensible. Alva Noë est un des représentants de ce qu’on appelle outre-atlantique la philosophie de l’esprit. Il cite et rend hommage au travail d’autres grands noms de cette discipline tels David Chalmers, Ned Block, Daniel Dennett… L’ouvrage est donc une bonne révision de toutes les théories sur la conscience. C’est aussi une critique du paradigme des neurosciences qui, selon l’auteur, reposent sur des "fondements aussi non questionnés que questionnables". Alva Noë démontre avec brio que le présupposé selon lequel c’est le cerveau qui produit la conscience ne bénéficie d’aucune preuve empirique valable (mais bon... ça j'en ai déjà parlé maintes fois ici ). En gros, pour Alva Noë, nous cherchons la conscience où elle n’est pas. Toutes les histoires de cerveau dans une cuve sont battues en brèche et toutes les thèses computationnistes ou connexionnistes (en gros l’idée de comparer l’esprit humain à un ordinateur dont le cerveau serait le hardware) sont réfutées. L’auteur montre que ces thèses souffrent du même péché originel que le dualisme (que pourtant elles combattent). Ce péché originel est l’idée qu’il y a quelque chose à l’intérieur de nous qui nous rend conscient (l’esprit immatériel pour les dualistes ou la chimie du cerveau pour les matérialistes). Pour Alva Noë, la conscience ne réside pas dans un lieu spécifique et elle est, encore moins, produite dans un lieu spécifique. le "lieu" de la conscience est plutôt la vie dynamique de tout ce qui constitue la personne (corps compris) imbriqué dans son environnement. Il convient donc de prendre en compte non seulement le cerveau, mais le corps particulier d’un organisme et l’environnement dans lequel il évolue en temps réel. "Conscience" et "Expérience" sont quasi synonymes pour Alva Noë. Les idées défendues dans l’ouvrage sont assez proches de celles de l’énaction (ou de la cognition incarnée) de Francisco Varela auxquelles l’auteur rend d’ailleurs hommage. La frontière entre l'esprit et monde devient alors moins nette : on ne sait pas toujours très bien où se finit notre esprit et où commence le monde. Il est intéressant de lire ce que Daniell Dennett a dit sur Francisco Varela : Francisco et moi avons beaucoup en commun. En fait, j'ai passé trois mois au CREA, à Paris, avec lui en 1990, et pendant ce temps j'ai écrit la plus grande partie de mon livre « La conscience expliquée ». Pourtant bien que Francisco et moi soyons des amis et des collègues, je suis d’une certaine manière son pire ennemi, parce qu’il est un révolutionnaire et que je suis un réformiste. -Daniel Dennett L’image ci-dessous montre bien les 3 paradigmes en sciences cognitives (le paradigme dominant étant aujourd’hui le connexionnisme) : Je soutiens que l'idée selon laquelle des cellules dans une boîte pourraient être conscientes - ou que vous pourriez avoir un cerveau conscient dans une cuve - est absurde. Si nos hypothèses sur la conscience nous mènent vers une telle conclusion, il est temps de les remettre en question. Alva Noë - Hors de nos têtes Et pour ceux qui sont intéressé par le concept de l'énaction, il y a une centaine de pages illustrées et très complètes ICI
  22. Non ! La conscience n'est pas un produit du seul cerveau. Alva Noë, professeur de philosophie à l'Université de Californie (Berkeley) et membre de l'Institut des sciences cognitives et du cerveau explique pourquoi dans son best-seller international maintenant traduit en français : Hors de nos têtes - Alva Noë - Éditions Hermann - Collection Phénoménologie Clinique
  23. Moi aussi ! Ce Monsieur Heinz von Foerster gagne vraiment a être connu. On peut trouver ICI une intéressante biographie en anglais qui va un peu au delà de l'article wikipédia. Petit extrait traduit : Lorsque Heinz von Foerster était adolescent, lui et son cousin Martin ont repéré les vingt volumes de Die Natuerliche Magie de Johann Christian Wiegleb dans la vitrine d'un magasin d'antiquités. Cet ouvrage était le manuel classique du métier de magicien professionnel. Les garçons se sont précipités chez eux, ont emprunté les 40 shillings que le marchand leur avait demandés (aujourd'hui environ 25 dollars) et ont ramené les livres à la maison. Quelques années plus tard, ils ont tous deux réussi l'examen officiel de la guilde et ont obtenu leur diplôme de maître magicien. Le diplôme a sauvé Martin des tranchées pendant la Seconde Guerre mondiale, car il a été détaché pour divertir les troupes. Pour Heinz, la profonde compréhension de l'attitude du magicien se confondait avec sa passion pour la physique et devenait la source d'une sorte de sagesse généralement étrangère à la science. Une page de Die Naturliche Magie : Suite de la traduction de la biographie de Heinz von Foerster : Heinz a résumé la nouvelle vision en un mot : "L'objectivité est l'illusion que des observations pourraient être faites sans observateur." Au lieu de se préoccuper d'une réalité extérieure inaccessible, il focalise son attention sur le monde que nous construisons au fil des interactions avec les autres dans le domaine de notre expérience. Si ce monde expérientiel est une construction sociale, il est aussi individuel car chacun le construit selon sa propre expérience. Et parce qu'il y a toujours plus d'une manière de construire, nous sommes tous responsables du monde dans lequel nous vivons. La définition de l'objectivité selon Heinz von Foerster est particulièrement intéressante car il la définit comme une illusion. Mais finalement toute définition de l'objectivité est souvent très problématique (ce point a été abordé régulièrement par ici).
  24. La Vérité est l'Invention d'un Menteur - Heinz von Foerster Constructivisme radical, kézako ? Allez... Une autre citation de Heinz von Foerster pour la route : Le monde, tel que nous le percevons, est de notre invention.
  25. "La raison humaine a cette destinée singulière, dans un genre de ses connaissances, d’être accablée de questions qu’elle ne saurait éviter, car elles lui sont imposées par sa nature même, mais auxquelles elle ne peut répondre, parce qu’elles dépassent totalement le pouvoir de la raison humaine." - Emmanuel Kant
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