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Les Signes de l'Existence de Dieu


Boumedienne HAMBLI

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L’idée de cause première est peut être simplement liée au fait que l’entendement humain est enfermé dans l’idée de causalité.

Chaque cause ayant son effet et chaque effet ayant sa cause, il est logique d'être tenté de vouloir remonter à une cause première… jusqu’à une certaine limite car quand on remonte le temps de la cosmologie, on arrive à un horizon bizarre, au-delà duquel nos lois de causalité ne sont plus valables (mur de Planck).

Par ailleurs cette logique selon laquelle chaque effet a une cause est elle même fallacieuse car il n’y a jamais une seule cause pour un effet. La chaine des causes et des effets est une simplification extrême.

La graine n’est pas la cause de l’arbre, elle est une des conditions pour que l’arbre apparaisse. Bien d’autres conditions sont nécessaires pour que l’arbre apparaisse : la terre, l’eau, le soleil, des conditions climatiques favorables et j’en passe.

Ces causes multiples (ou plutôt conditions multiples - le terme est plus juste) est bien connu des spécialistes des accidents de la route par exemple. Un accident est un évènement qui a toujours des causes multiples. 

Exemple : Un piéton est renversé par une voiture, le conducteur de la voiture avait consommé de l’alcool donc ses réflexes étaient altérés. Par ailleurs les freins de la voiture étaient défectueux car elle n’était pas entretenue depuis longtemps. Le piéton, lui même était pressé et n’avait pas fait attention en traversant la route. Bon… Continuons la chaine des conditions multiples : Pourquoi le conducteur avait-il bu ? Pare que sa femme l’avait quitté. Pourquoi la voiture n’était plus entretenue ? Parce que le conducteur était au chômage et qu’il n’avait plus les moyens d’entretenir sa voiture. Pourquoi le piéton était pressé ? Parce qu’il était médecin et qu’il avait reçu un appel urgent. 

… Pourquoi le conducteur était au chômage ? Parce qu’il n’a pas fait assez d’études et qu’il est sur un bassin d’emploi difficile. Pourquoi le médecin était-il médecin et pourquoi a-t-il été appelé à ce moment là ? Pourquoi… Pourquoi… Pourquoi…?

En fait, pour un seul évènement (l’accident) tu remontes très vite à la petite enfance et à la naissance de chacun des protagonistes et si tu remontes encore plus loin dans tout l’enchainement des causes et conditions, tu risques de te retrouver très vite à l’origine du monde.

Si bien que, pour chaque phénomène, on peut dire que c’est tout l’univers qui converge (depuis son origine) pour que ce phénomène apparaisse.

Modifié par Shiva
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Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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Le 14/04/2018 à 08:44, Shiva a dit :

Si bien que, pour chaque phénomène, on peut dire que c’est tout l’univers qui converge (depuis son origine) pour que ce phénomène apparaisse.

Quand on parle de relation de cause à effet, il est clair qu'un effet complexe est dû à de nombreuses causes, ça n'enlève rien à l'idée générale (quand on dit "J'aime le cheval", ça ne signifie en rien qu'on n'aime qu'un seul cheval).

On pourrait également dire qu'une même cause influe sur de très nombreux effets. On pourrait également parler des causes "négatives", en creux, des effets tampons : le battement de l'aile d'un papillon au Brésil peut concourir à... l'absence de tornade au Texas 9_9 !

Pour éviter cette immense chaîne causale qui empêche de penser correctement ;) , en science, on limite le champ d'expérimentation, on définit un cadre (géographique, temporel, etc.) : dans telle et telle condition, si on effectue telle ou telle manœuvre on obtient tel ou tel résultat. Sinon, à chaque fois que tu sucres ton café (oui, je sais, le sucre ça n'est pas bon pour la santé si on abuse, et sans doute que le café non plus) et que tu te dis "Le goût sucré de mon café est dû à un enchaînement causal qui me ramène aux sources de l'Univers", tu auras du mal à comprendre que ce sont surtout et principalement des molécules particulières qui sont à l'origine du goût sucré ici et maintenant. 

La question de savoir si tout découle à la façon d'un jeu de dominos qui chutent (depuis... hum... fixons les premières instant de l'univers) repose sur le fait qu'il n'y aurait ni hasard (pour ce qui concerne le phénomènes physiques) ni libre arbitre (pour ce qui concerne les phénomènes psychiques, et je suis conscient que du point de vue matérialiste le psychique est réductible aux causes physiques subjacentes). Néanmoins, s'il existe du hasard (on en a déjà débattu ici, Gilbus pense que le hasard est un voile qui ne fait que cacher des causes qui nous sont inconnues , il est partisan de "l'hypothèse de l'existence de variables cachées", il est complètement déterministe dans son approche, donc très en adéquation avec l'image de la chute inexorable des dominos) la question d'une convergence inéluctable depuis les origines est plus discutable. Pour autant, la physique quantique repose sur des équations probabilistes (on peut faire des prévisions), sur des "potentiels", ça laisse quand même place à une certaine idée de hasard et si tout semble bien s'enchaîner bien après-coup sur un fonctionnement de type "chute de dominos" il y avait quand même de nombreux chemins possibles à chaque "décisions" à l'échelle subatomique. Quand on fait un tirage du loto et qu'il y a 100 % de chances pour qu'il y ait un vainqueur, il n'y a pas 100 % de chance pour chacun d'être ledit vainqueur, loin de là ; mais après-coup on pourra dire que l'histoire de l'univers concourait à cet événement particulier qui fit de lui le grand gagnant de la loterie. Chacun d'entre nous est d'ailleurs le grand gagnant d'une immense loterie cosmique, nous sommes le résultat d'une quantité invraisemblable de phénomènes et d’interactions qui se sont opérés depuis des milliards d'années. Il ne faudrait jamais arrêter de se voir comme ça, comme un être improbable et qui pourtant a réussi à accéder à l'état d'être vivant après que chacun de ces ancêtres ait fait l'exploit de survivre et de procréer dans un environnement souvent hostile. Wow ! On en a de la chance. 

Modifié par Christian GIRARD
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Bertrand Russell

Citation

Bertrand Arthur William Russell, 3e comte Russell, né le 18 mai 1872 à Trellech (Monmouthshire, pays de Galles), et mort le 2 février 1970 près de Penrhyndeudraeth, au pays de Galles, est un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.

Russell est considéré comme l'un des plus importants philosophes du xxe siècle.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell

 

« J'en viens maintenant à la dernière question de notre discussion de Dessein Cosmique, à savoir : ce qui s'est passé jusqu'ici démontre-t-il les bonnes intentions de l'univers ? La soi-disant raison de le penser, comme nous l'avons vu, est que l'univers nous a produit, NOUS. Je ne peux pas le nier. Mais sommes-nous vraiment assez merveilleux pour justifier un aussi long prologue ? Les philosophes insistent sur les valeurs : d'après eux, nous pensons que certaines choses sont bonnes, et, puisqu'elles sont bonnes, nous devons donc être très bons pour les juger telles. Mais c'est là un cercle vicieux. Un être ayant d'autres valeurs pourrait trouver les nôtres assez atroces pour démontrer que nous sommes inspirés par Satan.
N'y a-t-il pas quelque chose d'un peu grotesque dans le spectacle d'êtres humains tenant un miroir devant eux, et trouvant ce qu'ils y voient assez parfait pour démontrer qu'un Dessein Cosmique y tendait dès l'origine ? Pourquoi, de toute façon, cette glorification de l'Homme ? Que dire des lions et des tigres ? Ils détruisent moins de vies animales ou humaines que nous, et sont beaucoup plus beaux que nous. Que dire des fourmis ? Elles gèrent l'Etat corporatif beaucoup mieux que n'importe quel fasciste. Un monde de rossignols, d’alouettes et de chevreuils ne serait-il pas meilleur que notre monde humain de cruauté, d'injustice et de guerre ? Les adeptes du Dessein Cosmique font grand cas de notre soi-disant intelligence, mais leurs écrits en font douter. Si je recevais la toute-puissance, avec des millions d'années pour expérimenter, je ne penserais pas à me vanter de l'Homme comme résultat de mes efforts.
L'homme, en tant qu'accident singulier dans un coin écarté, est intelligible : son mélange de vices et de vertus est bien celui qu'on attendrait d'une origine fortuite. Mais seule une suffisance insondable peut voir dans l'homme un mobile que l'Omniscience jugerait digne du Créateur. La révolution copernicienne n'aura pas fait son oeuvre tant qu'elle n'aura pas enseigné aux hommes plus de modestie qu'on n'en trouve chez ceux qui pensent que l'Homme est une preuve suffisante du Dessein Cosmique. »

Source : 

81hQrWTj0ZL.jpg

 

Lire aussi : 

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Science_et_Religion

 

http://banquetonfray.over-blog.com/2015/10/bertrand-russell-le-dessein-cosmique-science-et-religion.html

 

 

 

Modifié par Christian Girard
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Citation

 Il commence à se faire tard. 

 La fête bat son plein. 

 Les gais compagnons sont haut en couleur, bruyants et amoureux. 

 Les belles filles, dégrafées, s'abandonnent. Leurs yeux, doucement se mi-closent et leurs lèvres qui s'entrouvrent laissent apercevoir des trésors humides de pourpre et de nacre. 

 Jamais pleines et jamais vides, les coupes ! 

 Les chansons s'envolent, scandées par le cliquetis des verres et les cascades du rire perlé des belles filles. 

 Et puis, voilà que la très vieille horloge de la salle à manger interrompt son tic-tac monotone et ronchonneur pour grincer rageusement, comme elle fait toujours quand elle se dispose à sonner l'heure. 

 C'est minuit. 

 Les douze coups tombent. Lents, graves, solennels, avec cet air de reproche particulier aux vieilles horloges patrimoniales. Elles semblent vous dire qu'elles en ont sonné bien d'autres pour vos aïeux disparus et qu'elles en sonneront bien d'autres encore pour vos petits-fils, quand vous ne serez plus là. 

 Sans s'en douter, les gais compagnons ont mis une sourdine à leur tumulte, et les belles filles n'ont plus ri. 

 Mais Albéric, le plus fou de la bande, a levé sa coupe et, avec une gravité comique : 

  — Messieurs, il est minuit. C'est l'heure de nier l'existence de Dieu. 

 Toc, toc, toc ! 

  On frappe à la porte. 

  — Qui est là ? ... On attend personne et les domestiques ont été congédiés. 

 Toc, toc, toc ! 

 La porte s'ouvre et on aperçoit la grande barbe d'argent d'un vieillard de haute taille vêtu d'une longue robe blanche. 

  — Qui êtes-vous, bonhomme ? 

 Et le vieillard répondit avec une grande simplicité : 

  — Je suis Dieu. 

 A cette déclaration, tous les jeunes gens éprouvèrent une certaine gêne ; mais Albéric, qui décidément avait beaucoup de sang froid, reprit : 

  — Ça ne vous empêchera, j'espère, de trinquer avec nous ? 

 Dans son infini bonté, Dieu accepta l'offre du jeune homme, et bientôt tout le monde fut à son aise. 

 On se remit à boire, à rire, à chanter. 

 Le matin bleu faisait pâlir les étoiles quand on songea à se quitter. 

 Avant de prendre congé de ses hôtes, Dieu convint, de la meilleure grâce du monde, qu'il n'existait pas. 

Alphonse Allais - Dieu

Un endroit où la main de l'homme n'a jamais mis le pied... (Alphonse Allais)

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Il y a 13 heures, Christian Girard a dit :

Pour éviter cette immense chaîne causale qui empêche de penser correctement ;) , en science, on limite le champ d'expérimentation, on définit un cadre (géographique, temporel, etc.) : dans telle et telle condition, si on effectue telle ou telle manœuvre on obtient tel ou tel résultat.

C'est effectivement là une des conditions d'efficacité de la science.

Une autre est le retrait ou plus précisément l’« élision » du sujet connaissant et donc de toute forme de subjectivité. 

La condition d'efficacité de la science est aussi son principal biais. 

S'inspirant de Schrödinger, Michel Bitbol nomme ça quelque part "le coût exorbitant de l’acte fondateur des savoirs objectifs". 

  • Merci 1

Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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Invité bénocard
Il y a 3 heures, Shiva a dit :

La condition d'efficacité de la science est aussi son principal biais. 

C'est un peu une pirouette, ça, l'absence de biais comme biais...

Le problème est peut-être d'abord de se fixer un objet d'étude. Une fois qu'on a identifié le système à étudier, on peut circonscrire le phénomène et l'isoler des sources de biais éventuels. La subjectivité en fait évidemment partie.

Sauf si on étudie la subjectivité, ce qui semble être ton cas. Dans ce cas, rien ne va plus, effectivement. Mais la solution en sciences reste la même : étudier la subjectivité depuis l'extérieur. C'est impossible autrement : tu ne saurais étudier la subjectivité scientifiquement avec des "méthodes subjectives".

Modifié par bénocard
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