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Christian GIRARD

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Tout ce qui a été publié par Christian GIRARD

  1. -Salon du livre et papiers anciens, Espace Champerret Paris 17e du 19 au 29 février 2004 « Thème mis à l’honneur pour cette 54e édition : LA MAGIE » avec une expo organisée par le Musée de la Magie. -Samedi 28 février, congrès du CFI (l’association courageuse qui a failli couler pour cause de procès, vous savez ?). La présentation du gala semble assurée par Nino Montaldo et Diego Stirman, les fabuleux clowns que vous connaissez si vous allez au Radeau… A noter : la revue du CFI, L’Illusionniste, vient de paraître. Il s’agit d’un spécial Duraty. Le précédent numéro était un spécial Bebel avec en plus un petit livret offert aux membres en hommage à Pierre Jacques, une nouvelle écrite par Yvan Laplaud. CG
  2. Parution du numéro 3. Dans les titres de couverture, « Le scandale de M6 : la chaîne a trompé ses téléspectateurs en faisant passer l’illusionniste Gary Kurtz pour un magicien aux pouvoirs surnaturels. Une « escroquerie » selon Gérard Majax que nous dénonçons à travers un dossier accablant » Ce numéro contient un article de 5 pages consacré à Kurtz, dont une interview de Majax, une longue citation de l’intervention de Fabrice (Fabrice Delauré, que je salue au passage), ainsi que le témoignage d’Audrey Schneuwly (la jeune femme sur qui a porté la prédiction de Gary Kurtz dans la scène du bar) qui dit, à propos de « la chaîne et de la production qui ont manipulé les images » : « Il faudrait arrêter d’abrutir les gens avec du vent et plutôt leur présenter des personnes qui ont un réel savoir ou de vraies compétences. Ça, se serait intelligent ! » Vous aurez droit à l’explication détaillé du travail en pré-show utilisé pour l’occasion… Ce numéro contient également une intervention de Broch qui commercialise « Astronomic Zodiac », un objet [censuré]çu pour calculer mécaniquement (et facilement) votre véritable signe du zodiaque, c'est-à-dire celui tenant compte de la précession des équinoxes. Certains d’entre vous apprendront qu’ils sont nés sous le treizième signe… Pour terminer, je signale un article de 3 pages intitulé « Devenez sorcier ! » qui constitue ce que certains vont appeler du débinage en règle, puisqu’il s’agit de tours de cartes et pièces expliqués photos à l’appui, et dont je n’ai pu trouver l’auteur mais qui bosse quand même avec des Jerry’s Nuggets ! Y sont décrit des principes comme la carte à l’œil, le temps d’avance, etc. Ne sont pas oubliés des détails de présentation afin de crédibiliser les expériences (comme le fait de commettre de petites erreurs en mentalisme), ni même une série de thèmes afin d’habiller vos tours, sous le titre « La légende ». Un véritable petit cours de magie ! Notez qu’il sera difficile de les attaquer sur ce point-là puisque, hélas, Gary Kurtz a fait très exactement la même chose à une plus vaste échelle dans son passage sur M6 en révélant le principe des cartes asymétriques et les différences de bordure des cartes, et que cela n’a pas semblé émouvoir la confrérie magique… Christian Girard
  3. Village JouéClub, le plus grand magasin de jouets de Paris « 2000 mètres carrés de jouet en plein cœur de la capitale » ! 3/5 Boulevard des Italiens 75002 Du Lundi au Samedi de 10 h à 20 h Métro Richelieu Drouot Puisque de ce sujet il a été disputé sur le forum, sachez que vous trouverez, pas loin des casse-tête, les cartes Dany Lari au rayon boîtes de magie. Souvenir : un démonstrateur ayant du mal à faire comprendre à une maman qu’il est difficile de trouver un tour faisable par un enfant de 3 ans. Prévoyez quelques heures pour déambuler dans cet espace sur deux niveaux dans lequel vous devriez trouver quelques babioles sympa (exemple : le fabuleux – mais cher - jeu de construction Géomag . Fort de son succès, il se retrouve maintenant en confrontation avec des concurrents qui surfent sur la vague). Par contre, impossible de dénicher les DVD proposés par Otto… CG
  4. Reprise du spectacle jusqu'au Dimanche 04 Janvier 2004. Consultez les détails dans la rubrique AGENDA. CG
  5. Science Extrême n°2 est paru. Sommaire rapide Page 12. A propos de Gary Kurtz : « (…) Il joue la carte de l’ambiguïté mais ses confrères magiciens acclament ce qu’ils savent être des illusions savamment préparées. Surfer sur la vague du mensonge en se prêtant des pouvoirs paranormaux n’a pourtant pas réussi à un autre vrai-faux sujet ‘‘psi ’’ : un tordeur de petites cuillères du nom de Uri Geller (…) ». A méditer ? Une quinzaine de page sur l’assassinat de J.F. Kennedy. Une quinzaine de pages sur les maisons hantées et les fantômes. Un très intéressant article de Laurent Puech à propos d’une analyse sceptique de Marco Bélanger. Sont énumérées les différentes explications possibles relatives aux liens troublants qui existent entre le naufrage du Titanic et le livre de l’auteur américain Morgan Robertson décrivant plus d’une dizaine d’années plus tôt le naufrage du TITAN des suites d’une collision avec un iceberg ! La rubrique à Broch : « La béquille psychologique qu’est la croyance semble apporter à l’individu plus de « bénéfices » que de « coûts ». Qui pourrait alors s’arroger le droit de retirer cette béquille s’il ne peut offrir la marche à l’individu en question ? » CG
  6. Publi-information et autres fariboles Souvenirs du cirque Eloize Une trapéziste s’adresse au public, sans arrêter de se balancer. Le micro-cravate amplifie sa respiration, ce qui nous permet– c’est assez rare – d’être confronté en direct à l’effort de l’acrobate, de suivre le rythme de ses halètements, de stopper notre propre respiration lorsqu’elle l’interrompt elle-même lors de simulacres de chutes… A voir ! (Dommage, c’est fini !) Souvenir de Bébel au Caveau de la Bolée Dans un cadre intime, s’asseoir au sous-sol du caveau en un quasi tête-à-tête avec l’un des plus brillants cartomanes d’aujourd’hui. Publicité : le prix est de 15 euros, la boisson est comprise. Offre d’emploi : si vous avez un spectacle à présenter et que le lundi soir vous agrée, adressez-vous à la patronne et proposez-lui votre numéro en première partie de soirée, la tranche horaire est ouverte. Souvenirs du spectacle de Philippe Genty Que dire puisque l’on sait parfaitement à quoi s’attendre d’un tel artiste. Des moments inoubliables, des tableaux oniriques percutants… Pas de longs commentaires pour Genty dont les spectacles devraient être une priorité pour les magiciens. Ne ratez pas le prochain ! A noter : j’ai plusieurs fois lu dans ce forum des questions relatives aux musiques de spectacles. Pour celui-ci, le compositeur est René Aubry qui produit des musiques complètement oxygénantes dans la purée de pois ambiante. Ecoutez par exemple ce qu’il a composé antérieurement, comme « Invité sur la Terre »; un résumé de la liste des instruments utilisés devrait vous donner un aperçu de l’atmosphère potentielle : accordéon, trompettes, guitare, mandoline, harmonica, clavier, clarinette basse, percussions, violon, trombone, tuba, banjoline, … Souvenirs de « Vision Nocturne » C’est « Plume » qui avait porté dans le forum l’info sur le spectacle de Genty. Je l’y ai rencontré par hasard, pouvant ainsi mettre un visage là où il n’y avait qu’un pseudo. Plume m’a gentiment invité à son propre spectacle. Constat : A NE MANQUER SOUS AUCUN PRETEXTE. Si vous voulez voir un bon numéro de lumière noire vraiment pas poussiéreux, courrez au théâtre Clavel (réservations : 01 42 38 22 58). Pour un prix ridicule à pleurer (6 euros), vous aurez droit à 45 minutes de visions étranges : créatures luminescentes déjantées en forme de chenilles, marionnettes « fluo », objets géométriques mouvants, cartons vivants … (Message perso : CAMILLE, va là-bas jeter un coup d’œil, ça devrait te plaire.) Théâtre Clavel 3, rue Clavel 75019 Paris Métro Pyrénées Tous les samedis à 16h30 Tous les dimanches à 16H00 Tous les mercredis à 10h00 Souvenirs de « Ciel ! Mon Feydeau » Et oui, encore de la pub sur le forum, et pour un spectacle qui n’a pour le coup rien en commun avec la magie. Il s’agit d’une adaptation du Dindon de Feydeau (pièce par ailleurs programmée deux fois cette semaine sur les chaînes publiques ! mais dans des versions plus, comment dire ?... plus « classiques »). L’adaptatrice Anthéa Sogno assure aussi la mise en scène et joue l’un des rôles principaux. Pour le coup, moi qui suis plutôt porté sur le théâtre de Pina Bausch ou de Jérôme Deschamps, j’ai été conquis par une pièce de boulevard qui me semblait a priori à l’antithèse de mes intérêts. Faut dire qu’ Anthéa est ma voisine, ce qui fait que j’ai droit à toutes les répétitions à travers le mur de la maison : je suis devenu le spécialiste de la querelle de couple et du malentendu, de l’amant dans le placard, des hurlements hystériques des femmes trompées et des maris cocus. Après les désillusions de Matrix II, cette pièce de Georges Feydeau m’a fait rire comme du Tex Avery. Comme j’ai été invité, j’en fais la pub. Notez qu’à la fin du spectacle est distribué un carton permettant d’obtenir une place gratuite pour toute place achetée. Et oui, c’est comme ça qu’on rempli les théâtres ! Réservations au 01 48 07 52 07 Salle : Comédie Bastille 5, rue Nicolas Appert 75011 Paris Métro : Richard Lenoir / Chemin Vert J’ai également été invité au spectacle d’Edernac, mais cela tombait malheureusement pile sur une date déjà prise de mon agenda. Je suis preneur pour toute proposition pour une nouvelle place gratuite. A noter : Edernac était l’invité des Amis de la Magie, le mois dernier. Pub : pour s’inscrire au club de Pierre Jacques, voir dans la rubrique clubs/cours de Virtualmagie. Souvenirs de la conférence d’Eddie O’Shaughnessy, chez Guy Lore (Paris Magic). Une place gratuite à toute personne pouvant prononcer correctement le nom du conférencier. CR : Un nouveau grand classique de l’impromptu : la pièce (empruntée si besoin) qui passe deux fois de suite à travers la base d’un verre (non truqué). + Les pièces à travers la table debout (sans l’utilisation du giron, quoi). Pub : DVD en vente chez Rhodmagic. Publi-information : la Monnaie de Paris édite tout un attirail de médailles et autres babioles du même acabit qui pourraient intéresser les magiciens. Exemple, l’anneau (reproduction exacte, mais les pouvoirs maléfiques en moins) du Seigneur de Anneaux. Plus récemment, des médailles sur les contes : La belle au bois dormant, Alice au pays des merveilles, etc. Quelques pièces étonnantes comme celle de 1,5 euro ! Voir ici : http://www.monnaiedeparis.fr/ Finalement, c’est assez sympa la publi-information, non C.G.
  7. Hello Seb Très drôle effectivement ! L’un des photomontages - Blaine torse nu sur la lune - est exactement le plan rapproché idéal permettant de voir une « illusion » créée par la NASA. Lorsque les américains décidèrent d’envoyer Armstrong (sans bicyclette ni trompette ) faire « un bond de géant pour l’humanité », il fallu répondre à un problème tout simple lié à l’absence d’atmosphère : impossible de voir le drapeau national agité par une brise légère ! La solution fut une tige horizontale qui donne cette illusion d’un drapeau flottant aux vents. Un gimmick, quoi !… CG [ 24. Octobre 2003, 12:25: Message édité par : Christian Girard ]
  8. Hello Frantz. Je te cite : « Certains ont cette faculté d'imagination que d'autres n'auront jamais... » Je n’aurais pas dit mieux ! Je suis continuellement confronté par mes activités professionnelles à la différence profonde qu’il existe d’un individu à l’autre quant à la capacité d’exploiter les informations que je communique. Le potentiel créatif d’un individu se jauge pratiquement dès les premières minutes de cours : l’un, studieux mais passif, va assimiler les données et les conseils en prenant soin de les restituer ensuite à l’identique. L’autre, curieux, va essayer d’intervertir les termes d’une proposition (un exemple, et ne prenant comme point de départ que ce qui peut se présenter comme de plus basique : si l’on apprend deux accords à la guitare, que se passe-t-il en les jouant dans l’ordre contraire de ce qui a été proposé ? Obtient-on toujours un résultat musicalement cohérent ? Si oui, pourquoi ? Est-ce que ça marche pour tous les accords ? Et avec trois accords, est-ce que ça fonctionne encore ? Et si ça ne marche pas, y a-t-il une solution pour obtenir quand même un résultat valable ? Et qu’est-ce qui fait que ce que je suis en train de jouer sonne si mal alors que celui qui est en face de moi semble faire la même chose et que ça sonne si bien ? Etc.). Notez le positionnement de mon propos qui est : la capacité créatrice a certainement quelques chose à voir avec la curiosité, et donc avec la faculté qu’on aura de poser ou pas des questions, bonnes ou mauvaises (la question de savoir « Qu’est-ce qui provoque la curiosité ? » sera peut-être un autre sujet du forum ?). Et comme les remarques pertinentes ne viennent jamais seules, je cite Alx : « Il faut consacrer du temps à la création. Il n'y a pas d'autre solution, inutile de chercher un raccourci : tu ne le trouveras jamais » car effectivement et malgré tout le potentiel d’un individu, il est nécessaire de disposer de ce trésor qu’est le temps, un des plus précieux d’ailleurs que l’on puisse trouver en ce bas monde (quelques minutes avant de mourir, vous comprendrez à quel point !). Notez que je n’ai fait pour l’instant qu’aborder le problème de la création INDIVIDUELLE, c'est-à-dire celle qui consiste à inventer des choses nouvelles POUR SOI, ce qui me semble déjà beaucoup et louable. Je ne rentrerai pas ici dans le cadre d’un débat sur ce qui serait de la « VRAIE » création, de l’imitation sans le savoir, des « redécouvertes qui ne se savent pas comme telles » (voir à ce sujet mon thread sur le forum, intitulé « Les nains et les géants »), des variantes, des assemblages, des vols (avoués ou non), des copies, des extensions, des « emprunts », et autres patchworks… Et puisque l’on se pose la question de la création et qu’Einstein (Albert, pas Franck !) est très justement cité, lui qui a complètement réformé NOTRE FAÇON DE PENSER LE COSMOS ET LE TEMPS (excusez du peu : c’est quand même autre chose qu’une n-ième méthode pour une levée double non ? Et je ne parle même pas de ce qui lui a valu le prix Nobel !...), je vais me permettre de citer ce texte qui éclaire la citation de Frantz : ALBERT EINSTEIN (poète et philosophe ?) : « Quand je m’examine, et examine mes façons de penser, j’en viens presque à la conclusion que le don de l’imagination a d’avantage compté pour moi que mon aptitude à assimiler des connaissances pures. L’imagination est plus importante que la connaissance. Elle a un impact réel en recherche scientifique. La connaissance est limitée, l’imagination embrasse le monde, stimule le progrès, donne naissance à l’évolution ». J’ajoute que trop de connaissances peut s’avérer sclérosant. Il y a parfois beaucoup plus à tirer dans l’ignorance que dans le savoir. La connaissance d’un sujet suggère des voies toutes tracées. L’ignorance d’un sujet peut permettre de découvrir un nouveau chemin. LE SAVOIR NOUS ENRACINE, L’IGNORANCE OFFRE L’HYPOTHESE D’UNE VOIE OUVERTE SUR L’INCONNU (Copyright Christian Girard 2003. Poète et philosophe autodidacte). Frantz : « Il y a plein d'exercices et de techniques pour "stimuler la créativité", et pas qu'en magie !... (cf. l'Oulipo en littérature, les brainstormings en marketing, etc.). » C.G. Là, j’ai un gros cadeau (au moins pour Frantz et Arthur, mais j’en connais quelques autres qui vont adorer également). Voici l’adresse du site extrêmement riche de l’une de mes connaissances. Entre autres friandises un lien avec un l’OUGRAPO, l’OUvroir de GRAmmaire Potentielle ! http://www.fatrazie.com/ Un régal ! Site très stimulant et d’une tenue exemplaire. J’ajoute que Frantz a eut l’excellente idée de ne parler uniquement que de « stimuler la créativité », car on ne peut guère faire plus que cela : développer un potentiel qui existe déjà, des capacités latentes. Vous pourrez vous entraîner autant que vous voudrez à la course à pieds sur un cent mètres, si vous n’avez pas à la base un physique à la Carl Lewis, il n’y a aucune chance de le surpasser dans sa catégorie. Mais alors, pourquoi ne pas choisir de « l’attaquer » sur un marathon ?... Et pour ce qui est du brainstorming (en français : remue-méninges) je me souviens qu’il existe un recueil sur la créativité de Richard Bordenave, un magicien qui travaille justement dans le marketing (en français: la mercatique) qui pourrait peut-être intéresser David Vincent (dont je ne peux lire le nom sans penser aux envahisseurs). En complément, David, je vous conseille d’aller faire un saut sur le site de Duraty http://www.duraty.com/ et de cliquer sur le chapitre « La créativité » avec des réflexions de Duraty (qu’on ne présente plus), Sylvain Mirouf (que j’espère voir intervenir souvent sur Virtualmagie) et Ivan Laplaud (dont on peut aussi lire - dans le numéro 37 d’Imagik paru récemment - une nouvelle primée au 33e concours international littéraire des Arts & Lettres de France 2002). Beyrevra : « Mais il est très difficile de composer une symphonie si on n’a pas appris le solfège au départ, ni peindre un chef d'oeuvre si on ne connaît pas la théorie des couleurs. » C.G. Très difficile, mais il y a quand même de l’espoir ! Si le solfège peut vraiment aider dans la composition d’une symphonie (en tous cas pour la transcrire sur le papier), il n’est en aucun indispensable pour faire de la musique. Les vieux bluesmen noirs américains ont apporté au patrimoine artistique mondial une révolution qui de s’est jamais démentie et qui continue d’influencer directement aujourd’hui encore la création musicale. Django Reinhardt, extra-terrestre génial dans sa discipline, ne connaissait pas une note de musique et reste un artiste majeur dont presque toutes les compositions sont devenues des standards. Paco de Lucia, l’un des plus grands guitaristes de flamenco, n’a jamais lui non plus appris le solfège. La liste peut être allongée à volonté. Car la musique ne repose pas sur une connaissance du solfège qui n’est qu’une série de codes conventionnels bien pratiques pour écrire et lire la musique, ce qui est fort différent que de la jouer, la penser, la rêver ou l’imaginer… Et sans solfège, tous ces artistes possèdent pourtant une profonde connaissance de ce qu’est la musique (théorie comprise, même si c’est de façon inconsciente, parfois parcellaire, et n’est pas formulé selon les codes en vigueur). Ce sont aussi d’infatigables travailleurs ! Quant à la théorie des couleurs, je suis sûr que les artistes de Lascaux n’en ont jamais entendu parler, ce qui ne les a pas empêché de produire des œuvres de l’esprit intemporelles. « Camille », citant un producteur : «Moi, je me sers des gens qui savent, dans mon métier, il faut juste être malin. » C.G. : Etre malin ? Diable !… Camille : « En somme, ma réponse serait d'encourager Vincent à (…) être une éponge. (tiens cela me rappelle quelque chose!) » C.G. : Et tu conseilles d’avoir un côté « grattounette » ou pas ? Frantz : « Un AUTEUR oulipien (…) c’est "un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir". » C.G. …ce qui le différencie du magicien qui lui construit son labyrinthe pour perdre les spectateurs ! L’émission Court-Circuit n°142 (Arte) a présenté un intéressant portrait du cinéaste Kenneth Anger qui conçu certains de ses films « comme des rêves », à l’exemple de Fireworks qui influença des gens comme Lynch et Scorsese. Les membres du jury du festival de Biarritz lui décernèrent le pris du film poétique et son président – Cocteau - dit à Anger : « Votre œuvre vient de la nuit noire de l’âme ». Anger a lui-même été fortement influencé par le mystique spiritualiste Aleister Crowley qui « avait une approche sacrée de la sexualité » et pour qui « il y avait de l’énergie sexuelle qu’on pouvait diriger dans une cérémonie magique ». A propos de Crowley, les arcanes majeurs de son tarot son ici : http://www.conesa.com/aleister/index2.html Si je cite Kenneth Anger, c’est pour l’exemple qui va suivre relatif au mode de création qu’il était susceptible d’utiliser, comme ceux que nous offrent parfois les hasards de la vie et sur lesquels il faut savoir rebondir. En 1963, Anger tourna « Scorpio Rising » pour lequel il filma jusque dans l’intimité de leurs chambres tapissées de posters de James Dean une bande de motards aux blousons noirs et cloutés et aux motos entièrement customisées. Au bout de quinze jours de montage, un paquet est par erreur déposé à son adresse. Il s’agit d’un film de catéchisme relatant images à l’appui le dernier voyage du Christ à dos d’âne pour Jérusalem. Anger décide alors de monter ces images pieuses dans son film, en les intercalant avec celles qu’il a lui-même tournées sur les motards de Coney Island, le tout accompagné d’une chanson des années soixante dont je vous livre le texte ci-dessous. Imaginez quelques plans de jambes en pantalons de cuirs, puis Jésus en habit d’époque, puis à nouveau quelques motards sur leurs machines, puis le Christ sur son âne, avec ce fond musical qui confère du sens à tout cela, mais non sans un humour décalé: « Regardez sa façon de marcher dans la rue Regardez sa façon de traîner les pieds. Il se tient droit en passant devant toi. C’est mon homme à moi. Quand il me tient par la main je suis fière Parce que c’est pas un gars ordinaire. Mon chéri c’est celui Qui ose ce que personne a jamais osé. Simplement à cause de ce que les gens disent : C’est un rebelle Et il ne vaudra jamais rien ». Une dernière chose me vient à l’esprit, et il me semble indispensable de conclure sur ce point. Ne donnons pas une importance trop grande à la création en la présentant comme la panacée ou le point d’orgue de ce qui doit être accompli par le magicien. Comme pour la musique, il est tout aussi important d’avoir de bons interprètes que de bons créateurs. D’ailleurs, l’interprétation procède elle aussi d’un processus de création d’un niveau probablement bien plus subtil que celui ne consistant simplement qu’à trouver de nouveaux principes magiques. Christian GIRARD 19 Octobre 2003
  9. Voici quelques nouvelles infos pour enrichir ce dossier figurant dans « les trucs de métier » de Virtualmagie. N’hésitez pas à intervenir pour proposer d’autres références sur ce thème décidemment très riches des élastiques. Tout d’abord, voici des données m’ayant été communiquées par « Martigue » : «REVUE DE LA PRESTI : - n°369 (p.12), on retrouve " Les élastiques " de Bob Jardine (l'effet classique que l'on retrouve dans ses notes de conf et sur sa vidéo...) -n° 384 (p.16) : Tommy Wood présente " Les élastiques enclavés " : Effet : Deux élastiques s'enclavent magiquement ! - n°419 (p.9) : Hobby décrit " l'échelle à Billet ", d'après l'effet qui lui a montré M. Ammar sans lui expliquer... - On m'a parlé récemment d'un mini-book de Jon ALLEN intitulé " SERIE B... ", traduit en français par Boris Wild. Ne figure à l'intérieur que des routines à base d'élastique. Peut-être en sais-tu plus que moi. » Hélas, je ne connais pas ce « mini-book », mais j’espère qu’un lecteur du forum pourra nous en dire plus. Merci encore à « Martigue » pour ces informations. De mon côté, j’ai eu une actualité plutôt chargée ces temps-ci puisque j’ai eu la tâche l’honneur et le plaisir de rédiger la totalité des effets parus dans le numéro de l’Illusionniste de cet été, ainsi que ceux du numéro d’Arcane du mois d’Octobre. J’ai essayé de ne proposer que des effets personnels entièrement nouveaux et inédits s’étalant sur une palette très large de « matériaux » (cartes, pailles, bouchons, cuillère, couteau, balles-éponge, doigts, dés, cordes, etc.). Evidemment, je possède « en stock » de très nombreux effets nouveaux avec des élastiques ou des chouchous (largement de quoi faire une vidéo « Scrunchy Magic Vol. 2 !), et les lecteurs de ces deux magazines ont eu la primeur d’en découvrir quelques-uns dont voici le détail. L’illusionniste n°348 CHOUCHOUS : -« L’évasion ping-pong »(Frederick Furman/Stanley Collins/ Christian Girard) > Historique et sources : La méthode de Furman pour réaliser « l’élastique sauteur » a été publiée en janvier 1921 dans le « Magical Bullletin ». En gros, il s’agit d’entourer deux fois un élastique autour de l’index dont l’extrémité est tenue par un spectateur. Pourtant, l’élastique s’évade et bondit sur le majeur. Je vous propose ici une version « solo » où vous bloquez vous-même l’extrémité de l’index avec le pouce, mais ma contribution à cet effet consiste dans ce qu’après avoir bondi sur le majeur, l’élastique revient instantanément autour de l’index alors que le passage est toujours fermé par le pouce! La méthode utilisée est ce que j’appelle « le principe de propulsion » et dont l’origine remonte à l’incontournable « élastique sauteur » de Collins. -« L’élastique sauteur d’une main à l’autre » , version 1 (Christian GIRARD) > Historique et sources L’effet désormais classique de l’élastique qui saute de deux doigts sur les deux autres d’une même main est « The Jumping Rubber Band » de Stanley Collins publié en 1911. Cet effet génial est l’un des plus débiné, mais également l’un des plus maltraité du répertoire de la magie des élastiques, parce que considéré à tort comme un effet basique et publié dans de nombreuses revues non magiques qui l’ont banalisé. J’ai proposé dans mon vidéogramme « Scrunchy Magic » plusieurs versions de cet effet afin de le rehausser au niveau du grand effet de close-up qu’il n’aurait jamais du cesser d’être : « L’élastique sauteur version ultime » permettait de voir littéralement un chouchou bondir tout seul de deux doigts sur deux autres sans aucun mouvement apparent de la main (caractéristique qui en faisait sa singularité) et me paraissait constituer une version définitive. Pourtant, je vous propose aujourd’hui une nouvelle variante ! Elle m’est apparue alors que j’étais tranquillement assis en train de cogiter quand soudain, l’effet s’est littéralement produit dans mon esprit ! Je me suis levé et dirigé devant un miroir pour exécuter ce que je venais d’inventer presque malgré moi (hormis les nombreuses années de travail sur ce seul sujet des élastiques, bien entendu…) et je fus donc le premier spectateur ébloui par cette nouvelle façon de faire bondir l’élastique puisque cette fois-ci, le transfert du chouchou se fait non pas sur les doigts d’une seule main, mais bien d’une main à l’autre ! Cette nouvelle version est un enchaînement idéal à l’effet de Collins. « L’élastique sauteur d’une main à l’autre (version 2) » (Christian GIRARD) Voici une extension du transfert ci-dessus dans une variante (plus visuelle mais plus difficile à mettre en œuvre) qui permet de voir le chouchou sauter cette fois-ci des quatre doigts d’une main aux quatre doigts de l’autre. Il est bien évident que l’on peut adapter ce que j’appelle plus globalement « le principe de propulsion main à main » à des variantes à 1 ou 3 doigts, ou autres combinaisons possibles… ARCANE n° 112 Spécial Christian GIRARD CHOUCHOUS Depuis la parution de ma vidéocassette « Scrunchy Magic », la magie avec des chouchous a connu un réel regain d’intérêt : parce que le matériel n’est pas onéreux, parce qu’il est pratique a transporter en poche, et aussi parce que j’ai pu démontrer l’extrême impact visuel des tours effectués avec ce matériau en créant toute une série d’effets nouveaux élargissant l’horizon des possibles. De nombreux autres effets (et techniques) personnels sortant des sentiers battus ne figurent pas sur ma vidéo. En voici quelques échantillons. I - Technique : le double ceinturage sur l’index, d’une main L’intérêt premier de cette technique est de vous permettre d’utiliser un chouchou comme un dé à coudre ! Cette idée d’utiliser les techniques de dés (thimble magic) avec des chouchous m’a été suggérée il y a plusieurs années par Claude Litolff (dit «Abacus »). La méthode que je vais décrire permet donc (entre autres) de créer un dé à coudre impromptu et de pouvoir donc exploiter les nombreuses passes sans doute déjà présentes dans votre arsenal technique. II – « Le voyage en solitaire » Effet : Un chouchou pourtant attaché deux fois autour de l’index, voyage d’un doigt à l’autre de la main ; il se transfère inexplicablement autour du majeur, puis de l’annulaire, et se retrouve finalement autour du petit doigt… mais de l’autre main ! III – « L’élastique sauteur au surenclavage index/index » J’ai beaucoup travaillé autour du principe de propulsion (dont le « Stanley Collins’ Jumping Rubber Band » de 1911 est l’une des applications les plus connus) : citons « L’élastique sauteur version optimalisée », « l’élastique sauteur version ultime » et « le surenclavage fulgurant » (parmi plus d’une quinzaine d’autres exemples démontrés dans ma vidéo « SCRUNCHY MAGIC », et plus récemment deux variantes de « l’élastique sauteur d’une main à l’autre » ainsi que « l’ évasion ping-pong » dans le numéro 348 de « L’Illusionniste ». Je vous propose pour cet Arcane une toute nouvelle application de ce principe figurant parmi les plus « techniques »; elle s’adresse donc aux « chouchoumanes » avertis ! L’effet en images : Photo A : un chouchou se trouve sur l’annulaire et l’auriculaire gauche. Photo B : il bondit et se retrouve instantanément autour d’un second chouchou tendu entre les deux index de chaque main ! - Élastiques « La gueule du croco », « le transfert de ligotage », « seconde technique pour l’illusion de ligotage », « Enclavement d’élastiques n+1 » I - La gueule du croco On trouve une description d’une topologie fantaisiste avec un élastique dans l’encyclopédie de la magie impromptue de Martin Gardner (Dan Harlan démontre cette disposition dans une de ses cassettes sur les élastiques). Je ne connais qu’une seconde version d’un « ligotage » de la même famille nécessitant l’emploi simultané de deux élastiques, mais dont je ne connais pas la source. Je vous propose ci-dessous une troisième et nouvelle disposition du même genre d’un élastique autour des doigts. Elle a l’avantage d’être beaucoup moins abstraite que les deux précédentes, puisqu’elle peut évoquer de façon évidente la gueule d’un crocodile. Les élastiques dits « japonais » seront parfaits pour cet effet grâce à leur forte extensibilité. II – Transfert de ligotage Effet : un élastique ligote un à un les doigts de la main droite, un second est simplement tendu entre deux doigts de la main gauche. Instantanément, le ligotage lui-même se transfère d’un élastique à l’autre ! III – Une seconde technique pour l’illusion de ligotage - Enclavement d’élastiques n+1 Voici un enclavement que j’ai développé en 1995, à une époque ou j’en savais si peu sur la magie des élastiques que je peux affirmer que cette version est pratiquement indépendante de toute influence extérieure. Si je connaissais bien l’ « effet d’enclavement » sur le plan visuel, j’ignorais tout des méthodes pour parvenir à donner cette illusion ! Voici la solution que j’ai trouvée pour répondre à cette frustration. Elle permet de montrer vers la fin les deux mains grandes ouvertes et offre au public dans son déroulement plusieurs angles de vision qui sont de plus en plus convaincants. Christian GIRARD 15 Octobre 2003 [ 16. Octobre 2003, 14:57: Message édité par : Thomas THIEBAUT ]
  10. Christian GIRARD

    Bob Fitch

    Certains magiciens font appel à ses compétences , au hasard citons David Copperfied, Jeff Mc Bride, Eugène Burger, David Blaine, .... Et vous savez quoi ? Bob Fitch est en conférence Mercredi 1 Octobre à Paris! Toutes les infos détaillées sur : http://www.arcanemagazine.com/ C.G. [ 28. Septembre 2003, 19:48: Message édité par : Christian Girard ]
  11. Profmago : « .... pour ma part je n'ai pas trouvé très intéressante la page consacrée aux photos truquées... » et «(…) le niveau des montages n'est pas impressionnant ». C.G. Il me semble alors que nous sommes d’accord, puisque je dis : « Les photos présentées ne sont pas vraiment ‘‘délirantes’’ » et plus loin : « (…) cette rubrique gagnerait à ne proposer que des photos n’ayant subi aucun montage, car il me semble plus stimulant de décrypter des images perturbant notre vision du monde seulement si elles sont bien prises dans ‘‘la réalité’’ et sans trucage ». Je crois simplement que cette rubrique peut évoluer de façon positive (avec par exemple des illusions dues à la perspective, des phénomènes de réflexions (ou réfractions) d’images surprenantes (mirages, arc-en-ciel « double » avec arc secondaire aux couleurs inversées (!): j’en ai vu un récemment, mais je n’avais pas mon appareil…), apparition d’image de la Vierge sur les vitres (buée ou autre), etc. Pour leur premier numéro, il a fallu mettre ce que les rédacteurs avaient sous la main, mais la participation des lecteurs peut se révéler amusante (n’oublions pas qu’il s’agit d’une rubrique à classer dans le divertissement, pas plus, et c’est en ce sens que je suis moins critique à son égard). D’ailleurs, j’ai envoyé une photo personnelle pour alimenter cette rubrique… Profmago : « (…) dans le magasin, la revue était classée entre science et vie et un autre revue de vulgarisation scientifique.... ». C.G. : A propos de Science et Vie, je ne saurais trop vous conseiller de consulter le numéro d’Octobre contenant un article fort édifiant "Religion à l'école" (« Sous couvert d’histoire, on enseigne encore la foi ») dans lequel est démontré l'amalgame qui existe entre sources historiques et mythes fondateurs jusque dans les manuels scolaires. Voilà le genre d’article (d’ « enquête ») dont Science Extrême pourrait s’inspirer tant il expose le point de vue de la rédactrice (Isabelle Bourdial) avec force détails et une argumentation cadrée. Je profite de ce post pour remercier Profmago de ses habituelles participations actives que je ne manque jamais de lire avec attention. Camille : « Y a rien à faire je ne serai toujours qu'une éponge !!!» C.G. Et c’est toujours avec plaisir que je lis tes interventions lorsque tu viens « t’essorer » sur le forum, toujours avec le même généreux et constructif état d’esprit dont tu fais preuve. Tes conseils ainsi que ceux de Paul Maz sur le cirque Eloize (autre sujet du forum) risquent d’être suivis par nombre de ceux qui jugent vos interventions à tous deux toujours instructives. Merci à vous deux. Christian Girard
  12. Bonjour Je remercie Serge Pradel de nous avoir fourni (voir le sujet : « Du nouveau en zététique ») cette information sur la parution de ce magazine que j’ai eu quelques difficultés à trouver en kiosque. Je viens finalement d’en dénicher un exemplaire non pas dans le rayon « scientifique » de la maison de la presse mais dans celui étiqueté « ésotérisme et astrologie » et dont les habitués doivent être bien éloignés du cœur de cible marketing des responsables de ce magazine, ce qui montre déjà la présence d’un flou dans la perception de cette nouvelle revue, au moins chez ma libraire mais qui ne doit pas être la seule à avoir adopté ce choix de rangement dans un rayon pour le moins inapproprié. Voici mes réflexions « à chaud » sur ce nouveau magazine. La couverture, que je qualifierais de consensuelle en ce sens qu’elle ne se démarque pas de nombre de revues actuelles, tombe d’emblée dans un travers « putassier » et racoleur - qui risque à terme d’être nuisible à ce magazine - par l’utilisation de ce titre d’accroche « Les secrets des voyants dévoilés. Notre enquête lève le voile du mystère » qui met ce magazine dans une situation de confrontation et de conflit et porte par son côté arrogant les signes avant-coureurs de ce dont on va accuser inévitablement les rédacteurs à savoir : l’intolérance, le manque d’ouverture, le débinage, la caricature, le mépris, j’en passe et des meilleurs... Le regard un peu « dur » que je porte sur cette couverture, je l’ai aussi lorsque d’autres revues de vulgarisation de qualité et à caractère scientifique - Science et Vie par exemple, mais ce n’est pas la seule - ratissent large avec des titres-chocs sur les ovnis, la téléportation ou le paranormal, tous souvent à la limite de la publicité mensongère dont le but est d’augmenter les ventes au mépris d’une éthique élémentaire. Il me semble que cette voie du « titre dénonciateur » risque de présenter les collaborateurs de « Science Extrême » comme d’infâmes accusateurs s’arrogeant les fonctions et les prérogatives d’un juge, ce qui serait injuste pour la plupart et préjudiciable à l’avenir du magazine. Suit un éditorial « timide » et peu substantiel de Patrick Berger mais qui comporte au moins une phrase-clé que beaucoup parmi les détracteurs de l’attitude sceptique devraient méditer, car elle touche à un fait fondamental trop souvent oublié ou écarté : « Nous sommes des scientifiques donc des passionnés de l’inexpliqué ». Voilà qui mérite d’être souligné, car ce goût pour l’inexpliqué pourrait constituer l’un des rares points de rencontre de nombre « d’acteurs » de ces scènes de l’étrange et du paranormal qui traditionnellement sont en situation de relations uniquement conflictuelles. Plus loin dans le magazine, on pourra encore lire : « Notre revue n’est pas constituée de scientistes bornés, rétifs à tout ce qui n’entre pas dans le cadre étroit d’un laboratoire. Nous sommes nous-même des passionnés du ‘‘surnaturel’’ ». En page 5 figure un « mode d’emploi » qui devrait constituer ultérieurement une page des lecteurs, et qui permet ce coup-ci de répondre par avance à d’hypothétique questions que l’on pourrait se poser sur les objectifs de Science Extrême. Si je comprend bien la majeure partie des propos énoncés, il y a au demeurant au moins un point que je me permet de relever : « [Les impostures du paranormal constituent un danger pour la société] parce que de telles croyances enferment les gens dans un monde qui n’a aucune incidence sur leurs vrais problèmes… » Je crois au contraire en de réelles incidences de ce « monde » sur « leurs vrais problèmes », mais c’est certainement là la base d’un débat un peu trop large pour pouvoir être développé ici puisqu’il faudrait se mettre préalablement d’accord sur des questions sémantiques, puis décider de ce qui est - ou pas - un vrai ou un faux problème… Page 8, encore une assertion qui a attiré mon attention parce que s’appliquant à de très nombreux domaines de l’activité humaine: « Le doute sur la validité d’une information est essentiel tant que la source et le contenu originel de celle-ci ne sont pas connus. » Je pense qu’il n’est pas inutile de rajouter que même après vérification desdites sources, l’absence de certitude est encore souhaitable… Puis suivent sept pages intitulées « Le bazar du bizarre », sorte de fourre-tout d’informations brutes prêtant à sourire mais sans traitement ni analyse, ce qui ne ressemble en rien à ce qu’on peut attendre d’un véritable magazine d’investigation scientifique. Le tout reste vaguement un peu méprisant sur la forme et le ton à l’égard de tout ce qui a trait aux choses hors normes. La rubrique suivante « photos de l’étrange » à au moins cet avantage d’avoir une approche plutôt neutre et d’être finalement une proposition innovante, car consistant à faire paraître des photos à caractère « paranormal » ou étrange mais pour lesquelles on laisse le lecteur trancher de lui-même entre « photo truquée » ou « phénomène surnaturel », sans aucun côté professoral du style monsieur je-sais-tout-et-en-plus-je-vous-l’explique. Les photos présentées ne sont pas vraiment « délirantes » mais gageons qu’il y aura pas mal d’amateurs pour proposer des images nouvelles dans une rubrique impliquant une démarche qui ne bride pas - bien au contraire - l’imagination. De mon côté, j’affirme que la créature présentée en page 19 comme un extraterrestre est en fait un humain ayant subi une exposition à un fort rayonnement gamma, et se trouve être un personnage récurent de l’univers Marvel, possédant en intelligence ce que Hulk développe en force brute : le leader (son nom dans la version française), à la peau verte et au crâne allongé. Je crois plus sérieusement que cette rubrique gagnerait à ne proposer que des photos n’ayant subi aucun montage, car il me semble plus stimulant de décrypter des images perturbant notre vision du monde seulement si elles sont bien prises dans « la réalité » et sans trucage. « La rubrique à Broch » dont le titre semble bien évidemment être un clin d’œil à Gotlib correspond plus il me semble à ce qu’attendent les lecteurs, à savoir un article développant une approche critique, documentée et renvoyant à de multiples sources historiques, et commentant en l’occurrence la façon dont peut être traité le « paranormal » dans les grands médias. Si je pouvais proposer quelque chose au magazine, ce serait de continuer sur cette voie avec une rubrique directement inspirée de l’émission « Arrêt sur image », mais avec comme angle d’attaque le regard des sceptiques face au traitement des phénomènes de l’étrange à la télévision. Je retiens cette phrase de Henri Broch : « (…) même avec un esprit critique bien développé, cet esprit aiguisé s’exercera en fait à vide s’il n’est pas suffisamment informé et, cela acquis, s’il n’est points informé de façon suffisamment objective ». Suit un article assez détaillé de Eric Maillot et Augustin Vidovic sur les agroglyphes (« crop circle ») illustré d’intéressantes photos de champs de blé « marqués » par de grandes découpes circulaires et énigmatiques. Une approche qui cerne bien la question avec des ramifications judicieuses sur le Land Art (une expression artistique qui, à titre personnel, me fascine depuis de nombreuses années) dont la fameuse « Spiral Jetty » de Robert Smithson, et enfin un amusant travail de fond sur le décryptage d’un « tracé céréalier pixélisé et encodé en ASCII » (les agriculteurs informaticiens zététiciens comprendront !). L’article renvoie en outre vers plusieurs sites Internet. Jean-Jacques Aulas (« vu à la TV » comme on dit, et auteur de plusieurs ouvrages dont « Les médecines douces, ces illusions qui guérissent ») nous parle ensuite du placebo qu’il a commercialisé sous le nom anagrammatique de Lobepac ! Tous ceux qui veulent vraiment se renseigner sur l’homéopathie devraient lire les bouquins de J.J. Aulas, dont un qui n’est pas cité mais me semble essentiel au moins à titre de documentation sérieuse : « Homéopathie : état actuel de l’évaluation clinique » (Ed. Frison-Roche) qui recense toutes les études cliniques ayant été réalisée sur la question et dresse un bilan… Suit un article de Laurent Puech qui à l’époque où je l’ai connu était très actif sur Montpellier et sa région (je vois qu’il se démène encore dans son combat critique, quelle endurance !). Un encadré nous renvoie à la théorie de l’engagement et plus particulièrement à ce fameux « Petit traité de manipulation à l’usage des honnête gens » de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois. Quoi ? Certains ne l’ont pas encore lu ? Courez chez votre libraire et commandez-le immédiatement! Peut-être trouverez-vous de nombreuses clés pour vous sentir plus libre après sa lecture, et peut-être trouverez-vous la force de dire non dans des situations où auparavant, cela vous aurait été impossible. Un incontournable pour commencer à éviter de se faire (trop) manipuler par autrui! L’article de Laurent n’apportera pas grand-chose à ceux qui baignent dans la zététique depuis longtemps, mais pour ceux que l’on nomme « des clignotants », ça peut donner de très bonnes bases de réflexion en donnant un « éclairage » sur les consultations des voyants. A consulter chez book-e-book.com le bouquin de Laurent Puech « Astrologie derrière les mots ». Le médiatique Paul-Eric Blanrue nous propose trois articles, l’un anecdotique sur ses interventions face au medium « Double-Vue », un autre sur « la patrouille de la mort » (cinq bombardiers-torpilleurs Gruman Avengers disparus dans le triangle des Bermudes), et un dernier plus poussé et rentrant plus exactement dans son domaine de compétence (Paul-Eric est historien) traitant de Nostradamus et des centuries. Je crois que la dernière fois où j’ai vu Paul-Eric Blanrue, c’est place Saint-Michel au caveau de la bolée dans lequel j’avais convié plusieurs membres du cercle zététique de l’époque, dont Jacques Poustis (qui a gagné il y a peu un prix AFAP pour son numéro de ventriloquie - il me semble), le magicien Vito qui s’occupe du cercle de la région parisienne, et quelques autres. J’avais déjà dit que les zététiciens aimaient la magie et je le prouve : ce jour-là, Bébel leur fit une démonstration impromptue de son talent en leur offrant un spectacle de close-up qui les enchanta littéralement. Spontanément, et je dis cela parce que la chose n’est pas si courante que ça, tous sortirent de l’argent de leur poche, et pas des petites pièces, mais bien des billets avec lesquels ils témoignèrent généreusement de leur enchantement. Remarquez qu’avec Bébel, tout est clair car comme il le dit si souvent, il « triche honnêtement » ! Suit un très intéressant article de Patrick Berger sur « le code de la bible » qui m’a permis d’apprendre en quoi l’hébreux facilitait, plus que d’autres langues en alphabet roman, l’apparition de ces fameux messages cachés dont serait truffée la Bible. En bonus, le principe « d’évaluation d’une probabilité a posteriori » vous permettra de réaliser sans trucage d’aucune sorte des événements ayant une chance sur un milliard de se produire !!! Suit un article de Mickael Martin sur Claude Vorilhon (que tout le monde connaît, je pense) et son laboratoire de clonage humain… Ah, j’oubliais, le nom de « scène » de Claude Vorilhon, c’est Raël ! Suit une rubrique « Esprit es-tu là » sans originalité, les énigmes proposées étant simplement des choses piquées à droite et à gauche (Perelman, Gardner…) Le magazine fait 68 pages, dont une dizaine de pleines pages de publicités ou d’autopromotion. Une autre dizaine de pleines pages (dont le sommaire) est utilisée pour la présentation de chaque article, ce qui fait un peu bouche-trous ! Je pense en conclusion qu’il faudrait revoir la maquette de couverture, éviter les pleines pages de présentations qui laissent supposer qu’il n’y a que peu de « matière » rédactionnelle (alors que ce ne doit pas être le cas), corriger le ton parfois moqueur et agir plutôt dans la subtilité et la critique intelligente, construite et documentée. Il faudra penser aussi à rendre les énigmes (quizz et magie) un peu plus, comment dire… « modernes » et ludiques! Une adresse et un site : [email protected] www.science-extreme.com Pour conclure, je souhaite longue vie à ce magazine qui doit trouver sa juste place dans les kiosques et un lectorat fidèle, mais qui devra se battre pour y arriver, l’un des risques principaux étant de tourner très vite en rond sur des sujets déjà maintes et maintes fois traités… Christian GIRARD Note : une copie de cet article est envoyée parallèlement à la rédaction de Science Extrême <small>[ 05. Décembre 2003, 16:36: Message édité par : Thomas THIEBAUT ]</small>
  13. Pierre Jacques a contribué plus que beaucoup d’autres à la diffusion de sa passion, en la partageant, avec une générosité et un humour dont l’absence va laisser des vides béants, dont un qui se trouve en moi et qui fait très mal. Et au-delà de l’humain à qui je devais encore une bière que je ne pourrai plus jamais lui offrir, c’est également un pan de mémoire de notre patrimoine magique qui s’écroule. Je te remercie Pierre pour tout ce que tu as fait. Mes pensées affectueuses accompagnent Bernard dans cette épreuve. Christian
  14. Bonjour Geoffrey Je suis très heureux d’apprendre que vous avez pu développer des idées avec le principe de réversibilité de mes cartes dites « Les 9 concubines » sur le graphisme desquelles je ne suis intervenu, disons, que de façon périphérique (le graphisme a été remodelé à ma demande plusieurs fois pour répondre à un certains nombre d’exigences plastiques) mais dont le graphisme définitif a été réalisé par mon ami Jacques Exertier qui a produit plusieurs choses fascinantes sur ce sujet, mais à titre individuel : vous ne trouverez donc rien de ce côté-là. J’ai moi-même réalisé une version couleur de la carte « concubine/maharadjah » et travaillé sur des textes « qu’on peut lire à l’envers », mais tout ceci reste confidentiel. Par ailleurs, on rencontre effectivement diverses dénominations pour ce genre d’images ou de mots (ambigus, réversibles, ou encore ambigrammes, etc.) dont le sens n’est pas toujours très clair et s’appliquant à tort et à travers à des principes différents. Le graphiste dont on vous a parlé plus haut est Scott Kim qui travaille (entre autres activités, car ses recherches vont beaucoup plus loin) sur les INVERSIONS et son site est absolument fascinant. Vous devriez y passer un bon moment de pur bonheur si vous aimez comme moi-même ce type d’approche : http://www.scottkim.com/inversions/index.html Je ne peux développer plus loin la discussion car je suis actuellement littéralement débordé par la production d’un certain nombre de productions magiques qui me prennent vraiment tout mon temps. A bientôt Christian GIRARD
  15. Je complète mon tour d’horizon avec le bulletin ABRAXAS n° 8 reçu ce matin même. Décidemment, la SIAM déniche de petites perles de culture magique! -ABRAXAS n° 8 Décembre 2002 -Ce numéro rappelle le numéro 4 (qui était un fac-similé du « plus ancien document en français contenant des tours de magie ») en ce sens que ce numéro 8 est constitué pour une grande partie du «PLUS ANCIEN OUVRAGE EN FRANÇAIS SUR LES TRICHERIES AUX CARTES », pas moins !!! Bon, il faut savoir lire en vieux français si on veut aborder tout le texte, mais les passages principaux sont « traduits » et accompagnés d’un commentaire sur les différentes et multiples méthodes de tricherie décrites, comme par exemple une référence explicite au saut de coupe datant de 1550. L’ouvrage s’intitule « Le Mespris & Contennement de tous les Jeux de Sort » d’Olivier Gouyn de Poictiers. -Viennent ensuite quelques informations sur les CD de Martin Breese (rééditions numériques de grands magazines « classiques » de la magie). -Suit un récapitulatif des créations (tours, ouvrages, notes de conférences…) de certains membres de la SIAM (Pierre Yogano, Armand Porcell, Jean de Merry, Christian Girard, Franch Guillemin, Franck Lamy, Yves Doumergue, Camille Ghastine, Carlos Vaquera, Jean-Pierre Vallarino, Bébel, Christian Fechner, et Sylvain Mirouf). En page 4 de couverture figure une bonne initiative, celle de résumer clairement en quelques points les objectifs poursuivis par la SIAM, je cite : « Cette association moi de 1901 (sans but lucratif) est destinée à : -La construction d’une banque de donnée du patrimoine magique -La recherche des sources historiques -L’encouragement des créations -Les respects des droits d’auteur et de l’éthique » Christian GIRARD [ 23. Mai 2003, 18:11: Message édité par : Christian Girard ]
  16. Alex : « Merci M. Girard pour cette réflexion, et ce texte, qui je crois interpellera bien des magiciens autant qu'il m'a interpellé...» CG : Très heureux que mon texte et ma petite réflexion vous aient interpellé. Remercions aussi Thomas et son très intéressant site Virtualmagie car il n’y a guère que ce type de « magazine numérique » qui puisse accueillir des articles comme celui ci-dessus. Quand à l’écho qu’il a pu susciter, je suis plus que satisfait d’avoir pu lire cinq réactions de VMistes de qualité qui à mes yeux valent plus que 60 interventions sans intérêt. Plusieurs messages privés et discussions informelles m’ont laissé comprendre que d’autres également ont trouvé à sa lecture quelque satisfaction personnelle. Alex : « Il existe une expression consacrée dans ce forum, je l'emploie donc: pourquoi ne pas publier cet article dans les pages permanentes du forum ? Il serait dommage qu'un tel texte disparaisse dans les abîmes du forum». CG : Pourquoi pas. Mais c’est l'éditeur de ce webzine qui prend ce genre de décision… Ceci dit, on ne disparaît jamais définitivement dans les abîmes d’un forum. La preuve ! Profmago : «Qui marche sur les pieds d'un géant... risque d'en prendre plein les dents » CG : Sans oublier la suite « Mais qui marche sur un nain... se trouve dans un jardin ! ». Fred : « (…) si je me définis comme un nain... comment puis-je espérer devenir un géant ? » CG : On a moult exemples métaphoriques ou le plus petit arrive à vaincre celui qui semble a priori le plus fort : Jack et le haricot magique, le petit Poucet, David contre Goliath, et aujourd’hui encore nous avons sur grand écran le récit de Tolkien où ce sont bien les plus petits qui jouent un rôle majeur dans l’avenir du monde. « La représentation mentale de soi comme un nain face à l'autre que l'on voit comme un géant » est une approche psychologique qui s’éclaire d’un jour nouveau s’il s’agit d’un nain parvenant, au-delà de son apparent handicap, à surclasser les géants, non ? Ceci dit, la citation de Bernard de Chartre est explicite. Il est dit : « « Nous sommes COMME des nains… », et non pas « Nous SOMMES des nains… », ce qui témoigne de la portée disons purement allégorique de sa proposition. BEYREVRA : « Le géant perché sur les épaules du nain, verra plus loin que le nain, mais ira moins loin que le nain perché sur les épaules d'un géant. Je vous laisse réfléchir... » CG : J’ai réfléchi : mais alors, à quand le lancer de géant comme discipline olympique ?... Graham : « Merci, Christian, de nous faire rêver. Je ne sais pas si tu as eu le plaisir de lire le bouquin que le philosophe Bruno Latour a consacré à Louis Pasteur (…) » CG : Hello Graham ! On n’arrête plus de se croiser tous les deux ! Journée du CMP, Pizzamagicos, conférence Crimet à l’académie de magie, et maintenant sur VM… Pour ce qui est de Latour, je te renvoie à « Impostures intellectuelles » de Alan Sokal et Jean Bricmont (Éditions Odile Jacob), ouvrage dans lequel les auteurs ont analysé les textes de certains courants intellectuels « postmodernes » traitant « les sciences comme des narrations ou des constructions sociales parmi d’autres », et ont démontré « les mystifications physico-mathématiques » d’individus jouissant par ailleurs d’une grande notoriété (Lacan, Baudrillard, Deleuze, Guattari et autres Kristeva). Le chapitre 5 est entièrement consacré à Bruno Latour ! Il y est montré que « L’analyse de Latour est fondamentalement viciée par son manque de compréhension de la théorie qu’Einstein essaye d’expliquer » et qu’il « confond un énoncé pédagogique de la relativité avec le « contenu technique » de la théorie ». Le mieux est de lire le bouquin qui plaira assurément aux rares zététiciens qui ne l’auraient pas encore lu, et fera peut-être réfléchir quelques autres mentalistes… Il contient le fameux article de Sokal intitulé « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique » qui fut publié originellement dans « Social Text » et qui était un monumental canular destiné à « s’attaquer, par la satyre, à l’usage intempestif de terminologie scientifique et aux extrapolations abusives des sciences exactes aux sciences humaines ». Il voulait (je cite encore) «dénoncer le relativisme postmoderne pour lequel l’objectivité est une simple convention sociale ». Houlala ! Si l’on parle d’objectivité, je sens que Fred va bondir sur son clavier… En remerciant encore les intervenants ci-dessus, Christian GIRARD
  17. « Les nains et les géants » ou « Une entropie de la connaissance » « Les Jours Noirs » d’Arturo de Ascanio est paru en France en 1997 (Édition Joker Deluxe) et j’ai eu depuis l’occasion de rencontrer plusieurs personnes m’ayant cité « cette fameuse phrase d’Ascanio » qu’ils avaient lue en page 96 de l’ouvrage. Comme cela arrive si souvent, leur mémoire avait réduit et déformé l’information originale exacte pour n’en conserver que le sens approximatif, tout en l’associant et la créditant par amalgame à l’auteur du livre lui-même. Ils n’en sont pas pour autant à blâmer car nous faisons tous exactement le même type de fausses références à longueurs de journée, tout d’abord simplement parce que la mémoire est quelque peu limitée et sélective, mais aussi parce qu’accéder aux véritables sources constitue un véritable travail d’investigation. Le goût de l’effort dans ce type de recherches étant malheureusement loin d’être répandu et les obstacles à surmonter nombreux pour ceux qui s’y risquent, cela entraîne ce que l’on pourrait appeler une véritable « entropie de la connaissance ». Pour lutter contre cette perte de l’information, cette dégradation de l’état des savoirs, il est nécessaire que des organismes (comme la S.I.A.M. le fait -de façon encore embryonnaire- dans le monde des arts magiques) puissent aider quiconque dans sa recherche de sources par l’intermédiaire d’un réseau d’experts, de bibliothèques, de banques de données ou tout autre système référentiel utile. Ceci est indispensable si l’on ne veut pas que se détériore la mémoire de l’art magique qui est un véritable trésor au sens le plus noble du terme. Pour ceux qui ne se sont pas encore rué sur la citation dont il est question au début de cet article, je la retranscris ici mot pour mot. « Je fais mienne cette pensée de Newton : J’ai pu voir plus loin que d’autres, Car j’ai pris appui sur les épaules de géants ». Effectivement, cette pensée révérencieuse est profonde, et elle semble encore magnifiée par l’illustre penseur qui en a la paternité, Sir Issac Newton lui-même ! Mais il conviendrait d’être prudent et se de référer au texte original car il n’est pas déraisonnable de supposer qu’Ascanio s’est servi d’une traduction en espagnol d’un texte anglais (ou peut-être latin ?), cette version d’Ascanio ayant été ensuite traduite à nouveau de l’espagnol au français pour l’édition chez Joker Deluxe (les lecteurs francophones peuvent d’ailleurs remercier Alain Midan et Laurent Vadel d’avoir effectué ce travail). Carlos Vaquera, élève d’Ascanio et auteur de la préface des Jours Noirs nous propose dans le numéro 29 d’Imagik (page 13) une autre version de cette réflexion : Comme disait Newton : « Je pouvais voir plus loin que les autres car j’étais perché sur les épaules de géants ! ». Il y a déjà là matière à écrire toute une étude comparative de ces deux versions, tant de nuances s’exprimant au travers de l’idée de base - par ailleurs implicite et bien là - mais habillée de façon différente. Aucune revue magique actuelle n’accorderait la moindre place pour publier une étude de la sorte, mais on peut brièvement observer dans la « version Ascanio » une mise en page du texte et une découpe qui lui confèrent une forme poétique (un vers) ce qui n’est pas le cas de la « version Vaquera » qui est plus une assertion de type langage courant ou parlé (…comme «disait » Newton…). On pourrait disserter et épiloguer sur la nette distinction qui existe entre le fait de « prendre appui » sur les épaules de géants où d’y être carrément « perché ». Mais mon objectif est principalement de montrer comment très vite apparaissent le flou et le sentiment désagréables de ne pas avoir accès à la source réelle, impression que j’appelle dans un jargon qui m’est propre « un lourd sentiment d’incomplétude ». Parmi les grands vulgarisateurs d’aujourd’hui de trouve un professeur de l’université de Harvard qui enseigne la géologie, la biologie et l’histoire des sciences. Chacun de ses recueils sur l’histoire naturelle est un best-seller tant ils sont stimulants pour l’esprit en renversant systématiquement de nombreuses idées reçues. Stephen Jay Gould, dont je ne peux que vous conseiller de dévorer la totalité des ouvrages afin d’exercer votre esprit critique et développer votre goût de remonter jusqu’aux sources premières, vous démontrera comment souvent il arrive qu’un document ou une source originale peut révéler des informations qui vont très exactement à l’opposé de ce que l’on croyait en connaître avant de les consulter. En Mai 2000, Gould publia aux éditions Seuil « Les quatre antilopes de l’Apocalypse ». Il est question au chapitre 7 des « redécouvertes qui ne se savent pas comme telles ». De nombreux magiciens qui me lisent comprennent là parfaitement de quoi il est question, et je ne peux m’empêcher de citer la suite tant elle s’applique à merveille à votre domaine artistique : « (…) cela concerne des cas où des personnes, tout à la joie d’avoir personnellement compris quelque chose de nouveau, pensent qu’elles viennent de deviner une vérité pour la toute première fois, alors qu’elle était déjà connue auparavant ». Ce qui va nous intéresser dans ce chapitre, c’est qu’il y est question d’un livre de Robert K. Merton «On The Shouldiers of the Giants » (« Sur les épaules des géants ») dont l’un des thèmes est « constitué par une recherche délicieusement baroque à travers l’histoire (…) » afin de retrouver l’origine d’une citation généralement attribuée à Isaac Newton (d’après une lettre qu’il a écrite à Robert Hooke) : « Si j’ai vu plus loin, c’est que je me suis tenu sur les épaules des géants ». Gould dit : « Comme le montre Merton, Newton n’avait pas prétendu en écrivant cette phrase, faire œuvre de créateur. Il avait simplement répété une formule généralement regardée comme faisant partie du domaine public, au point qu’il n’était pas nécessaire de lui adjoindre des guillemets ». Passons sur cette troisième ( !) formulation et essayons de tenir pied face à cette mise en abîme historique dans laquelle nous plonge cette seule recherche d’antériorité ! Je n’ai pas lu le livre de Merton, mais je sais que ce dernier est remonté jusqu’à 1126 pour retrouver l’origine de cette citation. J’ai eu cependant accès à la même source moyenâgeuse d’une façon totalement indirecte. Mon frère, qui consacre presque tous ses week-end depuis une trentaine d’années à la montagne, recueille systématiquement par écrit ses réflexions sur chacune de ses sorties. Également grand amateur de littérature devant l’éternel, il note régulièrement dans ses cahiers les pensées tirées au hasard de ses lectures ayant trait - de près ou de loin - à l’idée qu’il se fait de la montagne, de l’effort, et de sa philosophie de la vie. Dans le dernier recueil qu’il vient d’achever, j’ai eu la joie de découvrir ce qui me semble être la formulation la plus limpide de cette vieille citation. Je vais retranscrire ici mot pour mot cette version qui ne contient pas ce sens ambivalent que Gould appelle un peu ironiquement « une métaphore de la modestie… ou de la fausse modestie » ! (Relisez les autres ci-dessus pour constater qu’effectivement, elles cachent mal une véritable petite part d’orgueil dans leur forme tronquée). « Nous sommes comme des nains montés sur les épaules de géants, si bien que nous pouvons voir plus de choses qu’eux et plus loin qu’eux, non que notre vision soit plus perçante ou notre taille plus haute, mais parce que nous sommes transportés et élevés plus haut grâce à leur taille ». Bernard de Chartres (XIIème siècle) Mes remerciements à Fabienne Gambrelle qui a fait des recherches à la Bibliothèque Nationale sur Bernard de Chartres, ainsi qu’à mon frère Michel. Enfin, une pensée vraiment émue pour Stephen Jay Gould qui a disparu depuis peu, et qui me manque terriblement. Christian GIRARD
  18. J’ai reçu ce COMMUNIQUÉ que je vous fais suivre : "Une étude consacrée au travail d’Alexandre del Perugia, co-directeur du centre national des arts du cirque de Châlon-en-Champagne, est éditée sur le site http://www.manuscrit.com/catalogue/textes/fiche_texte.asp Tapez « gambrelle » dans le moteur de recherche, puis cliquez sur « Fabienne Gambrelle » (Extrait consultable en ligne gratuitement). Alexandre del Perugia : Une autre vision de l'acrobatie De FABIENNE GAMBRELLE Livre 8,50 euros ; Fichier pdf 4,25 euros." Pour tous renseignements, vous pouvez contacter de ma part Fabienne à cette adresse : [email protected] Christian Girard
  19. Merci Thomas pour ton info. Voici quelques références supplémentaires. - « CARTE BLANCHE » de Sylvain Mirouf (Notes de conférences Mai 1991) « Routine d’élastique » Effet : On montre deux élastiques qui fusionnent à vue en un seul. Cet élastique est cassé deux fois (c’est l’adaptation d’Edernac du « Snap !» de Lorayne), et une moitié d’élastique est gardée dans chaque main. Chacune des moitiés se reconstitue en un élastique intact, ce qui fait que l’on obtient un élastique dans chaque main. On effectue l’effet de pénétration Setterrington/Zarrow dont il a largement été question tout au long de ce thread. On tente de renouveler l’effet une deuxième fois, mais l’un des deux élastiques semble disparaître à vue (ou semble fusionner avec l’autre, c’est selon…). Avec l’élastique restant, on peut alors effectuer une routine d’élastique en interaction avec un jeu de cartes… « L’élastique du tricheur » Effet : les quatre as sont produit du jeu chacun à leur tour grâce à un élastique, et ce d’une manière différente à chaque fois. « L’évasion impossible » et « La carte skud » sont deux autres méthodes pour produire un as d’un jeu en le propulsant à l’aide d’un élastique. Les routines de « cartes blanche » sont également visibles sur la vidéo de Mirouf « La saga des élastiques ». Thomas Roge en a fait un compte-rendu dans la rubrique vidéomania de Virtualmagie. - Une info de Mathieu Drut (merci à lui) : Joshua Jay a décrit une routine de Mark Aspiazu (The handcuff man's crazy) dans le vol 11 N° 3 de la revue Magic (special McBride) dont l’effet « consistait a faire l'effet de penetration de "crazy man's handcuffs", mais a l'envers (d’où le nom). ». - « Le vol à l’élastique » dans « La magie que j’aime » tome 1, de Duraty . Il ne s’agit pas d’un effet avec un élastique mais d’une disparition de billet, l’élastique n’étant que le thème du tour, un élément du boniment. Mais ce tour à sa place ici car à force de fouiller, nous nous sommes aperçu qu’il y avait effectivement plusieurs effets utilisant des élastiques « virtuels » comme la projection de carte hors du jeu de Marlo, le casse tête vendu dans toutes les boutique (" Magic Snaper " chez Magix), etc. et que cela pouvait constituer en soi un domaine particulier des effets avec élastiques et qu’on pourrait nommer fort à propos cette catégorie consistant à donner l’illusion qu’un élastique intervient pour la réalisation de l’effet alors que cela n’est pas le cas « Tours avec élastiques virtuels ». - « Pistolet lance élastique » de PIF GADGET Il y a eu de très très très nombreux numéros de PIF Gadget qui ont un rapport plus ou moins direct avec la magie ne serait-ce qu’au niveau du nom des gadgets, celui de PIF n°2 est « Le zip magique » (vous savez, ce poisson rouge divinatoire en papier qui se plie de différentes façons à cause de la chaleur de votre main), le 4 étant « Le baromètre magique », le 5 « Le poster magique », le 6 « L’herbe magique », le 11 « Le math magic », le 16 « Le sorcier », etc.). Sans compter des références directes comme « le FREGOLI-GADGET » qui permettait de construire des personnages variés à l’aide de découpes en papier cartonné (!), ou « la vitre magique » du n° 148 qui est quand même le principe de base de l’effet de David Blaine passant son bras à travers la vitrine du bijoutier pour récupérer la montre de la spectatrice… Pour les collectionneurs, le n° 8 était un jeu de 32 cartes miniatures. Mais le sujet de notre recherche étant les élastiques (et nonobstant le fait que beaucoup de gadgets en nécessitaient l’usage souvent en tant qu’élément propulseur) j’ai retrouvé avec amusement que le n° 236 de PIF contenait « le pistolet lance élastique » en forme de poisson et accompagné de 6 élastiques. Le gadget fut également présent dans les numéros 236 et 891. Sources Un magicien français aurait développé une extension vraiment fascinante de cet objet de propulsion d’élastiques mais on m’a demandé de garder les détails de cette extension secrète (peut-être en vue d’une improbable commercialisation ultérieure mais qui sait ?) - Dans Magicus n°102 : « Tours d’élastiques » par Robert Auri Je ne possède pas ce numéro de la revue. Si quelqu’un parmi vous pouvait décrire les effets en question ?... - Vidéo « Classic Renditions » Vol. II : Michael Ammar présente en maillot de bain et au beau milieu d’une piscine « The crazyman’s handcuffs », « Dan Harlan’s Travelling Cash » et « The broken and restored rubberband ». Que des classiques. Cassette hautement recommandée. - Vidéo « Tours impromptus » de Pierre Switon (éditions Georges Proust). Une version TRÉS basique (l’objectif de cette cassette étant de proposer des tours de magie FACILES) de l’élastique sauteur. Dans la démonstration de la variante, il y a visiblement un petit problème avec le ligotage du second élastique… mais passons. - J’ai d’ailleurs retrouvé une information assez intéressante concernant une version de l’ élastique sauteur de Collins exécuté simultanément des deux mains qui figurerait (sans qu’aucun crédit ne soit donné) dans un n° d’octobre 1914 de « The Magic Wand », London. (Sources) - « The very best of Jay Sankey » Vol.2 (L&L publishing): Sankey a l’habitude de proposer des effets mortellement bons. Sur cette vidéo figure « Unleaded », un effet ou un élastique est enfilé sur un stylo, autour duquel il est ensuite enroulé plusieurs fois de suite. Les extrémités du stylo peuvent alors être maintenues par un spectateur, et l’élastique pourra cependant être enlevé magiquement. L’effet n’est pas archi spectaculaire en soi, mais la méthode sort un peu des sentiers battus en matière de techniques d’élastique. Idéal pour insérer dans un enchaînement. - « L’ILLUSIONNISTE n° 347 » « Chouchou Kangourou » de Claude Nops : une méthode originale pour propulser un chouchou en « surenclavage » (barbarisme technique propre aux amateurs de chouchous au même titre qu’escapologie -pour les spécialistes de l’évasion- qui ne figure pas non plus dans le dictionnaire…). Par ailleurs, Nops nous propose « Le surenclavage externe » qui est une alternative efficace à la « position de base » de Pierre ¨Poquet (elle aussi très efficace). Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Á bientôt pour de nouvelles aventures. Christian GIRARD [ 15. Mai 2003, 10:30: Message édité par : Thomas THIEBAUT ]
  20. J’ai longtemps hésité avant d’entreprendre le récit de cette histoire. Il est vrai que les différentes réactions de ceux à qui j’avais tenté de proposer ne serait-ce qu’une ébauche de narration m’incitaient à n’intervenir désormais qu’avec la plus grande des prudences. Commensaux, hôtes de passage ou fréquentations occasionnelles, aucun n’avait guère tardé à me regarder avec cet œil interrogatif qui sous le couvert de sembler indifférent - mais attentif - cache assez mal l’expression d’un doute transparaissant au travers même du masque affiché. Contrairement à ce à quoi la tradition du roman fantastique nous a habitué, l’affaire dont il est question se déroula par une journée de printemps on ne peut plus commune et agréable dont la douceur ne laissait présager d’aucune sorte les bouleversements à venir. C’est ainsi que c’est en toute quiétude et dans un état de – comment dirais-je? – « somnolence partielle » que je tournai à l’angle de cette rue d’un quartier que je pensais pourtant bien connaître. La boutique (sur le coup, je pensais qu’il ne s’agissait que d’une librairie de livres d’occasion, mais elle contenait aussi un bric-à-brac d’objets hétéroclites dont bien peu n’évoquaient assurément la fonction à laquelle ils étaient destinés ni ne parvenaient à éveiller en moi la plus petite impression de déjà-vu) la boutique, disais-je, attira mon regard sans qu’il n’y ait la moindre possibilité d’échapper à cette sorte d’attraction qu’elle exerça sur moi à l’instant même où je la vis. N’allez pas croire que quelque phénomène, disons pour faire court « ésotérique », n’ait influé sur cette décision que je pris de rentrer presque aussitôt dans le lieu, car c’est plutôt une sorte de curiosité naturelle qui toujours a guidé mes pas sur les chemins que je choisis de prendre dans ma vie, une sorte de propension à l’expérience nouvelle (pour peu qu’elle ne semble pas représenter un danger physique trop grand et trop immédiat), une inclination de ma nature qui toujours me pousse à m’approcher pour côtoyer et observer le mystère. Aujourd’hui encore, pourtant, je ne me pardonne pas de n’avoir point regardé l’enseigne de cette boutique avant de pénétrer dans la première des pièces qui s’offrait à la visite. Beaucoup à ce stade du récit se perdraient en digressions sur les divers accessoires qui traînaient sur les étagères, ou décriraient avec force détails les multiples appareils aux fonctions improbables qui se trouvaient çà et là et dont certains, à l’évidence, portaient déjà dans leurs formes mêmes des caractéristiques propres à vous plonger dans, comment dire… une certaine confusion. Je ne parlerai pas non plus des différentes senteurs qu’exhalaient de vieux porte-documents en cuirs protégeant quelques feuilles de papier gras et jauni dans la pièce du fond, ni des bruits, cliquetis et autres grincements ponctuels qui ne faisaient finalement qu’ajouter un cachet des plus particuliers à cette boutique du quartier Saint-Michel, pas loin des quais. Je m’étais comme à mon habitude - et pour répondre à mon obsessionnel penchant livresque - concentré sur les rayonnages parcourus d’inégaux ouvrages aux états de conservation des plus variés, et c’est celui qui possédait cette couverture vert pâle (que je pris pour une jaquette au départ, tant elle était dégradée) sur lequel je décidai finalement de m’arrêter. Il s’agissait d’une traduction d’un ouvrage américain qui datait du milieu des années 60. Je constatai d’ailleurs avec amusement que la date de l’édition française était très exactement celle de ma naissance, mais le nom de l’éditeur échappait quant à lui complètement à mon inspection, soit qu’il ait été effacé par le temps, soit qu’il ne figurât point sur le livre ce qui semblait plus curieux encore. Il m’importe toujours aujourd’hui de ne point révéler le nom de l’auteur, pour des raisons que je qualifierais de plus ou moins personnelles. La première page que j’ouvris s’est gravée dans ma mémoire de façon indélébile. Mot pour mot, je me souviens très bien avoir lu ces lignes qui me sautèrent au visage comme une illumination soudaine : « Parmi les nombreux stratagèmes du simulateur, il en est un qui consiste à noyer sa future victime sous un flot de paroles ininterrompues incluant paroles flatteuses et mots d’esprit afin de l’empêcher d’analyser la situation par une réflexion introspective qui la mettrait en garde et la protégerait. L’esprit de la victime s’engorge et se brouille tout empêtré qu’il est par l’accumulation de paroles mensongères, d’inflexions et de gestes trompeurs, et le voilà qui érige le simulateur sur un piédestal au rang des maîtres. Procéder avec autant d’infamie requiert de la part du simulateur une vivacité d’esprit des plus efficaces car la moindre erreur de sa part entraîne, en laissant la suspicion s’insinuer dans l’esprit de la victime, un écroulement de l’édifice chèrement acquis». J’avais pour ma part déjà rencontré des as de la manipulation mentale qui ne parvenaient effectivement pas à cacher durablement leurs véritables intentions. Un jour ou l’autre, le verni craquait et il fallait abandonner la victime en train de se ressaisir pour s’attaquer à d’autres proies encore fraîches et prêtes à être farcies tout autant qu’avaient pu l’être en leur temps les désormais bienheureux rescapés. Quelques pages s’échappèrent entre mes doigts et j’en parcourus presque avec amusement une nouvelle s’adressant cette fois-ci au simulateur lui-même : « Si votre interlocuteur ne se laisse pas appréhender par vos tentatives de domination mentale, ne perdez pas votre temps avec lui et laissez tomber : il existe un pourcentage absolument étonnant de gens prêts à se laisser dominer avec une grande docilité. Votre objectif est d’acquérir le pouvoir, le pouvoir d’influencer les autres afin de gagner plus d’argent et vous rendre populaire. Et ce pouvoir, pour l’obtenir, il vous faudra apprendre à diriger les pensées des autres ». Ce dialogue virtuel qui s’installait entre l’auteur et le manipulateur mental avait quelque chose de glacial et l’ouvrage qui était entre mes mains perdait pour le coup et peu à peu de sa chaleur tout en semblant proportionnellement devenir plus lourd, plus massif. Je tournai encore quelques feuilles, apercevant au passage des formulations en titres gras du type « Développez la tournure d’esprit qui asservit les autres… L’asservissement sélectif qui fait de l’autre votre véritable esclave… Diriger la pensée de l’autre est un art …» L’ouvrage contenait beaucoup plus de pages qu’il ne m’avait semblé au départ, il était plus touffu et paraissait regorger de ramifications nombreuses. Je crus trouver bon de m’arrêter sur celle-ci pour laquelle je ne pus m’empêcher d’éviter de laisser s’évoquer en moi des souvenirs de visages de gens connus et qui auraient pu probablement constituer comme un modèle pour cette assertion : « En vérité je vous le dis : il n’existe aucune personnalité aussi solide soit-elle qui puisse résister indéfiniment sans être ébranlé par une injection permanente de poison psychique … » Derrière moi s’enclencha une boîte à musique au mécanisme grippé qui s’arrêta aussitôt. Je venais de prendre conscience que je n’étais plus seul dans la pièce. J’apercevais le bonhomme sur ma gauche en vision périphérique, occupé à déplacer quelques objets innommables d’un coin à l’autre d’une petite table déséquilibrée en bois. Je reportai derechef toute mon attention sur le livre. Le texte que j’avais sous les yeux n’était plus celui que je venais de quitter une seconde plus tôt ! Avais-je tourné la page machinalement ou quelque courant d’air furtif s’était–il permis de déranger le cours de ma lecture, toujours est-il que mon regard se portait maintenant sur une série de conseils pour la domination mentale et des mises en garde qui étaient de cette nature : « N’hésitez pas à faire des compliments à vos victimes mais en prenant garde de ne jamais laisser transparaître le caractère prémédité et intéressé qu’ils cachent en réalité. Ne donnez surtout pas l’impression qu’il est impossible de vous influencer, mais amenez l’autre personne à votre façon de penser tout en lui faisant croire que c’est elle qui vous y a amené. Poussez les contradicteurs à vous attaquer verbalement et laissez-les ensuite s’embourber, se débattre, et lutter jusqu’à épuisement. » Une page cornée m’attira alors sur un long chapitre où figuraient des méthodes spécifiques destinées à dominer les individus méfiants, les personnes qui ont du chagrin ou celles qui sont en situation de détresse psychologique, accompagnées de nouveaux stratagèmes pour culpabiliser autrui tout en se faisant passer pour une victime. Je commençais à me demander dans quelle mesure je n’avais pas moi-même été guidé d’une façon ou d’une autre pour entrer dans cette boutique, pour m’être dirigé vers cette bibliothèque aux étagères branlantes, pour avoir choisi (?) sur les rayons ce livre à la couverture vert pâle… Le vieux bonhomme jeta furtivement un regard sur moi par-dessus ses lunettes alors qu’il déplaçait une fois encore les mêmes objets dans le but obscur d’organiser au mieux la petite table de bois. « Le son de votre voix est une arme, car il peut modifier par lui-même le sens et la portée de vos paroles. Quoi que vous disiez, et même si vous ne dites rien d’important, vous arriverez quasiment à hypnotiser celui qui vous écoute en grande partie par les modulations du timbre de votre voix. » « Avez-vous fait votre choix, monsieur ? » lança le bonhomme avec pour le coup une intonation qu’il me serait bien impossible de retransmettre par écrit. Je le regardai en songeant à cette remarque lue quelques secondes plus tôt : « Peu de gens ont eu l’occasion de frayer suffisamment avec de subtils simulateurs pour réaliser à quel point une expression plaisante – qu’elle soit faciale ou autre- peut accompagner une hypocrisie complète et des plus totales ». Le petit bonhomme avait l’air indifférent à ma réponse et je m’approchai de lui tout en lui demandant le prix de l’ouvrage que je tenais en mains. Il s’agissait d’une bonne affaire et je sorti de mon portefeuille Kaps un billet qui couvrait le prix de l’achat. Pas plus qu’au moment de pénétrer dans la boutique quelques temps auparavant, je ne songeai en me dirigeant vers les quais à m’enquérir, d’un regard sur l’enseigne, du nom de la boutique. Lorsque je fus à la maison, je m’installai sur une chaise de salon afin de m’attaquer à l’ouvrage par son commencement lorsqu’une enveloppe glissa d’entre les pages, m’échappa et chuta sur le sol. En la ramassant, je constatai qu’elle était cachetée à la cire, ce qui ne manqua pas de me surprendre car cela aurait du créer comme une protubérance évidente dans le livre mais je ne l’avais pas remarquée. Bien sûr, le côté mystérieux induit par la présence d’un système de fermeture aussi archaïque pour une enveloppe n’était pas fait pour me déplaire et en toute autre situation j’aurais souri de cette touche fantaisiste. Mais je crois avoir déjà dis plus haut que les révélations que je pourrais être emmené à faire constituent ce que j’ai qualifié de véritable bouleversement à venir et qu’ainsi il n’y avait pas lieu de se décontracter un tant soit peu en une telle situation. Avec ce qu’il advint et ce qui me fut révélé, j’aurais dû aussitôt me ruer à la boutique et comme dans tout récit fantastique standard, il m’aurait été impossible de retrouver le vieux bonhomme, la boutique mystérieuse, ni même la rue qui m’y avait mené. Le bouquin aurait par ailleurs probablement disparu à mon retour, ainsi que l’enveloppe. Dans les faits, ce n’est qu’une année plus tard que je trouvai le courage de me rendre à la fameuse boutique. La rue qui m’y avait conduit était toujours là mais la boutique avait apparemment cédée sa place à un pressing. Pas plus le patron du café d’en face que la galeriste d’à côté n’avaient oublié la présence de cette boutique mais à l’évidence ils n’en gardaient qu’un souvenir des plus superficiels. L’ouvrage à la couverture vert pâle est par ailleurs toujours en ma possession et je le considère aujourd’hui un peu comme un objet fétiche, une sorte de guide de protection. Quant au contenu de l’enveloppe me direz-vous ? J’ai retrouvé des traces de cire page 667 de l’ouvrage et j’y ai donc remis l’enveloppe décachetée et son contenu. Mais ce contenu, je ne peux le partager avec quiconque sans gâcher une part de ce mystère qui constitue un peu de notre quête à tous. Vous autres, les illusionnistes, habitués que vous êtes à conserver jalousement les secrets, je sais que vous serez les premiers à comprendre cette attitude, à accepter que je garde une petite place… pour le silence. Christian GIRARD
  21. S’il y en a un qui a fait un tabac à la dernière journée du C.M.P. , c’est bien Duraty. Son dernier opuscule en date intitulé « Enclavor et Liberator » s’est arraché dans une proportion avoisinant une démonstration / une vente !!! Pourquoi ? Parce que c’est bon. Parce que c’est TRÉS bon ! « Enclavor et Liberator » est le quinzième ( ! ) livre de Duraty, l’un des rares auteurs dont les tours soient réellement intégrés au répertoire professionnel de nombreux magiciens. La base de départ de Duraty fut « le principe publié par Paul Curry en 1950 » et plus récemment remis au goût du jour par la commercialisation de la boîte de Dean Dill. Je signale qu’une excellente description d’une application de ce principe figure dans The Magic Book de Harry Lorayne (en français, chez Magix, sous le titre « Enlacement » page 315) qui donne comme source (en plus de Curry) Jack Avis. (NDTT)... la suite dans la partie Lectures, ici ! Christian GIRARD P.S. Je suis à la recherche de livres d’occasion de Duraty : MAGIE POUR LES AMIS, LE PETIT DURATY ILLUSTRE, COURS DE TARTES, FRISSONS MAGIQUES, LA MAGIE QUE J'AIME - Tome 1 et 2, LE ROTOGRATOPHONE.. Si vous désirez vendre l’un de ces ouvrages, contactez-moi par le biais de mon adresse électronique. En vous remerciant. [email protected] [ 09. Mai 2003, 20:48: Message édité par : Thomas THIEBAUT ]
  22. Hello Bruno Pour ce dont on a parlé, j'appelle ça "un fake olfactif". C.G.
  23. Ne revenons pas sur le fait que les 3 volumes de Arthur Good allias Tom Tit sont des… comment dit-on déjà ? Ah oui des incontournables ! Et au prix extrêmement accessible de ces rééditions (au regard de ce que coûte une édition originale), on aurait tort de s’en priver. Pour information: un article de Daniel Rhod a été consacré au musée Tom Tit dans Imagik n° 21 d’octobre 1998. Ce musée se trouve à Södertälje, en Suède (près de Stockholm), et vous pouvez y accéder à cette adresse : http://www.tomtit.se/ Pour ceux qui lisent couramment le suédois, c’est l’idéal ! Christian GIRARD
  24. Gambit? Hum, je vois que l'on a affaire à un spécialiste Marvel... CG
  25. J’avais rédigé un court article paru en janvier 1999 dans « Mental News », feuille réservée aux membres de l’association Mindon Mania. Je vous livre cet article (légèrement modifié) en raison du sujet de ce thread et de l’actualité cinématographique du moment. « MÉDIUM ET SON TERRIBLE AUTO-TANK » Ça ressemble à un mauvais titre de bande dessinée… et c’en est un ! Si vous êtes intéressé par l’effet « mindon », vous pouvez retrouver URI GELLER dans cet épisode de l’intrépide DAREDEVIL paru en Août 1980 dans Strange n°128. Ça date de plus de 20 ans, mais vous pourrez toujours trouver ce vieux numéro chez les marchands de B.D. d’occasion au prix approximatif de 4 euros. Le district attorney de New-York présente lui-même URI au super-héros DAREDEVIL qui s’exclame : «Vous êtes une sorte de magicien… qui courbez le métal, les clés et… » URI l’interrompt : « Je ne suis PAS magicien, Daredevil. J’ai le pouvoir de lire la pensée, de soulever les objets et, en effet, de courber le métal ». URI raconte alors comment il vit, à l’âge de 3 ans, une lueur argentée dans le ciel et un rayon qui vint le frapper, lui permettant ainsi d’acquérir le don de… réparer les montres à distances ! (sic). Au cours de l’épisode, GELLER tord psychiquement deux grosses barres de métal à 90°, détecte de « fortes vibrations mentales » sous forme de « lux intense d’énergie mentales » ( ?), envoie des ondes télépathiques, cache sa présence à un puissant médium, surcharge jusqu’à explosion (!) et grâce à un bouclier mental des circuits électroniques sertis dans le métal d’un tank haute technologie, pulvérise littéralement une arme dans la main d’un méchant et le ligote en tordant la totalité des barreaux d’une fenêtre… Enfin, il fait voler par télékinésie un dernier barreau. Le dialogue entre les deux médiums ennemis se déroule, comme de bien entendu, par pure télépathie. Rien de moins. On peut aller se coucher avec nos torsions de petites cuillères et autres book-tests… Et si en outre vous allez voir Daredevil au ciné, vous verrez « le tireur » effectuer un « back and front » pour produire un as de pique, se révélant être entre ses mains une arme redoutable pour trancher la gorge d’autrui, un peu, disons, à la Ricky Jay. Christian GIRARD
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