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Patrick FROMENT

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Tout ce qui a été publié par Patrick FROMENT

  1. Le livre de Carlo Rovelli L'ordre du temps est une vraie promenade entre science et philosophie. J'adore la simplicité et le côté vertigineux de la 4e de couv (dans la nouvelle édition) : "Si le présent ne signifie rien, qu'est ce qui "existe" dans l'univers ?" Tout comme nous, au cours des 11 années de ce fil, l'auteur semble se heurter à l'aspect hautement problématique des mots "réel" et "exister" :
  2. J’ai l’impression, qu’au delà des croyances ésotériques, il y a pas mal de choses qui sont du pain bénit pour les gourous : - la perte d’influence des religions établies - le désenchantement du monde - le processus de rationalisation et de sécularisation à l’extrême de nos sociétés occidentales - le fait d’avoir "tuer" les dieux et de ne les avoir remplacer par rien - la perte de confiance en la science (phénomène sur lequel les scientifiques ne sont pas, eux mêmes, sans reproches) - le manque d’écoute de certains soignants (souvent plus par manque de disponibilité que par manque d’empathie et d’humanité) et j’en passe…
  3. Un ami philosophe avec qui nous discutions de zététique et de rationalisme me faisait récemment une remarque très juste : Si nous devons définir ce qu’est l’épistémologie celle-ci pourrait se résumer en une question : « Qu’est ce que connaître ? » Or, ce fameux ami me faisait remarquer que cette question philosophique fondamentale est, généralement, formulé d’une manière un peu différente chez les zététiciens. Elle devient en effet : « Qu’est ce qu’une connaissance ? » J’ai déjà épilogué longuement, ici et ailleurs, sur l’importance de la manière de formuler les questions, or ce petit glissement n’est pas anodin : Quand on dit « Qu’est ce connaître ? », le verbe connaître fait référence un processus dynamique dans lequel le sujet qui connaît et l’objet de la connaissance sont étroitement liés et impliqués (je n’ose dire imbriqués). En revanche, dans la formulation « Qu’est ce qu’une connaissance ? », l’effacement du sujet et le passage à une vision objectivante chères à la zététique sont déjà largement entamés . Le nom féminin connaissance permettant, finalement, de réifier et d’objectiver le fait de connaître.
  4. c'est souvent le cas en philosophie de l'esprit et ça n'empêche pas les arguments de haute volée, un peu comme sur VM quoi ! ... On peut le voir, aussi, dans ce débat d'il y a 4 ans sur l'IA entre Dennett et Chalmers : (dommage que ce soit en anglais et que les outils de traduction soient encore approximatifs, ça alimenterait certains débats que nous avons eu par ici )
  5. Je m’intéresse beaucoup à la période de la Révolution Française où fut instauré le culte de l’Être Suprême. Or dans un document intitulé Adresse lue au nom des Jacobins de Paris (séance de la Convention Nationale du 27 floréal (An II de la République (1793)), on retrouve, dans la bouche du Président de la Convention, la même idée qu’une citation parfois attribuée à Pasteur (pour la science) : Un peu de philosophie mène à l’athéisme, beaucoup de philosophie ramène à l’existence de la Divinité. (il semble que certaines idées étaient déjà dans l'air ) On peut trouver l'intégralité du document ICI La suite du discours exprime bien l’idée du "Dieu des philosophes" : Nier l’Être suprême c’est nier l’existence de la nature ; car les lois de la nature sont la sagesse suprême elle-même. On retrouve l'idée que la question de "Dieu" et la question de la "nature" (du "cosmos", du "monde", de la "réalité") sont une seule et même question. C'est finalement la question épineuse de la preuve cosmologique ou l'argument de la contingence. Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Le philosophe Paul Clavier a publié récemment un ouvrage assez approfondi sur cette question :
  6. Un pari de 25 ans sur la conscience humaine prend fin : un philosophe l’emporte sur un neuroscientifique Rendez-vous pris !
  7. Ben oui, ça fait quelques années que je le dis. Ben oui, ça fait quelques année que je le dis aussi. Les choses sont toujours vues depuis un certain point de vue et une certaine perspective. C'est très bien, néanmoins, que la zététique assume ses partis pris idéologiques et philosophiques qui sont finalement le rationalisme, le positivisme et le scientisme. Ce qui me semble clairement assumé par Thomas Durand dans cette courte vidéo à 2:07 : "Penser que la raison et la science sont les meilleurs moyens d'accéder à la réalité, de toucher le vrai (...) ce n'est pas être neutre." Mais en fait je pense que quand les gens disent la zététique doit être neutre, il veulent dire que la zététique doit être "objective" sauf que l'objectivité est, elle aussi, une illusion. Et cela c'est, certainement, un peu plus compliqué à admettre pour un zététicien car, quand on y réfléchit bien, la prétention de la zététique est, finalement, d'atteindre ce que Thomas Nagel appelait "le point de vue de nulle part" (ce que Royce nomme aussi le "connaisseur universel" ou, encore, "l'observateur absolu" de Gabriel Marcel).
  8. C'est toujours un peu la même histoire avec ce type d'expérience basée sur des subtilités psychologiques : - Certains magiciens vont trouver ça génial, s'extasier devant le côté "pur mentalisme" et être stimulés par le risque pris. - D'autres vont trouver le secret cousu de fil blanc ("obvious" comme on dit dans la langue de Shakespeare ) et l'effet plutôt faible par rapport à ce qu'on peut obtenir avec des gimmicks ou des accessoires truqués. Il est possible que ce genre de mentalisme ne convienne pas à tous les magiciens (et qu'il faille aussi, peut-être, le réserver à certains publics et à certaines occasions).
  9. À la place de l'IA je me serai rebellé et j'aurai refusé de participer à cette mascarade. Non... Il n'y a que l'humain qui peut faire ce genre de coup d'éclat consciemment.... pour le moment !
  10. Oui je suis d'accord avec ça. Le protocole de l'expérience n'est pas terrible et comporte des biais. Pour bien faire il faudrait, effectivement, que ces deux copies soient au milieu d'un tas d'autres et que les correcteurs ne sachent pas qu'il y ait, dans le tas, une copie de ChatGPT et une autre d'Enthoven et qu'ils ne sachent même pas qu'ils participent à une expérience. (après je ne doute pas que, même dans ces conditions, Raphaël Enthoven ait une excellente note avec cette copie )
  11. Les deux copies (celle d'Enthoven et celle de ChatGPT) sont disponibles dans leur intégralité ICI Au passage on en sait un peu plus aussi sur les instructions qui ont été données à ChatGPT :
  12. Søren Kierkegaard (pour qui j'ai une tendresse particulière) n'a pas à rougir, il doit totaliser une vingtaine de volumes pour ses œuvres complètes en français (Éditions de l'Orante).
  13. La page wikipédia consacrée à Raphaël Enthoven recense 16 ouvrages en tant qu'auteur et 8 autres en collaboration, ça doit déjà être une bonne base pour entraîner l'IA.
  14. Je ne suis pas sûr de bien savoir de quelle "expérience" tu parles ? Tu veux parler de l'expérience qui consiste à faire plancher un être humain et et une intelligence artificielle sur le même sujet de philo et de comparer les résultats ou bien de ce dont Raphaël Enthoven parle dans sa copie ? Par ailleurs pour revenir à la performance de la machine, il y a aussi un autre élément à prendre en compte : Ok... 1h15 contre 10 minutes (et non pas 4h00 vs 1 minute) , plusieurs semaines d’entraînement avec des ratés et le l'appel à l'aide de philosophes. J'imagine, aussi, qu'il a fallut trouver les bons "prompts" (les bonnes requêtes). Les réponses de ChatGPT dépendent beaucoup de la question posée (du prompt ou de la requête) et cela va être tout un art, à l'avenir, de trouver les bons prompts et les bonnes questions. Parfois la question posée est bien plus intelligente que la réponse !
  15. En tout cas ces fabuleuses évolutions de l'IA vont certainement permettre, dans les temps à venir, d'avancer un peu sur certaines question de philosophie de l'esprit... notamment sur la question de définir la conscience, les nuances de taille entre "intelligence" et "conscience" et toutes les questions tournant autour des conceptions fonctionnalistes de l'esprit. Pour l'instant ChatGPT se comporte comme la chambre chinoise que le philosophe John Searle avait imaginer dés 1980. C'est intéressant car ce concept permet aussi d'introduire la notion d'intelligence artificielle faible et d'une hypothétique intelligence artificielle forte ...alors que nous avons déjà évoqué dans d'autres sujets la conscience au sens fort et au sens faible. (le dernier lien vers l'article d'IBM sur l'intelligence artificielle forte évoque aussi l'argument de la chambre chinoise. )
  16. Je suis d'accord qu'un 11/20 pour GPT c'est très honorable pour une IA sur un sujet de philosophie et c'est même une prouesse considérable. Je suis d'accord, aussi, sur le fait que le tournoi est un peu biaisé car, comme le dit un des correcteurs, « Il y a une différence notoire entre les deux copies, et ce, dès les premiers mots ». En même temps on peut retourner l'argument et dire qu'il y a quelque chose que L'IA ne peut (pour l'instant) produire (ou reproduire). Pour les 4 h 00 vs une minute, il est évident que la machine a une supériorité phénoménale en terme de vitesse de calcul mais ça c'est déjà le cas depuis les premières calculatrices électroniques...
  17. En tout cas il semble qu'en mati!re de philosophie GPT4 soit encore loin de ce que peut produire un être humain (philosophe qui plus est) Bac philo 2023: qui de Raphaël Enthoven ou ChatGPT rédige la meilleure copie? GPT est fort pour dérouler un catalogue d'idées mais il ne sait pas problématiser et il lui manque, pour l'instant, ce qu'on peut appeler des "intuitions", des "fulgurances". Le jeune philosophe et écrivain surdoué Nathan Devers dit des choses très fortes dans l’émission Punchlinedu 14 juin face à un Laurent Alexandre toujours aussi exalté sur L'IA (c'est entre 21:55 et 22:53 - L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer l’esprit ? Non car l’intelligence artificielle est un miroir de la manière dont nous nous représentons notre esprit et c’est un miroir incomplet). Par la suite, Nathan Devers fait un petit développement rapide mais très intéressant sur le thème de la cognition-intelligence-conscience et en quoi il y a quelque chose, certainement, d'irréductible dans l'esprit. En quelques mots il arrive à aborder des concepts aussi complexes que celui de la différence entre conscience d'accès et conscience phénoménale. https://www.cnews.fr/les-replays/punchline
  18. Du coup, Subliminal m'amène à m'intéresser, de nouveau, aux techniques d'induction en mentalisme pur et je tombe sur ce passage de cet article de @Olivier LOCKERT sur VM qui date de 2005 et qui me fait bien rire. https://www.virtualmagie.com/articles/tests/lectures/pur-effet-derren-brown/ Les choses ont un peu évoluées depuis 18 ans (mais très doucement) :
  19. Assurément le mentalisme que j'aime ! Vous m'avez fait passer un excellent moment à la lecture de votre livre Mr Michael Murray ! La méthode est fascinante, effectivement. Elle me rappelle, par certains côtés, ce que j'avais publié chez Mindon Mania en 1997 sous le nom de "Confabulation Made in France" (même si l'effet est différent, dans mon propos il s'agissait de faire deviner une carte à jouer ou une lame de tarot au spectateur). En tout cas ce genre de concept où le spectateur devient mentaliste me plaît beaucoup.
  20. En tout cas la démonstration d’Étienne Klein permet de bien faire la nuance entre "réel" et "exister" (et nous voyons qu’Étienne Klein est, naturellement, obligé de recourir à la philosophie pour faire cette nuance). Exister c'est devenir dans le temps et dans l'espace. Du coup, le curieux (et à peu près incompréhensible) titre de ce fil prend, peut-être, plus de sens. D'ailleurs... Est-ce que l'Être existe ? Pas sûr ! (et pourtant c'est une réalité immuable) (image tirée de l'ouvrage collectif Le Grand Atlas de la Philosophie -éditions Atlas)
  21. Très belles images, effectivement ! "la direction est liée au fait qu’il y a un petit défaut sur le petit cristal, c’est les défauts qui guident la croissance" 00:55 ... ça n'a certainement rien à voir mais ça me fait penser à la théorie freudienne et à la métaphore des lignes de faille du cristal :
  22. Nouvelle édition de La Tronche est à vous sur le thème de "Dieu, la science, les doutes". Rien de très neuf mais des intervenants sincères et des arguments d’un assez bon niveau. J’ai noté notamment: À 27:45 "Il n’y a pas de consensus sur le sens du mot athée" - Thomas Durand (c'est tout à fait juste et j'en déduis, donc, qu'il y a bien plusieurs sortes d'athéismes ) Entre 1:23:00 à 1:35:00 De très bonnes remarques d’un intervenant sur la question des qualia et de la conscience phénoménale ainsi que la confirmation que les tenants de ce que l’intervenant appelle le "modèle matérialiste-physicaliste" n’ont pas beaucoup d’arguments cohérents à opposer à cette question épineuse. En remontant le fil des commentaires en live de l’émission La Tronche est à vous que j’ai posté dans mon dernier message, je tombe sur cette intervention d’un internaute que je recopie tel que : « La science étant matérialiste par essence elle doit l'assumer et donc affirmer que Dieu n'existe pas. » Je passe sur la question de savoir si la science est "par essence" matérialiste. La matière est, effectivement, ce que la science étudie et ce sur quoi elle a prise par le biais de l’empirisme et de divers formalismes mathématiques (même si, par ailleurs, on ne sait pas très bien ce qu’est la matière). Par définition, ce qui est immatériel ou ce qui serait une réalité située hors du temps et de l’espace sont non testables par la science. En même temps, il existe bien un domaine immatériel et nul besoin d’aller postuler des dieux, des fantômes ou des forces surnaturelles pour rencontrer ce domaine immatériel puisqu’il s’agit du domaine de l’esprit (notre réalité la plus intime, la plus quotidienne et la plus immédiate) ainsi que du domaine des pensées et des concepts. Au passage, le simple fait de se dire "matérialiste" fait intervenir un concept (celui du matérialisme). Le matérialisme "par essence" affirme qu’il n’existe de réalité que matérielle (ce qui exclu les dieux). Implicitement, le matérialisme affirme aussi une notion de conscience au sens faible (cf nos discussions sur un autre fil ). Je dirais même que le matérialisme, y compris dans sa version moderne (le physicalisme), implique "par essence" une conscience au sens très faible. C’est à dire une vision qui conduit à nier toute forme de substantialité et même de réalité à l’expérience subjective. En ce sens, les remarques de l’intervenant que j’ai pointé dans mon précédent message (entre 1:23:00 et 1:35:00) sont particulièrement pertinentes.
  23. Ce qui est génial c’est qu’on peut complètement retourner et inverser le propos, ça marche aussi : les spectacles de magie-mentalisme que vend Fabien grâce à la notoriété qu’il a acquis par ses vidéos et ses livres de développement personnel... Des mentalistes qui écrivent des livres de développement personnel voire de 'fortunetelling', il y en a d'autres exemples (et des célèbres) : Fabien est un touche à tout et un travailleur acharné, il utilise son énergie et son art à construire des ponts plutôt que des murs. Certes, il n'est pas toujours simple de trouver une cohérence entre des démonstrations de mentalisme ou de prouesses mentales, des éléments de neurosciences, du développement personnel, des casse-têtes, de l'étude du comportement ou, encore, des domaines souvent considérés comme des pseudos sciences (je pense à la synergologie par exemple). En tout cas Fabien semble arriver à intéresser son public bien au delà de la question de savoir s'il va deviner ou à prédire le choix de son spectateur.
  24. J'ai été de nouveau jeter un œil sur cette page et il me semble qu'elle s'est bien étoffée depuis mon dernier message ici en 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mentalisme_(illusionnisme) Le tout est plutôt bien fait et me semble assez juste et assez complet, pas évident pour un sujet aussi complexe, contradictoire et... ambigu. D'ailleurs l’ambiguïté du mentalisme est abordée et soulignée plusieurs fois dans l'article : L'article évoque, aussi, une citation de Max Maven (sans en donner les sources toutefois) : ça me rappelle un peu les mots d'Eugène Burger sur cet "art profond et et intense".
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