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Sébastien CLG

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Tout ce qui a été publié par Sébastien CLG

  1. Pour faire court : Yoda parle de la magie. Je crois qu'en 30 minutes, à peu près tout est dit... En tout cas, cet entretien résume l'approche artistique de Derek DelGaudio, du spectacle In & Of Itself et au fond, toute la manière dont un magicien/un artiste peut approcher sa discipline : refus du "boniment", sincérité et innocence avant tout. Bien entendu, cela pourra sembler très (trop) profond pour certains, et c'est en anglais (mais facilement compréhensible). Au pire, sauvez le lien et revenez-y plus tard... Ces mots prennent un sens différent à mesure que l'on progresse dans nos recherches. https://egconf.com/videos/frank-oz-actor-director-storyteller-derek-delgaudio-writer-performer-eg13
  2. Tellement plus intéressant avec des billets ! Autre exécution du même tour de Fred Kaps, réalisée avec nettement moins de maestria (mais l'image est en meilleure définition), par son compatriote Peter Pit, à 2:21:30 : https://www.youtube.com/watch?v=VjgzEN1J_W8 Aucun rapport avec la question posée, mais dans la foulée du tour de Peter Pit/Fred Kaps/Edward Victor est présentée l'une des meilleures grandes illusions des Pendragons (le Verdict), assez peu connue. S
  3. Merci Christian de nous rappeler cela. Cornelius était un vrai malin, inventeur notamment du génial Fickle Nickle, avec lequel Doug Henning a ouvert son premier show télé sur NBC en décembre 1975. Quand on connait la méthode, que l'on sait que le show était diffusé en direct, devant (paraît-il) plus de 50 millions de téléspectateurs et que c'était le tout premier tour de l'émission... Je ne sais pas ce que l'équipe fumait, mais ça devait être très relaxant. C'est le tout premier tour sur cette video : Je pense que 2019 a déjà bien rempli son quota de décès, nous pourrions peut-être en rester là et passer à 2020 ? SC
  4. Ce départ m’est un peu plus douloureux que les autres, et je viens de passer un week-end bien pourri. Anthony Owen était un brillant penseur, un magicien qui avait à peu près tout compris avant tout le monde. Un homme de l’ombre, sans les pénibles clichés rattachés à cette appellation. Une culture magique phénoménale, jamais en retard d’un projet ou d’une tendance, un redoutable problem solver qui ne perdait jamais son flegme et un humour chaud-froid tout british. Un proche de Patrick Page et d’Ali Bongo. Tout ce beau monde est parti, et ça commence à faire un peu vide, chez la Perfide Albion. Anthony Owen est à l’origine de beaucoup d’idées magiques, que vous avez dû voir à la télé en vous disant « tiens, c’est malin ça », car il avait absolument compris comment la magie devait être présentée sur le petit écran. A l’origine également de la carrière télévisuelle de Derren Brown, Pete Firman, Ben Hart, Barry & Stuart et une longue liste d’artistes talentueux. Il a fait partie de cette équipe originelle qui, au début des années 2000, a contribué à façonner le format de la magie télévisée moderne, pour le meilleur... et parfois pour le pire. Alors, je vais me faire un thé et me souvenir de toutes ces heures passées à parler magie avec Anthony Owen, à balancer sur les grands noms de la profession (car comme tous les hommes discrets, il n’en pensait pas moins...), de cette nuit de fous rires chez @Gaëtan BLOOM nous démontrant le (non) fonctionnement de quelques objets rares de sa collection (Gaëtan, je te rappelle que tu dois en faire une conférence), de ces tournages télé en mode commando, où il fallait trouver en quelques minutes une solution improbable à un problème magique à l’intérêt somme toute limité... Anthony avait souvent trouvé la solution dès le début, mais il laissait les autres chercher, c’était bien plus élégant (et drôle) comme ça. Anthony Owen faisait partie de cette petite liste de personnes qui vous rendent un peu moins bête dès que vous échangez avec eux. Cette liste diminue à vue d’œil : les vieux ont le mauvais goût de finalement mourir (Aloha, Johnny Thompson), et certains jeunes ont la mauvaise idée de partir carrément, carrément trop tôt. Ne perdez plus de temps, les amis, et envoyez dès demain un message à une personne qui vous rend moins bête. Aujourd’hui, j’ai perdu Anthony Owen, et je me sens un peu plus bête. A bientôt, my friend. SC
  5. Quand c'est bien fait, cet effet est assez convaincant.... (mais quand c'est bien fait). Et oui, cet effet a presque 40 ans... Inventé par Craig Nichols et présenté par Doug Henning dans l'un de ses shows télé, ce qui n'a pas fait de mal aux ventes. Feu Daryl a simplement racheté les droits à l'inventeur et l'a commercialisé sous le nom qui figure dans le titre de ce message. SC
  6. Vous savez que vous avez atteint un certain niveau de notoriété lorsque les Simpsons vous rendent hommage à la fin de l'épisode de la semaine. Egalement ci-dessous, une autre réplique culte de Ricky Jay (qui invite, hmm, à la réflexion) : SC
  7. Pour ceux qui lisent l'anglais (et dans le cas présent, de l'anglais bien écrit) : très bel hommage de David Mamet à Ricky Jay dans le New York Times du 28 novembre. Un hommage à son ami disparu, mais aussi une belle réflexion sur le cinéma et la magie, les notions de recherche et de perfection, etc. Bravo Sir. https://www.nytimes.com/2018/11/28/theater/david-mamet-ricky-jay.html?action=click&module=Well&pgtype=Homepage&section=Arts&fbclid=IwAR3hyLklcSRy8zc2Prf_wutnah_FH4sH5e7suX3oknTkQ0fwSVNf-xQ6OfM
  8. Des choses très importantes écrites aussi dans cet article : https://deadline.com/2018/08/derek-delgaudio-conjurs-life-after-his-off-broadway-smash-in-of-itself-hollywoods-been-watching-1202441513/ SC
  9. Ah, mais c’est vieux comme Hérode, ça ! En tout cas, vieux comme les années 1930, où l’un des grands classiques des fêtes foraines américaines consistait à présenter une grande illusion (une sorte de cabine aux épées, mais avec des plaques de métal) à l’issue de laquelle, une fois la cabine lardée de piques et de lames, il était possible, moyennant quelques dollars de plus, de monter sur scène via un escalier pour jeter un œil à l’intérieur de la boite. Et la procession de spectateurs-voyeurs de voir exactement dans quelle position "secrète" se trouvait l’assistante afin d’échapper à ce fatras. Cette attraction a perduré des années et des années, et il n’est pas impossible de la voir encore présentée de nos jours dans certaines fêtes foraines traditionnelles (c’est entre 5 et 10 dollars aujourd’hui, pour le coup d’œil dans la boite). L’histoire est documentée ici : http://www.deceptology.com/2010/09/exposing-magic-with-sideshow-blade-box.html (On voit les escaliers permettant aux spectateurs de monter à la queue leu leu sur scène. Les organisateurs ont mis une petite chaîne pour éviter qu'ils ne tombent de l’estrade, merci pour eux). Puisque l’on (enfin, je) parle de perspective historique... Il est compréhensible que les magiciens se crispent plus ou moins bruyamment sur le débinage (ou en tout cas la divulgation gratuite et non-sollicitée de secrets... ce qui n’est pas tout à fait la même chose que la divulgation tout court). La aussi, c’est vieux comme Hér... Ah non, c’est plus vieux qu’Hérode. C’est presque aussi vieux que la magie. Ce n’est pas exactement le sujet de cette discussion, quoique, mais j’ai récemment fait l’acquisition des célèbres pubs Camel des années 30 qui restent, à ce jour, toutes proportions gardées, la plus vaste campagne de débinage jamais entreprise. Il faut relire les Classic Correspondence (Volume 3, en l’occurrence) de Mike Caveney, qui raconte merveilleusement l’histoire. Début 1933, la marque de cigarettes Camel se fait dépasser par Chesterfield et décide qu’il faut frapper un grand coup pour reprendre la tête des ventes. Pour cela, il faut convaincre le maximum de gens de commencer à fumer, et le plus tôt possible, "bien sûr". Les enfants/adolescents constituent une cible idéale : plus tôt ils commencent, plus longtemps ils resteront fidèles à la marque ! (Qui a dit que c’était mieux avant ?) Or, qu’aiment les enfants, entre autres ? La magie ! Utilisons donc la magie pour promouvoir l’industrie du tabac auprès des jeunes. Et Camel d’investir le YouTube de l’époque (mais en plus gros) : la presse écrite. Et d’acheter des dizaines de milliers de pages de pub dans plus de 1200 (mille deux-cents) quotidiens et magazines de la presse américaine, dont les plus grands titres de l’époque. Le slogan de la campagne de pub disait, je traduis : "C’est sympa de se faire avoir, c’est plus sympa de savoir ! " Suivi de : "Les cigarettes Camel, elles, n’utilisent pas de trucs : elles contiennent du tabac de meilleure qualité !". Drôle (si l’on peut dire) et tout à fait véridique, des vestiges de ces pages de pub peuvent être facilement retrouvés aujourd’hui. Trente-neuf (39) campagnes de pub différentes. Un matraquage en demi-pages, en pleines pages, en noir et blanc et en couleurs, dans la presse de la semaine et du week-end, sans parler des affichettes à l’entrée des marchands de tabac de tout le pays. Certains secrets dévoilés sont fantaisistes. D’autres sont de grands classiques encore présentés aujourd’hui (c'est dire ?) : la corde coupée, les poucettes, la disparition de la cage à oiseau, la femme coupée en deux, telle que présentées en tournée par les Copperfield de l’époque, Thurston et Dante. Articles assassins dans la presse magique. Lettres haineuses de magiciens de tout le pays, hurlant à la mort de leur art (comme depuis le 19ème siècle). Réponse standard et policée de la Compagnie (comme en 2018) : "1- Ça permet de promouvoir la magie 2- Ce sont de vieux secrets inoffensifs et/ou tombés dans le domaine public 3- Nous ne révélons qu’une seule version de ces secrets, il en existe plein d’autres". Ce sont exactement les arguments utilisés, dans le courrier-type que Camel envoyait systématiquement aux magiciens en détresse qui venaient se plaindre. Cette lettre est reproduite dans le livre de Caveney. Ce n’est que des années après sa mort que l'on put découvrir le nom du magicien à l’origine de ces "fuites" (dirons-nous) : Max Holden, un ombromane et marchand de trucs connu et très respecté par ses pairs, inventeur du forçage en croix, largement débiné depuis sur YouTube, par les magiciens (fumeurs et non-fumeurs) du monde entier. (Ca permet de promouvoir la magie, c’est un secret inoffensif et il existe des dizaines d’autres forçages). A l’issue de cette campagne de débinage publicitaire massif, en août 1933, la marque Camel dégringola de la deuxième à la troisième place, distancée désormais par Chesterfield et Lucky Strike. SC Sources : MAGIC magazine, Avril 1994 Classic Correspondence III, Mike Caveney, 2016
  10. Merci Melvin pour ton compte-rendu... Tu étais un spectateur attentif ! Christian Fechner avait, comme bien souvent, raison avant tout le monde : l’argent (ou plutôt le manque d’argent) est surtout un prétexte pour ne rien faire. C’est « faire » qui rapporte de l’argent, ce n’est pas l’argent qui permet de tout « faire ». Ce que l’argent permet, c’est vrai, c’est de faire le moins de concessions possible sur un spectacle. Copperfield peut se permettre de tester 5 prototypes différents et d’en jeter 4, ou de renvoyer une machine d’une tonne chez son fabricant (et par Fedex, car l’argent permet aussi de ne pas attendre trop longtemps), autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que tout soit exactement comme il l’imaginait. Par contre, pour DC ou n’importe qui d’autre, le point de départ est le même : une idée, dont personne ne sait si elle est géniale ou complètement nulle, un bout de carton-plume, des ciseaux, un cutter, etc... La trousse d’outils est la même que la vôtre. D’ailleurs, certains de ces bouts de carton ont fini par se retrouver sur scène peu de temps après, car il fallait à tout prix tester l’idée avant d’aller plus loin dans l’élaboration. Lors de la soirée relatée par Melvin, je voulais citer un exemple connu dans l’histoire des effets spéciaux (mais pas pu, par manque de temps), qui montre également que l’argent est certes un moyen, mais que si la vision et la volonté sont là, on peut faire aussi bien avec les moyens du bord. Terminator (le premier film, de 1984). En salle de montage, longtemps après la fin du tournage, James Cameron a une « vision » pour l’une des scènes finales du film : un gros plan sur l’œil rouge du Terminator écrasé, qui s’éteint lentement et signifie la mort définitive de la machine. Hélas, la production est finie, il n’y a plus un rond pour relancer le moindre tournage. Il décide donc d’improviser avec une petite équipe. Il prend un œil de l’un des Terminators rangés dans les cartons, une diode et une pile pour faire la lumière rouge, du papier aluminium pour faire le métal écrasé, deux panneaux de carton-plume peint en argenté pour simuler la presse hydraulique, et un assistant hors-champ, qui tire sur une cigarette et souffle de la fumée sur l’ensemble. Le tout a été mis en boite en quelques heures et a coûté peanuts. D’ailleurs, on se rend bien compte que l’image finale, qui dure 3 secondes, n’est pas tout à fait raccord avec les précédentes, mais qu’importe : l’idée est bonne, l’image est forte et c’est l’une des scènes les plus marquantes du film. En tout cas aussi marquante que les autres scènes en stop-motion qui, elles, ont dû coûter une fortune... S
  11. Ah, mais s’il fallait uniquement des “preuves formelles”, il n’y aurait pas d’histoire de la magie ! Compte-tenu de la propension mytho-mégalo des grands noms historiques de la magie de scène à écrire leur propre histoire et à ne quasi-jamais répertorier, archiver et sauvegarder leur travail : matériel détruit, recyclé ou perdu, etc. Et encore : à chaque occasion où j’ai eu la chance d’étudier un accessoire “historique”, il ne correspondait presque jamais à la description faite dans l’ouvrage de l’auteur : dimensions pour le moins « enjolivées », méthode irréalisable telle que décrite par écrit et tout simplement différente de celle utilisée en réalité... Peut-être une manière d’entretenir la légende ou de conserver de vrais secrets ? Le plus souvent, il faut se contenter d’un faisceau d’indices concordants. Manière aussi de faire travailler l’imagination et la capacité à rêver, même pour les magiciens. Dans le cas qui nous intéresse : - Le livre de Christopher Woodward mentionne explicitement la fabrication d’un appareillage secret sur la jambe (pas que la/les chaussure(s)) d’un assistant jouant le rôle d’un automate. Mille fois hélas, aucun nom de fabricant n’est mentionné. - Le choix de la présentation d’un faux-automate justifie l’inclinaison “surnaturelle” du personnage (qui se tient sur une table). - L’affiche du spectacle de Rameses montre une inclinaison “à la Matrix” explicite. Ces affiches constituaient la publicité de l’époque et représentaient souvent les effets du spectacle de manière “enjolivée”, bien évidemment. Pour autant, cette affiche ne représenterait pas le faux automate se pencher en arrière... s’il ne se penchait pas en arrière (même de manière différente) dans le spectacle. Pour toutes ces raisons, j’estime que les origines de l’effet magique de l’inclinaison « à la Matrix » , en arrière, date de plus d’un siècle. Ce qui n’enlève strictement rien au travail de perfectionnement (et de mobilité !) de Danny Cole qui, dans la polémique qui l’a opposé à Justin Willman, détaille précisément ce qu’il revendique (et ne revendique pas) dans sa version. En outre, les Wachowski ne se sont jamais cachés de s’être « inspirés » des films d’arts martiaux asiatiques et des travaux de Yuen Woo-ping pour leur travail chorégraphique sur les scènes de combat du film « Matrix ». Il serait sans doute intéressant de se pencher, justement , sur les origines de l’inclinaison en arrière « à la Matrix » dans leur film, observable dès le premier film (1999), et de découvrir qu’elle a été « inventée » 20 ans auparavant à Honk-Hong, avec câbles ou chaussures spéciales... Ce qui serait le pompon ! SC
  12. D’après le livre qui est consacré à Rameses, Vril était un assistant/comédien bien réel (jouant certes le rôle d’un automate), équipé d’un appareillage permettant de réaliser la figure “Matrix” visible sur l’affiche (corroboré par la table sur laquelle il se trouve, et ses habits amples de Pierrot). Ce qui ferait donc remonter l’effet à (au moins) 1914, sous réserve de la véracité de ces informations publiées. A ma connaissance, Danny Cole revendique surtout la conception interne et la mobilité que permet son gimmick, mais la posture de type “Matrix” (à ne pas confondre avec “The Lean”, qui emploie un gimmick sensiblement différent) semble considérablement plus ancienne. SC
  13. Très belle interview d'Eugene Burger sur Reel Magic, où il dit des choses importantes et vraies sur la dénommée "magie en restaurant". Remembering Eugene Burger, Part 2 Il en vient, pour faire court, aux mêmes conclusions que Derek DelGaudio (désolé de ressasser...) : on devient un bon magicien à partir du moment où l'on commence à prendre au sérieux la magie que l'on présente. Ce qui ne veut pas dire se prendre au sérieux, mais prendre ce que l'on présente au sérieux et être convaincu que notre propos est profond, signifiant et important. Énorme distinction ! Eugene Burger avait tout compris, il y a déjà de longues années.
  14. Pour la petite histoire, le handling est de Gary Ouellet (c'est en tout cas ce que dit la pub de Camirand : http://www.camirandmagic.com/mv_001d.html ) DC a repris le thème des 4 as, la musique et l'idée de base de l'hommage au parent disparu. Mais la méthode et le handling utilisés par DC sont totalement différents de la version d'Alain Choquette. Et pour vos dossiers, la version d'Alain Choquette ici :
  15. Il y aura tournée générale. Comme disait Jacques Martin à l'école des fans : "il n'y a que des gagnants" !
  16. Well played Sir ! Well played too, good Sir. Il dit "automatically assume". En effet, ce qu'il dit avant et après permet de mieux comprendre la phrase "keep from/keeps for" (qui est presque un slogan). Pour info, le même film se trouve sur YouTube, où des sous-titres en anglais sont automatiquement fournis : SC
  17. Merci ! Je ne sais pas si c'est ce que Derek a voulu dire, mais tout est question d'interprétation. La distinction "keeps from / keeps for" est presque un jeu de mots, compliqué à retranscrire. Je tenterais la traduction suivante : "Les magiciens ne se servent pas de leurs secrets pour briller auprès de leurs spectateurs, mais pour partager quelque chose avec eux". Ce qui fait penser à ce qu'Eugene Burger et des dizaines d'autres sages écrivent depuis des années : intrinsèquement, le public se fiche royalement de votre carte qui remonte cinquante fois sur le paquet. Si vous utilisez la magie pour faire le beau et montrer à quel point vous êtes fort et le public naïf ou aveugle, vous ne récolterez que ce que vous méritez : un statut de "montreur de trucs" et de singe à cymbales. Si vous partez de la magie (ses techniques et ses secrets) pour faire entrer les spectateurs dans votre univers (votre look, votre vision du monde), transmettre une idée, un propos, bref pour communiquer, raconter quelque chose et tenter de les élever, alors on entrera peut-être dans quelque chose de pertinent (surtout au 21ème siècle). SC
  18. Pour Hocus Pocus Junior, c'est l'année 1635, en réalité. Le livre est accessible en libre consultation sur le site de la Bibliothèque du Congrès américain. https://www.loc.gov/resource/rbc.2008houdini10760/?sp=36 On y retrouve déjà les gobelets, bien évidemment, ainsi que de lointains ancêtres de tours que nous utilisons encore aujourd'hui. SC
  19. J'espère que la barrière de la langue ne découragera pas trop de gens, car des choses très importantes sont dites dans ce court-métrage. "A real magician does not keep secrets from people. A real magician keeps secrets for people". Une médaille en chocolat à celui qui trouvera la meilleure traduction française de cette phrase ! SC
  20. Richard Kaufman donne l'historique de Dynamic Coins dans son épatant Tenyoism, un double pavé qui recense et décrit tous les tours sortis par Tenyo (je crois en avoir déjà parlé ici). Pour faire court, le tour est sorti en 1972 au Japon, produit par Tenyo, dans sa version connue (et copiée) de tous, puis dès 1975 dans le reste du monde. L'origine directe du tour est le Nickel to Dimes de Walter Gibson, sorti à la fin des années 1920, qui est une sorte de Dynamic Coins avec une seule "pile de pièces" et un seul couvercle en laiton, mais sans verrouillage. Une pile de pièces est recouverte d'un capuchon en laiton, le tout est soulevé, bim, les pièces se sont transformées en d'autres pièces. Quant à la "fausse pile de pièces", on peut la faire remonter à la fin des années 1600, dans Hocus Pocus Junior... c'était hier. Le coup de génie des inventeurs de Tenyo, à savoir Shigeru Sugawara (génie) et Hiroshi Kondo (génie, à qui l'on doit également la Cigarette Zig-Zag et une flopée d'autres objets que vous avez tous eu entre les mains), c'est d'ajouter un deuxième couvercle et un anneau central, qui ont permis de réaliser davantage d'effets. Ce sont eux qui ont également monté la routine de base que nous avons tous présentée au moins une fois dans notre vie : apparition de la pile de pièces, transposition, pénétration, disparition finale, etc. Pour la petite histoire, la notice originale du tour (encore utilisée aujourd'hui) a été écrite par Alan Parsons, du groupe Alan Parsons Project, lui-même fan absolu de Tenyo. Il faudrait certes définir ce que signifie "beaucoup d'argent" ou "être riche" : certains vivent très confortablement avec peu d'argent, tandis que d'autres éprouvent le besoin de changer de Porsche tous les deux mois. Ceci étant dit : à ma connaissance et au risque de briser quelques rêves, aucun magicien n'est devenu "riche" en vendant "le tour secret du siècle" (dont l'existence reste à démontrer) à un autre magicien, connu ou non. La création de valeur ne se situe pas dans le matériau de base, mais dans l'utilisation que l'on en fait ! Et quand j'y pense, la majorité des magiciens qui gagnent très, très bien leur vie travaillent quasi-exclusivement pour le grand public. Mais c'est un autre (vaste) sujet ! SC
  21. Il y a plusieurs thèmes différents dans cette discussion. Le "tour qui déçoit le plus" : N’est-ce pas cette unique expérience, passée ou présente, qui nous réunit tout ici, quels que soient le niveau, l’expérience, la provenance ou l’âge : le fait d’avoir attendu avec impatience le Saint-Graal qui, à 40 ou 400 euros, allait enfin nous permettre de briller en société. Et de nous imaginer, la nuit sous la couette plus ou moins humide, les multiples occasions de présenter ce miracle. Et nos nouveaux fans en train de nous applaudir à tout rompre. Et de guetter l’arrivée du facteur, qui nous permettra de passer de simple mortel à vrai magicien. Ce sont mes souvenirs d’enfance... et à voir les 51 pages du sujet Venom quelques clics plus bas, je me dis que les choses n’ont pas tant changé que ça. N’est-ce pas ça, au fond, l’imagination et la créativité ? Projeter des possibles, imaginer "ce que l’on pourrait faire avec" ? L’enjeu, c’est la réaction que l’on va avoir à la réception du Saint-Graal-qui-finalement-n’en-est pas-un : dans un cas, c’est la douche froide, la déception absolue (ce n'est pas encore ce soir que je vais pouvoir baiser !). L’ex-tour-de-magie-Graal-désormais-pourri va finir dans un tiroir ou, dans sa version moderne, dans les petites-annonces de VM. Dans ce cas, il n’y a plus qu’à attendre le prochain "ultimate miracle absolu" à vendre. Et c’est comme ça que, pernicieusement, on devient un magiconsommateur. Rien de mal à ça, certains restent des magiconsommateurs toute leur vie et ma foi, ils contribuent à la stabilité économique de l’industrie magique et à la paix sociale, en finançant le train de vie d’un jeune inventeur (ou d’un nettement moins jeune inventeur) qui n’a jamais, dans la vraie vie, rencontré un spectateur. Honnêtement, pourquoi pas : ça n’a jamais fait de mal à quiconque. Ou alors, il y a la réaction alternative : "Ok, c’est nettement moins bien que j’imaginais, mais est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de récupérable ? Si je reprends le bout de ce machin pourri avec l’autre bout de cet autre machin minable, est-ce qu’il n’y a pas quelque chose à trouver ?" . Est-ce que les grandes idées ne naissent pas de l’observation d’une situation existante et de la frustration qu’elle engendre ? N’est-ce pas ça, au fond, l’imagination et la créativité ? Projeter des possibles, imaginer "ce que l’on pourrait faire avec" ? Mais il y a bien plus dangereux que le "tour qui vous déçoit". C’est le "tour qui vous plaît". On le reconnaît, celui-là. Le produit qui procure un bon impact, à peu près partout, avec pas tant de travail que ça. Le problème, c’est que s’il vous plait à vous, il va certainement plaire à tous les autres. Et le "tour qui plait" va devenir le "tour que tout le monde va faire", la mode du moment, le standard incontournable que tous les spectateurs vont devoir se manger dans tous les spectacles sur Terre, pendant 10 ans. Il y a 20 ans, le MOAB (book-test) était un secret absolu, détenu par une quinzaine de personnes. Aujourd’hui, celui qui ose ne PAS le présenter devant un public est un héros qui mérite une décoration. Ces temps-ci il y a les book-tests, le coffre suspendu qui fait "schlonk", la roulette russe avec le clou. Actuellement, c’est le moment du Rubik’s Cube. Il y a eu le Racoon de Williamson, les pièces Jumbo, les cartes déchirées et reconstituées morceau par morceau (que ça semble vieux !). Aujourd’hui, encore un peu de flaps et de Sharpie. Demain, qui sait ? Pour revenir au tour qui déçoit : il ne faut pas s’imaginer que ce sentiment de déception n'appartient qu’à la magie. Un de mes livres préférés est Mail Order Mysteries, qui recense et décrit tous ces petits objets pseudo-utiles ou merveilleux (et au fond, assez magiques) que l’on pouvait acheter dans les programmes télé des années 80... Je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre : des publicités de vente par correspondance de lunettes à rayons X permettant de voir sous les vêtements, ou le périscope secret planqué dans un stylo permettant d'espionner la voisine, ou encore le pendentif contenant un morceau du château de Dracula, ou la pièce de monnaie hypnotique permettant de contrôler les actions de qui l’on voulait... Chaque page du livre reproduit la publicité mirifique... suivi de la piteuse photo de l’objet reçu, et d’une description du désenchantement du gogoconsommateur au moment de découvrir l’objet de ses rêves, immédiatement devenu l’objet de ses cauchemars. C’est un livre merveilleux. Je l’ai offert à un magicien connu dont j’ai vu, alors qu’il tournait les pages, les larmes lui monter aux yeux. "Pourquoi tu pleures ?" "Parce que devant ces pubs d’objets magiques, c’est toute mon enfance qui défile. Ces objets, j'ai supplié mes parents de me les acheter, ils m'ont permis de devenir qui je suis". N’est-ce pas ça, au fond, l’imagination et la créativité ? Projeter des possibles, imaginer "ce que l’on pourrait faire avec" ? Un autre thème dans cette discussion : le prix du tour ultime qui n’aurait pas de prix (ou alors très cher). Est-ce qu’il existe vraiment ? Je ne sais pas. Aujourd’hui, le tour underground (je me souviens, c’était super à la mode dans les années 1990, ce mot !!), c’est surtout le prochain-tour-qui-va-sortir-sur-le marché-dans-trois-mois. Ce qui a une réelle valeur, ce n’est pas un tour mais un outil, un gimmick ou une procédure, qui permet une quantité d’effets différents. Ce qui a une réelle valeur, c’est une expérience, un magicien qui a roulé sa bosse ou a travaillé pendant 20 ans avec tel matériau, tel support, telle technologie. Lui, il va me faire gagner des mois ou des années de recherche : ça, ça a une grande valeur. Une idée seule, une suggestion, un "ah tiens et si tu faisais ça", ça peut éventuellement avoir de la valeur... Mais qui ne remplace pas la mise en pratique, l'expérience et les années de champ de bataille. Un seul tour, qu’une seule personne pourra faire (ce qui me semble illusoire dans ce monde YouTubé où tout se remonte en quelques heures.... mais si, voyons !), je ne sais pas si ça possède une immense valeur. Tout au plus sera-t-on le seul à pouvoir utiliser ce jouet pendant quelques semaines, tout au plus. Car soyons réalistes, plus grand-chose ne « baise tout le monde » plus de quelques jours, en ces années 2000 très Youtoubesque et Faceboucienne. Et pourquoi pas, au fond. Ca va nous forcer à être bons et à faire mieux que de montrer des puzzles en recherchant la gratification immédiate. Qui disait "You Are The Magic", déjà ? Ne confondons pas les méthodes et les secrets. Si je devais claquer des fortunes, ce serait dans un objet (un tour, un gimmick, un poster, une photo, peu importe) que je mettrais chez moi, bien au centre, de façon à passer devant chaque jour, et à me souvenir de quelque chose en le voyant. J’ai la chance de côtoyer des grands inventeurs de magie. J’ai regardé beaucoup de documentaires sur d’autres inventeurs ou des designers d’objets que nous employons tous dans notre quotidien. Ils ont chacun leur histoire, mais ils ont un point commun : ils possèdent tous, chez eux, des objets de leurs prédécesseurs, qui les inspirent et leur rappellent qu’il faut encore bosser. Chez le génial Marc Setteducati, c’est un mur d’étagères qu’il a a appelé le « Mur de l’Excellence », comprenant les inventions (puzzles, prototypes) de ses prédécesseurs ou collaborateurs, qui le stimulent et l’inspirent. Chez Gaëtan Bloom, c’est une vitrine comportant tours et gadgets dont il peut (et va) vous faire la démonstration et l’historique complet. Un jour où David Copperfield faisait visiter sa collection privée, un journaliste attire son attention sur une sorte de sculpture qui n’avait rien à faire là. DC lui explique qu’il s’agit d’un élément de décor original du film Citizen Kane. Le journaliste lui répond que ça n’a pas de rapport avec la magie, et DC lui répond : « Je possède cet objet pour me rappeler tous les jours de ce que j’ai ressenti en voyant ce film ». De la même manière que Steven Spielberg possède aujourd'hui la luge que l’on voit dans le même film. N’est-ce pas ça, au fond, l’imagination et la créativité ? Projeter des possibles, imaginer "ce que l’on pourrait faire avec" ? SC
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