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Techniques de Mémorisation - Table de Rappel et PAO


SébastienO

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il y a 6 minutes, Alx a dit :

Je rebondis là-dessus parce qu'un truc me turlupine depuis longtemps avec l'apprentissage scolaire des poésies. Alors pour une fois qu'un spécialiste de la mémoire aborde le sujet (et que d'autres spécialistes participent à la discussion), c'est l'occasion ou jamais

Ah mince... c'est à moi que tu t'exprimes là ?... O.o

En fait, je ne le sais pas plus que toi, et je me suis souvent posé la question.
Les aborder et en discuter est une chose, décortiquer un poème est toujours intéressant. Pour ma part j'adore les fables de Lafontaine, et je prends toujours beaucoup de plaisir quand mes enfants les demandent le soir. Enfin, avec l'âge ça arrive de moins en moins.

Sachant que l'école ne met pas à disposition de méthode pour les apprendre, j'en suis au même point de réflexion que toi. En revanche, autour du poème il y a plusieurs points :
1. Il s'inscrit dans le projet pédagogique soit en lien avec un sujet étudié, soit avec la saison.
2. Avec l'apprentissage du poème, il y a le fait de réaliser le dessin qui l'illustre. On fait marcher la créativité, et avec un peu de chance le dessin peut aider à mémoriser le poème (ça c'est en <cheat mode> avec ma fille, je doute que les autres élèves utilisent ce biais. Dommage.
3. Le fait de réciter le texte au lieu de le lire sert à aider l'enfant à prendre la parole en public. Pour certains d'entre-eux, c'est d'ailleurs quasiment l'antichambre du théâtre tant ils sont doués pour mettre les intonations et incarner les personnages.

Bref, je te rejoins, il manque globalement une pièce dans le puzzle. J'essaie de l'apporter moi-même.

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David

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Il y a 2 heures, Alx a dit :

A quoi sert cette tradition scolaire de la récitation ? L'argument généralement avancé est celui de "faire travailler la mémoire"*. Je ne pratique pas du tout la mnémotechnie, et si j'ai une mémoire relativement correcte, je n'ai aucun entrainement. Je mémorise les mêmes choses que tous les profanes (numéros de téléphone, mots de passe, adresses, etc.), mais c'est toujours fait de manière intuitive, et je ne connais les méthodes des "pros" (palais mental, tables de rappel...) que de loin, c.à-d. que je sais que ça existe, je comprends comment ça fonctionne mais je ne m'y suis jamais essayé.

Bref, de mon point de vue de béotien, j'ai l'impression que l'apprentissage par coeur des fables de Lafontaire ou des poèmes de Prévert n'apporte pas grand chose, et serait peut-être même contre-productif par rapport à la mise en place d'outils mnémotechniques plébiscités par les spécialistes.

Qu'en pensez-vous, @Chakkan (David), @Benoit ROSEMONT ou @SébastienO ? (ou les autres, hein : pardon à ceux que je n'ai pas cités ;))

*D'autres arguments, moins convaincants, concernent la culture : ça permet à l'enfant de connaître les poèmes (et les poètes) francophones majeurs, ou de bénéficier de la moralité (dans le cas des Fables de Lafontaine, en particulier). Mais je trouve que cet argument ne tient pas la route : il suffirait de lire le poème et d'en discuter en classe pour bénéficier de ces aspects...

Bonnes questions.

"A quoi sert cette tradition scolaire de la récitation ?"

Je n'en ai pas la moindre idée. Et j'ai appris des trucs sur la pédagogie en lisant les réponses de @Chakkan (David).

Mais comme on parle de "traditions", j'ai fait une recherche et je suis tombé sur ce texte "Les textes officiels de français pour l’école élémentaire de 1945 à 1972 : entre tradition et rénovation".

https://www.persee.fr/doc/spira_0994-3722_2008_num_42_1_1203

Et en version pdf (plus lisible):

https://www.persee.fr/docAsPDF/spira_0994-3722_2008_num_42_1_1203.pdf

 

Il est difficile de sélectionner des extraits du texte en question, tant l'ensemble du document est déjà très instructif et parlant.

En gros, après la Libération il y a eu une volonté de réformer l'enseignement en passant du traditionnel à des pratiques "rénovées" (bien qu'une tension entre pédagogie tradionnelle et moderne subsiste).

30 années de modifications qui aboutiront en 1972 à une "redéfinition assez radicale" de l’enseignement.

 

Avant 1972, et depuis la 3ème République, on a introduit la rédaction à l'école élémentaire, mais on se heurte  à des problèmes linguistiques.

C'est pour pallier à ces problèmes qu'on commence à introduire des modèles et outils, dont l'apprentissage par coeur.

Citation

Pour y parvenir, on commence par la lecture et la récitation des textes littéraires, puis on passe à la leçon de vocabulaire et d’élocution, suivie de la grammaire et de l’orthographe, l’étape ultime étant la rédaction.

La référence linguistique est celle de l’écrit littéraire et l’élève ne peut y parvenir que par la constitution d’un bagage composé de citations et d’exemples qu’il aura appris par coeur.

L'objectif principal était (et toujours après 1945) de faire apprendre par coeur des notions qui devraient être utiles pour l'écriture de la langue.

 

Donc l'apprentissage par coeur passait avant la réfléxion, pour ne pas entraver le shéma d'apprentissage, nécessaire à l'acquisition de cette écriture (la rédaction).

Malgré certaines critiques des "défenseurs des méthodes nouvelles", rien n'est modifié dans l'enseignement du français au primaire.

Citation

L’apprentissage de la langue dépend donc de l’acquisition des éléments grammaticaux, en amont. Il s’agit d’un sujet de débat depuis le Second Empire: faut-il faire apprendre les règles par cœur?

 

Et on continuera à proposer un apprentissage "mécanique des notions au programme".

Un texte de 1960 reflète à lui seul cette volonté.

Citation

L’injonction ministérielle est sans ambiguïté: «Il est donc recommandé instamment aux maîtres des classes élémentaires de consacrer tous leurs efforts à fixer de manière durable, dans ces diverses matières (les disciplines fondamentales, français et calcul), les connaissances prévues par les programmes.

Il n’y parviendront qu’au prix de répétitions fréquentes et d’exercices nombreux. La réhabilitation du rôle de la mémoire, qu’amorçaient déjà les instructions du 20 septembre 1938, devra donc être reprise car il n’est pas douteux que, pour de jeunes enfants, le «par cœur» ne soit la forme la plus authentique et la plus durable du savoir.»

 

Toujours en 1960, une volonté de réforme, mais qui du coup, porte plus sur la structure que sur les éléments de cette structure.

Citation

Le but est d’acquérir de manière stable et durable les connaissances à partir desquelles pourront se développer les aptitudes individuelles dans le cycle d’observation.

Le renforcement des disciplines de base et l’apprentissage mécanique de la grammaire est l’une des réponses possibles à la question de la démocratisation de l’enseignement: pour permettre la réussite de tous on doit conforter les bases et s’assurer que tous ont les mêmes connaissances. Le renforcement d’un apprentissage mécanique de la langue, en 1960, est finalement à interpréter dans une vision démocratique et égalitaire.

 

Citation

Une circulaire du 24 octobre 1961.

Les propositions qui sont faites reprennent et développent le principe d’un apprentissage mécanique de la grammaire, puisque pour chaque règle, un exemple est donné qui devra être appris et retenu pour s’assurer qu’à la fin du CM2, les élèves ont exactement les mêmes références:

«Il est rappelé que ces exemples, avec les définitions et les règles qui sont formulées, doivent être retenues par cœur. Pour la continuité, la clarté et l’efficacité de l’enseignement grammatical, il est en effet indispensable que ces notions de base soient fixées dans la mémoire des élèves dans les mêmes termes, sous la même forme et avec le même exemple

 

A partir de 1967, changement de direction. Alors que jusqu'à présent, l'importance était mise sur l'apprentissage de l'écrit, désormais on vise l'expression orale.

Citation

L’objectif reste le même: il s’agit d’apprendre à manier une langue élaborée, mais les démarches sont rigoureusement contraires: on part des pratiques linguistiques courantes pour conduire les élèves vers des registres plus soutenus en accordant la priorité à la communication orale.

La démarche d’acculturation qui était celle des Instructions précédentes est remplacée par le souci d’imprégnation puisque l’on prend appui sur les connaissances intuitives de la langue et que  l’apprentissage se fait par la pratique. La rédaction n’est plus la finalité, c’est l’expression qui en constitue le point de départ et d’arrivée.

 

Et pour finir sur la période du texte qui s'achève donc en 1972.

Citation

Dans les Instructions de 1972, les sous matières sont réparties en deux grandes familles: les activités de communication et les activités spécifiques.

De nouvelles rubriques font leur apparition: celle des «échanges oraux» qui n’existait pas jusqu’alors, et la poésie, qui remplace l’exercice de récitation et introduit une nouvelle dimension, celle de la créativité enfantine.

Ces Instructions qui constituent un tournant important dans l’enseignement du français représentent la réponse tardive de l’institution confrontée aux modifications structurelles de l’école primaire en 1959. Au cours de ces douze années, l’enseignement du français a longuement hésité entre tradition et rénovation.

La dernière phrase en gras rejoint un des points mentionné par @Chakkan (David).

Il y a 2 heures, Chakkan (David) a dit :

2. Avec l'apprentissage du poème, il y a le fait de réaliser le dessin qui l'illustre. On fait marcher la créativité, et avec un peu de chance le dessin peut aider à mémoriser le poème (ça c'est en <cheat mode> avec ma fille, je doute que les autres élèves utilisent ce biais. Dommage.

 

Il faudrait maintenant faire une étude sur l'évolution de l'enseignement du français pour les années 1972 à nos jours.

Mais c'est peut-être avec cette dernière évolution vers l'expression orale, que nous avons peut-être trouvé notre pont avec l'apprentissage par coeur des récitations et poésies de notre enfance (enfin pour ceux qui n'auraient pas l'âge de Maître Yoda :D).

 

Bon j'aurais pu m'éviter tout ce travail d'analyse du texte, mais j'avoue que cette petite recherche historique était intéressante.

D'autant qu'elle croise deux sujets complémentaires et différents, l'enseignement et la mémoire (même s'il s'agit plus ici d'enseignement).

Ceci dit, je vous conseille la lecture du texte donné en lien. Ce n'est pas très long à lire, et cela permet de vraiment bien comprendre l'introduction et l'évolution du "par coeur" dans l'enseignement français.

Et du coup, à la question d'@Alx "A quoi sert cette tradition scolaire de la récitation ?", c'est peut-être un début de réponse :).

 

Modifié par SébastienO
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Il y a 2 heures, Chakkan (David) a dit :

Quel bonheur de faire apprendre à ma fille ses poèmes avec des palais mentaux ! :D 
2 min pour lire le poème, 10 minutes pour créer les accroches avec elle, et ... ben c'est tout. C'est su et on va jouer !

Cela pourrait être une nouvelle série de citations modernofacebookienne.

"Tu sais que tu es mnémoniste lorsque tes enfants créent des histoires loufoques pour retenir des poèmes de Voltaire".

"Tu sais que tu es mnémoniste lorsque tes enfants appellent chacun de leurs jouets par des numéros".

"Tu sais que tu es mnémoniste lorsqu'un chat qui pisse sur ta moquette, ce n'est plus un problème pour toi, mais ton code de carte bleue".

"Tu sais que tu es mnémoniste lorsque tu es le seul c.ouillon à sourire dans les embouteillages, car tu sais que tu as du temps pour ancrer des lieux pour ton chemin mental".

...

:D

 

Modifié par SébastienO
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il y a 3 minutes, SébastienO a dit :

"Tu sais que tu es mnémoniste lorsqu'un chat qui pisse sur ta moquette, ce n'est plus un problème pour toi, mais ton code de carte bleue".

Ah ah ah figure toi qu'à un moment dans mes 16 chiffres CB un truc arrive en Mob' par la Chine... Ca me fait tjs penser à la célèbre contrepèterie ;) 

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David

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Il y a 7 heures, Alx a dit :

A quoi sert cette tradition scolaire de la récitation ?

A ça: (entre autre...)

 

Il y a 4 heures, SébastienO a dit :

"Tu sais que tu es mnémoniste lorsqu'un chat qui pisse sur ta moquette, ce n'est plus un problème pour toi, mais ton code de carte bleue".

Très bon! mdr 

Modifié par TanMai (Aurélien)
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We're looking for a better solution to the problem when we should be looking for a better problem to work on.

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Il y a 19 heures, SébastienO a dit :

Mais tu avais déterminé une image pour chaque nombre de 01 à 99, reliée ensuite aux nombres de ta table de rappel?

Tu avais ainsi deux tables?

Bonjour Sébastien,

Non, une seule table de rappel. Je ne mémorisais pas les nombres de pi par deux, mais avec le moins de mots possible ou le plus de logique possible.

Par exemple, pour la 39ème dizaine de décimales (de 291 à 300), j'ai un homme myope (39) en image de table de rappel et il a des bretelles (9415) qui se détachent (116) et font tomber un sabre (084). Aucune de ces images ne fait partie de ma table de rappel et il n'y a donc pas de confusion possible...

C'est pour faire avancer le schmilblick...

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Benoit Rosemont

www.benoitrosemont.com

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Il y a 14 heures, GaetanD a dit :

tu te mets souvent les fesses a l'air pour citer du St john perse ???

Un homme fesse à l'air citant du St John Perse... C'est un numéro de téléphone ? la chronologie des présidents americains ?... 

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We're looking for a better solution to the problem when we should be looking for a better problem to work on.

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Il y a 6 heures, Benoit ROSEMONT a dit :

Bonjour Sébastien,

Non, une seule table de rappel. Je ne mémorisais pas les nombres de pi par deux, mais avec le moins de mots possible ou le plus de logique possible.

Par exemple, pour la 39ème dizaine de décimales (de 291 à 300), j'ai un homme myope (39) en image de table de rappel et il a des bretelles (9415) qui se détachent (116) et font tomber un sabre (084). Aucune de ces images ne fait partie de ma table de rappel et il n'y a donc pas de confusion possible...

C'est pour faire avancer le schmilblick...

Merci @Benoit ROSEMONT pour ces détails, je comprends un peu mieux.

Les seuls accroches étaient celle des dizaines. Et pour chacune d'entre elles, tu construisais une mini histoire, indépendamment du nombres de chiffres utilisés pour chaque élément de ton histoire (sur les 10).

C'est pour ça que tu te retrouves avec des mots de ton histoire en lien avec 2 chiffres, d'autres avec 3, ou 4.

Mais du coup, par rapport à ton exemple, tu as dû te créer un système de lien perso, pour retrouver 9415 à partir de "bretelles", 116 à partir de "se détachent", etc...?

 

Modifié par SébastienO
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