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Patrick FROMENT

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Tout ce qui a été publié par Patrick FROMENT

  1. Un des magiciens qui m'a le plus fait rêver...
  2. Le texte bilan du festival d’Avignon 2017 est un magnifique plaidoyer à l’aspiration d’un monde meilleur. Emouvant de voir des artistes donner ainsi un sens à leur art en se positionnant dans un mouvement de « construction poétique du monde ». Et dommage de voir que les magiciens qui seraient censés être les artistes les plus proches du merveilleux soient si souvent (mais pas toujours, heureusement !) à l’écart de ce mouvement en ne concevant leur art que comme une forme de divertissement.
  3. Le matérialisme est-il une valeur de la science ? ... Bon allez une fois n’est pas coutume, je change de sources. L’article dont je vous met le lien ci dessus n’est pas écrit par un quelconque philosophe proche des thèses idéalistes ou par je ne sais quel maitre tibétain . Il s’agit de Jean Bricmont, professeur de physique et proche de la zététique. L’article aborde une question que j’ai maintes fois évoquée dans ce fil : la science présuppose-t-elle le matérialisme (au sens philosophique et métaphysique du terme) ? L’auteur apporte assez vite sa réponse à cette question : je soutiendrai que la science, qui sera caractérisée ici comme étant une certaine attitude intellectuelle, ne présuppose pas le matérialisme, dans un sens ou l‘autre mais renforce le matérialisme épistémologique, au point de se confondre presque avec celui-ci. L’angle de l’article est très zététique, à savoir : utilisation de la démarche scientifique stricte comme seule boussole sur fond de démontage des allégations paranormales et avec une forme très militante qui apparait clairement dans le texte. L’article est néanmoins très intéressant car il est bien écrit et il montre bien que cette question des fondements ontologiques et épistémologiques de la science ne peut être évacuée comme une question secondaire. Enfin et surtout, l’article aborde la question de l’expérience sensible (la seule certitude cartésienne comme nous l’avons abordé ici), l’auteur explique, dès le début de l’article, que l’existence des sensations a été considérée longtemps (d’après lui) comme l’argument le plus fort contre le matérialisme ontologique. Je dois vous avouer que la partie de l’article que je préfère (et qui résonne parfaitement avec nos débats de ces derniers jours sur ce fil) est celle ci : le problème est fondamentalement le même pour toutes les sensations : ou bien nous les connaissons par expérience directe ou bien nous ne les connaissons pas du tout ; notre vision du monde objective, quantitative, scientifique, ne nous donne aucun renseignement sur elles. Le monde décrit par la science est un monde sans saveurs, sans odeurs et sans couleurs. Et, si on y réfléchit, c’est vraiment étrange. Il existe dans le monde des « choses », les sensations, dont nous savons qu’elles existent mais de façon directe et sur lesquelles la science, même une science bien plus développée que la nôtre, reste entièrement muette. Ceci ne veut pas dire que nous ne pouvons pas connaître ce qu’on appelle le « corrélat neuronal de la conscience », à savoir ce qui se passe dans notre cerveau lorsque nous ressentons quelque chose, ou la nature précise des réactions chimiques et des ondes lumineuses qui produisent les saveurs, les odeurs ou les couleurs. Mais sans l’experience directe que nous avons des sensations, nous n’aurions aucun moyen de savoir que ces réactions ou ces ondes sont corrélées avec celles-ci parce que rien, dans nos théories sur la chimie ou la lumière, ne peut même le suggérer. ...Quel aveu !
  4. Si nous portons un regard véritable sur nous-mêmes et sur les choses qui nous entourent et qui, jusqu'alors, nous paraissaient si certaines, si stables et si durables, nous nous apercevons qu'elles n'ont pas plus de réalité qu'un rêve. Sogyal Rinpoché
  5. Ci-dessous un magnifique texte de Michel Bitbol (oui je sais je suis un inconditionnel absolu de ce Monsieur) extrait de son ouvrage La conscience a-t-elle une origine ? C’est très intéressant car, en quelques mots, Michel Bitbol donne les deux explications possibles du phénomène puis, en bon phénoménologue, l’auteur ramène l’essentiel de l’essentiel à l’expérience vécue quelle que puisse en être l’explication. Du coup ça peut, aussi, éclairer certains aspects du débat que nous avons actuellement dans le fil sur les signes de l’existence de la réalité. Voici donc le texte en question… Michel Bitbol parle des récits de NDE : Que penser à présent de ces éléments narratifs et de leurs remarquables analogies ? À première vue, seules deux options interprétatives sont disponibles. (…) Ceux qui soutiennent que les récits sont vrais veulent dire que leurs auteurs « revenants » décrivent des entités « réellement existantes », au même titre que les choses matérielles le sont. À ceci près que leurs objets de description, comme l’esprit capable de se détacher du corps, l’Eden, les âmes des disparus, ou le Dieu d’amour, existent dans une dimension surnaturelle du monde habituellement cachée aux regards, au lieu de s’étendre dans la nature manifeste. Quant à ceux qui affirment que les récits sont faux ou illusoires, ils sont convaincus qu’ils ne rapportent rien d’autre que des expériences plus ou moins oniriques, résultant d’états hautement altérés de la physiologie cérébrale. Des données expérimentales sont invoquées à l’appui de leurs dires. (…) Il reste pourtant une autre option qui n’emprunte pas ce passage obligé. Elle consiste simplement à prendre au sérieux les narrations pour ce qu’elles sont, à savoir des récits d’expérience en première personne, en mettant entre parenthèses la question de leur lien avec un quelconque domaine objectif, familier ou transcendant. (…) Essayez durant quelques secondes de vous figurer ce que cela fait d’être une personne en train de mourir. Puis, au milieu de cet effort empathique ou prémonitoire, posez-vous ces questions : « Est-ce important pour moi, à ce moment exceptionnel, que mon expérience intensément et indubitablement vécue de fusion avec une lumière blanche chargée d’amour soit procurée par un Dieu transcendant, ou par quelque événement chimique dans mon cerveau en perte d’homéostasie ? Est-ce important pour moi, à ce moment, que l’horizon de temps infini que je perçois sans l’ombre d’une incertitude éprouvée dénote une éternité céleste objective, ou traduise une distorsion physiologique également objective de la perception du temps ? »
  6. Idem ! Je n'ai pas tout visionné mais, pour le moment, je suis d'accord avec toi et ça me fait plaisir !
  7. Pas de contradiction pour le moment en ce qui me concerne. Juste une sorte de mise en relief plurielle pour montrer que la zététique ou, plutôt, les différents groupes zététiques (y a des scissions !) ne sont pas les seules officines à s’intéresser à ces questions. Et comme j’ai vu que le document que Gambit mettait en lien émanait d’une d’entre elles que je connais un peu, j’ai rebondi. Sinon sur la vidéo que tu mets en lien j’ai bien aimé une des questions posées par l’intervieweur : Comment fait-on quand on est pas philosophe (quand on a pas lu Kuhn ou Popper) pour avoir ce qui est scientifique et ce qui ne l’est pas ? Khun et Popper sont des philosophes des sciences, il faudrait donc avoir des notion de philosophie des sciences pour savoir ce qu’est la démarche scientifique et ce qui peut être considéré comme de la science ou pas ? Intéressant… j’ai déjà vu des interventions d’Etienne Klein qui vont dans le même sens. C'est vrai qu'il fut un temps où les scientifiques étaient aussi philosophes (et vice versa). Intéressant aussi quand Henri Broch répond qu’il faut aussi s’assurer du principe de causalité (avons nous affaire à un lien de causalité entre deux phénomènes ou une simple corrélation ?)… ça me rappelle un autre débat !
  8. Extrait de la présentation de l'Institut Métapsychique International sur leur site (c'est moi qui graisse et souligne) : L’Institut Métapsychique International (IMI) est une fondation reconnue d’utilité publique qui se consacre à l'étude scientifique des phénomènes dits "paranormaux" : la télépathie, la clairvoyance, la précognition (ou prémonition) et la psychokinèse (ou télékinésie). Fondé en 1919, l'Institut a été l’un des premiers organismes dans le monde à étudier ces phénomènes psi avec une approche à la fois rigoureuse et ouverte, libre de tout parti pris religieux ou philosophique. S'adressant aux chercheurs et étudiants, aux instances officielles, et au public averti, l'IMI vise à rétablir en France une tradition de réflexion et d'études scientifiques sur les phénomènes "dits" paranormaux. L'Institut est ainsi une alternative rationnelle aussi bien aux dérives de la crédulité qu'aux excès du scepticisme.
  9. Ok avec le principe de NOMA si c’est pour préciser le niveau de connaissance, les limites de chaque domaine et prôner le respect mutuel. Mais si c’est pour définir des sortes de prés carrés et dire : « A moi (la science) l’étude des mystères de la nature et à toi (la religion ou la spiritualité) la question du sens de l’existence », je suis beaucoup plus sceptique. J’aime les approches pluridisciplinaires qui incluent plusieurs sources de connaissance (sans pour autant être une soupe ou un fourre tout). J’aime aussi le dialogue que des personnalités comme le Dalai Lama entretient avec la science. Des colloques comme celui-ci dans un monastère bouddhiste en Inde sont assez sympathique (en plus le fond du sujet et pile poil celui de ce fil ) :
  10. Pour moi ce livre ne m'a rien apporté de plus que les nombreux livres que j'ai lu sur le tarot et sur l'art de tirer le tarot. Il n'y a aucune "valeur ajoutée" due au fait que l'auteur est un mentaliste et qu'il connait l'art du cold reading (chose que j'attendais). Le livre ressemble, au fond, à n'importe quel autre livre sur le tarot qu'on peut trouver dans le commerce. Il semble être écrit pour des débutants (et, par contre, pour un débutant complet, je le recommenderai sans problème).
  11. Oui ! Je suis totalement d’accord. Il y a, effectivement, chez certains partisans de la thèse de l’idéalisme subjectif une tentative de fuir le monde et la réalité en soutenant que le monde n’est finalement qu’une illusion. J’ai déjà cité Gustav Klima plusieurs fois dans ce fil : Le monde est trop horrible, donc il n'existe pas, le nihilisme est une conséquence nécessaire du pessimisme. (Gustav Klima) Notes au passage qu’il y a une sorte de cousinage entre cet argument et un argument de certains athées qui est : Dieu ne peut pas exister car s’il existait il ne pourrait tolérer toutes les atrocités qui se passent dans ce monde. Pour ma part je serais plutôt un idéaliste qui aurait tendance à considérer "l’illusion du monde" comme un terrain de jeu ou une cour de récréation plutôt que comme quelque chose d’horrible, un cauchemar qu’il faudrait fuir. On en revient à la question du cadre de référence : Tu privilégies le cadre de référence scientifique et son présupposé matérialiste pour expliquer le monde et la conscience (avec en filigrane, peut être, que tout problème est soluble dans ce cadre de référence, ce n’est, peut être, pas le cas). Aucun problème à voir le monde comme ça, ce n’est pas une tare et c’est même plutôt efficace pour aborder les choses d’un point de vue pragmatique. C’est juste que ce paradigme rend très difficile la possibilité d’envisager les choses autrement. Cela aussi Michel Bitbol l’explique très bien dans son ouvrage « La conscience a-t-elle une origine ? Les monismes idéalistes sont souvent caricaturés et rejetés à priori dans le débat actuel sur les sciences cognitives au nom d’une vague imputation de solipsisme qui les discréditerait avant toute argumentation. Le problème est que la qualification de « solipsisme » , l’accusation de privilégier un certain « moi » humain au détriment des alter-ego et du reste du monde, n’a de pertinence que dans le cadre du préjugé objectiviste même qui donne naissance au débat métaphysique tronqué de la philosophie de l’esprit contemporaine. Au passage : Mon propos ne consiste pas à : « Retourner la réalité physique comme une chaussette pour en faire une illusion générée par la conscience » ...mais plutôt à opérer un renversement de conscience pour revenir à la source qui perçoit plutôt que à ce qui est perçu.
  12. On arrive à cette conclusion tout simplement en allant jusqu'au bout de la réfutation du réalisme naïf et en tirant toutes les conséquences de cette réfutation (on ne voit pas les choses telles qu'elles sont et on ne les verra, peut être, jamais telles qu'elles sont en réalité). Pour le dire autrement : Le contact entre l'objet et la conscience est dit indirect, c'est-à-dire que la conscience, tel un miroir perçoit une image mentale de l'objet et non l'objet lui-même. La conscience et ses objets d'appréhension sont en effet de nature différente entre eux du fait de cette différence de nature. La nature de l'objet reste cachée à la conscience, qui ne peut se faire qu'une représentation illusoire de l'objet et donc du monde. Philippe Cornu
  13. ... ou de la philosophie ! ... voire même (pour les plus allumés) de la spiritualité Réflexion très intéressante, Stéphane, Merci ! ça me fait penser à un débat fameux qui a suscité bien des polémiques ici : l'illusionnisme ne sert-il qu'à divertir ?
  14. @Christian Girard à propos du retournement : En observant et en étudiant le cerveau, on peut faire l’hypothèse que l’expérience consciente survient dans un cerveau. Mais on peut aussi dire que l’observation du cerveau survient dans une expérience consciente… Et là, pour le coup, pas besoin de faire d’hypothèse c’est l'évidence la plus absolue (ok, il n’y a rien de certain là dedans si tu l’envisages depuis une thèse éliminitaviste mais je t’avoue que j’ai beaucoup de mal à suivre ces théories). Tu vas peut être me dire : « Ok, l’observation du cerveau survient dans une expérience consciente mais qu’est ce qu’on fait avec ça ? ». Une fois cette constatation faite, on ne peut rien faire, pas de déduction, pas de science, pas de progrès… (je sais bien que c'est terrible, insupportable même, dans le monde actuel, l'idée qu'on ne puisse rien faire) Certes tu ne peux rien faire avec cette constatation mais cette constatation (que tout survient dans une expérience consciente), si tu la pousses dans ces derniers retranchements, peut, peut être, faire quelque chose pour toi… une sorte de transformation intérieure, une nouvelle vision. Cette idée qu’on ne peut pas s’extirper de sa propre conscience pour voir le monde autrement est illustrée par cette image du baron de Munchhaunsen qui, pris dans un marécage avec son cheval, aurait prétendument réussi à s’en extirper (lui et son cheval) en se tirant par ses propres cheveux.
  15. Non, non pas forcément. A un moment je m'étais penché sur la correspondance de Descartes avec la princesse Elisabeth de Bohême. Il y a des passages sur comment réaliser et prendre conscience de l'union de l'âme et du corps qui me rappellent la définition de la méditation dans son sens bouddhiste. Comme quoi...
  16. Oui... Je ne peux dire qu'une chose... Ce livre va rejoindre la partie la plus obscure de ma bibliothèque...
  17. … Un retournement très intéressant du point de vue symbolique, psychologique et analytique ! C'est intéressant le retournement, c'est à l'origine de pleins de révolutions (ou bien c'est l'origine même des révolutions). Retournement Après le "retournement" ça peut être aussi (simplement) un retournement de point de vue (qui du coup change radicalement l'angle sous lequel un problème est abordé et sa perspective)... un simple retournement de... conscience, quoi ! Mais bon, un retournement c'est souvent plus difficile à opérer qu'une révolution du coup ! Pleins de choses très intéressantes et pertinentes dans les derniers messages. Merci pour ces échanges les amis !
  18. Bien sûr que ça se passe dans ta tête, Harry, mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n'est pas réel ?
  19. @Natas (Natas le Malin Génie ) Merci pour ton post, je comprends mieux ton parcours et ton affirmation « cartesienne » au sens philosophique du mot. Tu dois certainement en connaitre plus que moi car, contrairement à toi, je n’ai pas lu tout Descartes (et plusieurs fois qui plus est). En tout cas c’est un grand philosophe et bien des questions existentielles que je déploie dans ce fil ne cessent de ramener à son cogito (même si on peut nuancer tout ça). En tout cas merci pour ces échanges.
  20. Oui on peut dire les choses comme ça. Personnellement, je dirais plutôt c’est par la perception, par nos sens (j’oserais à peine dire par notre conscience ) que nous parviennent les signes de l’existence de la réalité. Du coup « ça focalise » comme tu dis et c’est plutôt de ce côté là que j’ai envie de chercher. Je ne vois pas trop ce que tu veux dire par là. Si c’est pour envisager une autre solution que celle (un peu binaire, il est vrai) du matérialisme et de l’idéalisme, je veux bien te suivre. Dans un de tes précédents post, tu proposes d’envisager le spinozisme (monisme neutre). Il peut m’arriver de me sentir assez proche de cette conception. Cependant… Pour moi, il y a quand même deux problèmes majeurs dans la conception du monisme neutre : Le premier problème est que le monisme neutre restaure une dualité (une dualité qui n’est plus une dualité d’essence comme chez Descartes, certes, mais une dualité d’attributs). Le deuxième problème est que Dieu n’est jamais loin dans le monisme neutre car que peut être cette réalité à la fois immanente et transcendante qui contient et enveloppe la matière et l’esprit, le sujet et l’objet ? J’ai bien peur que ça ne peut être que Dieu même si on met derrière le mot « Dieu » ce qui est, en fait, les lois de la Nature. On retrouve une des pensées d’Einstein (qui était sur bien des points un spinoziste d’ailleurs) : La religion de l'avenir sera une religion cosmique. Elle transcendera l'idée d'un Dieu incarné, évitera les dogmes et la théologie. Couvrant à la fois le domaine naturel et spirituel, elle se basera sur un sentiment religieux, né de l'expérience d'une unité significative en toutes choses, naturelles et spirituelles. Albert Einstein
  21. Super ! Voilà une remarque (étayée par de solides arguments en plus) qui fait vachement avancer le débat !
  22. Selon Bas van Fraassen toutes les preuves avancées par les défenseurs du réalisme scientifique sont dérivables par extrapolation des preuves de l'existence de Dieu formulées par St Thomas d'Aquin. Le point de départ de ce fil (en réaction à celui sur les "signes de l'existence de Dieu") serait-il bien plus pertinent que la farce supposée ?
  23. C’est ça qui est fascinant… Souvent nous sommes « naturellement » plutôt matérialiste, plutôt idéaliste ou plutôt dualiste en fonction de notre vécu et de nos croyances sur le monde… même si on ne s’est jamais interrogé sur ces sujets, même si on a jamais étudié la philosophie et même si on ne sait même pas que ces deux mots existent (le mot matérialisme, le mot idéalisme et le mot dualisme). D’où l’intérêt de réfléchir, de prendre conscience de nos présupposés métaphysiques et de clarifier tout ça.
  24. @Natas Ne t’excuses pas d’être cartésien, ce n’est pas une tare . Tu as même le droit d’être rationaliste et matérialiste si tu en as envie. Saches, en tout cas, que c’est un plaisir de discuter avec toi de manière ouverte, courtoise et respectueuse des convictions de chacun. C’est tellement rare sur un débat qui questionne aussi fortement le sens commun et les évidences (ou ce que nous tenons pour des évidences). Sinon, je suis assez d’accord avec toi : Il apparait, effectivement, que l’option matérialiste puise son argumentation dans la science tandis que l’option idéaliste a tendance à dériver vite vers la spiritualité voire la religion (dans un sens c'est un peu normal : dans un cas nous sommes du côté de la matière, dans l'autre cas nous sommes du côté de l'esprit). Néanmoins : La question du matérialisme ou de l’idéalisme sont essentiellement des questions d’ordre ontologique et épistémologique. On peut aborder ces questions sans faire intervenir la science ou la religion (même si la tentation est grande souvent). C'est pour ça que je privilégie la philosophie qui, pour moi, permet de naviguer entre ces différentes options d'une manière "laïque" en les clarifiant, les ordonnant et les questionnant. Si je vais au bout de mon raisonnement, (et si j’osais ! ), je dirais que le fait de supposer un monde extérieur à la conscience ou de considérer que nous ne sommes jamais en prise qu’avec des objets de conscience ne change rien à la recherche scientifique. D’un point de vue strictement instrumentaliste la science ne sert qu’à concevoir commodément les phénomènes et les prédire (ce qui, encore une fois est énorme et nous rends de précieux services, particulièrement pour notre bien être et notre santé). Par contre la science ne réponds jamais à la question de la nature ultime de la réalité.
  25. J’ai retrouvé un très bon texte de Michel Bitbol dans son ouvrage « La conscience a-t-elle une origine ? » (une lecture passionnante mais exigeante !). Le texte explique sur quel argument (scientifique) repose l’idée que la conscience est causée par l’activité cérébrale) et pourquoi cet argument n’est pas recevable et ne constitue pas une preuve. La dernière partie du texte ouvre sur d’autre façons d’envisager la question. ----------- Si l’option métaphysique d’un monisme matérialiste ou physicalisme reste dominante dans notre culture, c’est en vertu de deux arguments. (…) L’argument principal, mais aussi le plus faible en raison de sa symétrie, est évidemment la mise en évidence de corrélations plus ou moins étroites (selon les protocoles expérimentaux) entre évènements cérébraux publiquement accessibles et évènements mentaux rapportés en première personne. Il est renforcé par la possibilité d’induire des altérations du fonctionnement mental par certaines interventions ciblées sur le cerveau, signant apparemment la dépendance causale du mental à l’égard du cérébral. Cette possibilité attesterait peut être une telle dépendance causale unidirectionnelle s’il n’y avait la possibilité réciproque d’occasionner des altérations du fonctionnement cérébral par des interventions d’ordre psychothérapique sur le cours des évènements mentaux. (…) Le corrélations, dépendances mutuelles, et articulations de type « survenantes » entre le physique et le mental ne sont pas une condition suffisante pour affirmer que toute la réalité du mental est épuisée par le physique. D’autres explications des corrélations et dépendances que l’assimilation-réduction du mental au physique, et même d’autres façons de leur donner sens qu’en termes causaux, sont disponibles. La plus connue des explications alternatives, parmi celles qui restent enfermées dans le schème causal, est un héritage du spinozisme. Elle consiste à postuler la dépendance commune du mental et du physique à l’égard d’un troisième terme qui se manifesterait tantôt comme mental, tantôt comme physique, et sur lequel on pourrait intervenir par un travail psychologique aussi bien que par des instruments physiques.
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