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Patrick FROMENT

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Tout ce qui a été publié par Patrick FROMENT

  1. Le vrai sceptique et l'ultra sceptique* que je suis ne résiste pas à vous montrer le sous-titre du premier ouvrage de Bernardo Kastrup traduit en français : * rien à voir avec les zets ou autres faux sceptiques
  2. Merci @Woody (Philippe) D'un point de vue purement magique l'effet bouba-kiki n'est certes pas l'effet du siècle (une chance sur deux). C'est un effet qui est, néanmoins, curieux et intéressant. Nous pouvons même imaginer de l'expliquer au public, ce qui ne manquera pas de stimuler les neurones (dans ce cas l'explication est largement plus forte que l'effet). De plus ce genre d'effet permet d'asseoir le côté "psychologisant" de la prestation (en tout cas pour le mentaliste qui utilise ce type de présentation et de boniment).
  3. L’effet bouba-kiki est un biais cognitif assez peu connu (Chris Pavone en parle dans son ouvrage Votre cerveau vous mène en bateau que j’ai signalé sur un autre fil). Il semble que cet effet fonctionne dans toutes les langues et dans toutes les cultures. Imaginez l’effet suivant pour un tour d'entrée sur scène : Le mentalisme arrive sur scène avec deux cartons sur lesquels sont représentés les deux figures géométriques ci-dessus. Il explique qu'une des figure s'appelle Kiki et l'autre Bouba. L’assemblée est, alors, invitée à répondre à main levée pour savoir qui est Kiki et qui est Bouba (en principe nous devrions avoir une très nette majorité voire quasi unanimité pour chacune des deux questions - un autre biais, le biais de groupe, devrait encore accentuer la tendance). Le mentaliste retourne alors chacun des deux cartons sur lequel est inscrit le nom des figures qui correspondent au choix unanime du public. Ces considérations psychologiques et sémantiques me font aussi penser à la dernière page de Télépathie Réelle :
  4. Une prouesse technologique sidérante.... Un signe (ou une "preuve") de la prépondérance du mental sur le physique... ou bien du physique sur le mental ou encore... aucun des deux... les débats sont ouverts ! Mieux que Neuralink: à Lausanne, un patient paralysé remarche par la pensée
  5. Après cette minute de récréation que nous aurions pu intituler "Quand Zététique rimait avec Platisme" et pour continuer sur la question des biais cognitifs : Le biais de corrélation illusoire, qu'on appelle aussi "effet cigogne" chez les zététiciens, est un biais cognitif fort célèbre et répandu qui consiste à établir une relation causale entre deux évènements sans lien. Spurious Correlations est est site internet (et un livre) qui recense ces liens farfelus, certains plus hilarants que d'autres. Des biais de corrélation illusoires il en a existé de nombreux dans le domaine des sciences. Et, aujourd'hui encore, certaines relations qu'on suppose causales sont suspectées d'être un biais de corrélation illusoire. Dans mes recherches sur l'origine de la conscience, je suis tombé récemment sur un article de la revue Frontiers in Psychology (une revue scientifique à comité de lecture au moins aussi fiable que le Lancet journal ). Neural Correlates of Consciousness Meet the Theory of Identity par Michal Polák ( Department of Philosophy, Faculty of Philosophy and Arts, University of West Bohemia, Pilsen, Czechia) et Tomáš Marvan (The Czech Academy of Sciences, Institute of Philosophy, Prague, Czechia) Extrait de l'abstract : C'est intéressant car les auteurs soutiennent la théorie de l'identité esprit-cerveau qui est plutôt considérée comme une vision "matérialiste" de l'esprit tout en récusant le lien de causalité entre le cerveau et l'esprit qui maintient, selon eux, une forme dualité cartésienne. En tout cas, il est aussi possible d'interpréter les biais cognitifs d'une manière qui ne soit pas exclusivement matérialiste. Toute l'Histoire de la philosophie depuis l'Antiquité est l'histoire du débusquement des biais cognitifs. En se rattachant au courant des sceptiques de l'Antiquité (qui sont les supers "débusqueurs" des biais cognitifs) les zététiciens sont censés poursuivre cette tradition. Hélas, leur conversion au positivisme vient compliquer (et biaiser) un peu les choses. Il faudra un jour parler du biais du positiviste (qui n'a rien à voir avec le biais de positivité ).
  6. Bien avant Henri Broch, d'autres auteurs ont essayé d'utiliser et de recycler l'adjectif grec ζητητικός, zētētikós afin en faire un néologisme sceptique : Zetetic Cosmogony or Conclusive Evidence that the World is Not a Rotating-Revolving-Globe, But a Stationary Plane Circle de Thomas Winship est un ouvrage paru en 1899. Nous pouvons traduire le titre par : "La Cosmogonie Zététique ou la preuve évidente que le monde n'est pas un globe rotatif mais un cercle plat stationnaire" Hey !!!... C'est pas beau ça ?!? On trouve plusieurs éditions modernes de l'ouvrage :
  7. Merci @Christian DELAMORINIERE Les biais cognitifs ont été théorisés au début des années 1970 par Amos Tversky et Daniel Kahneman, deux psychologues israéliens. Le but initial était d'expliquer certaines tendances à prendre des décisions irationnelles dans le domaine économique (Daniel Kahneman est psychologue et économiste (lauréat du prix Nobel d'économie en 2002)). C'est ensuite Buster Benson, un spécialiste du marketing et de la communication, chef de produit chez Slack qui les a classé par familles Il y a environ 250 biais cognitifs sont référencés, généralement classés dans les catégories suivantes : - Biais sensori-moteurs (illusions liées aux sens et à la motricité) - Biais attentionnels ou biais d’attention (problèmes d’attention) - Biais mnésique (en rapport avec la mémoire) - Biais de jugement (déformation de la capacité de juger) - Biais de raisonnement (paradoxes dans le raisonnement) - Biais liés à la personnalité (en rapport avec la culture, la langue, l’influence sociale…) Source avec la classification de Buster Benson La zététique utilise tout ce travail qui a été fait, essentiellement, dans le champ de la psychologie cognitive et en donne une interprétation exclusivement matérialiste. On voit le même genre de choses avec l'utilisation des illusions d'optique qui ont souvent été développées par des psychologues dans le cadre de la psychologie de la perception. L'illusion de Jastrow ou la figure ambiguë du canard-lapin reprise par le même Jastrow en sont de bons exemples.
  8. Et voila, ça y est ! Enfin !!! Un livre de Bernardo Kastrup enfin traduit en français !! J’ai parlé quelques fois de Bernardo Kastrup ici, il s’agit un philosophe contemporain néerlandais qui soutient ouvertement une forme d’idéalisme métaphysique et ontologique. L’ouvrage qui parait aux Editions Aluna est un de ses best-seller : Pourquoi le matérialisme est absurde Pour rappel, également, le matérialisme est l'idée philosophique et métaphysique selon laquelle il n’existe aucune autre réalité que la matière et que tout ce qui n’est pas matériel (conscience, pensées, sentiments, émotions…) est néanmoins réductible à la matière et à des processus physiques. Bernardo Kastrup explique au cours des 368 pages pourquoi cette idée est absurde. Les zététiciens vont adorer !
  9. Débusquer les biais cognitifs semble être le vrai domaine d’expertise de la zététique. Pour le reste des activités zététiques, à savoir essentiellement vulgarisation scientifique ou philosophie, j’avoue que je préfère me tourner vers des personnes comme Étienne Klein ou Aurélien Barrau (vrais scientifiques, vrais philosophes, vrais vulgarisateurs au sens noble du terme et, surtout, une liberté bien plus grande vis à vis du parti pris matérialiste et physicaliste). Pour les biais cognitifs, il y a aussi, un youtuber passionné de curiosités et de savoirs insolites , Chris Pavone qui vient de produire une recension fort intéressante et agréable à lire : Votre cerveau vous mène en bateau ! - Chris Pavone Une lecture bien inspirante pour tous les magiciens (rappelons que nombre de biais cognitifs peuvent être utilisés en illusionnisme ou en mentalisme). La chaîne Youtube de Chris Pavone ICI
  10. Ouh la ! Il est difficile de résumer en quelques mots. Bon... Le livre est dense mais, en tout cas très abordable et compréhensible. Alva Noë est un des représentants de ce qu’on appelle outre-atlantique la philosophie de l’esprit. Il cite et rend hommage au travail d’autres grands noms de cette discipline tels David Chalmers, Ned Block, Daniel Dennett… L’ouvrage est donc une bonne révision de toutes les théories sur la conscience. C’est aussi une critique du paradigme des neurosciences qui, selon l’auteur, reposent sur des "fondements aussi non questionnés que questionnables". Alva Noë démontre avec brio que le présupposé selon lequel c’est le cerveau qui produit la conscience ne bénéficie d’aucune preuve empirique valable (mais bon... ça j'en ai déjà parlé maintes fois ici ). En gros, pour Alva Noë, nous cherchons la conscience où elle n’est pas. Toutes les histoires de cerveau dans une cuve sont battues en brèche et toutes les thèses computationnistes ou connexionnistes (en gros l’idée de comparer l’esprit humain à un ordinateur dont le cerveau serait le hardware) sont réfutées. L’auteur montre que ces thèses souffrent du même péché originel que le dualisme (que pourtant elles combattent). Ce péché originel est l’idée qu’il y a quelque chose à l’intérieur de nous qui nous rend conscient (l’esprit immatériel pour les dualistes ou la chimie du cerveau pour les matérialistes). Pour Alva Noë, la conscience ne réside pas dans un lieu spécifique et elle est, encore moins, produite dans un lieu spécifique. le "lieu" de la conscience est plutôt la vie dynamique de tout ce qui constitue la personne (corps compris) imbriqué dans son environnement. Il convient donc de prendre en compte non seulement le cerveau, mais le corps particulier d’un organisme et l’environnement dans lequel il évolue en temps réel. "Conscience" et "Expérience" sont quasi synonymes pour Alva Noë. Les idées défendues dans l’ouvrage sont assez proches de celles de l’énaction (ou de la cognition incarnée) de Francisco Varela auxquelles l’auteur rend d’ailleurs hommage. La frontière entre l'esprit et monde devient alors moins nette : on ne sait pas toujours très bien où se finit notre esprit et où commence le monde. Il est intéressant de lire ce que Daniell Dennett a dit sur Francisco Varela : Francisco et moi avons beaucoup en commun. En fait, j'ai passé trois mois au CREA, à Paris, avec lui en 1990, et pendant ce temps j'ai écrit la plus grande partie de mon livre « La conscience expliquée ». Pourtant bien que Francisco et moi soyons des amis et des collègues, je suis d’une certaine manière son pire ennemi, parce qu’il est un révolutionnaire et que je suis un réformiste. -Daniel Dennett L’image ci-dessous montre bien les 3 paradigmes en sciences cognitives (le paradigme dominant étant aujourd’hui le connexionnisme) : Je soutiens que l'idée selon laquelle des cellules dans une boîte pourraient être conscientes - ou que vous pourriez avoir un cerveau conscient dans une cuve - est absurde. Si nos hypothèses sur la conscience nous mènent vers une telle conclusion, il est temps de les remettre en question. Alva Noë - Hors de nos têtes Et pour ceux qui sont intéressé par le concept de l'énaction, il y a une centaine de pages illustrées et très complètes ICI
  11. Non ! La conscience n'est pas un produit du seul cerveau. Alva Noë, professeur de philosophie à l'Université de Californie (Berkeley) et membre de l'Institut des sciences cognitives et du cerveau explique pourquoi dans son best-seller international maintenant traduit en français : Hors de nos têtes - Alva Noë - Éditions Hermann - Collection Phénoménologie Clinique
  12. Moi aussi ! Ce Monsieur Heinz von Foerster gagne vraiment a être connu. On peut trouver ICI une intéressante biographie en anglais qui va un peu au delà de l'article wikipédia. Petit extrait traduit : Lorsque Heinz von Foerster était adolescent, lui et son cousin Martin ont repéré les vingt volumes de Die Natuerliche Magie de Johann Christian Wiegleb dans la vitrine d'un magasin d'antiquités. Cet ouvrage était le manuel classique du métier de magicien professionnel. Les garçons se sont précipités chez eux, ont emprunté les 40 shillings que le marchand leur avait demandés (aujourd'hui environ 25 dollars) et ont ramené les livres à la maison. Quelques années plus tard, ils ont tous deux réussi l'examen officiel de la guilde et ont obtenu leur diplôme de maître magicien. Le diplôme a sauvé Martin des tranchées pendant la Seconde Guerre mondiale, car il a été détaché pour divertir les troupes. Pour Heinz, la profonde compréhension de l'attitude du magicien se confondait avec sa passion pour la physique et devenait la source d'une sorte de sagesse généralement étrangère à la science. Une page de Die Naturliche Magie : Suite de la traduction de la biographie de Heinz von Foerster : Heinz a résumé la nouvelle vision en un mot : "L'objectivité est l'illusion que des observations pourraient être faites sans observateur." Au lieu de se préoccuper d'une réalité extérieure inaccessible, il focalise son attention sur le monde que nous construisons au fil des interactions avec les autres dans le domaine de notre expérience. Si ce monde expérientiel est une construction sociale, il est aussi individuel car chacun le construit selon sa propre expérience. Et parce qu'il y a toujours plus d'une manière de construire, nous sommes tous responsables du monde dans lequel nous vivons. La définition de l'objectivité selon Heinz von Foerster est particulièrement intéressante car il la définit comme une illusion. Mais finalement toute définition de l'objectivité est souvent très problématique (ce point a été abordé régulièrement par ici).
  13. La Vérité est l'Invention d'un Menteur - Heinz von Foerster Constructivisme radical, kézako ? Allez... Une autre citation de Heinz von Foerster pour la route : Le monde, tel que nous le percevons, est de notre invention.
  14. "La raison humaine a cette destinée singulière, dans un genre de ses connaissances, d’être accablée de questions qu’elle ne saurait éviter, car elles lui sont imposées par sa nature même, mais auxquelles elle ne peut répondre, parce qu’elles dépassent totalement le pouvoir de la raison humaine." - Emmanuel Kant
  15. On va y arriver ! Les services publics vont expérimenter l'IA, dont ChatGPT, pour répondre aux usagers
  16. Si la psychanalyse est une "science" c'est la science de la subjectivité (je passe sur l'antinonie de la juxtaposition de ces deux termes). Le souci c'est que la zététique a un peu de mal avec la subjectivité puisqu'elle vise à l'objectivité et qu'elle survalorise l'objectivité. Pour un zététicien objectivité est quasiment synonyme de vrai et subjectivité synonyme de faux. Et, en même temps, quand Thomas Durand explique que cette petite fille est la mieux qualifiée pour définir ce qu'elle est (une fille ou un garçon), il accorde la prépondérance à des critères subjectifs au détriment des critères biologiques, physiologiques, culturels ou sociétaux. Cette contradiction ne manquera pas de troubler les esprits. Pour ma part elle me rassure presque. Certains zététiciens sont peut-être en train de réaliser que, dans certains domaines, c'est plus la subjectivité que l'objectivité qui est proche d'une certaine forme de rationalité et de vérité.
  17. Excellent entretien avec Edgar Morin en 2008 : Entretien avec Edgar Morin (2) : Science et philosophie Trois courtes citations qui font écho aux thèmes abordés par ici :
  18. "l’habituel défenseur à tout crin de la psychanalyse" comme tu y vas Christian ! Peut-être, tout simplement, que les critiques de la psychanalyse qui ont été exprimées sur ce forum ne sont pas à la hauteur pour quelqu'un qui connaît un peu la question. (Je sais... c'est un peu prétentieux ce que je viens d'écrire... mais c'est pas grave ! ) Pour le reste "bien entendu qu'il faut critiquer la psychanalyse" comme le dit Élisabeth Roudinesco dans une interview à l'Express en 2005 dans une réponse au Livre noir de la psychanalyse (source) mais il faut le faire en connaissant le sujet et avec les bons arguments. Des bons arguments il y en a quelques uns dans l'article wikipédia que j'ai relayé (mais tous ne le sont pas). Crois bien que s'il existait un article wikipédia de qualité nommé Réponses aux critiques de la psychanalyse le bon relativiste que je suis l'aurait publié également.
  19. Oui ! Disons que qualifier la psychanalyse de "pseudo-science criminelle" me semble être assez lapidaire et excessif. L'article de Libé que Christian a relayé dans le précédent message me semble bien plus pondéré et argumenté. Les critiques vis à vis de la psychanalyse constituent une vieille histoire qui dure depuis la naissance de cette discipline. Il existe un article wikipédia assez complet sur le sujet : Critiques_de_la_psychanalyse
  20. Wow ! il est fort GPT4 !!! Il fallait avoir l'idée de lui faire comparer l'approche zététique et l'approche constructionniste ! J'aime bien le point n°3 (Pluralité des connaissances) qui illustre parfaitement une des critiques fondamentales que j'ai souvent formulée vis à vis de la zététique : le fait que, pour la zététique, il ne peut y avoir qu'une seule vérité. L'idée de la multidisciplinarité (différentes méthodes et approches peuvent être nécessaires pour évaluer différentes affirmations) est aussi présente dans le point n°3.
  21. ChatGPT est très pondéré et très "californien" (même un peu normand sur le bords ! ). Il n’a pas les biais idéologiques des zététiciens ou des fans de la psychanalyse. Il ne fâche personne et résume avec brio la problématique et les arguments de part et d’autre. Enfin, il termine sur la question cruciale à savoir les critères utilisés pour déterminer ce qui constitue une science. D’un certain point de vue, la manière dont Thomas Durand aborde les questions du genre peut être considérée comme constructionniste (même si ce mot issu de la philosophie, de la psychologie et de la sociologie n’est jamais employé dans la vidéo discutée plus haut). Le psychologue Julien Besse explique ce qu’est le constructionnisme (à ne pas confondre avec le constructivisme) dans la vidéo ci-dessous et comment s’applique la vision constructionniste à la question du genre. Et il fait cela entre 3:22 et 3:58… à peine plus de trente secondes pour résumer cette question complexe. Au passage, j’aime beaucoup la chaine Youtube de Julien Besse. Il explique les grands concepts de la psychologie et de la psychothérapie (notamment la thérapie systémique) d’une manière concise, précise et relativement abordable à tout un chacun. La TeB (un des représentants les plus importants de la zététique 2.0) qui utilise des arguments constructionnistes… Je comprends que ce soit la grosse pagaille dans le monde zététique et que plus personne ne retrouve ses petits ! Je cite quelques passages de la vidéo de Julien Besse : Selon le constructionnisme : 0:53 les connaissances scientifiques au sens large sont, en fait, des constructions produites de façon à être cohérentes avec un ensemble préalable de conventions qui sont admises par une communauté d’individus selon des critères propres à un conditionnement social particulier. 1:10 ce qu’on peut considérer dans notre société actuelle comme des choses avérées, des choses sures ce sont souvent les idées scientifiques parce que le poids de l’argument scientifique est souvent avancé comme argument d’autorité. Hey ! Il y a du Feyerabend dans le constructionnisme ! Ce serait rigolo que la zététique continue dans cette voie !
  22. Je n'ai pas noté non plus qu'elle soit nommée dans la vidéo, je l'ai simplement reconnue quand son visage apparaît sur la vidéo. Concernant la psychanalyse pour faire court : je pense qu'il y a une voie médiane entre considérer cette discipline comme une science et la qualifier de "pseudo-science criminelle" (mais Thomas Durand était énervé quand il a prononcé ces mots ). Karl Popper, qui fût un des épistémologues au cœur des critiques contre la psychanalyse, avait une position bien plus nuancée même s'il considérait que les énoncés de la psychanalyse n'étaient pas falsifiables et ne pouvaient donc satisfaire pas aux critères de scientificité (rappelons que Popper avait travaillé avec le psychanalyste Alfred Adler, il connaissait donc la psychanalyse de l'intérieur). Rappelons, aussi, que toute méthode de psychothérapie ou d'accompagnement psychologique (qu'elle soit d'inspiration analytique ou autre) n'est pas une science en soi (même si elle est basée sur des connaissances issues des sciences humaines - psychologie notamment). C'est une technique, une pratique clinique, presque une forme d'art qui mobilise l'écoute de la subjectivité d'autrui ainsi que des interactions humaines et émotionnelles. "La psychothérapie est une technique indéfinie, appliquée à des situations imprécises, avec des résultats imprévisibles. Pour l'acquisition de cette technique une formation rigoureuse est souhaitable." - Victor Raimy - Boulder Conference on Training in Psychotheray - Training in Clinical Psychology
  23. Un exemple intéressant de ce que peut faire la zététique quand elle s’attaque à un sujet complexe. Les questions de sexe, de genre et d’identité sont effectivement des questions complexes et nécessitant souvent une approche transdisciplinaire (la sexualité est au croisement du biologique, du physiologique, du psychologique, du sociétal, du culturel et j’en passe). Je salue l’ouverture d’esprit de Thomas Durand et l’intelligence qu’il met à décortiquer cette question qui semble évidente mais qui est en fait bien plus complexe qu’il n’y parait. Je goûte moins la critique facile de la psychanalyste Claude Halmos et de la psychanalyse en général qualifiée par Thomas Durand de "pseudo-science criminelle" (4:34) . Ce que Thomas Durand appelle le "contexte" de cette affaire (le courrier d’une petite fille de 6 ans qui souhaite devenir un garçon et qui demande pourquoi ce n’est pas possible n’est pas une question simple). La conduite à tenir face à une telle demande me semble une affaire encore plus délicate et je ne suis pas sûr que cette question soit du ressort de la zététique. Les obsessions idéologiques de la zététique ressortent dans le propos de Thomas Durand : la conception dualiste qui n’est pas "parcimonieuse" : je ne suis pas né dans un corps de… 6:49, l’approche la plus raisonnable, la plus rationnelle, la plus zététique qui est aussi la plus matérialiste… 7:09 (Ah bon ?!? ). La meilleure partie de la vidéo est la partie 2 "A propos du sexe et du genre". C’est plutôt bien résumé et ça m’a rappelé mes cours de sexologie avec le regretté Robert Gellman à l’École Française de Sexologie au siècle dernier. Tout comme avec son livre "Dieu la contre enquête", Thomas Durand est efficace pour faire une synthèse en utilisant des arguments issus de la science ou de la philosophie (disons de certaines branches de la philosophie). Il reste la question des partis pris métaphysiques et des biais idéologiques.
  24. Tu as raison de signaler qu’il y a plein d’autres mystères. Le statut particulier parfois attribué au mystère de la conscience tient peut-être au fait qu’un mystère est toujours construit dans une conscience (ou un esprit si tu préfères). C’est la conscience qui appréhende les choses par le biais des sens. C’est la conscience qui se pose des questions sur ce qu’elle appréhende. C’est aussi la conscience qui arrive à résoudre les anciens mystères par le biais de la rationalité, de la logique ou de l’approche empirique (qui, au passage, sont autant d’inventions de… la conscience). C’est, encore et toujours, la conscience qui constate que tel mystère résiste à l’entendement. Et, enfin, c’est aussi une conscience purement subjective qui décide que ce mystère est fondamental ou qui choisit au contraire de le relativiser. Cette sacralisation ou cette relativisation du mystère de la conscience se fait sur la base d’arguments qui restent toujours subjectifs et discutables.
  25. Ce fossé explicatif là pose quand même de sacrées questions sur la nature même des choses. J’en vois au moins deux de taille : Entre un objet physique (par exemple une table) et un objet mental (par exemple une pensée), il semble que nous soyons face à deux catégories d’objets de natures fondamentalement différentes, d’où l’idée très ancienne du dualisme entre le physique et le mental. L’autre question qui est restée à peu près intacte depuis Descartes est comment l’un interagit avec l’autre. La question s’est même complexifiée depuis Descartes si nous rejetons le dualisme et si nous adoptons la perspective du monisme physicaliste (très populaire dans les sciences sous nos latitudes). Pour le dire avec les mots précis de Joseph Levine : il nous manque une explication du mental dans les termes du physique.
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