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Salut à tous !

Je ne m’attendais pas à avancer aussi rapidement dans le travail de Heartbeat de Juan Colás !

J’ai déjà pu faire pas mal de tests et le présenter à une petite dizaine de personnes.

Du coup je suis déjà en mesure de me prononcer sur cet effet pour le moins atypique 😃

Heartbeat de Juan Colás

Petit rappel de l’effet : le magicien pose la pointe d’un crayon de bois (crayon gris, crayon mine, crayon à papier) sur le bout de l’index du spectateur et arrive lui faire ressentir ses pulsations cardiaques au travers du crayon de bois !

Ce que l’on reçoit

Le matos

On reçoit 3 « outils » plus ou moins dispensables…

Soyons clair dès le début, Heartbeat aurait pu (aurait dû ?) être un téléchargement. Le matériel reçu est soit inutile, soit anecdotique.

En revanche, et à titre personnel, je suis content d’avoir reçu un coffret Heartbeat avec tout le matériel nécessaire. C’est probablement psychologique mais je m’investis plus facilement dans un effet quand le packaging donne envie plutôt que de n’avoir qu’un simple téléchargement. Mais surtout, même si le matériel est très commun, il nous offre malgré tout la possibilité de commencer tout de suite dans les meilleures conditions possibles.

Je fais peut-être parti des rares personnes à me satisfaire d’une sortie physique de cet effet.

1-Le crayon

On reçoit le crayon de bois le plus bas de gamme possible, brut, pas taillé, couleur de bois naturel.

Et… c’est top ! C’est vraiment ce qu’il faut pour performer Heartbeat dans les meilleures conditions 😃

Et ce n’est pas si facile que ça à trouver en papeterie… Je suis allé dans 2 papeteries de ma ville et je n’ai pas réussi à en trouver d’autres…

J’ai fini par aller sur Amazon et j’ai retrouvé exactement les mêmes !

  • Amazon
  • 10.99 euros
  • 50 crayons de bois

Ce qui nous fait un peu moins de 22 centimes le crayon de bois !

Ça me permet de laisser 50 fois le crayon au spectateur pour une dizaine de boulinettes. Rentable.

2-La lime à ongles

Lime à ongles bas de gamme également… Celle que j’ai reçue à un grain plutôt fin et n’est pas très efficace. Malgré tout, ça fait le job et ça suffira largement pour ce que l’on doit en faire.

Honnêtement, vu que le bois du crayon de bois est parfait pour l’effet Heartbeat, on peut même se passer de la lime à ongles mais il faut dire que ça optimise un peu la pulsation que l’on transfert au spectateur.

Pour info rassurez-vous, ça ne sert pas à se limer les ongles et on n’a pas besoin d’avoir des ongles longs pour Heartbeat 😊

3-La poudre

La poudre est simplement un produit pour sécher les mains qui pourraient être moites.

Il s’agit probablement de magnésie, de la poudre utilisée pour l’escalade ou la gymnastique.

Tout le monde n’en aura pas besoin. Pour moi ça ne semble pas améliorer l’effet, j’ai essayé avec et sans et c’est pareil.

  • Du coup je ne l’utilise pas.
  • Mais si vous en avez besoin, la quantité fournie devrait vous durer quasiment toute une vie !

Petit bilan du matos :

  • Ce sont 3 petits accessoires qui ne sont pas tous indispensables ; seul le crayon servira à tout le monde.
  • Mais si l’on combine les 3 accessoires, on optimise l’effet.
  • Enfin, certaines personnes auront nécessairement besoin de la magnésie (la poudre blanche) et seront très contents de la trouver dans le coffret de Heartbeat.

La vidéo

Une demi-heure de vidéo bien foutue qui couvre bien l’effet, la mise en condition, des présentations en live… Mais malheureusement en anglais !

Les boutiques (Marchand de Trucs et Magic Dream à minima) proposent une vidéo maison en français.

Pour la vidéo de Magic Dream que j’ai reçue, notre guide nous explique tous les tenants et aboutissants de la méthode. C’est d’une simplicité déconcertante en réalité. On n’a pas vraiment d’aide au niveau de la présentation ou des subtilités psychologiques mais on ressort du visionnage armé comme il faut pour réussir sans problème l’aspect technique de l’effet.

Difficulté

C’est très facile !

Ce qui est déconcertant c’est qu’on ne peut pas l’expérimenter sur soi… Et on aime bien se rassurer et se contrôler quand on est magicien. Ça peut faire un peu peur pour se lancer au début.

  • Il faut bien avoir en tête le rythme en 2 temps d’une pulsation cardiaque. Voir la vidéo en bas de ce test.
  • Mais aucune difficulté technique.
  • Faut se lancer à un moment donné, c’est tout !

Comment travailler ?

Travailler sur son propre doigt de la main opposé est utile pour s’entrainer à envoyer la pulsation cardiaque mais on ne la ressent pas ce qui est déroutant.

  • En fait on ressent la pulsation partir vers le crayon.
  • Mais on ne la ressent pas arriver à la sortie de la mine du crayon sur l'index.

Je pense que le plus pratique c’est de s’entrainer sur une table en bois pour mieux contrôler la vibration que l’on va pouvoir entendre à défaut de la ressentir.

Nombre de pulsations

Sans reset le setup, je peux faire 20 pulsations de suites à l'entrainement (10 allers / retours : boum-boum).

Je pense qu’on doit tous être autour de cette fourchette-là !

C’est largement suffisant :

  • Je ne suis jamais allé jusqu’à faire 20 pulsations de suite en live.
  • Si on retire la main de son cœur, on peut se reset de façon invisible et imperceptible pour le spectateur. Et donc repartir pour 20 nouvelles pulsations.
  • Mais ce n’est pas un effet que l’on va tenir plusieurs minutes, ça n’aurait aucun sens.

Le boniment

Elle se situe ici la difficulté de Heartbeat.

Comment amener un tel effet ?

  • Eh regarde c’est drôle on entend mon cœur ahah ! 😅

Ce n’est pas un effet que l’on va pratiquer pour amuser la galerie. Cela va dépendre de l’approche de chacun bien sûr, mais personnellement j’ai à chaque fois essayé d’installer une ambiance apaisée et détendue et je me suis essayé (pour les besoins de mes tests) à quelques histoires différentes sur ma capacité à contrôler mon propre rythme cardiaque et à le transférer dans mon corps.

On peut également partir sur une histoire de chakras, d’énergies qui circulent dans le corps…

Bref, pas forcément évident de justifier un effet comme Heartbeat mais je me suis rendu compte que très vite, le spectateur bascule de l’écoute de notre boniment vers le ressenti de l’effet qui vient l’interpeler et le détourner de notre histoire.

  • Car oui, j’ai eu des réactions, aller, j’ose le mot : spectaculaires !

Certains très touchés, d’autres ont essayé de reproduire les mouvements qu’ils m’ont vu faire (tenir le crayon, mettre sa main sur son cœur…), d’autres ont été amusés.

  • Et c’est à ceux qui sont le plus touchés que l’on devrait, je pense, laisser le crayon de bois en souvenir.

Le prix

Wesh mon gars, c’est reuch ton truc !

Alors, c’est le point le plus contesté : le prix. Débattu sur le Magic Café, un peu également sur Virtual Magie (coucou Yann 😉), la question n’étant pas de savoir si l’effet est bien mais de savoir si le prix est juste.

Selon les boutiques, 35 ou 40 euros.

  • Est-ce qu’au niveau du matos on en a pour son argent : non !
  • Est-ce que l’effet est chouette : oui !
  • Est-ce que la routine vaut 40 boulinettes : la réponse dépend de chacun d’entre-nous !

Clairement, on doit recevoir environ 2 à 3 euros de matos utilisable si l’on ne compte pas les 2 boitiers en métal (l’un pour le packaging global et l’autre pour la magnésie).

La question est donc : est-ce que cet effet vaut 35 ou 40 euros.

  • Pour moi c’est un grand oui !
  • Pour d’autres ce sera le contraire…

Un magicien qui cherche une rentabilité et un retour sur investissement sera peut-être déçu… Ce n’est pas quelque chose que l’on peut amener facilement lors d’une presta.

J’aurais tendance à penser que dans la majorité des cas c’est un effet que l’on fait à une seule personne, en tête-à-tête pour faire vivre une expérience. De fait ça limite la plupart du temps à la famille, les amis et les collègues.

Personnellement, il y a une grande part de ma magie que je consacre à mon entourage proche. Et Heartbeat est un très bon effet rentable dans ce cadre.

Pour l’aspect « Je déterre un vieil effet d’un vieux bouquin pour faire de la thune. » :

  • Ça ne me pose pas de problème, bien au contraire ! Sans Juan Colás je n’aurais certainement jamais connu cet effet que j’aime beaucoup.
  • Il y a, à priori, de belles plus-values comparées à la version d’origine. On a une vidéo au lieu d’un texte écrit. On a du matériel, pour performer directement dans de bonnes conditions. On a une nouvelle approche sur le doigt au lieu d’une approche sur la table. On a une mise en lumière d’un effet qui est peut-être passé à la trappe à sa sortie en 1928 si j’ai bien tout compris 😊

Au niveau du prix, je conclurai juste en disant que si ce que vous voyez dans la vidéo et dans le descriptif vous plaît, alors vous ne devriez pas être déçu ! 😎

Les –

  • Effet à présenter assez rarement.
    • Il faut de bonnes conditions pour le présenter.
  • Effet pour un seul spectateur.
  • Boniment pas facile à développer.

Les +

  • Très facile techniquement !
  • Effet percutant voire troublant pour certaines personnes.
    • Créé un moment intime et un lien avec le spectateur.
  • Tout le matériel pour commencer dès réception.
  • Refill à 22 centimes ! Pour pouvoir laisser le crayon en souvenir.
  • Ça change des effets habituels !

Bilan

Je n’avais aucune idée de son fonctionnement avant de recevoir Heartbeat et je ne suis pas déçu !

C’est un effet que je pense pratiquer dès que je le pourrai mais que l’on ne peut pas présenter dans toutes les conditions.

Certes, c’est techniquement à la portée de tous (grâce au matériel reçu) mais c’est le contexte qui risque d’être plus difficile à appréhender.

  • C’est un effet pour un seul spectateur.
  • Il faut prendre le temps d’installer l’ambiance, de mettre en condition sa victime son spectateur et réussir à l’emporter dans notre histoire.

Je suis très heureux d’avoir cette nouvelle corde à mon arc magique mais je pense que cet effet ne conviendra pas à tout le monde.

Heartbeat ne met pas en valeur une prestation de magie ni le magicien mais permet de mettre en place un moment privilégier d’échange et d’émotion entre le magicien et… son complice de l’instant.

J’aime.

 

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Il y a 21 heures, Christian GIRARD a dit :

Dans l’édition que tu dois avoir, c’est dans le volume 4, page 259. Merci à Philippe Billot qui m’avait évité de chercher en me donnant cette source dont vous profitez maintenant tous. 

Page 260 pour moi dans the tarbell course in magic

 

Moi je suis plus dubitatif sur le principe de cette vente.

L'effet est il sympa? Clairement oui comme déjà dit si c'est bien amené et dans la bonne ambiance.

Je n'aurais pas pensé à le rechercher. Cependant il n'y a pas d'innovation et c'est exactement le même principe décrit dans Tarbell (j'ai vérifié).

Le matos fournis ne sert clairement à rien à part à tenter de justifier le prix.

Un téléchargement ou de réelles améliorations, ou encore l'inclure avec d'autres choses aurait été il me semble plus honnête.

Pour le reste je partage l'avis de Mickael. La vidéo en français gagnerait peut-être à ce focaliser un peu plus sur le principe mais bon ce n'est pas très compliqué, le plus déroutant est de ne pas pouvoir réellement tester, encore que avec la résonance on peut s'entraîner. On entend bien avec le micro dans la vidéo VF de MD.

 

La première publication connue semble être, comme l'a indiqué Yann, "le crayon spirit" de Ralph READ. Je vais regarder mais il ne semble pas avoir vu les sources dans Heartbeat.

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www.dedales-hypnose.fr

Publié le
Il y a 2 heures, Michel DARLONE a dit :

Page 260 pour moi dans the tarbell course in magic

Hello Michel

En bas de la page 259 (de mon propre exemplaire) se trouve le début de la description sous le titre « Ralph Read’s Tapping Pencil », et ça se termine en page 261.

J’aurais pu également dire que Philippe Billot m’avait donné cette nuance, à savoir qu’il s’agit à l’origine d’un effet spirite dont la première description date de 1927 sous le nom de « Pencil Rapping » et qu’elle figurait au départ dans la leçon 45 mais qu’elle se trouve désormais dans la leçon 52 de la nouvelle édition du Tarbell ; néanmoins j’avais estimé que ce serait un peu abuser et qu’il valait mieux donner une source plus facilement accessible. 

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Publié le
il y a 38 minutes, Christian GIRARD a dit :

Hello Michel

En bas de la page 259 (de mon propre exemplaire) se trouve le début de la description sous le titre « Ralph Read’s Tapping Pencil », et ça se termine en page 261.

J’aurais pu également dire que Philippe Billot m’avait donné cette nuance, à savoir qu’il s’agit à l’origine d’un effet spirite dont la première description date de 1927 sous le nom de « Pencil Rapping » et qu’elle figurait au départ dans la leçon 45 mais qu’elle se trouve désormais dans la leçon 52 de la nouvelle édition du Tarbell ; néanmoins j’avais estimé que ce serait un peu abuser et qu’il valait mieux donner une source plus facilement accessible. 

On retrouve aussi l'effet de Ralph READ dans 1001 Bluffs (encyclopédie de la magie impromptue) de Martin Gardner page 204 dans la version française. Il est partout cet effet lol.

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www.dedales-hypnose.fr

Publié le
Il y a 3 heures, Michel DARLONE a dit :

La première publication connue semble être, comme l'a indiqué Yann, "le crayon spirit" de Ralph READ. Je vais regarder mais il ne semble pas avoir vu les sources dans Heartbeat.

Non, Juan Colas n'en parle pas (il dit seulement que c'est Paul Daniels qui lui a montré l'effet, puis dit que c'est dans le Tarbell et dans l'Encyclopédie de la magie impromptue). Il dit aussi que lui a fait passer le tour d'effet sonore à ressenti, alors que déjà dans certaines descriptions anciennes du tour, c'était un effet de pulsations ressenties sur le dos de la main (mais pas un battement de cœur). Ils parlaient même déjà de la poudre pour se sécher les doigts. On imagine toutefois que Juan Colas l'ignorait.

Clairement, l'argument invoqué par Ellusionnist pour justifier de vendre un crayon de bois à ce prix est un peu tordu : "les téléchargements n'intéressent plus personne" (Ben, C'EST un téléchargement) ou "c'est pour lutter contre le piratage"" (Vendre un téléchargement hyper cher, y'a rien de pire pour encourager le piratage. Si vous voulez faire de cet effet un produit physique justifiant le prix, faites-en un petit livre accompagné d'un bidule fait sur mesure, une baguette un peu sculptée/mystique ou je ne sais quoi... Un peu à la manière de "The Secret".)

Et sinon, J'ai bien aimé l'idée donnée par Dylan Sausset dans le live de Magic Dream : dessiner un cœur (pour justifier le crayon) auquel on donne la vie. Perso, je ferais la même chose, mais en version sonore (parce que, vraiment, j'aime la version montrée par Paul Daniels : la manipulation est cachée par la position de la main). Là, le crayon, donne vraiment vie au dessin : si le spectateur tend l'oreille, il entend le battement du cœur. boum boum, boum boum (Tour bientôt dans toutes les boutiques accompagné d'un crayon TAILLÉ et de trois morceaux de papier, idéaux pour réaliser l'effet. Prix : "Ça peut paraître cher par rapport au matériel fourni, mais franchement, c'est un tour, que dis-je un tour... une EXPÉRIENCE tellement incroyable, tellement énorme, de celles que vos spectateurs n'oublieront JAMAIS et qui créera même un lien tellement fort entre eux et vous que certains, des larmes de gratitude plein les yeux, se jetteront à vos pieds en jurant que vous êtes le sauveur de l'Humanité. Bref, disais-je, un effet tellement puissant que, franchement, j'aurais envie de dire que ce n'est même pas assez cher.")

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Publié le (modifié)

En effet, on retrouve l'effet dans l'Encyclopédie de la magie impromptue tome 1. Cela fonctionne parfaitement, et pour vous entraîner, vous pouvez le faire sur une table (effet d'origine). On ne voit aucun mouvement et pourtant on entend le crayon taper distinctement sur la table. 

Modifié par Franck LEGAY
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    • Derniers souvenirs partagés ici de cette FISM 2025 avec le 1er prix de micro-magie et Grand Prix FISM de Close-Up. *** Et puis le mercredi 16 IBUKI paru en scène, plia son foulard et avec lui la compétition de micro-magie. Ce n’était que la première session sur les trois de la compétition mais il n’y avait guère de doute qu’IBUKI serait au palmarès. La rumeur se répand rapidement comme souvent dans ce type d’événement. Le soir même coincé dans un bus avec la délégation russe qui avait loupé le passage du japonais les voilà qui m’assaillent de questions sur son numéro, car leur propre candidat, Vova, va devoir en découdre avec le magicien japonais. *** Description pour qui veut : IBUKI apparaît debout derrière sa table : sur celle-ci un tapis de close-up relevé à 45° vers le public et où se déroulera l’essentiel de la routine. Mais pas son introduction. Le magicien japonais sanglé dans une large veste de costume (couleur entre pêche et crème, mais pas noir, surtout pas noir), fermée sur le devant par quatre gros boutons, commence par poser alternativement ses mains sur des paires de boutons qui se téléportent magiquement jusqu’à se regrouper tous les quatre dans le coin supérieur gauche (vue du public) de son pan de veste.   Cousus là, tous les quatre.   Restés jusque-là bouche cousue, les premiers glapissements de surprise des spectateurs se font entendre dans la salle. Ce n’est que le début. *** Sur cette introduction : Les trois premiers effets de téléportation se produisent dans un plan vertical, sur la veste même d’IBUKI : il s’assure ainsi de l’excellente visibilité de cet effet de Matrix, effet redoublé d’une impossibilité matérielle : non seulement les boutons voyagent magiquement, mais avec eux leurs coutures aussi (sur cette impossibilité matérielle qui redouble le seul effet de téléportation, on pense par exemple à la Matrix avec des clous plantés dans une planche de Michael WEBER). Le contraste entre la couleur très claire du tissu et les boutons sombres participe de cette parfaite visibilité de l’effet - en plus d’éliminer certaines explications potentielles au tour. Et comme le montrera le reste de sa routine la visibilité des effets a été clairement un des problèmes qu’a eu à résoudre IBUKI.    IBUKI aurait pu faire le choix inverse : démarrer par les boutons regroupés puis les remettre magiquement à leur bonne place ; cela aurait fait sens si la routine avait été contextualisée : IBUKI aurait alors « réparé » magiquement la malfaçon initiale de sa veste. Mais ici pas de contexte, IBUKI préfère nous laisser sur l’image incongrue de cette veste aux boutons drôlement regroupés (d’ailleurs on a pu croiser dans les allées de la FISM IBUKI tout au long de ces six jours avec sa veste et ses drôles de boutons, conscient de cette image emblématique, cette image signature). En plus, en terminant avec les boutons regroupés là où ils ne servent plus à rien, quoi de plus naturel que de les découdre avec un petit ciseau de couturière.   La spectatrice (sans introduction formelle) assise à droite de la table se voit tendre les ciseaux et découd elle-même le 4e et dernier bouton (cette spectatrice jouera un rôle clef dans la suite de la mise en scène).    Enfin cette introduction instaure aussi l’émotion magique du reste de la routine : à savoir la surprise. « Les boutons ont voyagé...mais attendez un peu, surprise, ils sont bel et bien cousus ». D’ailleurs la première surprise de la suite du numéro sera que le « pouvoir » d’IBUKI ne va pas être tant la téléportation que de coudre entre eux magiquement et à volonté toutes sortes d’objets. *** Fin de l’introduction. Un foulard quadrillé est déplié sur le tapis incliné, les quatre boutons tout juste défaits de la veste sont chacun posés à un des quatre angles et à partir de là, et bien disons que plus rien ne va se passer comme prévu. Plutôt que de déflorer la suite de la routine deux remarques.  La visibilité : IBUKI a donc un problème : il va magiquement coudre entre eux des objets préalablement montrés « libres » les uns des autres…mais voilà : des coutures c’est bien peu visible de loin. La mise en scène de la routine pallie cette difficulté majeure de plusieurs façons : o   Quand il le peut IBUKI profite du contraste bien visible de loin du fil de couture blanc magiquement apparu sur certains objets noirs en montrant bien ceux-ci...sous toutes les coutures, avant et arrière. o   IBUKI va à plusieurs reprises basculer ses accessoires du plan incliné du tapis de close-up vers le plan vertical du début. Cela rend palpable les coutures même aux spectateurs les plus éloignés qui font physiquement l’expérience qu’en dépit de la gravité des objets restent désormais inexplicablement fixés, car cousus entre eux. o   À l’appui du mot « cousu » qu’il vient de prononcer, IBUKI mime (et ce mime a une autre raison d’être - voir ci-dessous, les mots) par de larges gestes de sa main droite, en vagues montantes et descendantes, l’acte même de l’aiguille qui coud, communiquant là encore pratiquement physiquement à tous les spectateurs l’expérience du fil qui transperce les objets pour les unir – ce qui renforce encore au passage la totale impossibilité de son effet magique. o   La spectatrice est elle aussi mise à contribution comme témoin-relais de l’ensemble du public : invitée à toucher les coutures, à découdre, à manipuler les boutons libres l’instant d’avant puis soudainement cousus sous sa propre paume ; jusqu’au tout dernier geste d’IBUKI envers cette spectatrice, geste qu’on ne révélera pas ici, mais qui a fait fondre les derniers neurones des spectateurs et du jury.            Obtenir une standing ovation de quelque 2200 spectateurs dans une salle dont il a été suffisamment dit qu’avec son sol plat elle offrait une piètre visibilité, et ce avec quatre boutons et un foulard, prouve combien cette mise en scène est efficace.  Les mots. Pas de dramatisation de l’effet via un contexte, pas de personnage autre d’IBUKI lui-même, un côté gendre idéal un rien timide engoncé dans son costume, posé au début, puis qui s’anime de plus en plus au gré du crescendo des effets. Le texte : réduit au possible ; en fait il va tout entier tourner autour d’un calembour assez sot (si j’ose dire) : les différentes acceptions en anglais du son [soʊ], de « tellement » (so), à « coudre » (saw), en passant par « vu » (saw). Mais ce jeu de mots à première vue bêta contribue à la montée en émotion de toute la routine. Et on l’a dit l’émotion visée est la surprise, aussi chaque séquence se déroule selon : o   Exposition de la situation initiale : les objets sont clairement séparés. o   La magie se produit en douce, sans incantation, ni geste magique. o   IBUKI prononce le son [soʊ] et on découvre stupéfait que l’effet n’est pas nécessairement celui attendu (une téléportation), mais qu’une nouvelle couture est apparue, et jamais là où on l’aurait imaginée. Le son [soʊ] n’a pas la valeur d’un abracadabra (car quand il est prononcé la magie est déjà advenue), mais il en conserve la valeur rythmique de leitmotiv en marquant le début de la phase de révélation de l’état final : dès qu’IBUKI se montre ravi que quelque chose de « so impossible » s’est produit (mime à l’appui de la couture pour souligner le piètre calembour so/saw) on frémit : on n’a rien vu et pourtant une nouvelle couture a surgi là où on ne l’attendait pas. La tension entre la naïveté assumée du jeu de mot qui nous nargue d’une part, et notre totale incompréhension du « truc » d’autre part, décuple alors l’émotion magique ressentie. *** Un dernier détail. Deux fois j’ai vu IBUKI (en compétition et dans le gala des gagnants) et deux fois à un certain moment de la routine alors qu’il se saisit du bouton le plus près de lui à sa gauche, le foulard amidonné reste malencontreusement (?) dressé à la verticale. Notre « taureau de la raison » (TAMARIZ) se rue sur ce pli accidentel : IBUKI ne profite-t-il pas d’un pli pas si fortuit pour y dissimuler un bouton resté en place et dont il n’a que simulé la prise ? L’instant suivant remarquant le désordre de son foulard IBUKI le saisit par deux coins, le claque pour le redéposer bien à plat sur le tapis…et anéantir au passage notre hypothèse : aucun bouton où nous le soupçonnions. L’art de la fausse piste, du red herring, est un art du tact : trop subtil, le leurre n’est même pas remarqué ; grossier, le spectateur flaire l’intention délibérée du magicien de l’égarer et se rebiffe. J’ignore si ce pli, bien vertical, bien visible était ou non une maladresse par deux fois réellement malencontreuse (improbable à ce niveau de compétition, d’autant que la chorégraphie d’IBUKI est impeccable partout ailleurs), j’ignore si ce minuscule « incident » du pi de trop a donc quoi que ce soit de réfléchi, d’intentionnel (voir même de nécessaire à la méthode), mais si tel est le cas, comme je le soupçonne, faire d’un faux pli un vrai contrôle de notre attention aura suffi à me ravir.    
    • Bonjour, Un peu plus haut en évoquant combien l''humanité" du personnage de Mortenn CHRISTIANSEN participe de la construction de son numéro, la citation de Derren BROWN que j'avais en tête est extraite de "Notes from a Fellow Traveller", page 416 :  
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