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...

Pas besoin d'aller aux USA.

En France, il y a moins d'un an, j'échangeais avec un ami (croyant mais de confession non catholique), qui bosse dans la banque, qui est diplômé... quand, je ne sais plus pourquoi on parle évolution. Et lui : "Y'a pas eu d'évolution, Dieu a créé Adam et Eve..."

- Tu veux donc dire que l'Homme n'a pas évolué du primate, aux homo-sapiens/erectus (pardonnez mon vocabulaire non scientifique), etc ? Pour toi Dieu a créé l'homme à son image. Mais quelle image, celle del'homme d'aujourdh'ui ou de celui d'il y a des milliers d'années qui tenais plus du primate ?

- Non on a toujours été ainsi, l'homme n'a jamais changé.

- Mais tu vois quand même bien que les peintures (ne serait-ce que médiévales !), les ossements retrouvés, les sculptures montrent que l'homme a changé, a grandi...

- Non ça c'est un grand complot, tout a été inventé, fabriqué, tout est faux pour jeter le discrédit sur la religion.

Je vous l'ai faite courte, mais comme dirait Barney Stinson : "True Story !..."

David

mnemonaute_tn.jpg

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on comprend très vite que les "pro-dieu" n'ont vraiment aucuns arguments concrets et sérieux !

Parce que tu crois que les "anti-dieu" ont des arguments plus concrets et plus sérieux ? Sans blague...

Si on a un esprit critique, on peut ne pas accepter les arguments, mais accepter que l'autre puisse penser différemment.

Autant je suis contre les âneries comme cette fameuse vidéo, et les thèses évoquées, autant je ne suis pas certains que de sortir des affirmations comme celle-ci soient fondés, si ce n'est par preuve d'un côté obtus de la force.

« La préservation de la vérité objective et de la capacité de chaque individu à former des jugements objectivement vrais est la condition première et absolument nécessaire d’une vie libre » (James Conant, in Orwell ou le pouvoir de la vérité, p. VIII).

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Parce que tu crois que les "anti-dieu" ont des arguments plus concrets et plus sérieux ?

En l'occurrence, c'est à celui qui prétend l'existence de quelque chose de le démontrer, et non à d'autres de prouver que cela n'existe pas.

Sinon, on pourrait affirmer l'existence de n'importe quoi, ou n'importe quel phénomène, sans crainte d'être contredit (Par exemple, j'ai vu une vache voler ce matin ;) )

En effet il est quasi impossible de prouver qu'une chose n'existe pas, nulle part. Par contre si elle existe, il devrait être possible de le prouver.

Publié le

je me rappelle d'une anecdote qu'avez raconté Herbert Reeves au sujet de l’existence d'un dieu et qui concernait Newton

Newton avait construit dans son labo, une grande maquette du système solaire en mouvement. Puis il a appelé son assistant pour lui montrer la maquette.

L'assistant entra dans le labo et demanda :"Qui a fait ça ?"

Newton lui répondit : "Personne !"

L'assistant : "Personne ? mais c'est impossible !"

Newton avec un clin d'oeil : "Oui c'est impossible...."

Publié le (modifié)

Oui... mais encore faut-il que l'interlocuteur soit à même d'entendre la démonstration adverse, ce qui n'est pas le cas. Les "anti" partent d'une théorie, qui est respectable, mais ne correspond pas à la démonstration qu'en font les "pro", capables de te démontrer l'existence divine (ou du moins une force spécifique avec ses caractéristiques). J'avais commencé à en parler avec un ex -VMiste, mais étant donné comment ça a tourné, je ne souhaite pas être encore dans une bataille de mots ici.

Toujours est-il que l'on se base toujours sur des théories. Et les théories sont basées sur des correspondances avec un état de choses réel, enveloppant un jugement. Or la réalité est perçue différemment suivant les croyants et les non-croyants. En bref, on ne parle pas le même langage, et les parties ne sont pas forcément ouvertes au langage de l'autre.

Ayant participé à des cours sur l'Acte de Croire, qui débute par un démontage complet de toute croyance, pour partir de zéro, je peux te dire que la démonstration se tient, et même très bien, tant au niveau humain que religieux.

Mais comme dit Bertrand Russel, la vérité des choses est indépendante de nos moyens de les atteindre. Affirmer donc que l'un ou l'autre est tenant de vérité, c'est s'affirmer comme détenteur de tout moyen d'accession à la vérité, et oublier le tiers exclu :

Exemple : « .... À présent, nous ignorons s'il y a de la vie ailleurs dans l'univers, mais nous avons raison d'être assurés qu'il y en a ou qu'il n'y en a pas. Nous avons donc besoin de la « vérité » aussi bien que de la « connaissance » parce que les frontières de la connaissance sont incertaines et parce que, sans la loi du tiers exclu, nous ne pourrions pas nous poser les questions qui donnent naissance aux découvertes. » (B. Russel)

Désolé, mais pour ma part, je n'irai pas affirmer que quelque chose n'existe pas, sous prétexte que la science n'a pas démontré son existence. Si tout le monde avait réagi ainsi, comme le précise Russel dans la citation ci-dessus, on en serait encore à l'âge de pierre. Pour exemple, la théorie de l'évolution évolue sans cesse avec des découvertes complémentaires qui précisent ou au contraire invalident certaines théories ; la science de l'Espace évolue au fil du temps, bien loin de ce que l'on pensait avant. Il n'est donc pas raisonnable (au sens de la raison) de penser une seule vérité comme véridique.

Mais comme je l'ai dit plus haut : j'avais commencé à en parler avec un ex-VMiste, mais étant donné comment ça a tourné, je ne souhaite pas être encore dans une bataille de mots ici.

Modifié par tanhouarn

« La préservation de la vérité objective et de la capacité de chaque individu à former des jugements objectivement vrais est la condition première et absolument nécessaire d’une vie libre » (James Conant, in Orwell ou le pouvoir de la vérité, p. VIII).

Publié le

ma citation avait pour but de montrer que même les plus grands scientifiques se posent la question

personnellement je ne crois pas du tout au petit jesus qui marche sur l'eau mais je me demande s'il n'existe pas quelque chose...ailleurs....différent.... je me pose juste la question et je ne crois pas du tout aux religions "proposées" !

Publié le

Personnellement j'aime bien parler de ces choses. Je pense que tout dialogue va dans le bon sens, plutôt que de ne pas dialoguer; même si en effet il est peu probable de réussir à convaincre quelqu'un de changer d'avis, ça peut le faire réfléchir et évoluer.

Oui... mais encore faut-il que l'interlocuteur soit à même d'entendre la démonstration adverse, ce qui n'est pas le cas. Les "anti" partent d'une théorie, qui est respectable, mais ne correspond pas à la démonstration qu'en font les "pro",

Les croyants qui prennent la bible au pied de la lettre, comme ces fondamentalistes états-uniens, n'ont à ma connaissance aucune démonstration permettant de démonter le fait que l'homme contemporain est le résultat d'une évolution. Ils restent sur le postulat qu'un dieu aurait créé Adam et Eve (mais qui l'a créé, lui?) il y a environ 6000 ans. Ce qui en soit est absurde étant données les connaissances actuelles, la terre ayant 4.5 milliards d'années, l'homo erectus étant apparu sur terre il y a près de 2 millions d'années et l'homo sapiens il y a 200.000 ans.

capables de te démontrer l'existence divine (ou du moins une force spécifique avec ses caractéristiques).

Ils n'ont pas démontré cette existence, si c'était le cas ce serait une révolution ;)

Dieu est une idée (créée par l'homme), de ce point de vue oui l'idée existe mais quoi d'autre...

J'avais commencé à en parler avec un ex -VMiste, mais étant donné comment ça a tourné, je ne souhaite pas être encore dans une bataille de mots ici.

Toujours est-il que l'on se base toujours sur des théories. Et les théories sont basées sur des correspondances avec un état de choses réel, enveloppant un jugement. Or la réalité est perçue différemment suivant les croyants et les non-croyants. En bref, on ne parle pas le même langage, et les parties ne sont pas forcément ouvertes au langage de l'autre.

C'est vrai...

Je me rappelle avoir vu, en Inde, des dessins muraux représentant le système solaire, prétendant que le soleil tourne autour de la terre et que celle-ci est le centre de l'univers... Ce genre de théories, au delà du comique de la situation, ne tient plus la route depuis un moment déjà, même l'église catholique a fini par le reconnaître.

Ayant participé à des cours sur l'Acte de Croire, qui débute par un démontage complet de toute croyance, pour partir de zéro, je peux te dire que la démonstration se tient, et même très bien, tant au niveau humain que religieux.

Mais comme dit Bertrand Russel, la vérité des choses est indépendante de nos moyens de les atteindre. Affirmer donc que l'un ou l'autre est tenant de vérité, c'est s'affirmer comme détenteur de tout moyen d'accession à la vérité, et oublier le tiers exclu :

Exemple : « .... À présent, nous ignorons s'il y a de la vie ailleurs dans l'univers, mais nous avons raison d'être assurés qu'il y en a ou qu'il n'y en a pas. Nous avons donc besoin de la « vérité » aussi bien que de la « connaissance » parce que les frontières de la connaissance sont incertaines et parce que, sans la loi du tiers exclu, nous ne pourrions pas nous poser les questions qui donnent naissance aux découvertes. » (B. Russel)

La vie existe sur terre, c'est donc possible. Pour le reste de l'univers, voir l'équation de Drake. Nous n'en avons pas encore tous les paramètres ;)

Désolé, mais pour ma part, je n'irai pas affirmer que quelque chose n'existe pas, sous prétexte que la science n'a pas démontré son existence.

Oui, on ne peut pas affirmer que quelque chose n'existe pas (on peut juste en être éventuellement persuadé, en fonction de son expérience personnelle). Et on ne peut non plus affirmer que ça existe tant que ça n'a pas été démontré.

Si tout le monde avait réagi ainsi, comme le précise Russel dans la citation ci-dessus, on en serait encore à l'âge de pierre. Pour exemple, la théorie de l'évolution évolue sans cesse avec des découvertes complémentaires qui précisent ou au contraire invalident certaines théories ; la science de l'Espace évolue au fil du temps, bien loin de ce que l'on pensait avant. Il n'est donc pas raisonnable (au sens de la raison) de penser une seule vérité comme véridique.

Historiquement c'est bien l'église qui s'est opposée à l'avancée de la science (cf Copernic, Galilée etc). Si les idées des fondamentalistes avaient pris le dessus, nous serions encore en plein obscurantisme.

(et il ne faut pas non plus, bien entendu, tomber dans le scientisme, qui serait l'excès inverse)

Publié le (modifié)

Je suis dans l'ensemble d'accord avec ce que tu dis, et effectivement, les créationnistes décrédibilisent beaucoup de choses.

Pour ce qui est de Dieu, c'est plus qu'une idée de l'homme, pour le croyant, car il part de son expérience personnelle, tout comme on éprouve par des tests avant d'avancer des affirmations scientifiques.

Sans cette expérience personnelle, je ne suis pas sûr que la compréhension soit aisée.

Pour ce qui est de "l'Eglise Catholique qui a finit par le reconnaître", concernant l'héliocentrisme, et la science dans son ensemble, je t'invite à lire le livre "Historiquement Incorrect" de Jean Sevillia, qui remet les pendules à l'heure sur Galilée, l'Eglise et la science. Il y a bien trop de contrevérités historiques qui circulent, et c'est pourquoi, puisque je te sens ouvert à la discussion, je t'invite à lire ce livre.

De plus, voici en pièce jointe la liste de nombre de savants et scientifiques chrétiens, montrant que l'Eglise est bien loin de l'idéologie tentant à la faire passer pour obscurantiste (source : http://scientifiques-chretiens.sup.fr)

4670.pdf

Modifié par tanhouarn

« La préservation de la vérité objective et de la capacité de chaque individu à former des jugements objectivement vrais est la condition première et absolument nécessaire d’une vie libre » (James Conant, in Orwell ou le pouvoir de la vérité, p. VIII).

Publié le
Je suis dans l'ensemble d'accord avec ce que tu dis, et effectivement, les créationnistes décrédibilisent beaucoup de choses.

Heureusement ils ne sont pas aussi actifs en France que dans d'autres pays. Aux USA par exemple n'importe quelle secte a pignon sur rue et le droit de distribuer sa propagande sur les trottoirs. En France parfois aussi, mais un peu moins facilement (encore que je me rappelle d'un certain président recevant un certain Tom Cruise représentant de la Scientologie...)

Tu me diras, les Eglises sont des sectes qui ont réussi, mais c'est un autre débat.

Pour ce qui est de Dieu, c'est plus qu'une idée de l'homme, pour le croyant, car il part de son expérience personnelle, tout comme on éprouve par des tests avant d'avancer des affirmations scientifiques.

Oui je voulais dire une idée au sens qu'en donne le dictionnaire, c'est à dire "Ce que l'esprit conçoit ou peut concevoir. Tout ce qui est représenté dans l'esprit, par opposition aux phénomènes concernant l'affectivité ou l'action."

Mais c'est aussi une croyance, entre autres.

Ce que je veux dire, c'est que c'est dans la tête, et non un phénomène réel (en l'état actuel des connaissances). Les croyances religieuses comme la création du monde par un dieu, la vie après la mort, les miracles etc, ne sont que des croyances et n'ont pas été démontrées ni testées à ce jour.

Sans cette expérience personnelle, je ne suis pas sûr que la compréhension soit aisée.

Pour ce qui est de "l'Eglise Catholique qui a finit par le reconnaître", concernant l'héliocentrisme, et la science dans son ensemble, je t'invite à lire le livre "Historiquement Incorrect" de Jean Sevillia, qui remet les pendules à l'heure sur Galilée, l'Eglise et la science. Il y a bien trop de contrevérités historiques qui circulent, et c'est pourquoi, puisque je te sens ouvert à la discussion, je t'invite à lire ce livre.

Merci.

Ca me fait penser aussi aux bouquins de Bernard Werber, assez amusants sur la question. Les Thanatonautes (sur la vie après la mort), le Père de nos pères (sur l'évolution, excellent) et le cycle des Dieux. Mais ce sont des romans, évidemment.

De plus, voici en pièce jointe la liste de nombre de savants et scientifiques chrétiens, montrant que l'Eglise est bien loin de l'idéologie tentant à la faire passer pour obscurantiste (source : http://scientifiques-chretiens.sup.fr)

Pas de souci avec ça. Je comprends que certains scientifiques soient croyants, indépendamment de leurs recherches.

Personnellement je suis un grand partisan de la paix et des libres convictions. Si certains tiennent à tout prix à démontrer qu'ils descendent du singe, libre à eux. Certaines émissons télévisées et le hasard des rencontres me laisse penser qu'il y a là, certainement, un fond de vérité.

Ouarf. Oui et dans ce cas, le singe descend... de l'arbre...

Sérieusement, l'homme ne descend PAS du singe. C'est un cousin du singe actuel. Nous avons des ancêtres communs.

L'homme a plus de 98% de gènes en commun avec le chimpanzé bonobos. Celui-ci est relativement intelligent, il peut même manipuler des concepts.

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    • Je reviens au sujet du livre, car c'est ce que j'ai choisi comme lecture récréative pour les vacances. La citation de Pierre Etaix sur la 4e de couverture a failli me faire passer pour un intellectuel auprès de mes beaux-parents (chez qui je passe une partie desdites vacances) parce qu'ils sont très... "Télérama". Mais j'ai senti à la tête de belle-Maman quand elle a vu la couverture (pourtant dudit Pierre Etaix) et à l'attitude de beau-Papa quand il a feuilleté le livre que leur furtif espoir de s'être trompés sur le compte du zigoto choisi par leur fille pour leur faire des petits-enfants avait encore été déçu.  J'en suis à la page 183, ça se lit agréablement. C'est étonnamment bien écrit pour quelqu'un qui a appris le français en écoutant Coluche. Je me suis marré plusieurs fois à voix haute et j'ai été étonné d'y trouver quelques remarques qui m'ont fait réfléchir sur la construction d'un numéro (dans le chapitre consacré au Champion de l'élégance). Par contre, je ne regarderai plus jamais les saucisses de Strasbourg de la même manière.  Une remarque négative, cependant, à @Otto WESSELY : pourquoi ne pas avoir mis la photo de la page 174 EN COULEURS, vu que tu dis qu'elle est belle en couleurs ?! Quelle frustration ! (Les autres, je vous entends penser "Frustration totale !", je lis dans vos pensées, je suis le plus grand des mentalistes). Je la trouve super, j'aimerais l'avoir en haute résolution pour l'imprimer en poster. Merci d'avance. Bisous. Un admirateur  (Je n'ai pas le courage de me taper les 36 pages du sujet pour voir si la question de ladite photo a déjà été soulevée)
    • Et si l'on parle de "bouffée de l'humanité" : quelques portraits de la Fism à Rimini, là où l'humanité était encore plus palpable.... Qui me cite les noms ?   
    • Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage :  on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
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