La suite de ses arguments est du même tonneau :
Passons sur le "s" manquant à "consorts" (qui est toujours pluriel, sauf quand il s'agit d'un prince consort), probablement imputable au journaliste (il me semble que quand on retranscrit l'interview d'un linguiste, on pourrait s'autoriser une relecture, mais soit...) et concentrons-nous sur le fond : le grec ancien et le latin auraient disparu "du fait d'avoir été trop immobilisés".
C'est ridicule, et à plus d'un titre. D'abord, parce que je n'ai pas connaissance d'une tentative de figer ces langues. On a coutume de dire que les langues évoluent, et qu'elles ne sont pas gravées dans le marbre. C'est un peu moins vrai pour le latin, qui était souvent gravé dans le marbre, mais il n'y a pas eu, que je sache, de contrainte exercée pour l'obliger à ne pas évoluer. La situation n'est donc pas comparable.
Ensuite, parce que, si le grec ancien et le latin sont des langues mortes, c'est tout simplement parce qu'elles appartiennent à des civilisations éteintes. J'entends déjà Pascal Gygax me dire que la chute de l'Empire Romain découle de ce figement (je le remercie au passage de m'avoir permis d'employer ce substantif, dont il n'aura échappé à personne qu'il vient du... latin ). Sauf qu'il y a là un paradoxe majeur, puisque le latin a été employé longtemps après la disparition de l'Empire Romain : c'était en particulier la langue privilégiée à l'écrit pendant le Moyen-Âge. Donc, si le latin a survécu à la civilisation, il n'est pas responsable de son extinction.
Et surtout, les défenseurs de l'écriture inclusive qui nous expliquent que la langue évolue, et qu'il faut l'accepter sont ceux-là même qui voudraient lui imposer une évolution. S'il s'agit de laisser la langue évoluer naturellement et de voir où ça nous conduit, je ne vois pas pourquoi on aurait besoin de légiférer pour imposer l'usage d'un point médian, des termes épicènes ou du barbarisme iel...
Entre parenthèses, je ne peux m'empêcher de relever ça :
J'ai beaucoup aimé l'adverbe "probablement", qui en dit long sur la maîtrise de Monsieur Gygax sur la question et sur son appartenance aux "groupes qui s'en soucient" ; il a au moins l'honnêteté de reconnaître, fût-ce à demi-mots, que lui ne s'en soucie pas