Denis Villeneuve est un réalisateur majeur. Une filmographie variée, une mise en scène sophistiqué, une direction d'acteur appliquée, et un goût pour les thèmes forts.
Les projecteurs se sont tournés vers lui (chez nous) l'année dernière grâce au très bon Prisoners, un film commercial (une commande), mais qui proposait de vraies trouvailles de mise en scène et un scénario simple, mais délivré avec intelligence.
Quelques années auparavant, son premier film distribué en France, l'incroyable Incendies, avait suscité l'adhésion chez les critiques, mais avait été boudé par les spectateurs. La faute à une distribution ridicule, et à une promotion confidentielle.
Pas de star au casting, des acteurs québecois qui ne cachent pas leurs accents, et un propos centré sur un affrontement Chistiano-Musulman, délivré avec retenue et sans effets pyrotechniques inutiles.
Bref, encore une fois, il fallait se lever tôt pour avoir accès à un des joyaux de ces dernières années.
Je fais un flanc de la distribution, car vous allez voir, c'est encore le cas ici.
Donc Denis Villeneuve revient avec Enemy. Techniquement, il ne revient pas vraiment, le film ayant été tourné avant Prisoners, mais pour des raisons commerciales, encore, il a été décidé de le sortir après.
Le but étant de compter sur le succès d'un grosse production américaine pour mettre en lumière un film plus intimiste.
Vous me direz, c'est noble, car c'est au bénéfice du plus petit film.
Oui, mais il y a un mais. Le film ne sortira pas en France, sous le prétexte que ce genre de film ne trouvera pas son public.
Mais passons.
Enemy avec Jake Gyllenhaal et Jake Gyllenhaal.
S'il reprend un thème courant au cinéma, celui de la dualité, exprimé par la rencontre du protagoniste avec un double aux origines troubles, l'approche est ici vraiment originale.
Bien que le scénario risque de laisser les plus réfractaires à l'analyse sur le carreau, son écriture et la façon dont il est délivré frise le génie.
Je n'en dirais pas plus, car si elle n'est pas le seul intéret du film, la surprise joue un rôle important dans sa réception.
On retrouve bien sur toutes les qualités du réalisateur, et Jake Gyllenhaal prouve encore une fois l'étendue de son talent.
C'est bien beau tout ça, mais pourquoi j'en parle.
J'en parle car, bien que son thème n'en fasse pas mention, j'ai vraiment eu l'impression de participer à un tour de magie vertigineux.
L'utilisation fine de principes chers à notre art, en font selon moi un véritable chef d'oeuvre, qui tient du miracle plus que du tour de passe passe.
Et c'était déjà le cas avec Incendies.
Bref, je vous encourage à vous pencher sur la filmographie de ce réalisateur québecois.
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