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Ma petite expérience me laisse à penser que le cold reading "déductif" est en réalité très peu utilisé ... si ce n'est par quelques magiciens.

Ceux qui s'intéressent de plus près au cold reading apprendront un jour ou l'autre ce que l'on appelle "un système" pour générer leurs lectures. Toutefois, l'apprentissage d'un système n’empêche en rien de le coupler avec une part d'intuition (oui oui !!), bien au contraire. A ce sujet, les récents travaux de EE, JF, NS, ... empruntent justement cette voie.

En ce qui concerne les véritables voyants, comme l'a très justement souligné Patrick, ils ignorent tout simplement le mot "cold reading". CQFD.

https://www.fabienarcole.fr

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Tu as raison Hipe, j’ai volontairement sauté une case en passant directement du cold reading déductif au cold reading intuitif. Entre les deux il y a effectivement ce que tu nommes le cold reading avec utilisation de "système" (ce qui va, d'ailleurs, être le propos du livre de Richard Webster qui sort en français dans quelques jours).

Il me semble qu’il est possible de classer, aujourd’hui, les différentes approches en quatre grandes catégories :

- stock reading et utilisation de formules toutes faites (effet Barnum)

- cold reading déductif quelle qu’en soit l’approche (psychosociologique, statistique, body langage, synergologie…)

- cold reading utilisant un système (tarologie, cartomancie, numérologie, alphabet, couleurs, utilisation de supports divinatoires…)

- cold reading intuitif (développement de l’intuition pure, techniques favorisant l’émergence d’images à la conscience, synchronicité, travail sur le langage métaphorique…)

Encore une fois, le sujet est vaste et complexe…

Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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A mon avis on doit adapter son cold reading à ses propres spectateur afin de rester dans le cadre " je suis un magicien ou mentaliste qui fait des tours" .

Certain spectateurs pourraient ou nous prendre pour des charlatans ou pour des personnes ayant de véritables dons.

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je ne suis que ma propre illusion.

En faite...ça m'en touche une sans faire bouger l'autre

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En ce qui concerne les véritables voyants
...

... ils n'existent pas. mdr

La perception de la réalité étant ce qu'elle est et différant d'un individu à l'autre, le minimum serait de préciser "...ils n'existent pas... dans ma perception du réel".

Par exemple: les djinns n'existent probablement pas dans TA réalité, mais sont totalement "réels" dans celle d'un musulman.

Je rappelle donc l'article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme:

Article 18

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.

Tu as donc parfaitement le droit d'exprimer tes convictions, fais-le en respectant celle des autres. Evite donc les affirmations péremptoires. Personne ne cherche à te convaincre de quoi que ce soit...

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Certain spectateurs pourraient ou nous prendre pour des charlatans ou pour des personnes ayant de véritables dons.

Ce risque là existe aussi quand tu présentes un simple book test...

(Des fois il arrive même qu'on me prenne pour un artiste... chose que je n'ai jamais prétendu être... si c'est pas une tromperie ça ! mdr)

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Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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A mon avis on doit adapter son cold reading à ses propres spectateur afin de rester dans le cadre " je suis un magicien ou mentaliste qui fait des tours" .

Certain spectateurs pourraient ou nous prendre pour des charlatans ou pour des personnes ayant de véritables dons.

On peut dire la même chose pour tous les guignols qui achètent un truc de magie le matin et se vendent comme pros le soir...

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A mon avis on doit adapter son cold reading à ses propres spectateur afin de rester dans le cadre " je suis un magicien ou mentaliste qui fait des tours" .

Certain spectateurs pourraient ou nous prendre pour des charlatans ou pour des personnes ayant de véritables dons.

On peut dire la même chose pour tous les guignols qui achètent un truc de magie le matin et se vendent comme pros le soir...

ça c'est sur !!!

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je ne suis que ma propre illusion.

En faite...ça m'en touche une sans faire bouger l'autre

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Pour en revenir au sujet initial du sujet qui est "Cold Reading Déductif versus Cold Reading Intuitif" et pour compléter le propos, il me semble intéressant d’aborder la question de l’efficacité et de la fiabilité de l’approche intuitive par rapport à l’approche déductive. La question est intéressante dans la mesure où l’approche déductive repose sur des bases logiques et cartésiennes alors que l’approche intuitive semble reposer sur une grande part d’aléatoire, de subjectivité et beaucoup d’empirisme.

Ma petite expérience en la matière me porte à penser que, paradoxalement, l’approche intuitive est la plus efficace.

Intuition et réflexion. Il me semble que cela dépend des problèmes que l’on est censé résoudre (leur niveau de difficulté, le temps qui nous est accordé pour y répondre, l’état et la disponibilité dans lesquels on se trouve physiquement et moralement, notre expérience, etc.). Sans parler de cold reading mais d’intuition au sens large, il est clair que ce mode de pensée est rapide et efficace dans de nombreux cas, surtout si l’on a l’habitude d’agir (penser) de cette façon et que l’on s’y exerce, le mode déductif est effectivement lourd et lent mais parfois essentiel pour répondre à certaines obligations de la vie qui nécessitent, comment dire ?, des calculs (pour faire court).

Elle permet en outre d’aller beaucoup plus loin. Là où l’approche déductive va vous permettre de dire à une personne « vous êtes marié » à partir de l’observation d’une alliance au doigt (ok, ok je caricature un peu) l’approche intuitive vous emmènera vers des descriptions troublantes sans avoir besoin d’observer quoi que ce soit ni d’être en contact direct avec la personne.

Heu… un exemple serait le bienvenu. Si je mets la photo d’un individu dans une enveloppe, chez moi, tu peux m’en donner une « description troublante » de chez toi, que tu publierais là, dans VM ? On peut tenter le coup si tu veux, quel que soit le résultat d’ailleurs ça ne prouvera rien, ni dans un sens ni dans l’autre, mais c’est une expérience non scientifique et intuitive mdr comme une autre non ?

Comme l’a très bien montré Christian les erreurs n’ont aucune importance dans ce style de mentalisme, elles ajoutent de la crédibilité et de l’impact

Grr ;) ! Je n’ai jamais écrit ça dans les messages ci-dessus ! Une fois de plus, je ne tiens pas à ce que mes propos soient déformés ou « recadrés » :whistle: . J’ai écrit ceci :

l’objectif étant « d’étudier l’activité cérébrale de Maud quand elle pratique son activité de voyance », la pertinence des visions n’a pas d’importance

Ce qui signifie que l’objectif du test concerné dans le documentaire n’était pas d’évaluer la pertinence des résultats de la « voyance » (voilà pourquoi les résultats n’ont pas d’importance dans ce cas-là) mais l’activité psychique (en réalité certains paramètres seulement de cette activité) lorsque Maud Kristen prétend être en état de voyance.

En outre, je suis plutôt partisan de défendre l’idée que la qualité d’une expérience de mentalisme dépend principalement du taux de réussites (qualitatif et/ou quantitatif) et non d’une succession d’échecs !

En milieu de journée, je ruminais (en pensée) dans le RER au sujet d’un texte de fiction à écrire (pour l’éditer dans ce sujet) et qui relaterait la description d’une expérience de divination d’une carte parmi 52 et de l’interprétation des résultats donnée par différents protagonistes, principalement un « croyant » convaincu, un réfractaire obtus et un sceptique ouvert (mais il y a d’autres catégories envisageables).

Arrivé dans le lieu où je me rendais, j’ai sorti mon dictaphone pour prendre note oralement de mes réflexions, devant trois personnes qui me regardèrent donc avec étonnement. Pour leur expliquer mon propos de façon claire, j’ai sorti mon jeu de cartes et j’en ai extrait une carte que j’ai posée face en bas sur la table en demandant ensuite à l’un des observateurs de penser à une carte de son choix puis de la nommer. Il s’exécuta : « Sept de pique ». J’avais pour secret espoir d’échouer dans ma prédiction car mon objectif était justement de montrer quels étaient les mécanismes du recadrage et de l’interprétation d’une situation. Je ne fus surpris qu’à moitié, ma carte de prédiction était la bonne !

Dans cette situation-là, le réfractaire de mon histoire imaginaire aurait conclu (la gorge nouée) « C’est le hasard, une chance sur cinquante-deux », et il n’aurait pas tort. Le croyant aurait dit avec un sentiment de satisfaction de celui-qui-sait : « Ça défit quand même pas mal d’idées reçues non ?, c’est troublant ; il y a des forces en nous qui ne s’expliquent pas, en voici une preuve ». Et il n’aurait pas vraiment tort. Le sceptique ouvert aurait ajouté : « Étonnant, fascinant, continuons l’expérience ». Et il aurait bien raison.

J’utilise beaucoup le « mode intuitif » et ce de façon délibérée au moins depuis les années 80 (lors de mes études aux Beaux-arts) avec les prémices de cette approche qui était, selon les termes de l’époque, une façon de libérer « le cerveau droit » (c’est caricatural cette description topique du cerveau mais ce qui importe dans le cas du dessin c’est l’efficacité de la méthode).

Même si le cloisonnement entre les côtés gauche et droit de notre cerveau est fluide, le mode de connaissance que Betty Edwards appelle le mode-D (mode du cerveau droit) est écrasé par le mode-G (mode du cerveau gauche) dans notre civilisation moderne et nous éloigne de ce que Lewis Carroll appelle la « présence des fées ».

Vous vous fichez certainement des fées mais si vous êtes doués en dessin, comme on dit, c'est qu'elles sont proches de vous. Si, au contraire, vous souffrez de ne pas savoir dessiner, de ne pouvoir tracer sur le papier les images qui apparaissent dans votre cerveau, si dessiner ou peindre vous répugne ou vous fait peur, c'est que le mode-G empêche le mode-D de respirer. Liberté pour le mode-D et bienvenue aux fées !

Source : http://librefan.eu.org/node/344

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Bref, l’expérience réussie de ce début d’après-midi fut poursuivie d’une autre façon tout aussi « troublante » mais que je ne détaille pas. Cependant, je ne suis pas dupe de la méthode : je n’ai pas choisie la carte par hasard, j’ai utilisé mon mode intuitif qui en réalité a traité très rapidement et très efficacement des données assez complexes et diverses relatives notamment à ce que je savais de la personne à qui je m’adressais, au contexte, à mon aptitude personnelle à l’empathie (être sensible à l’autre, en phase) avec ses limites mais aussi son potentiel.

Pourquoi appeler « cold reading intuitif » ce que depuis longtemps l’on nomme tout simplement de l’intuition ? L’intuitif n’est-il pas du déductif de très haut niveau ?

Christian

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    • Je reviens au sujet du livre, car c'est ce que j'ai choisi comme lecture récréative pour les vacances. La citation de Pierre Etaix sur la 4e de couverture a failli me faire passer pour un intellectuel auprès de mes beaux-parents (chez qui je passe une partie desdites vacances) parce qu'ils sont très... "Télérama". Mais j'ai senti à la tête de belle-Maman quand elle a vu la couverture (pourtant dudit Pierre Etaix) et à l'attitude de beau-Papa quand il a feuilleté le livre que leur furtif espoir de s'être trompés sur le compte du zigoto choisi par leur fille pour leur faire des petits-enfants avait encore été déçu.  J'en suis à la page 183, ça se lit agréablement. C'est étonnamment bien écrit pour quelqu'un qui a appris le français en écoutant Coluche. Je me suis marré plusieurs fois à voix haute et j'ai été étonné d'y trouver quelques remarques qui m'ont fait réfléchir sur la construction d'un numéro (dans le chapitre consacré au Champion de l'élégance). Par contre, je ne regarderai plus jamais les saucisses de Strasbourg de la même manière.  Une remarque négative, cependant, à @Otto WESSELY : pourquoi ne pas avoir mis la photo de la page 174 EN COULEURS, vu que tu dis qu'elle est belle en couleurs ?! Quelle frustration ! (Les autres, je vous entends penser "Frustration totale !", je lis dans vos pensées, je suis le plus grand des mentalistes). Je la trouve super, j'aimerais l'avoir en haute résolution pour l'imprimer en poster. Merci d'avance. Bisous. Un admirateur  (Je n'ai pas le courage de me taper les 36 pages du sujet pour voir si la question de ladite photo a déjà été soulevée)
    • Et si l'on parle de "bouffée de l'humanité" : quelques portraits de la Fism à Rimini, là où l'humanité était encore plus palpable.... Qui me cite les noms ?   
    • Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage :  on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
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