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La phrase "Vous pouvez tout vérifier" est t-elle une bonne idée ?


Mikael WEYER

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il y a une heure, Mr_Cinema a dit :

@Moonlight : cet essai théorique tu peux le trouver dans quel livret ?

Ca m'intéresserait

Le livret: "2008" Tome 1 de la page 7 à la page 10.

Il assimile le tapis à un territoire et fait une petite étude théorique sur comment gérer l'espace du tapis.

Modifié par Moonlight
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Thierry Périchon
http://www.moonlightanimations.fr
 

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Je trouve très intéressant le fait de "créer l'attente" et donc d'agir comme si le matos ne pouvais pas être examiné, soit en paraissant pressé de le ranger, en le tenant tout le temps, etc. Ce qui amène les gens à dire "on peut vérifier ?" et où notre première réaction paraîtra embarrassée... puis, on prend le public à contre-pied par un "bien sûr !"
Cf. Tamariz et le chemin magique, toute l'énergie qu'ils auront déployée à se méfier, ils ne pourront pas l'utiliser pour remonter ce qui s'est passé.

Sinon, il s'agit de laisser manipuler/vérifier/mélanger au début et de dire "je vais vous faire une confidence... quand un magicien propose de mélanger ou d'observer, ça ne sert à rien, c'est qu'il n'y a rien à voir". Et là les gens acquiescent... et donc à la fin le "Vous voulez vérifier ?" glissera sans problème.

Autre façon, quand je fais les cordes, je VEUX qu'ils vérifient, je trouve que ça renforce la suite. Donc je dis "S'il n'y a qu'un seul moment où vous pouvez me faire confiance c'est maintenant... vous VOULEZ examiner le matériel. Vérifier que c'est bien ce que ça a l'air d'être."

Sinon de manière générale, je ne pense pas que ce soit la gestion du public qui permette d'éviter qu'on veuille vérifier et toucher. C'est inévitable, et c'est compréhensible.
Les "il faut savoir gérer son public" sont trop souvent des cul-de-sac de condescendance.

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David

mnemonaute_tn.jpg

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Pour moi, il faut qu'un maximum de choses soit examinable. Il faut toujours pouvoir permettre l'examen mais ne pas l'imposer, à quelques exceptions près.

Il est parfois intéressant de donner aux spectateurs l'envie d'examiner certaines choses et parfois, à l'inverse, d'éviter de leur donner envie d'examiner certaines choses.

Je vais vous donner deux exemples concrets :

Exemple n°1 :

Lorsque je présente le tour couramment appelé "matchbox penetration" (pour ceux qui ne connaissent pas ou dont ce titre ne rappelle rien, il s'agit d'un boîte d'allumette que l'on traverse habituellement avec une aiguille avant de révéler que la boîte contenait un bloc de laiton impénétrable), même avec le meilleur bloc au monde, il y a un risque (de plus en plus élevé avec le temps d'ailleurs car c'est un tour qui vieillit assez mal). Il faut donc éviter que le spectateur veuille consacrer trop de temps à l'examiner. Le problème, c'est que c'est l'objet central du tour.

Exemple n°2 :

Le Wow (tout le monde connaît je pense ? Sinon, sachez que c'est un étui vous permettant une transformation progressive et à vue d'une carte en la carte choisie et signée par le spectateur). Cet étui est en principe examinable mais un accident peut arriver si un spectateur venait à le saisir d'une certaine manière. Il existe des étui normaux (nécessitant un échange) mais cette solution n'est pas pratique et inutile à mon sens.

J'ai donc quelques principes pour amoindrir l'attention porté à l'objet dont l'examen peut être un problème si il est trop poussé :

1) le négliger, ne pas le mettre en valeur gestuellement et verbalement, l'ignorer, le rendre banal

2) porter mon attention sur un autre objet sans rendre ce dernier nécessairement suspect

3) porter mon attention sur un autre objet et faire de ce dernier un objet suspect (alors qu'il ne l'est pas)

Solution à l'exemple n°1 :

J'applique 1) et 3) combinés. A la place d'une aiguille, je tient à préciser (car c'est important), que j'utilise une petite épée travaillée (jolie). Mon texte tourne autour du roi Arthur, vous l'aurez sans doute deviné. Je ne vais pas vous donner toute ma routine mais simplement vous dire que mon texte met en valeur l'épée (Excalibur) et que c'est le spectateur qui la retire (et devient roi de la soirée ou de sa table) puis je révèle le bloc en le faisant tomber et là :

Je marque un temps et je porte tout de suite mon attention sur l'épée : je la reprend assez rapidement et je n'ai d'yeux que pour elle (sans exagérer non plus) puis sur la boîte d'allumette. Dans ma tête, j'ai hâte de ranger l'épée et la boîte d'allumettes. J'ajoute parfois d'un air "jemenfoutiste" : "oui, vous pouvez regardez le bloc" mais toujours en tenant l'épée et la boîte précieusement. A partir de cet instant, soit le spectateur me rend directement le bloc, soit il le garde un instant mais dans tous les cas, il va me demander l'épée.  A ce moment je lui donne presque à contre cœur et je tend la main pour récupérer le bloc et lui remettre la boîte d'allumette à la place tout en lui disant "la boîte aussi ?". Au pire il garde le bloc juste pour le remettre dans la boîte et essayez de faire passer l'épée à côté mais dans cette démarche, tout risque est écarté.

Pour donner de l'importance ou amoindrir l'attention que peuvent porter les spectateurs sur un objet, vous pouvez donc jouer sur :

- le choix de l'objet : un bel objet, rare, complexe (forme, fonctionnement complexe ou autre) attirera plus ou du moins il sera plus facile de le mettre en valeur

- votre regard

- votre gestuelle : votre façon de tenir l'objet, ce que fait votre autre main (si elle le montre du doigt par exemple ou si au contraire elle cherche à le cacher)

- votre attitude générale, vos pensées (on est dans le domaine du ressenti mais c'est important)

Solution à l'exemple n°2 :

Le Wow. Combien de magiciens (y compris de très bons professionnels) ai-je vu qui mettent le gimmick trop en avant en le présentant comme un appareil miraculeux au nom parfois très exotique. Cela en fait la pièce centrale du tour et l'objet qui semble être à l'origine de tout (et qu'il faut donc examiner). Leur routine sont souvent très bonnes mais en condition réelle et en particulier dans le cas ou la routine est répété (table en table), l'envie d'examiner l'étui étant assez élevée, c'est risqué.

Dans ma routine, je présente d'abord un voyage de carte rapide sans le Wow (la carte choisie pour cette petite routine étant celle du Wow donc f*****) et sans faire signer la carte. Je fais alors choisir une seconde carte (libre et signée) et je la perd dans le jeu. Je coupe le jeu sur une carte mais c'est la première carte choisie. Et là, j'introduit le Wow ainsi : "ceci est un petit bout de plastique pour garder vos carte de visites, vous connaissez ?". Je ne les laisse par répondre et j'enchaîne tout en glissant la première carte choisie (en réalité...la seconde) dans l'étui : "pour moi, c'est juste un moyen de vous prouver que cette fois, je ne pourrais plus toucher directement la carte" (et je la montre par transparence). "Je ne vais d'ailleurs pas la couvrir, même pas un instant" et je demande à un autre spectateur de mettre sa main sur le jeu (je fais une coupe Charlier dans le geste de lui donner si je n'ai pas pu la faire avant).

Je réalise le change à vue et lentement*.

*C'est pour moi tout l'intérêt du Wow. Tous ceux qui retournent l'étui avec la face de la carte cachée et qui révèlent le changement ensuite ont tort selon moi car le moment ou les deux cartes semblent fusionner est extraordinaire pour les spectateurs.

Je sort la carte signée, je laisse tomber l'étui négligemment (ce n'est qu'un bout de plastique) et je porte mon attention sur la carte en passant mon pouce dessus comme si elle était fraîchement imprimée.

A partir de là, tout le monde veut voir la carte. Je ne range pas tout de suite le Wow (je m'en moque jusqu'au bout).

La question qu'on me pose alors presque à chaque fois : "et le 6 de cœur alors ?" et là je me tourne vers le spectateur qui a le jeu sous sa main et l'invite à regarder lui-même au milieu du jeu en disant "elle a pris sa place dans le jeu".

Je conclut en disant "Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme.... ou tout voyage !" et je range tout en même temps sauf les cartes signées que je laisse en souvenir.

A noter que je me ballade avec 4 Wow sur moi afin de ne pas avoir toujours les mêmes cartes choisies pour le premier spectateur.

 

Concernant l'examen d'un jeu de carte (ordinaire ou le plus truqué du monde), je ne dis jamais d'entrée "examiner le jeu" ou "voici un jeu de cartes normales..." (on en a déjà parlé maintes fois) mais je le donne à un spectateur en lui demandant de le mélanger, de le couper ou de me sortir telle ou telle carte. Ainsi, étant donné qu'il a été dans les mains d'un spectateurs, dans l'esprit collectif, il est ordinaire et non préparé (si le spectateur l'a mélangé).

Vous connaissiez sans doute déjà cette astuce mais un petit rappel ne mange pas de pain comme on dit.

Dernière petite chose : à propos des exceptions (car dans les première lignes de mon intervention, je parle d'exceptions et vous pouvez vous demander lesquelles).

J'impose parfois l'examen juste pour ne pas créer de temps mort durant mon passage. En cocktail (debout, sans table) par exemple, je présente souvent une routine de petit paquet où tous les dos changent de couleur. A la fin 4 spectateurs se retrouvent avec chacun une carte ou deux dans la main et je les invite à examiner les cartes. Souvent ils se les échangent. Cela me permet de sortir le matériel du tour suivant ou d'emp***** un objet dans ma poche (et si je n'est pas eu le temps, j'emp******* lorsque je remettrai les cartes du tour en poche).

Je parle d'un tour de petit paquet mais il en est de même avec plusieurs des routines que je présente. J'invite parfois à l'examen avec insistance afin de sortir ce dont j'ai besoin par la suite, de placer, mettre en marche ou d'em******* quelque chose.

Sur scène aussi, il m'arrive de donner quelque chose à un spectateur sur scène pendant qu'une autre monte sur scène.

Modifié par marc page
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L'illusionnisme est l'art de donner une réalité à des choses impossibles ou très peu probables.

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Je rejoins @Chakkan (David) sur le fait de créer une "attente" avec les spectateurs quand au caractère "truqué" ou non d'un objet ou d'un paquet de cartes.

On peut jouer sur le vague, le flou.

Par exemple, j'ai une routine de bonneteau à trois cartes normales, trouvée chez Ackermann avec quelques ajouts perso, pour laquelle je dis "je vais vous faire un tour avec quelques cartes " sans mentionner le nombre. C'est volontairement suspect. Ensuite je dis "Nous avons 2 rouges et une noire".

Puis j'arrive à montrer 3 rouges, puis 3 noires. Puis des changements de place impossibles. 

Et quand la routine est terminée, les spectateurs n'ont qu'une envie: m'arracher les cartes des mains :D 

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"Le magicien est intrinsèquement contradictoire:

Il doit faire croire que rien ne se passe quand tout se passe et que tout se passe quand rien ne se passe" NB

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