Je trouve cette conclusion un peu hâtive : ce n'est pas parce qu'on voit des choses différentes qu'elles sont différentes pour les humains et pour les fourmis.
Donc je suis d'accord pour dire que leur perception de la réalité est différente, au même titre que de nombreux autres facteurs (taille, anatomie, besoins, organisation, prédateurs, préoccupations, centres d'intérêt, motivations...).
Par conséquent, toutes choses n'étant pas égales par ailleurs, il me paraît hasardeux d'établir des comparaisons portant sur une seule des nombreuses différences entre nos deux espèces.
Il y a aussi des choses que nous ne considérons pas parce qu'elles ne sont pas à notre échelle : un homme peut marcher sur une fourmi qu'il n'a pas remarquée. La fourmi n'avait pas conscience de l'existence de l'homme, elle n'a perçu, trop tard, que la chaussure qui l'a écrasée. Pour autant, c'est bien par cette chaussure (et par l'individu qui la portait) qu'elle a été écrasée. Donc ce n'est pas parce qu'on ne perçoit pas un objet qu'il n'existe pas.
Mais je suis d'accord avec toi : l'argument "l'homme n'aurait pas pu survivre s'il ne percevait pas le monde tel qu'il est" me paraît un peu léger. Il y a bien des manières de perpétuer une espèce malgré les dangers qui la menacent et qu'elle peut ignorer. La prolifération en est une : nul besoin de percevoir la réalité, ni directement ni indirectement, quand on a les statistiques de son côté. La mise à l'abri des individus reproducteurs, comme chez les fourmis, en est une autre, et la nature nous offre des dizaines de stratégies différentes.