Henri BROCH - Zététique - Art du doute - Science et paranormal

Christian DELAMORINIERE · 24 février

Il y a 3 heures, Patrick FROMENT a dit :

selon qu'on soit un réaliste poppérien, un idéaliste modéré kantien, un néoréaliste, un réaliste critique ou un méchant relativiste feyerabendien.

Petites explications pour les plus béotiens :

Citation

1. Réaliste Poppérien
Le réalisme poppérien se base sur les idées de Karl Popper, un philosophe de la science du 20e siècle. Popper était un réaliste critique en ce sens qu'il croyait à l'existence d'un monde extérieur indépendant de nos perceptions, mais il était critique quant à notre capacité à le connaître parfaitement. Selon Popper, la science progresse par conjectures et réfutations : les scientifiques proposent des hypothèses qui sont ensuite soumises à des tests rigoureux. Une théorie est scientifique si elle est falsifiable, c'est-à-dire qu'elle peut être potentiellement réfutée par des observations ou des expériences.

2. Idéaliste Modéré Kantien
L'idéalisme modéré kantien se réfère aux idées d'Immanuel Kant, qui a cherché un terrain d'entente entre le rationalisme et l'empirisme. Kant était un idéaliste en ce sens qu'il croyait que notre connaissance de la réalité est médiatisée par des structures a priori de l'esprit (comme le temps et l'espace, et les catégories de l'entendement). Pour Kant, bien que le monde phénoménal (le monde tel que nous le percevons) soit accessible à la connaissance, le monde nouménal (le monde "en soi", indépendant de notre perception) reste en partie inaccessible. C'est une forme d'idéalisme parce qu'elle accorde un rôle central aux conditions subjectives de la connaissance.

3. Néoréaliste
Le néoréalisme peut se référer à plusieurs courants de pensée dans différents domaines (comme les relations internationales ou la théorie du cinéma), mais en philosophie, il désigne généralement une réaffirmation ou une révision du réalisme classique. Le néoréalisme insiste sur l'existence d'un monde extérieur indépendant de nos perceptions, tout en reconnaissant les défis posés par le scepticisme et l'idéalisme. Dans le contexte de la philosophie de la science, cela peut signifier une croyance dans la capacité de la science à découvrir des vérités objectives sur le monde, tout en étant conscient des limitations méthodologiques et épistémologiques de la science elle-même.

4. Réaliste Critique
Le réalisme critique est un terme qui peut englober des idées similaires à celles de Popper, mais il est plus souvent associé à la philosophie de Roy Bhaskar. Le réalisme critique soutient que la réalité existe indépendamment de notre connaissance de celle-ci et que la science peut progressivement découvrir cette réalité. Cependant, il distingue entre le monde réel (où existent les entités et leurs pouvoirs causaux, que nous puissions les observer ou non) et le monde empirique (ce que nous pouvons observer et mesurer). Cette approche critique vise à surmonter les limites tant de l'empirisme (qui se concentre uniquement sur les observations) que de l'idéalisme (qui met l'accent sur les constructions mentales).

5. Relativiste Feyerabendien
Paul Feyerabend était un philosophe des sciences connu pour son approche relativiste et pluraliste de la science. Il a critiqué l'idée qu'il existe une méthode scientifique unique et universelle, arguant plutôt pour un "anarchisme épistémologique" où toutes les méthodes, y compris celles qui sont non scientifiques, peuvent contribuer à la connaissance. Pour Feyerabend, la science est une entreprise culturelle parmi d'autres, et aucune perspective ne peut prétendre à une autorité épistémologique absolue. Cette approche est relativiste en ce sens qu'elle rejette l'idée de critères universels de vérité et de rationalité, suggérant que ce que nous considérons comme la connaissance dépend en grande partie du contexte historique, culturel et social.
GPT4

Patrick FROMENT · 24 février

Merci @Christian DELAMORINIERE (et à GPT4 ! ).

Le kantisme, la théorie de Kant (ou ce que j'appelle "l'idéalisme modéré kantien") pourrait être assez bien représenté, aujourd'hui, par le courant du constructivisme épistémologique :

Citation

Le constructivisme en épistémologie est une théorie de la connaissance qui repose sur l'idée que notre image de la réalité, ou les notions structurant cette image, sont le produit de l'esprit humain en interaction avec cette réalité, et non le reflet exact de la réalité elle-même. (source)

La question est, bien évidemment : Quelle est la part, dans notre représentation de la réalité, de ce qui appartient au monde et la part de ce qui appartient à notre esprit ? Ou pour le dire dans les termes de l'image utilisée par Thomas Durand : Quelle est l'étendue exacte du "petit espace" ?

... C'est là où nous risquons de basculer très vite de l'épistémologie à la métaphysique !

Finalement et pour résumer ce que je répète depuis des années : La zététique m’apparait comme une boite à outils hétéroclite mâtinée de concepts issus de la philosophie, de l’épistémologie ou des sciences cognitives (et de réthorique !) se présentant comme la défenseuse de l’esprit critique et de la méthode scientifique. Le tout au profit d’une certaine vision d’une monde qu’on pourrait qualifier philosophiquement de physicaliste, réductionniste, naturaliste voire athée (ceci n’étant pas toujours explicite dans le discours zététique).

La zététique oublie, par ailleurs, régulièrement que "l’esprit critique" et "la méthodologie scientifique" sont des objets d’études encore actuels et difficiles à définir aussi bien en philosophie, en épistémologie et en didactique (mais reconnaitre ce point serait, déjà, entrer dans une forme de relativisme insupportable pour la zététique ).

Bref, plutôt que de tenter d'étendre le champ de la méthode scientifique à tout et n'importe quoi, la zététique aurait, peut être, dû en rester à ce qui est sa motivation historique première et là, où à mon sens, elle excelle le plus et elle est le plus utile :

Citation

Un des buts de la zététique est de chercher les faiblesses épistémologiques de ces discours, et de montrer leur aspect pseudo-scientifique ou sectaire. Ainsi que, dans une démarche plus positive, de proposer des explications rationnelles aux phénomènes dits « paranormaux ».

source

Christian GIRARD · 14 mars

« Le Défi au Paranormal, avec Henri Broch [TenL#132] »

Citation

De 1987 à 2002, le Défi Zététique International permettait à celles et ceux qui prétendaient avoir une capacité paranormale échappant aux explications de la science de faire la preuve de l’existence du phénomène, récompense à l’appui. Jamais personne n’a réussi à passer le test pourtant ouvert à tous. Le Pr Henri BROCH vient nous raconter l’histoire de ce défi et son utilité dans le paysage intellectuel.

On découvre que Broch (comme Gérald Bronner) a lui aussi cru à divers phénomènes paranormaux avant de convenir grâce à la science qu'il s'était mépris sur ces sujets. Vous apprendrez entre autres choses fascinante dans cette interview une méthode pour faire bouger (sans trucage) une porte à distance :

Modifié 14 mars par Christian GIRARD

Clément FR3Z3 · 16 mars

Ça m'a fait penser à l'histoire de Bruno Copin et la cigarette.

Épisode qui m'est aussi arrivé, d'où le fait que cette anecdote m'ait marquée.

Christian GIRARD · 16 mars

il y a 14 minutes, Clément FR3Z3 a dit :

Ça m'a fait penser à l'histoire de Bruno Copin et la cigarette

Lorsqu’il dit faire rouler une cigarette sur la table en soufflant… mais par l’oreille ?

Frédéric HÔ · 16 mars

Le 14/03/2024 à 13:45, Christian GIRARD a dit :

une méthode pour faire bouger (sans trucage) une porte à distance :

Y a qu'une porte pour réussir à se faire Chuck Norrisser à distance

Clément FR3Z3 · 17 mars

Il y a 20 heures, Christian GIRARD a dit :

Lorsqu’il dit faire rouler une cigarette sur la table en soufflant… mais par l’oreille ?

Non lorsqu'un autre filiste s'est levé, a mis la cigarette dans l'autre sens et l'a faite rouler sur la table à 3-4 mètres de là.

Il y avait une bise et la table était bancale. Copin l'a harcelé pour avoir son truc !

Christian GIRARD · 20 mars

Le 21/12/2023 à 11:33, Patrick FROMENT a dit :

Se positionner sur certaines expériences exceptionnelles plus "subtiles" comme un ressenti de télépathie

Pour ce qui concerne G Milgram, je n’ai pas l’impression qu’il ait du mal à se positionner à propos de la télépathie :