Monsieur Gaêtan Bloom.
Les questions que je me pose, même si elles peuvent paraitre orientées voire agressives, sont sincères et je vous remercie de prendre du temps pour me répondre.
La question était d’ordre général et portait plus, en effet, sur les émissions dont le divertissement n’est pas la motivation principale. Il existe sur des chaines de TV des émissions qui sous couvert d’enseignement ou de découverte, ne font ni plus ni moins que ce que fait le magicien masqué. Ces émissions ne portent pas sur les grandes illusions, certes, mais expliquer le principe d’une corde coupée, ne me semble pas moins préjudiciable que d’expliquer le principe d’une femme coupée.
Pourtant ils disposent d’exemples européens et même français d’émissions qui semblent fonctionner, même si en termes de rentabilité grâce à l’impact sur la bonne ménagère, les explications de Christophe Henriet m’ont fait comprendre qu’on était loin du compte.
Doit-on pour autant accepter le deal ? L’existence à la TV de la magie est elle obligatoire pour son existence tout court ?
Je comprends que ce n’est pas simple, mais puisqu’on nous proposait de poser des questions, je pose.
La réponse est riche, merci.
Entre les notes de conférences d’un magicien productif qui cherche à partager un savoir, une expérience, une vision de sa pratique,
entre la démo Tupperware de certains,
entre la vente intelligente de produits dérivés publicitaires destinés à faire connaitre un spectacle ou un artiste,
entre la vente à tout prix sur tout support et à n’importe quelles conditions,
Il doit être possible de nuancer car il semble que dans certains cas, la magie ne soit plus la motivation principale et j’ai cette impression que le commerçant prend de plus en plus le pas sur le magicien.
Voir de la magie disponible sur la chaine Free, voir de la magie disponible chez le marchand de journaux, voir de la magie disponible en téléchargement à moins de 3 euros fait que je me pose ces questions.
En fait, le travail récent de Sylvain Mirouf me semble être assez proche des Tom Tit et ne m’interpelle pas plus que cela. Bien au contraire.
Par contre les DVD de Dominique Duvivier vendus chez les marchands de journaux ou sont expliquées des techniques classiques qui font partie d’un patrimoine ou des routines créées par d’autres magiciens me semblent bien loin de la physique amusante qui permet d’éveiller un intérêt.
La démarche du futur magicien, soit, mais quid de la démarche du magicien commerçant ?
Ont peut arguer de nouveaux moyens de communication, d’accès à la magie, des magiciens de demain dont on se priverait…, j’ai dans mon entourage une jeune fille de 11 ans qui s’intéresse à la magie. Elle a juste demandé s’il existait des endroits ou il était possible d’apprendre ou des magasins qui vendaient des livres.
En gros, elle a la démarche que toute personne ayant commencé l’apprentissage de la magie avant la fin des années 90 a du avoir. Et il semble que les générations passées de magiciens n’étaient pas trop mal, que malgré une quantité moindre de pratiquants, la qualité était au rendez vous.
Quel est donc l’intérêt d’un nombre croissant de pratiquants ?
Pour le commerçant, je le vois. Pas pour la magie.
Je ne peux être que d’accord sur le coté émotionnel d’une prestation qui va bien au delà de la technique, mais j’ai des doutes sur la relativité du secret en magie.
Le jongleur c’est celui qui possède une technique lui permettant de réaliser l’impossible. On peut même apprécier cette technique, ce sentiment pourra même renforcer la notion d’impossibilité. La technique n’est pas synonyme de secret, mais de travail.
Or, Le magicien c’est celui qui possède un secret lui permettant de réaliser l’impossible. Cette notion de secret est aussi importante à mes yeux que le coté technique. Si la technique apparait, la notion de secret disparait, la notion même d'impossibilité et avec elle une partie de ce qui fait la spécificité de la magie disparait.
Encore merci.