Article imprécis et comportant des erreurs :
"Des scientifiques chinois ont annoncé avoir réussi à modifier le génome d’embryons humains. Cette étude, une première dans l’histoire, a été publiée samedi dans Protein & Cell.
l'article est tellement imprécis qu'on ne sait pas vraiment à quelle technique on a affaire. d'après ce que je comprend il s'agirait en fait d'une expérience de transgénèse : on transfert un gène (ici le gène "normal") dans les cellules de l'embryon qui ne le possédait pas. Le transfert du gène normal permet de palier au déficit génétique initial dû au fait que l'embryon possède un gène "anormal" responsable d'une maladie. L'embryon devient ainsi un organisme transgénique ou organisme génétiquement modifié. Les expériences de transgénèse ont déjà été faites sur de nombreux organismes.
Mais cette découverte fait polémique, la communauté scientifique s’indignant que l’on touche au génome humain, rapporte le magazine scientifique Nature, dans un article repéré par le Washington Post.
Cette équipe de chercheurs, dirigée par le généticien de l'Université Sun Yat-sen à Guangzhou Junjiu Huangu, a modifié le génome sur des embryons humains non viables. Les scientifiques ont substitué un «mauvais» code génétique responsable d’une maladie sanguine mortelle pour le remplacer par un «bon».
Et voilà : toujours la même confusion entre "code génétique" et "information génétique" que je relève dans les articles écrits par les journalistes scientifiques, erreur que ne ferait même pas un élève de 1°S : ce n'est pas le code génétique que l'on a "substitué" mais l'information génétique. Le code est immuable, c'est lui qui permet de lire l'information.
Technique qui n'est pas aboutie :
Cette technique de substitution n’est cependant pas finalisée : Moins d’un tiers des embryons traités (sur 86) ont eu un résultat positif, et de nombreuses mutations «hors cible», anormales, sont apparues sur ces embryons. Cette technique a enfin des conséquences imprévisibles sur les générations futures.
Une technique de substitution supposerait qu'on ait enlevé le mauvais gène pour le remplacer par le bon gène. D'après moi il ne s'agit pas de cela. je n'ai jamais entendu parlé d'enlever un gène dans un chromosome. par contre, comme je l'ai dit plus haut, on sait injecter des gènes via différents vecteurs. le pb c'est que le gène injecté s'intègre ensuite n'importe où dans l'ADN cible d'où les réserves de certains biologistes quand aux techniques de transgénèse. En effet le gène injecté peut s'insérer dans un gène important le rendant inactif. normalement on crible ensuite les différentes cellules transgéniques pour ne garder celles dont on ne considère qu'il n'y a pas de défaut majeurs.
Cette découverte rouvre un vaste débat éthique dans la communauté scientifique. Les partisans du travail sur le génome humain avancent la possibilité d’en finir avec les maladies génétiques héréditaires, telles la mucoviscidose. Les détracteurs craignent les dérives eugénistes, en voulant créer des bébés «parfaits».
La transgénèse est la seule technique qui permettrait de guérir les maladies génétiques : en effet un individu possédant un gène non fonctionnel lui causant une maladie génétique pourrait être guéri si on injectait aux cellules déficientes le gène normal manquant. De nombreux essais thérapeutiques ont déjà été faits depuis une vingtaine d'années et se poursuivent encore.
mais c'est plus compliqué d'injecter un gène dans un organisme comportant des milliard de cellules que dans un embryon. et dans le domaine de la biologie il est préférable de s'exercer sur des modèles simples (ici des embryons non viables).
Le scientifique chinois a annoncé pour sa part vouloir poursuivre ses recherches, mais en travaillant notamment sur des embryons d’animaux. Selon une source chinoise, rapporte Nature, au moins quatre équipes scientifiques chinoises travaillent sur des projets concernant la modification du génome humain.
L'expression "modification du génome humain" a tout pour inquiéter les gens qui ne connaissent pas la biologie. En fait ici il s'agit plutôt de faire des tests de transgénèse sur un petit nombre de cellules humaines pour tester par exemple le meilleur vecteur possible de transmission du transgène dans notre espèce. De là à ce que certains imaginent que cette équipe de chercheur est entrain de créer un nouvel humain, on en est pas loin avec la façon dont est écrit l'article.