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Sébastien CLG

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Tout ce qui a été publié par Sébastien CLG

  1. Dear Jean, C’est intéressant, ce format de « lettre privée entre amis sur un forum public ». Il y a un côté voyeuriste assez réjouissant, et si ça permet de faire passer des messages... Je m’arrête immédiatement sur votre premier paragraphe car c’est, je pense, le plus important. C’est horriblement juste et injustement vrai : avec les années, le vieux magicien, expérimenté et apte à partager, semble se démonétiser. Et on dirait que meilleur il est, plus vite il se démonétise, le vieux magicien. Je me souviens de votre prose dans Mad Magic et dans Magicus, décrivant par exemple Goshman, qui après avoir été célébré toute la soirée, finissait un peu tout seul le soir, dans son coin avec son assiette et sa chemise approximative, sans que personne ne l'approche. J’ai moi aussi vu des grands de chez grands (inutile de citer de noms) finissant souvent isolés -et un poil amers- dans les congrès ou en fin de soirée, alors qu’ils avaient de quoi présenter 15 conférences Penguin. Pourquoi ? Est-ce que les magiciens d'aujourd’hui sont trop timides pour envoyer un e-mail à ces anciens ? Croient-ils que nos vieux cadors soient tellement débordés qu’ils n’auront jamais le temps de répondre à un petit cloporte qui ose venir les importuner avec une honteuse question de débutant ? Je vous donne la réponse pour gagner du temps : NON. Et je dirais même que plus ces vieux magiciens passent un certain cap (en âge, en expérience, en sagesse), plus ils CREVENT d’envie d’échanger et de transmettre, et plus certains d’entre eux souffrent de ne pas recevoir de demande explicite à ce sujet. Peut-être que les magiciens pensent que ces anciens seront encore là indéfiniment, vu qu’ils étaient déjà vieux il y a 20 ans. Hélas, tout le monde ne meurt pas à un âge Vernonesque. La jurisprudence Patrick Page, Ali Bongo ou Tim Conover (52 ans) montre que chaque magicien finit par mourir et emporte avec lui son bout d’histoire, son lot d’occasions manquées et quelques secrets perdus à tout jamais. Alors que si on leur avait demandé poliment... Si ce petit exercice de correspondance voyeuro-merlinesque pouvait servir à quelque chose, ce serait bien ça : chers lecteurs (both of you), dès que vous aurez lu ce texte en vous disant, éventuellement : « ah oui tiens, c’est vrai » tout en remuant votre verre de whisky grand âge, posez-donc ce verre (le whisky a attendu 15 ans, il pourra bien attendre un quart d’heure de plus) et envoyez un message (email, DM sur Twitter, Facebook) au vieux que vous aviez en tête depuis quelque temps. Message qui commencerait par « Bonjour, je m’appelle *** et cela fait quelque temps que je voulais vous poser cette question...». On n’est jamais à l’abri d’une réponse constructive qui pourrait changer votre façon de voir la magie. Second paragraphe du message de Merlin : le temps. Ah, le temps. Aujourd’hui, on commande son paillasson à motif « 4 as » ou sa tétine-quatre-vitesses sur Amazon, et on les reçoit le lendemain avant 17h. Et l’on trouve inacceptable de ne les recevoir que le surlendemain. En tout cas moi, je n’accepte pas. Un visuel de 15 minutes ? Trop long ! Un spectacle de 2h ? Impensable ! Et je me bats toujours pour que la plupart des spectacles sur lesquels je travaille fassent 1h30 au maximum. Derren Brown nous fait 2h30 et il y a toujours 45 minutes de trop, je suis loin d’être le seul à le penser. Une des phrases que David Copperfield laissera à la postérité : « Non. Coupe. Trop Long. On s’ennuie. Trop long. Coupe. Zzz. Simple. Moins ». Pourquoi ne pas voir cela comme une contrainte structurante ? Si un heureux mécène vous disait : « Faites un spectacle, je vous donne tout l’argent dont vous avez besoin, prenez tout le temps qu’il vous faut », il y a de fortes chances que le spectacle qui en découle soit une bouse monumentale. Et encore, s'il sort un jour, le spectacle. Parce que les placards de l'Histoire sont remplis de "spectacles parfaits qui sortiront un jour". Et puis, comme disait Ogilvy, si vous ne pouvez pas écrire votre idée sur le dos d’une carte de visite, c’est que vous n’avez pas d’idée. Coupez, clarifiez, connectez. Contrainte structurante = on n’a pas le temps, on n’a pas d’argent, on va donc faire un spectacle avec les tripes, on va donc faire un spectacle urgent, on va donc faire un bon spectacle. Aujourd’hui (mais est-ce si différent d’avant ?), faire un tour de magie à quelqu’un, c’est le plaquer virtuellement contre un mur en lui signifiant : ce que je vais te montrer, tu ne le verras ni sur YouTube, ni sur Netflix, ni chez Hanouna. Pose ton smartphone, regarde et écoute, tu vas être dedans comme tu n'as jamais été dedans. Certes, c’est peut-être plus violent et direct que le tour des trois boulettes de René Lavand, mais c’est l’époque qui veut ça. Mais il faut vraiment le voir comme un outil d'écriture : si ce que vous me montrez fait plus de 4 minutes, ça a intérêt à être 4 MINUTES VRAIMENT INTÉRESSANTES. Quelle est la première phrase ? Le premier mot ? La dernière phrase ? Et surtout, était-ce si différent des Goldin, Richardi, Henning ? Quand on regarde bien... On en vient à votre come-back, dear Jean. Car il faut bien en parler. Non pas que vous comptiez nous quitter, vous nous l’avez dit. Mais je parle du come-back du "Merlin’s Day, Whatever The Hell It May Be". Pourquoi ne pas recréer ce format music-hall qui vous est cher, pour un soir ? Une série d’intervenants la journée, un spectacle de cabaret le soir, ouvert au grand public (en réalité les amis, la famille et les connaissances que les participants pourraient facilement convoquer. Prix d’entrée symbolico-acceptable pour rentrer dans les frais. Tables rondes, chaises, bougies et consos également pour amortir, façon Cabaret (le musical). Un mini orchestre de trois musiciens pour accompagner les artistes ? Une figure de style, où des artistes d’aujourd’hui présentent leur numéro dans un rythme, look et tempo « d’autrefois » ? Et inversement ? Peut-être aussi définir un thème de journée qui permette à chacun de repartir personnellement avec quelque chose pour lui. Par exemple, apprendre à structurer efficacement un numéro, apprendre à jouer sur les silences et les reprises, trouver le thème et l’accroche, gérer les imprévus, bref faire en sorte que finalement chaque participant puisse apprendre comment mieux présenter ce qu’il sait déjà faire, en s’appuyant sur l’expérience de ceux qui présentent leur numéro tous les soirs devant un public... ainsi que quelques vidéos d’anciens. On en reparle au dîner ! Et contrairement à Kaufman, j’aime les pâtes... SC PS : Hors-sujet-mais-pas-hors-sujet : Preuve que les exemples du passé illustrent ce que la magie devrait dire aujourd'hui. J’adore partager ces deux vidéos de Fred Kaps, qui fait le MEME tour, mais à 15 ans d'écart. Dans les deux cas, la technique est irréprochable, mais 15 ans après, il a acquis la patine, la connexion avec le public : il prend son temps, bref il fait bien son tour. D'abord ça (seulement les premières minutes) en 1964 : chez Ed Sullivan, quelques minutes avant la première télé américaine des Beatles. La technique est parfaite, il est élégant, mais il est froid, pressé, et son tour de magie, on s'en fout un petit peu. Bref c'est un magicien de prix FISM. Et puis ça, fin 1978, ou comment il a tout compris. Il ne prend pas beaucoup plus de temps, mais il est infiniment plus humain, il est vulnérable et attachant, il marque les temps et les silences :
  2. La vraie audace ne consiste pas à faire un Matrix assis sur la cuvette des WC, mais à ne pas faire de Matrix tout court.
  3. Une autre piste de réflexion pour toi : Un récent article du New York Post décrit le quartier général de David Blaine à New York, ainsi que sa manière de travailler avec son équipe. Sur la porte qui donne sur la salle de brainstorming sont inscrits trois mots : "Meaningful, Interesting, Believable". Que je traduirais par : "Pertinent (ou Profond), Intéressant, Crédible". Tous les effets créés dans cette salle doivent remplir ces trois conditions. SC
  4. J’ai une grande affection pour Jean Merlin : je suis l’un des nombreux enfants de Mad Magic, et je pense (j’espère) le lui avoir déjà dit... A ce sujet, je suis toujours redevable à Jean d’un long dîner onéreux sur Paris, j’espère rapidement éponger cette dette. J’ai lu son long texte Aloha et quelques passages m’ont chagriné. Pas Merlin lui-même, car il dispose, par son statut et son histoire, d’une immunité diplomatique, à vie. Mais plutôt par son constat. Jean (et il ne semble pas être le seul) semble chercher un successeur à tous ceux qui ont marqué (et qui finalement ont fait) la magie du 20ème siècle. Hélas, l’époque actuelle n’est pas à la « succession ». Les paradigmes changent, les canaux de diffusions changent, le rythme et le niveau d’attention changent. Quand Dai Vernon choisit de s’installer à New-York dans les années 20, New-York devient « the place to be » et les meilleures idées magiques de cette époque, dont nous nous servons encore, naissent de ce lieu. Quand, dans le courant des années 60, Dai Vernon choisit d’émigrer sur la côte Ouest, tous les créateurs et gens important du moment décident de le suivre, et Los Angeles devient « the place to be » et les meilleures idées magiques des années 70-80 naissent de ce lieu, toujours autour de cette cet émulateur vernonien. Il n’y aura pas de « successeur » de Dai Vernon. Ou plutôt, il y en aura une infinité : importe quel jeunot équipé d’une webcam et d’un bon sens du cadrage, où qu’il soit sur la Terre entière, a le potentiel de devenir le prochain Dai Vernon. Ce qui fausse la réflexion, c’est que Jean Merlin et quelques-uns sacrés-chanceux-de-leur-race-je-vous hais ont passé du bon temps avec les Vernon, les Kaps, les Goshman et al. Ils ont pu les voir sortir l’artillerie lourde à 3h du matin, après la deuxième bouteille de whisky. Ils ont eu la chance d’être partie intégrante de ces éclats de rire, de ces moments de complicité, de clins d’œil respectueux et de ces instants de magie, bon sang de magie. Ce sont indiscutablement des moments rares et sacrés, et ces moments, ils ne les retrouveront sans doute plus. Et Zut. Que reste-t-il ? On démissionne ? Ou l’on fait un tour d’horizon de ce qui se fait en magie aujourd’hui ? Que penserait Kaps s’il voyait « Nous, rêveurs définitifs » au théâtre du Rond-Point, devant tout le bon peuple et l’intelligentsia parisienne, réunis en un seul lieu ? Soyons honnête un court instant, car Kaps l’était : il serait sur le c*l. Que diraient Annemann ou Alexander, s’ils voyaient Derren Brown sur scène chaque soir devant 1800 spectateurs payants ? Soyons honnêtes, ils diraient « Quel talent, quelle présence ! Dommage que tant d’artistes risquent de copier servilement son style ». Que penserait Vernon s’il assistait à « In And Of Itself » de Derek DelGaudio à New York ? Il ferait peut-être comme David Williamson ou d’autres très-très-très grands noms de notre discipline, qui ont vu le spectacle et ont littéralement fondu en larmes à la fin : c’est un spectacle unique dans l’histoire, qui de l’avis presque général, rebat les cartes et redéfinit en quoi la magie est plus que jamais pertinente en 2017 (mon degré d’objectivité en la matière est proche de zéro, mais je suis loin d’être le seul à énoncer cette vérité). Nos « successeurs » de Kaps, Vernon, Goshman, ils sont déjà là. On les connait déjà, ou on devine ceux qui sont en train de le devenir : ce sont finalement tous ceux qui cherchent à raconter quelque-chose avec leur magie, qui débarquent sans prévenir avec leur univers, leur tronche, leurs voix, leur ordre et leur chaos, leurs anges et leurs démons. Le débinage ? Je suis tellement content de pouvoir annoncer à Tonton Merlin (qui veille !) qu’il n’a jamais eu tort : le débinage n’existe toujours pas. J’attends toujours le magicien qui pourra démontrer à quiconque (devant un juge, ou pire, devant un forum internet) qu’il a moins travaillé à cause du débinage sur Internet. Examinons le cas David Copperfield, l’une des toutes premières cibles du Magicien Masqué (quelqu’un se souvient encore de qui c’est ?) et de Jordan M., jeune youtubeur acnéique, puceau et en mal de reconnaissance : en 2016, Copperfield a effectué 638 spectacles, soit plus de 450 000 spectateurs qui, payant leur place quelque 100$, ne devaient sans doute pas se dire que « la magie c’est facile, j’ai vu le truc sur YouTube ». Et pourtant, certains secrets y sont bien. Le constat de Merlin, posé il y a 279 ans (peut-être moins) est toujours pertinent : si un magicien s’auto-limite au « truc » qu’il emploie, il est évident qu’il se sentira désemparé si son « truc » est éventé. S’il y a autre chose que le "truc", et bien... il y a autre chose. Et vous commencez à rentrer dans le vif du sujet. Et le débinage n’est plus un problème. Et donc, comme ça ce soir, après la lecture de l'Aloah de Tonton Merlin, j’ai envie de lui lancer un défi : le défi de passer une longue soirée, où pendant la moitié du temps, on se remémorera la classe et le talent incommensurables des Kaps, des Pollock, des GoshRichiardiFechnerBongoConover, et vers minuit, on lèvera notre verre à leur héritage rendu intemporel grâce à... YouTube. Et puis, l’autre moitié du temps, sans doute jusqu’au petit matin, on explorera le travail de quelques nouveaux noms, certains évidement assez désordonnés et socialement instables, et affichant encore un peu d’acné et d’immaturité. Mais en futur-ex-vieux-c*ns, nous nous dirons peut-être : mais dis-donc, elle ne serait peut-être déjà pas là, la « relève » ? SC
  5. Voilà en 4 points un début de FAQ (Pour Marc : Frequently Asked Questions, c'est comme son nom l'indique une liste de questions fréquemment posées et les réponses qui vont avec, afin généralement d'éclairer un utilisateur de forum, de magasin en ligne, etc. L'idée de charte éthique pour les magiciens est un serpent de mer qui revient régulièrement. Pourquoi pas, mais l'expérience montre que ce n'est pas en signant une telle charte qu'on en respecte les articles, et il s'agit surtout une déclaration d'intention, souvent louable, mais il me semblerait préférable et plus utile de parler de cas concrets, ceux qui concerne le maximum de magiciens. Je reste très souteneur d'un article complet (sur VM et/ou autre support écrit) recensant des notions simples qui ont pour la plupart été déjà décrites sur ce forum, au fil des -longues- années. C'est davantage un travail de compilation, de nettoyage et de synthèse qu'autre chose. Ou, pourquoi pas, pour mâcher du travail, une série de questions/réponses en vidéo, avec Pierre Fleury (et/ou ceux qui ont l'envie et la légitimité de s'y coller), comme Thomas l'a réalisé avec Luc Langevin. Ca prendrait un peu de temps pour les protagonistes concernés, mais imaginez le temps et l'énergie gagnés pour la suite. Evidemment, ça ne rendra jamais compte de la complexité de ces questions. Mais l'on parle ici d'un esprit "FAQ" : l'idée est que cela reste accessible, pratique et utilisable pour les nombreux magiciens, jeunes et moins jeunes, qui se posent sincèrement des questions sur ce qu'ils peuvent faire et ne pas faire avec les idées des autres. SC
  6. Pas "n'importe quoi", mais simplement ce sur quoi David Copperfield a travaillé de longues années (et rémunéré les auteurs, le cas échéant), avec le sang et la sueur qui vont avec. Ce n'est pas aussi compliqué que ce que tu sembles croire : * Si tu l'as déjà vu avant, ne le refais pas, ou demande la permission avant de le refaire * Ceci est d'ailleurs un message indirect aux "jeunes qui nous lisent" : les gars, vous avez l'énergie, la créativité, la jeunesse : ne vous sentez pas obligé de refaire ce que David Copperfield a déjà fait il y a des décennies. En magie, il existe d'autres idées que de se faire couper en deux à vue ou de traverser un ventilateur, et il y a assez de talents et de possibilités en France pour ne pas vous sentir obligés de courir après un train qui a quitté la gare il y a plus de 25 ans. Cela vaut aussi pour tous les Derren Clone, les David Williamcomme, les David Même, les Criss Pareil et autres suiveurs de modes et accros à YouTube. Surprenez-nous et mettez-nous une claque, au lieu de nous faire jouer au jeu des 7 différences entre l'original et la copie (et encore, 7 représente la moyenne haute). Plus sérieusement, lire tout ce débat était comme ralentir sur la route pour observer un accident de voiture : c'est à la fois réjouissant et un peu dégoûtant, tant il y a de bonnes choses qui sont dites, mais aussitôt gâchées et masquées par les habituels messages des.... des "autres". C'est la loi des forums, où "malheureusement" (?) chacun à la parole égale. C'est la raison pour laquelle, ce qui serait super, ce qui serait génial, c'est qu'une âme patiente et courageuse (et je ne vois ici que Mathieu) se sente prête à effectivement faire les recherches dans les archives de ce forum (que personne ne semble disposé à faire), et construire et rédiger la synthèse des messages de Pierre Fleury, Frantz et des autres. De façon à ce qu'à chaque fois que le débat revient sur la table, on puisse dire : va dans l'article "Suis-je un copieur ou non ?" qui figure sur la page d'intro de VM. Imaginez le temps gagné, et l'utilité auprès d'un grand nombre de magiciens qui se pose sincèrement ces questions. Enormément de choses ont été écrites sur le forum au sujet du respect des droits des créateurs et de l'éthique, il nous manque "seulement" un synthèse claire et exploitable. Oui c'est long et ingrat, oui ça mériterait presque rémunération pour le temps passé et la rigueur demandée... Que Mathieu lance une page Kickstarter ou GoFundMe et, promis, je fais le premier don. Ce serait, blague à part, l'une des plus grandes "contributions à l'art magique" que VM puisse faire. Allez quoi ! SC
  7. Hello, Gilbus a raison, j'ai écrit le texte des "5 stades" comme une simple chronique, basée sur l'observation... il ne faut pas lui donner valeur de Loi ! (quoique...) Loïc : merci pour ton message, et quelques réponses : L'immense majorité des magiciens que tu cites sont plus accessibles et "partageurs" que tu ne le penses. En janvier, Weber, Mead, Jermay, Maven se trouveront à deux heures de Paris et pour peu qu'on les aborde avec un minimum de politesse, je ne les ai jamais vu refuser de parler à qui que ce soit. Ou même leur dire "je suis inspiré par votre travail, j'ai quelques questions à vous poser mais je doute que nous ayons le temps sur un congrès de magie, puis-je vous recontacter par e-mail ou Facebook" ? Là encore, peu de chances qu'ils disent non. Les vrais "undergrounds", c'étaient les Dai Vernon, Charlie Miller & co, de la soi-disant "grande époque", qui étaient proprement inaccessibles : les fidèles et les Gardiens du temple les protégeaient et faisaient barrage, il fallait montrer patte blanche et expliquer pourquoi on osait demander à parler aux Maîtres. Aujourd'hui, les "Maîtres" actuels ne sont qu'à un DM (Direct Message) sur Twitter, et c'est très bien comme ça : les temples sont ouverts, les Gardiens doivent se reconvertir. En poussant le raisonnement : tu dis que tu ne vas pas aller à Los Angeles pour 1h de spectacle : et pourquoi pas ? Un billet d'avion, un hôtel pour passer quelques jours dans une ville à l'étranger, ça ne coûte que trois ou quatre coffrets de Shin Lim (et franchement, à choisir... bon). Tu peux t'organiser ton mini-congrès en rencontrant d'autres magiciens sur place. Envoyer un message à l'artiste pour lui dire que tu voyages exprès pour le voir, c'est se mettre une bonne chance de ton côté pour qu'il passe un peu de temps après son spectacle, pour parler avec toi. Quand j'étais étudiant, j'ai essayé de voyager et de payer des verres et des déjeuners à tous mes "héros magiciens" de l'époque, quitte à carburer aux pâtes et au riz le soir, et je n'ai jamais rien regretté. Mes livres de magie, ils étaient aussi là, à table en face de moi, en train de me raconter leurs souvenirs ou de râler sur je-ne-sais-quel sujet. En poussant le raisonnement à l'extrême : Persi Diaconis a tout quitté à l'âge de 14 ans pour voyager avec Dai Vernon quand il a compris que c'était lui qui était place to be et que sa vie allait changer en apprenant à ses côtés. Bon, je n'encourage pas non plus les mineurs à quitter le domicile familial... Seul Derren Brown semble avoir une tendance à se protéger des magiciens (et vu qu'il est devenu malgré lui un "moule à clones", on peut tout à fait le comprendre): sur la théorie magique, je pense qu'il a déjà dit et écrit tout ce qu'il avait à dire... dommage que les magiciens aient préféré lui piquer la forme plutôt que le fond. Lui, sa vie, ce sont les spectacles et il continue de les faire du mieux possible, avec désormais une dimension motivational speaking pour s'éloigner de ses armées de clones et garder un temps d'avance. Sa prochaine aventure se situe à Broadway, comme d'ailleurs celle de Derek DelGaudio. Pas assez de spectacles filmés ? Certains artistes s'y refusent catégoriquement, arguant du fait qu'une expérience de spectacle vivant doit rester... vivante. Certains filment leur nuit de noce, d'autres pas... Nothing to Hide n'a jamais été filmé et ne sera jamais rejoué, c'est comme ça. A moins de trouver LE réalisateur, pas sûr que In And Of Itself soit un jour filmé. Est-ce que ça ne fait pas partie de la mystique d'un spectacle, de la présentation même d'un tour de magie ? Savoir que ce ne sera joué que là, maintenant, et qu'ensuite il y a des chances que vous ne le revoyiez plus jamais ? Rareté versus "le même spectacle à toutes les tables", là aussi on pourrait en parler... Est-ce que le fait de s'imaginer un spectacle, de se faire un film dans sa tête, n'est pas plus stimulant que de le voir ? Je n'ai jamais vu la Houlette de Hooker, mais racontée pendant une demi-journée par Gaëtan Bloom, avec les commentaires, les rebondissements, les théories, ce n'est pas comme si j'y étais... c'est mieux que si j'y étais ! Et je suis persuadé que je serai déçu si un jour je la voyais. C'est le génie des grands narrateurs comme Jim Steinmeyer, qui font revivre des numéros qui ne seront sans doute jamais rejoués, mais c'est absolument comme si on y était, qu'on se baladait en coulisses ou sous la scène. Ou comme les trois volumes des Classic Correspondence de Mike Caveney : une mini-plongée dans l'univers d'un magicien, à travers une lettre qu'il a écrite à un confrère. Des dizaines de lettres en tout. Alors oui, il vaut mieux parler anglais... C'est quand même moins compliqué que de quitter le domicile familial à 14 ans. Ne pas diffuser ou partager davantage ? Derek DelGaudio, pour ne citer que lui, appartient à l'école de pensée de Ricky Jay qui énonce que la meilleure façon de partager son savoir et son expérience, ce n'est pas de faire des conférences ou de vendre des tours destinés aux magiciens, mais de faire des spectacles (ou autres initiatives) destinées au grand public. Le livre sur la théorie, le recueil de secrets, l'interview-fleuve de 3h pour dire sa vérité : tout ceci est là, à la vue de tous, pendant un spectacle d'1h sur scène. Doivent-ils encore sortir un livre pour les magiciens pour expliquer à quel point ils sont bons ? Ce livre ou ce produit seront balayés par la sortie du mois suivant (le coffret de Shin Lin !)... Quitte à joindre l'utile à l'ambitieux, le personnel au gratifiant, autant que ça soit sur un projet grand public. SC
  8. Quelques remarques : - Il y a des dénominations "domaine public" qui me semblent fort discutables dans la liste ci-dessus, notamment le Twister (la tête qui tourne et le corps vrillé dans la boite), qui date du milieu des années 80 et qui est assez clairement attribué à Franz Harary. - Concernant Paul Osborne : paix à son âme et respect à son travail, mais il était aussi connu pour publier des plans d'illusions appartenant à d'autres créateurs, afin "de les documenter mais non de les construire"... Ce n'est bien sûr pas le cas de tous ses plans, et ce sont bien entendu de précieuses ressources, mais je ne suis pas sûr que Jim Steinmeyer ait autorisé des plans d'Interlude... - De manière plus générale : des "plans de grandes illusions", ça fait sérieux, ça fait officiel, ça fait document secret, mais le fait est qu'une grande illusion convaincante se construit littéralement autour du corps du magicien ou de sa partenaire et non à partir de plans. Les plans constituent un bon point de départ, mais il faut considérer les cotes comme un simple ordre d'idée, à affiner ensuite. Toujours commencer avec un brouillon en carton, puis un brouillon en bois, avant de passer aux matériaux définitifs, et ne pas s'étonner s'il y a X (X comme "beaucoup") de versions intermédiaires avant la version finale. Ca fait partie du processus de découverte ! - Enfin, cela semble aller de soi, mais comme personne ne l'a mentionné, autant protéger Thomas et son forum : attention, ATTENTION aux questions de sécurité ! Et je ne parle pas seulement des grandes illusions "trompe-la-mort" avec des épées, des piques et des herses, mais de toutes les grandes illusions : elles sont grosses, lourdes, leurs coins sont pointus, leur centre de gravité n'est pas toujours là où l'on croit, les cornières sont en métal et on pourrait presque croire qu'elles sont uniquement là pour taper dans les tibias de ceux qui passent à côté. Ce ne sont pas des constructions "naturelles" et un accident peut arriver au moindre relâchement. Presque tous les magiciens qui pratiquent regulièrement des grandes illusions portent des "blessures de guerre" qui peuvent en témoigner. Donc prudence, et je ne parle même pas de la scie circulaire... Ne prenez aucunement ces remarques comme un découragement ou une incitation à ne rien faire... Au contraire : fabriquez, tentez, modifiez et explorez, mais rapprochez-vous d'autorités historiques et morales afin de savoir si vous ne marchez pas involontairement sur les plate-bandes d'un autre créateur. Je pense notamment à Jean Régil et Pierre Fleury, entre autres, qui ont été mentionnés dans un autre sujet : ce sont des références incontournables. Au travail SC
  9. Le fameux puzzle (avec une finesse en plus...) fait également partie de la nouvelle gamme 2017 de Tenyo. S [video:youtube]
  10. Au jeu des antériorités, on peut même remonter à 1905 : David Devant et sa Mascot Moth, où une jeune femme enveloppée dans son vêtement disparaît à vue (ou plutôt "fond" à vue), vêtement compris, sans boîte ni couverture ni rien, Doug Henning et Siegfried & Roy ont présenté cette illusion d'une incroyable complexité sur scène chaque soir, et Steinmeyer a très bien documenté le tout dans divers de ses ouvrages. S
  11. Sinon, pas vraiment le sujet de la question, mais sur le même thème : [video:youtube] Avec une délicieuse (et traditionnelle) réalisation TV japonaise... Seb
  12. Si vous voulez continuer à jouer au jeu des 7 différences... [video:youtube]
  13. Une remarque pour les "historiens": il y a bien, oh, 10 ans de cela (sans doute 15 ans, si je suis dans le déni), Mathieu Bich m'avait montré une version examinable de Card-Toon, d'ailleurs autrement plus pratique que celle utilisée par Dan Harlan dans l'émission. Et si je me souviens bien, Alexandra Duvivier l'avait d'ailleurs présentée dans l'un de ses spectacles. Pour le reste, c'est un peu dommage de construire tout un concept télé sur l'aspect le moins intéressant de la magie ("fooler" ou "ne pas fooler"), mais de l'aveu même de P&T, c'est surtout un concept accrocheur -pour ne pas dire racoleur- qui permet ensuite de montrer au grand public de bons numéros de magie (la plupart du temps...), bien filmés, chaque artiste étant présenté sous un bon jour. De la même manière que les mega-illusions de David Copperfield permettaient surtout d'attirer l'attention des téléspectateurs et des annonceurs, mais le plus intéressant se trouvait dans le reste du show. Pour avoir discuté avec certains des "concurrents", P&T ne trichent pas sur le concept : ils essayent vraiment de chercher et de trouver. Ce qui explique leur oreillette bien visible: avant le tournage, Johnny Thompson rencontre chaque candidat et prend connaissance de chaque méthode employée. Pendant le tournage, P&T dialoguent (micro fermé) avec Thompson, qui leur confirme à l'oreillette s'ils ont trouvé, ou pas. SC
  14. J'ai travaillé de près avec Derek DelGaudio et Frank Oz sur ce spectacle et s'il y a un mot qui est revenu le plus souvent, c'est celui de "vérité". S'affranchir de tout "boniment", bannir toute facilité scénaristique ou procédure ("choisissez une carte vraiment au hasard dans ce jeu vraiment ordinaire, composé de cartes vraiment bleues. Celle-ci ? Vous pouvez changer !"), et raconter tout simplement la vérité au public. En effet, si un spectateur prend du temps pour choisir quelque chose, ce n'est pas pour "en changer, maissivouspouvezvoyons" dans la seconde qui suit... Au moment précis où l'on commençait à rentrer dans la facilité bien confortable du "boniment-clé-en-main-qui-marche-toujours", Oz hurlait "bullshit" et on devait repartir à zéro. Chaque phrase que prononce Derek dans son spectacle est sa plus pure et stricte vérité, nue et sincère, parfois difficile à entendre, sur lui, sa magie, et le monde. Rien de plus, rien de moins (et surtout rien de moins) Ce sujet parle de "scénario", bien sûr. Mais ce n'est pas parce qu'un artiste sur scène est magicien/illusionniste qu'il doit nécessairement tricher, ou débiter un salmigondis que de toute façon un public éduqué ne gobe plus depuis longtemps : le tour que "grand-père m'a appris avant de mourir", les techniques de "triche secrètes au poker" démontrées par un pré-adolescent ("interdit de casino", évidemment) qui de toute manière ne sait manifestement pas jouer au poker, ou encore la "pièce chinoise" qui possède des caractères japonais gravés dessus, etc. C'est ce que Christian Chelman évoque, en rappelant que si l'on parle d'un sujet, d'un objet ou d'une discipline au cours d'une démonstration, il faut être incollable sur cette discipline, pas seulement pour "le jour où" un vrai expert se pointera, mais aussi par simple hygiène mentale. Si vous parlez avec sincérité à votre public, il fera la différence tout de suite. C'est ce qui fait qu'un artiste comme Ricky Jay, entre autres, est Ricky Jay : il ne parle pas de choses qui sont intéressantes pour tout le monde, il parle de choses qui LUI sont intéressantes, et ça fait toute la différence. Il en parle avec connaissance et sincérité, et il gagne ainsi l'attention (et le respect) de son public. Utiliser des trucages techniques n'empêche pas de dire quelque-chose de vrai, de sincère, de personnel ou de profond, quelque chose qui restera avec les spectateurs quand le "tour" de magie, lui, sera plié depuis longtemps. Mais, évidemment, ce n'est pas le chemin le plus facile et cela demande un (long) travail d'introspection... S
  15. Ma première réaction à la vue de ce projet a été "comment peuvent-ils le vendre aussi peu cher ?". N'oubliez pas que la plupart d'entre vous possèdent dans leur poche des smartphones vendus plus de 700-1000 euros, et que l'économie du marché magique est toute autre... Je suis surpris de certaines réactions ici (bien que je les comprenne) : nous avons un auteur qui met toutes ses tripes dans un bouquin, ainsi qu'un éditeur qui met tous (en tout cas une bonne partie de) ses fonds propres dans un projet tellement chronophage et énergivore que l'on peut penser qu'il ne s'y retrouvera sans doute pas à l'arrivée... et pourtant il/ils le fait/font. Un tel soin et un tel sens du détail sur un projet aussi volumineux, je l'ai vu rarement, et le dernier exemple qui me vient en tête sont les "Soirées Fantastiques" de Christian Fechner. Ceux qui me connaissent savent que je n'emploie pas la comparaison à la légère... Seb
  16. Si l'effet d'une ombre qui interagit avec un objet réel est certainement antérieur à la création de Teller, cette présentation-la appartient bien à Teller. Il l'a déposée en 1983 et l'a défendue bec et ongles (en obtenant gain de cause) contre un magicien belge ayant présenté un plagiat sur YouTube. http://www.hollywoodreporter.com/thr-esq/teller-wins-lawsuit-copied-magic-690347 Seb (PS: Husk', je te dois un mail, j'y travaille)
  17. Canne à apparition : Russell Walsh dans les années 40 (la plupart des sources citent 1947, mais sans doute un peu avant, peut-être même toute fin des années 30) Canne à disparition : manifestement Carl Rosini en 1906 Canne dansante : plus difficile à sourcer, mais tu peux la faire remonter à Hofzinser puisqu'il semble qu'il ait présenté "une version de". Lames de rasoir : William A. Buerger, tour commercialisé en 1930. Mais ce tour n'existerait probablement pas sans le tour des aiguilles avalées, qui lui est nettement plus ancien. Seb
  18. La vraie découverte concernant le tour présenté par Jean-Jacques Sanvert est la suivante : c'est la version initiale d'une autre idée de Lubor Fiedler, celle-ci bel et bien commercialisée par Tenyo : Phantom Clock. Je n'avais jamais fait le rapprochement, et pourtant... il y a déjà la carte tenue par un coin invisible, je m'en veux d'être passé à côté de ça. C'est l'un des grands intérêts de Tenyoism : pas seulement de lister et raconter chaque tour de Tenyo depuis la création de l'entreprise, mais aussi de montrer les prototypes en carton pourri, les "versions antérieures" qui ont permis de produire les "versions définitives" (en mieux ou en moins bien), les Tenyo qui ne sont jamais sortis, ceux qui auraient pu l'être, ceux qui auraient dû l'être, les variantes, les versions secrètes, etc. Il faut être clair, et d'ailleurs je l'ai toujours dit : passer à côté de Tenyo, c'est passer à côté de tout un pan de la magie. D'ailleurs je ne connais pas un seul grand nom de la magie qui n'attende pas sa livraison annuelle. Si vous pensez que Tenyo se résume à de simples jouets en plastique, c’est que vous n'avez pas d'âme. Et je rappelle la règle de base : il faut acheter trois exemplaires de chaque Tenyo qui vous plaît : un Tenyo à ouvrir pour jouer avec, un Tenyo à casser ou démonter pour comprendre comment il marche vraiment, et un Tenyo à garder intact sous blister car ils prennent assez rapidement de la valeur (certains Tenyo vintage se vendent à plus de 1000 dollars pièce). Enfin, comme je vois qu'il y a juste à côté un thread (encore...) sur "nul (magicien) n'est prophète en son pays" : un magicien français, Mathieu Bich, est à l'origine de deux tours de Tenyo parmi la toute dernière gamme (2016), et pas des moindres... Sa photo et son nom figurent donc sur le packaging d'articles vendus dans tous les supermarchés japonais. Nul n'est prophète... Seb
  19. C'est ça la vraie magie de Star Wars : tu n'as pas du tout aimé, mais tu as déjà donné deux billets à Disney, ta fille va probablement te demander un BB-8 pour son anniversaire, et tu penses déjà au prochain film ! Résultat: Star Wars 7 en passe de devenir le deuxième film le plus rentable de tous les temps. Il ne reste plus qu'Avatar à battre. On croise les doigts... (Pas pour que Star Wars gagne, mais pour qu'Avatar soit battu...)
  20. Pour ceux qui lisent l'anglais et sont intéressés par la structure "en miroir" de la saga Star Wars : http://www.starwarsringtheory.com/ S
  21. http://www.heknows.co.uk/shop/double-blank-svengali-deck/ S
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