Les magiciens sont-ils comblés ?

Gael BJN · 11 août 2017

Oui désolé, j'ai dévié en partant d'un paragraphe d'un de tes pos.ts.

Pour revenir au sujet... oui, non, ça dépend. Je sais pas. Faudrait leur demander. Moi, ça va pas mal en tout cas.

Yves MARTIN (HREJ) · 11 août 2017

il y a 7 minutes, munky a dit :

On parle de poésie, de "méta" et les game designers sont devenus des artistes à part entière

Oui mais comme en magie il est plus facile, quand même, de comparer à la poésie l'act de Kim YoungMin et son sable que la découverte d'un billet dans un citron même si le performer est au top.

Gael BJN · 11 août 2017

Oui mais on est pas obligé, forcément, de parler de poésie. Le prisme est vaste.
En plus "poésie"... Sérieusement. C'est comme l'art ou l'amour, encore un mot à la c.on qu'on sait même pas ce que ça veut dire...

Yves MARTIN (HREJ) · 11 août 2017

Tu as raison on va demander un temps mort.

Aux autres s'il s'en sentent le courage !

Woody (Philippe) · 11 août 2017

Bon... Inutile de dire que je ne suis pas à l'aise sur ce type de sujet pour plusieurs raisons :

- la réflexion est un poil high level pour moi,

- je suis assez basique dans mon approche (globale : cinéma, peinture, chanson, magie, etc.),

- les intervenants - dont Christian, Munky et HREJ, par exemple - ont déjà mené cette part de réflexion qui se voit dans leur travail : Christian avec le Surnatéum et ses conséquences , Munky lorsqu'il évoque entre les lignes sa magie ou HREJ, ne serait-ce que pour poser la question à laquelle il a déjà réfléchi.

Malgré tout, il me semble intéressant d'y apporter mon témoignage, ne serait-ce que d'un point de vu auto-psycho-thérapeutique : Je ne voulais pas être magicien mais comédien - quel talent - à la base. Je ne voulais pas être comédien mais rock-star à la base (quelle casserole; l'oreille musicale d'une poële à frire). Alors suis-je comblé ? Evidemment non.

La musique ou la chanson est selon moi un art majeur car il parle directement à l'émotionnel de chacun d'entre nous. Même si tu ne comprends pas les paroles d'une chanson, elle peut te toucher au plus profond de toi-même (mélancolie, joie, enthousiasme débordant, etc.) : nous avons tous ressenti cela, au moins une fois. Cela est un peu la même chose au cinéma (subtil alchimie d'une bande-son et/ou d'une histoire, de dialogues et d'une image) tout en étant un peu moins universel selon moi. De même concernant la peinture et/ou la sculpture. Cela me plait ou pas, en première intention. Très peu de réflexion dans ces domaines en ce qui me concerne. Je ne suis pas un cérébral, je suis avant tout dans l'affect.

Et la magie dans tout ça ? C'est pour moi un moyen. Un moyen de faire passer un bon moment à des gens. Je ne recherche pas l'émotion au sens des larmes ou de toucher mes spectateurs mais seulement la parenthèse de détente ou plus précisément d'évasion dans un monde finalement très contraignant. Pour ce faire, j'ai mes premières armes : la comédie. Avant de découvrir la magie, je racontais des histoires censées être drôle mais en vrai toutes pourrites - quel escroc ! -, cependant mises en scène et avec un art consommé de la comédie. Presque toujours un tabac du avant tout à la "présentation" (rarement aux chutes... ).

Cela étant dit, cela ne pissait pas bien loin comme on dit. Aussi me suis-je tourné vers la magie lorsque je l'ai rencontrée. La magie me permet de présenter quelque chose de finalement extraordinaire et donc susceptible d'intéresser les spectateurs, pour lesquels chanteurs, acteurs ou musiciens n'ont apparemment plus de secrets.

Au delà de cet aspect de captation de l'intérêt, lorsque cela est bien fait, il y a une sorte de "magie" dans le regard des spectateurs, qui relève presque de la part d'enfance ou en tous cas d'une certaine "juvénilité". Et lorsque j'y parviens, j'ai atteint le but que je me suis fixé comme magicien. Les retours du public, dans ces moments là, confirmeraient presque la direction dans laquelle j'ai souhaité m'engager lorsque j'ai décidé de "montrer des tours de magie".

Prochaine étape - un peu plus compliquée celle-ci : monter un cran au-dessus et travailler cela à plus grande échelle dans un domaine comme le cinéma, projet pour lequel je ne serai vraisemblablement que contributeur mais cela, pour le coup, me comblerait.

My2Cents

W.

P.S : Je rejoins Munky dans sa remarque concernant l'évolution des jeux vidéos. Autant regarderais-je Candy Crush avec un détachement poli, autant certains jeux plus "immersifs" me font désormais vraiment rêver, d'un autre monde à portée de main, par exemple (notamment lorsque j'en vois les bande-annonces) même si je ne suis pas un "gamer".

Yves MARTIN (HREJ) · 11 août 2017

il y a une heure, Woody a dit :

...ou HREJ, ne serait-ce que pour poser la question à laquelle il a déjà réfléchi.

Tu sais woody tout ceci n'est que le privilège (Mais en est-ce un ? ) de l'âge.

Quand j'ai commencé la magie, il y a bien longtemps, c'était pour briller auprès des autres.

Puis les années aidant (Bof!) j'ai fait ça pour ceux qui me regardaient et pour leur donner cette parenthèse de détente (Expression que je reprends avec plaisir si tu le permets) et pour les voir avec cette candeur dans le regard qui justifie complètement le fait d'aimer la magie.

Seulement ces temps-ci à 62 balais passés, un petit bilan s'impose pour moi.

Peut-être que l'étincelle n'y est plus, je ne sais pas mais le plaisir s'émousse et je commence seulement à comprendre ceux qui décident de prendre d'autres voies.

Ce qui est visiblement le cas aussi pour toi puisque tu vises un projet ciné qui devait t'apporter d'autres stimulis. J'en profites pour te souhaiter de t'éclater aussi dans celui-ci.

Pour terminer je suis flatté que tu compares mes réflexions à celles de Munky ou Chelman mais je suis très loin de leur niveau et de leur culture, peut-être fais-je, même, partie de ceux qui bavardent dans le vide sans jamais rien montrer même en vidéo.

Patrick FROMENT · 11 août 2017

il y a une heure, HREJ a dit :

peut-être fais-je, même, partie de ceux qui bavardent dans le vide sans jamais rien montrer même en vidéo.

Je ne pense pas. Tu es riche d'une expérience (et ton dernier post sur ce fil le montre parfaitement).

Tu enrichis ce forum depuis des années avec le regard qui est le tien et c'est toujours un plaisir, pour moi, de te lire.

... Et puis ce n'est, peut être, pas forcément un drame de penser la magie sans la pratiquer, il y en a tellement qui la pratique sans la penser.

Modifié 11 août 2017 par Shiva

Patricia · 11 août 2017

Le 10/08/2017 à 12:13, HREJ a dit :

Pensez-vous que la magie ne comble pas entièrement un artiste et qu'il lui soit indispensable, à un moment ou un autre de sa vie, de s'exprimer autrement.

Est-ce le fait de quelques uns ou pensez-vous, comme eux sans doute, comme moi c'est certain, que notre art manque de profondeur ?

Celui qui a la fibre artistique est rarement un monomaniaque de son art. Tous les artistes se tournent (avec plus ou moins d'investissement et de réussite) dans d'autres disciplines que la leur : Picasso, Rodin, Gainsbourg (peinture, chant, cinéma...)... C'est une préoccupation très française, les cases...Chacun sa case. Les anglo-saxons ont une approche qui me séduit beaucoup plus : tu peux y être chanteur, acteur, peintre, président avec le même bonheur et parfois/souvent la même réussite (la culture du performer sans doute).

je ne rentrerai pas dans le débat, existe-il des arts mineurs et des arts majeurs ou tout est-il art ? : nous serions dans des pavés stratosphériques de densité.

Il y a 9 heures, Shiva a dit :

On en revient au débat sur l'illusionnisme ne doit-il servir qu'à divertir...

J'ai le sentiment (peut-être à tort) que cela sonne péjorativement. Pourquoi provoquer les larmes ou une puissance réflexion intellectuelle chez autrui ou une prise de conscience serait-il plus fort, plus beau beau...bref mieux que de le divertir. Divertir uen personne au point de lui faire oublier son quotidien voire même le pire (cancer, perte d'un enfant, etc.) le temps d'un instant, la faire rire... quoi de plus beau, de plus fort émotionnellement parlant ? Arrêtons ce complexe intellectuel...Cela me fait penser aux Césars qui ne récompensent jamais (ou presque) de comédies ou d'humoristes. Mépriser les arts dits mineurs de la culture populaire, c'est du snobisme. Le 3 mars 1984, après avoir été césarisé pour Tchao Pantin, Coluche lançait, gouailleur : « Je me croyais franchement à l’abri, vu que je faisais du cinéma qu’on ne récompense pas, mais qui fait des entrées quand même. (…) Le cinéma français vit surtout avec les succès populaires, que font les gens dans le genre Belmondo, et récompense surtout ceux qui font pleurer, dans le genre… que je ne nommerai pas pour n’oublier personne. »

Il y a 9 heures, HREJ a dit :

Mais si le public peut se contenter d'être diverti, est-ce qu'un magicien, lui, n'attend pas autre chose à donner à son public ?

Qui d'entre vous a réussi, un jour, à faire naître des larmes d'émotion dans les yeux d'un de ses spectateurs ?

Oui. Chambre d'hôpital en oncologie, je fais quelques tours à une jeune fille de 9 ans et ses parents. A mon entrée, j'avais senti beaucoup de tensions dans la pièce. Fin de mon petit spectacle, la maman me suit dans le couloir avec la larme au bord des yeux et me dit avec une reconnaissance de la taille de l'Everest : "ma fille doit subir une très lourde opération demain, vous nous avez changé les idées, vous avez changé notre soirée, je ne vous en remercierais jamais assez". Une semaine après, cette famille en parlait encore...

Alors je n'ai pas peint Guernica mais cela me suffit amplement. Je n'oublierai jamais cette femme et ce moment.