Aller au contenu
Pas de pub non magique pour les membres du Cercle VM. Clique ici pour en savoir plus !

Christian GIRARD

Cercle VM o
  • Compteur de contenus

    17785
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Trophée

    326

Tout ce qui a été publié par Christian GIRARD

  1. Christian GIRARD

    Dingbats

    Hello Julien. Ta façon sympathique de contourner le problème via une approche dite « de pensée latérale » fait référence à une anecdote originale qu’il faut attribuer à Tristan Bernard, pas à Guitry. Amicalement C.
  2. Salut Arthur et merci Des contraintes horaires m’empêchent d’écrire ici longuement mais je libère une partie de ce « temps que je n’ai pas » pour noter brièvement ces quelques mots. Nestor Hato m’a gentiment invité au resto mardi dernier et ce furent de jolies retrouvailles amicales. Saint Antoine de Padoue l’a accompagné et j’ai eu pour cadeaux un joli DVD tout beau tout neuf et le fameux gimmick Nestorizer qui déchaîne inexplicablement chez quelques-uns tant de foudres. Laurent alias Nestor est resté fidèle à ce que je me souvenais de lui ; toujours charmant, sympa, l’esprit vif et très ouvert à la discussion. Par ailleurs, il fait preuve d’une honnêteté intellectuelle sans faille (ça me change, vu le nombre de « créations » que certains m’on pillées et celles qui s’apprêtent à l’être). En effet, dans son interview sur MagicZooM, à la question « Comment avez-vous élaboré tant d’effets différents avec un seul accessoire ? » Laurent répond, je cite : « […] Pendant plusieurs années je me suis beaucoup penché sur diverses méthodes pour faire sortir une carte avec ce gimmick, mais je restais bloqué dans cette direction. Puis il y a eu cette rencontre avec Christian Girard qui a été un déclencheur pour la suite. Je me souviens encore de cette phrase : “C’est super tes applications mais ça serait bien de trouver autre chose que des sorties de cartes, je ne sais pas… un forçage par exemple ! ” La phrase magique ! Je crois que dans les cinq minutes qui ont suivi, la base de tout le reste est sortie toute seule, à savoir une manière de changer une carte pour une autre. Un autre monde s’est alors ouvert devant moi. Je suis rentré chez moi avec plein d’idées et j’ai continué dans cette voie pour trouver, au fil du temps, encore plein de choses complètement différentes […] » Fin de citation. Voici le lien pour l’interview complète : Interview Nestor Hato Nous avons passé Nestor et moi-même pas moins de cinq heures à dialoguer avec le même entrain qu’autrefois ; s’est dégagée déjà au moins une nouvelle approche pour un effet de sandwich avec le Nestorizer, ainsi qu’une idée pour la production d’un carré de cartes qui a un potentiel redoutable. Pour faire court : un spectateur désigne librement quatre cartes au hasard dans l’étalement face en bas et il s’agit d’un carré (de rois ou d’as, c’est selon), sans change (ce dernier point est d’importance)! Vous n’y croyez pas ? Bah, je suppose que ce sera proposé dans le volume 2 du DVD… Laurent m’a également fait cette joie de me présenter les effets tirés de ma propre routine de chouchous qu’il utilise depuis des années, ça m’a beaucoup touché. Il me rappela également un tour que j’avais inventé à l’époque où l’on se fréquentait régulièrement, et que j’avais complètement oublié, merci Laurent ! Pour autant que je puisse le constater et au moins pour d’indéniables raisons d’antériorité, le gimmick de Laurent me semble être l’une des principales sources d’inspiration d’Eject, de Mathieu Bich, dont la particularité est d’intégrer, en plus du principe projectif, un procédé permettant un effet retard dans les éjections de cartes. Maintenant, je suis en mesure d’affirmer un certain nombre de choses qui me semblent définitives. Tout d’abord, Nestor ne prétend en aucun cas être l’inventeur du principe de houlette avec un gimmick à élastique. Le gimmick « révolutionnaire » n’est qu’une formule marketing qui ne peut lui être imputée. Pour ce qui est de la version de Cardini : Mon ami Philippe Billot d’Atefake.com me signale que « le Tarbell en volumes est une réédition, l'original étant un cours par correspondance en 60 leçons envoyées de 1926 à 1929. Par conséquent, le volume 2 publié par Tannen en 1942 comprend diverses leçons originales incluses sans tenir compte de la chronologie. La véritable date pour la version de Cardini de ce tour est 1927 et c'est la leçon 18. » Bravo et merci! Philippe pourrait également vous sortir d’autres sources antérieures à cette dernière ou faire l’historique de la houlette « à fil » en détaillant jusqu’à la version de scène de Buatier de Kolta, mais je pense qu’il a d’autres chats à fouetter. En tout cas, merci pour ces informations. Une dernière précision de Philippe quand même, en écho à ce qu’on peut lire dans le passage du Tarbell cité plus haut : Cardini ne donnait que sa propre façon d’utiliser un principe préexistant puisque déjà vieux à l’époque ; il se vendait dans les cirques, les fêtes et même au coin de la rue. Deuxièmement : Pour répondre à une question qui m’a été posée par message privé, je peux ajouter que le système élastique du Nestorizer n’est pas semblable à celui d’Isaac Langéri, vendu dès novembre 1995 puis commercialisé plus tard chez Georges Proust sous le nom de Houlette Psy. Pour ma part, je suis toujours épaté par le fait qu’il existe plusieurs méthodes relativement distinctes pour mettre un fil élastique dans un gimmick, chacune ayant un intérêt particulier parfois dépendant des innovations technologiques comme la production des différents matériaux élastiques ; à ce propos, Langéri crédite Jeff Mac bride comme étant à son avis « le premier à commercialiser une houlette avec du fil invisible élastique ». Troisièmement : Pour ce qui est de savoir si le Nestorizer est « visible » ou pas une fois qu’il est dans le jeu. À mon sens, il peut être indétectable. Entre les mains de son concepteur, le gimmick ne se perçoit pas. Laurent est capable de conserver une tenue naturelle du jeu et je n’imagine pas que le plus attentif des spectateurs puisse voir ou soupçonner visuellement le gimmick dès lors qu’il est maîtrisé. Laurent m’a présenté certains de ses effets durant une bonne heure et j’affirme que le gimmick n’était pas visuellement perceptible dans le cadre d’une utilisation normale en magie rapprochée, en l’occurrence à cinquante centimètres de moi. Ceci dit, il n’est pas impossible que certains gimmicks de la série fabriquée aient pu être mal façonnés mais il s’agit là d’une supposition complètement gratuite. Sachez que je ne peux une fois de plus parler qu’en fonction de mon expérience directe qui pour le coup ne me permet pas de me ranger du côté des détracteurs. Je ne sais pas si j’interviendrai pour parler du DVD que je ne pourrai pas visionner avant quelques semaines, j’ai plusieurs autres priorités. Une remarque : Laurent et moi nous étonnions de ce qu’il était très peu question des effets proprement dits dans les interventions, c'est-à-dire du véritable contenu du DVD. Il serait peut-être temps d’en débattre constructivement. Le nombre de visites sur ce seul sujet, 15 739 au moment où je termine ces lignes, nous semble purement inexplicable, mais prouve que le DVD suscite un grand engouement ; d’ailleurs les ventes suivent ! Bref, mon avis est que Nestor Hato a trouvé de remarquables applications absolument magiques avec son Nestorizer. Le nier serait la preuve d’une indigne mauvaise foi. Lorsque vous verrez les effets en conditions réelles, en face de vous, vous comprendrez ! La soirée avec Laurent se termina alors que nous comparions nos routines respectives avec des élastiques à mémoire de forme et que nous nous rendions compte de ce fait troublant : nous avons la même date anniversaire qui tombe précisément le jour de… la Saint-Nestor ! Wow ! À bientôt Laurent Christian Girard
  3. Bonjour Alfie Votre question n’est pas si « toute simple » que ça… Le prodigieux site Artefake (j’ai choisi cet adjectif à dessein) donne déjà pour une quantité inouïe de tours la possibilité de ne plus dire « Je n’ai pas trouvé d’antériorité à cet effet ». Il me semble qu’une partie de la réponse à votre question s’y trouve (notamment quelques effets « d’imprimerie »), rubrique « Carte folle » justement, ici : Carte folle : site Artefake Pour ce qui est de votre demande particulière, vous avez raison d’essayer d’être précis pour définir la catégorie. À la lecture de l’article, concluriez-vous que les tours de « petits paquets à cartes blanches » sont une catégorie à part ou qu’ils consistent souvent en de simples variations de la Carte folle originale ? Quand, comme le font via Artefake mes deux amis Philippe Billot et Pierre Guédin, on fait un boulot consistant à collecter et répertorier les tours pour les classifier chronologiquement, arriver à définir un juste cadre est une tâche capitale à la cohérence. Votre recherche est-elle relative aux seuls tours dits « de petits paquets » ? Un jeu qui change de couleur est-il aussi selon vous une sorte d’imprimerie ? Quelle est la limite entre un petit paquet et un jeu complet (Notez : cinquante-et-une cartes, ce n’est déjà plus un paquet complet ! Mais est-ce que deux cartes seulement suffisent à constituer un « paquet », même « petit » ?). Le thème même de « l’imprimerie » est-il un élément de classification (autrement dit, tout effet de changement de couleur peut-il être considéré comme un effet d’imprimerie, même avec une seule carte ? La liste permettant de réduire le cadre est longue. Bonne chance dans vos recherches C.G.
  4. Ah ! L’art scénique des métallos hideux… (Net avantage aux physiciens sur ce double jeu de mots). Une bande de faux mages qui n’aiment pas le rock fort, c’est un comble, faut le « faire » ! En réalité, Metal est le nom d’un style donné en hommage à ces musicos qui fréquentent surtout le zinc ! ZINC SUR ZINC ! Interjection d'ivrogne censée témoigner de sa bonne capacité de réception auditive après quelques verres au comptoir. Par ailleurs, le culte du Dragon n’est pas la seule référence mythologique de ces groupuscules, la preuve : DÉCYBÈLE. Déesse phrygienne du volume sonore. « Les guitaristes de hard-rock rendent continuellement hommage à Décybèle par une utilisation abondante et presque excessive des modes grecs. » (Rock&Folk) Le Rock étant aussi un gigantesque oiseau légendaire (voir les contes orientaux, notamment Sindbad le marin), il inspire tout autant des mélodies planantes que des musiques qui vous volent dans les plumes. Le Metal quant à lui puise son âme dans un style original aujourd’hui tombé en désuétude, le Frock : FROCK. Musique exécutée par des blousons noirs qui, l’ayant ôté, poursuivent en pantalon. Voilà, il me semblait important de recadrer le débat à l’aide de ces sources historiques solides et indéniables. Et attention aux effets secondaires ! MÉTALUCINOGÈNE. Qui provoque des visions par absorption de particules métalliques. « L'eau ferrugineuse est métalucinogène. » (Bourvil) Amicalement Christian Les mots-valises cités ci-dessus sont tirés de mon dictionnaire de néologismes « 1000 Mots dans une valise » dont certains extrait furent édités sur le Net en 2005 et sont donc protégés par le droit d’auteur.
  5. Bonjour Bizarrement, ce sujet n’avais pas vraiment réussi à attirer mon attention jusqu’à l’intervention de Nestor Hato, un magicien qu’à priori je ne connaissais pas. En parcourant les différents messages postés ici me revenait en arrière-fond un souvenir qui me faisait prendre du recul face aux affirmations presque péremptoires des uns et des autres… Je me souviens ! Il y a quelques années, j’avais commercialisé un tour qui était vendu dans la même boutique que celle ou l’on pouvait trouver la fameuse « Houlette sauteuse » dont il est question plus haut. À cette époque, j’ai passé pas mal de soirées de fin de conférence avec le concepteur de cette houlette, un jeune magicien qui à l’époque avait de sérieux doutes sur ce que la magie allait devenir pour lui, en partie pour des raisons personnelles mais aussi parce qu’il n’arrivait pas à se libérer de certaines influences qui laissaient en lui comme un sentiment de malaise et dont il fallait s’écarter. Si Nestor Hato ne l’avait pas révélé plus haut, je n’aurai peut-être pas fait le lien entre cet amateur hésitant à la recherche d’une identité et le magicien talentueux et sûr de lui que je viens de découvrir au travers de différentes vidéos sur Internet. Si Nestor Hato EST Laurent Sémont, mon intervention me semble constructive pour le débat. Le Laurent que j’ai connu n’a effectivement jamais fait preuve en ma présence d’une « arrogance et d’un ego développé » (Je cite). Il était attentif, réceptif et ouvert à la critique. Un soir, ce devait être rue Saint-Antoine (oui, ce saint qu’on invoque pour retrouver les objets perdus…), Laurent me montra ladite houlette qu’il venait juste de concevoir. Ma première réaction, indépendamment de celle inhérente à l’effet lui-même, fut de lui faire remarquer ma perplexité quant à la nouveauté de l’objet truqué utilisé. J’en connaissais le principe que je qualifiais alors d’évident tant l’élastique est bien l’idée première qui vient à l’esprit dès lors qu’une carte sort « toute seule » d’un jeu. D’autres houlettes utilisent des mécanismes bien plus alambiqués voire contre-intuitifs. Je cherchai à comprendre en quoi la version de Laurent pouvait être intéressante mais ce n’était certainement pas dans le cadre d’une simple houlette. Je lui indiquai alors cette hypothèse de travail : trouver des applications dans des effets indirects ou n’induisant pas la solution de élastique. Ce soir-là, je lui dis d’abord sous son regard incrédule : Et si on faisait un forçage avec ta houlette ? Je proposai alors cette solution consistant à faire choisir une carte dans le jeu éventaillé face en bas, puis à refermer l’éventail en laissant dépasser la sélection de moitié vers l’avant, puis à relever le jeu en hauteur face au spectateur en introduisant invisiblement de l’index gauche la carte choisie dans le jeu tout en laissant sortir la carte à forcer grâce au principe de houlette. Le spectateur prend donc connaissance d’une carte forcée grâce à une sorte de change invisible de la carte dépassant à l’avant. S’ensuivirent diverses autres propositions de ma part, comme le simple fait d’exécuter un change (une carte dépassant du jeu tenu verticalement face vers le spectateur ; en descendant les mains vers le bas, la carte est enfoncée secrètement du doigt alors que la carte qui prend visuellement sa place est la carte explusée grâce au principe de houlette), un brainwave ( le spectateur montre du doigt une carte dans le jeu éventaillé faces en l’air, on effectue le change à la houlette pour montrer qu’il a choisi la seule carte avec un dos différents des autres cartes du jeu), etc. Cette discussion avec Laurent au sortir d’une conférence, je ne savais pas qu’elle génèrerait en partie le DVD qui vient de sortir. Oh, je ne dis pas être le seul moteur de la réflexion de Laurent et je ne revendique pas même la paternité d’un quelconque effet décrit succinctement plus haut. Mais j’ose croire, eu égard à ce qu’il ne s’agissait alors ce soir-là que d’un simple effet de houlette et rien d’autre, que j’ai apporté une pierre si petite soit-elle aux développements du principe de Laurent. On était aussi excités l’un que l’autre par les possibilités offertes qui s’ouvraient devant nous. Qu’il ait poursuivi son effort de recherche jusqu’à ce DVD qui fait beaucoup parler de lui me comble. Laurent, il y a plusieurs années qu’on ne s’est pas croisés (c’est bien toi qui t’enfonças un clou dans le nez à Pizza Pino, prés des Halles ?). Tu as beaucoup mûri et ton numéro de scène témoigne d’un travail multidisciplinaire extraordinaire. La production de cartes à répétition ne me semble pas être la meilleure voie à suivre, même si tout ce que tu fais frôle la perfection ; crois-moi, le changement de couleur de cheveux que tu effectues à la fin est vraiment le moment le plus fort de ton numéro, c’est… magique ! Pour information : je n’ai eu entre les mains la « Houlette sauteuse » de Laurent Sémont que cet unique soir ou nous discutâmes autour des extensions possibles de son objet truqué. Je n’ai pas visionné le DVD afin de ne pas pervertir mes souvenirs de cette soirée et pouvoir rester authentique dans mon témoignage. Mais je fais une petite prière à saint Antoine de Padoue afin de trouver sous peu le DVD dans ma boîte aux lettres, ce serait chouette ! À bientôt Laurent Amicalement Christian Girard
  6. Bonjour Serialseb Merci pour votre contribution. « Tour de force » de Daniel Rhod figure également dans « Secrets virtuels » ainsi que dans Imagik n° 13. Ce tour ne répond pas vraiment au cadre proposé plus haut puisqu’il repose sur une méthode de forçage psychologique. Comme je l’ai écrit « un simple forçage (efficace et insoupçonnable) suffirait à générer le trouble du spectateur, mais ce n’est pas l’objet de cette réflexion ». Chercher des voies plutôt psychologiques permettant de donner l’impression d’un choix libre (mais qui n’est libre qu’en apparence) reste une piste à défricher qui mériterait de ne se pencher que sur cette seule approche. Je me souviens avoir débattu avec Rhod, à l’époque où fut publié « Tour de force », d’une idée fascinante qui diverge de celle des sorties multiples si prisées en magie, il s’agit des sorties à tiroirs. L’objectif est de pouvoir réagir face à un échec lorsque cela arrive si l’on use d’un forçage psychologique, même idyllique (pour reprendre la terminologie de Rhod). Ainsi, une seconde sortie convaincante mais tout aussi «idyllique » peut être envisagée ; si cette dernière échoue aussi, ça peut ouvrir la porte à une troisième tout aussi convaincante et ainsi de suite. Je ne sais pas si des textes furent publiés à ce sujet dans la littérature magique. Le paradoxe est que le tiroir du troisième degré peut se révéler d’un impact magique supérieur à celui du premier degré ! Ainsi se présente une situation tout à fait inhabituelle pour le magicien, consistant à trouver des méthodes pour faire échouer les sorties de degré un et deux ! Intéressant n’est-ce pas ? Marlo use lui aussi d’un stratagème redoutable de simplicité dans Fifty-fifty, tour auquel vous faites référence. Là encore, il y a quand même une préparation, un travail en amont. Le magicien contrôle parfaitement la situation des cartes dans le jeu et il existe une double sortie (l’une des deux plus nette que l’autre). En tout cas, on est dans le cadre des probabilités débattues dans les messages précédents. Avec ce tour de Marlo, on peut tirer cette conclusion riche d’enseignement : même lorsque la probabilité donne seulement une chance sur deux au spectateur de faire échouer le magicien, ça reste suffisant pour générer un effet magique ! On est loin d’une chance sur cinquante… Je n’ai pas le temps de poursuivre mon intervention plus avant aujourd’hui, je vais donc terminer en illustrant un paradoxe qui découle en partie du principe de raison insuffisante (Robert Musil, L’homme sans qualité). Trois cartes sont posées sur la table, alignées et face en l’air. Le spectateur pense à l’une de ces trois cartes. Le magicien a donc une chance sur trois de découvrir par hasard laquelle est la carte pensée. Si le magicien sépare mentalement les cartes par une ligne imaginaire isolant une carte « à gauche » et « deux cartes à droite », il y a alors une chance sur deux pour que la carte choisie soit « à gauche » ou « à droite ». Abordée selon cet angle, la carte de gauche, isolée, a donc une chance sur deux d’être la carte choisie ! Je vous laisse vous débattre avec ce paradoxe qui fait que l’on passe d’une probabilité de un tiers à un demi par ce biais conceptuel. En lien connexe, je vous renvoie au livre de Martin Gardner « le Paradoxe du pendu » (Éditions Dunod 1971) qui présente d’autres paradoxes logiques du même ordre. C.G.
  7. Salut Gérard Très surprenant ce ukulélé Ovation ! Pour ceux qui ne connaissent pas Jake Shimabukuro dont les vidéos font le tour du monde Internet, voici un lien permettant de comprendre à quel haut point d’expressivité peut être porté un morceau interprété avec cet instrument ; il s’agit d’une merveilleuse composition de Georges Harrison, dont le leitmotiv est « pendant que ma guitare pleure doucement ». À partir de 2’40 vous verrez que le ukulélé pleure moins doucement qu’une guitare… Le site de l’interprète : Jake Shimabukuro Une femme, un ukulélé… De mon côté c’est ce morceau-là que j’ai longtemps fait passer en boucle. Il me hante ! Il s’agit d’une chanson qui est devenue l’une des plus populaires aux États-Unis, elle a été reprise par les plus grands (Ella Fitzgerald par exemple, excusez du peu !). Malgré une interprétation qui peut paraître froide, Bobbie Gentry a créé un hit dont le charme énigmatique reste encore présent aujourd’hui, les paroles et le sens profond de cette chanson ayant fait l’objet d’hypothèses et autres supputations des plus étonnantes : Ode to Billy Joe, 1967. Pour la petite histoire, une version française existe, interprétée par Joe Dassin (ce qui est particulièrement intéressant dans cette version, c’est d’étudier le travail des traducteurs qui ont dû transformer « Today Billie Joe MacAllister jumped off the Tallahatchie Bridge » par « Ce matin Marie-Jeanne Guillaume s'est jetée du pont de la Garonne ». Mais dans les deux cas, il y a des tas « d’objets » indéfinis qui passent par-dessus le pont, d’où le trouble… Quant aux cigales qui font les chœurs dans la chanson d'Anne-Claire, c’est parfait ; toute mon enfance… C.G.
  8. Hello Frantz Allons un petit peu plus loin avec un jeu sans joker. Deux 6 (supposons les 6 noirs) ont été retirés du paquet pour l’effet de sandwich, ce qui abaisse (ou augmente, ça dépend comment on raisonne) la probabilité qu’un autre 6 soit choisi à une chance sur cinquante. Puisqu’il y a encore deux 6 (les rouges) dans le jeu, on amène alors à une sur vingt-cinq la possibilité de vivre le « coup de chance » décrit pas Spadra, un coup de chance qui devient du coup beaucoup moins « énorme » (selon le qualificatif qui fut employé). Continuons de modifier les probabilités à notre avantage. Il y a moult possibilités de créer l’étonnement en se préparant à toutes les situations rencontrées lors du libre choix par un membre du public (par le biais de coïncidences mathématiques dont on pourrait faire la liste, par la proximité auditive du nom d’une carte – un dix pour un six, …). Quelques exemples au hasard : - Oh, vous avez choisi une carte rouge, c’est idéal pour contraster avec les deux cartes noires que je venais juste de sortir. - Oh, vous avez choisi une carte noire, c’est étonnant car c’est justement la couleur des deux 6 que j’avais sortis du jeu. - Oh, vous avez choisi un 5, c’est justement la valeur qui précède 6, celle des cartes que je viens de retirer moi-même. - La méthode sera adaptée pour tous les 7 (la valeur qui suit très exactement celle des 6 précédemment sortis), ou toutes les dames (qui ont pour « valeur » douze qui est 6 fois 6 !), etc. La capacité de permettre au spectateur de faire ce que l’on appelle un recadrage est une pièce maitresse dans l’arsenal du magicien. Le sujet ouvert par Spadra, pour peu que l’on se donne la peine d’y bien réfléchir, est une clé fondamentale de la magie. Une de ces clés que Virtualmagie peut permettre de regrouper en trousseau pour peu que chacun y participe de façon constructive. Il serait intéressant de proposer une large palette d’idées permettant de créer les conditions dudit recadrage. Je fais par ailleurs remarquer que l’étonnement ressenti par Spadra permet aux magiciens de se mettre pour une fois dans la peau d’un spectateur lambda et de ressentir ce qui pour moi est l’essence de la magie c'est-à-dire pas le texte, pas la construction, pas la musique, pas le support, pas une réponse à la fuite d’un quotidien souvent qualifié de façon négative (à croire que les gens, en majorité, seraient malheureux ou frustrés et qu’ils iraient oublier leurs peines en allant regarder des spectacles), pas la technique, pas le divertissement comique, (je vous laisse ici le soin de compléter tout ce que la magie n’est pas mais qui sert d’emballage, de support, d’amplificateur et qui lui est donc indispensable !), mais bien ce seul et souvent fugace moment d’émerveillement face à un événement que la physique, les mathématiques ou la logique n’expliquent pas. Je donne un autre exemple de ce dont il est possible d’user pour créer des conditions de surprise, au moins par petites touches : avant que le spectateur ne choisisse une carte, le magicien dit « Prenez une carte quelconque, mais pas un as ou un roi qu’on utilise souvent en magie. » Par ce biais, vous avez (en plus des possibilités de sorties précédemment proposées) huit « chances » supplémentaires, à vous de rebondir dessus par un « Ah !, un dix, c’est bien, ce n’est pas un as ou un roi, bravo. Et en plus un 10 noir, noir comme les 6 que j’avais sortis. » ou, avec le sourire de celui qui semblait s’y attendre (ou un air faussement courroucé qui donne au spectateur l’impression d’avoir une sorte de contrôle de la situation, tout en vivant ce trouble d’être dans un cas de figure qu’il recadre naturellement comme étant singulier) « Ah, un as, c’est étonnant n’est-ce pas ? Ce n’est pas grave, on va utiliser cette carte puisqu’après tout il s’agit de votre choix. Et en plus un as rouge qui contraste parfaitement avec les 6 noirs que j’avais sortis, bravo ! ». En réalité, il est possible de créer les conditions permettant de faire en sorte que tous les choix du spectateur paraissent, au moins en partie, extraordinaires ! Notez que cette approche implique de réfléchir non seulement sur la perception du spectateur mais aussi, pour une fois, sur celle que le magicien lui-même a de son propre tour de cartes ! Bien sûr, un simple forçage (efficace et insoupçonnable) suffirait à générer le trouble du spectateur, mais ce n’est pas l’objet de cette réflexion. Par manque de temps, je retourne à mes travaux dont plusieurs devraient vivement intéresser la communauté magique dans les mois à venir. Je ne suis pas sûr de pouvoir intervenir encore aussi longuement sur le forum, mais je suivrais le débat, s’il s’ouvre. Il s’agit d’un VRAI sujet. Élargissons le champ des possibles ! Salut à tous ! Et merci par avance à ceux qui apporteront leur contribution à cette réflexion. C.G.
  9. C’est toujours avec un immense plaisir que je rencontre Christian Grenier, notamment lors de la réunion mensuelle des Amis de la magie. À chaque fois, il me surprend par son inventivité avec des cartes. Ses techniques sont nouvelles, son approche différente, bref il est de ces magiciens qui, avec une grande discrétion, permettent à la magie d’avancer. Sympathique et toujours le sourire aux lèvres, il est de surcroît très généreux de son savoir ; la preuve : CHRISTIAN GRENIER : BLOG Vous pourrez vous faire une idée du bonhomme en visitant ce blog qui donne un aperçu minuscule de ses trente années de pratique de la cartomagie. D’ailleurs lui, il ne parle pas de « pratique », mais de « passion »… Il y a parmi nous des innovateurs de talent, ne passez pas à côté de celui-ci ! C.G.
  10. L’extraordinaire Salah, révélé au grand public dans l’émission Incroyable Talent dont il remporta la compétition, ici en free style impromptu, ça devrait vous plaire : SALAH
  11. La dernière sculpture, Animaris Rhinoceros, est poussée par un humain, soit, mais elle peut être mue par le vent, Jansen précise tout cela ici, à 4’50 : Conférence « Le vrai génie n’est pas celui qui a inventé la roue, mais celui qui a inventé les trois autres ». Jensen suggère qu’il invente, lui, la roue du XXIe siècle !
  12. Sculptures mécaniques mues par le vent, c’est beau et fascinant : T. J. Mechanism Regardez aussi les vidéos similaires, les schémas techniques, les maquettes. Exemple Une extension de l’origami, de l’énergie solaire, du rêve. La vidéo laisse supposer que le principe utilisé est celui du radiomètre solaire, mais je ne saurais être affirmatif sur ce point ; si c’est le cas, c’est encore plus épatant ! : Cheval C.G.
  13. Bonjour Yann Je n’ai pas téléchargé Frets on Fire, on utilise les touches du clavier à ce qu’il me semble. Guitar Hero est un jeu de même type mais nécessitant un manche périphérique. Voici un lien montrant un expert de ce jeu, c’est époustouflant ! Le défilement est si rapide qu’il semble impossible de lire et jouer simultanément, et pourtant… Guitar Hero Ceci dit, la main gauche ne s’occupe que de cinq touches, avec une vraie guitare la complexité monte encore d’un niveau. Il existe de nombreux guitaristes réputés pour leur rapidité d’exécution, Yngwie Malmsteen fut l’un des précurseurs, voici un exemple de ce qu’il fait, lui, pour se dégourdir les doigts, ça s’appelle les Arpèges de l’Enfer et la première minute est juste un échauffement : Arpeggios From Hell Vous avez vu son expression lorsqu’il termine sa démonstration ? Christian
  14. Bonjour Gérard. Je connais une expérience que présentait régulièrement Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique et généreux transmetteur de savoir, expérience fascinante à plusieurs titres qu’il tenait lui-même de Jacques Duran ; pas de riz, pas de baguette mais du sable et un manche à balai. Voici deux liens pour t’ouvrir les fameuses pistes demandées : Pierre-Gilles de Gennes Jacques Duran À bientôt Christian "Le jour où on comprendra vraiment la physique du tas de sable, on aura fait un pas gigantesque" P.-G. de Gennes
  15. Hello Arthur J'avais donné un lien pointant vers le site de l'extraordinaire Greg Irwin dans ce sujet : Greg Irwin Je renvoie au sujet complet parce que le second lien " lévitation magnétique de grenouille" est toujours valide ; le sujet datant de deux ans certains pourraient y trouver quelque inspiration nouvelle. C.G.
  16. Magnifique travail effectivement. Merci Bob pour ce lien. A propos de Bullet Catch auquel il est fait référence, je signale que figure dans le prochain numéro de L’Illusionniste (n°363 actuellement chez l’imprimeur) une version qui ne manque pas d’intérêt de ce tour fameux par la Compagnie du Scarabée Jaune. Figureront dans cet article l’explication de l’effet, une interview de l’artiste et ces notes de Philippe Billot et moi-même : Chung Ling Soo (mais aussi Billy Robinson, William E. Robinson ou William Ellsworth Campbell) fut le nom de scène du magicien américain William Ellsworth Robinson né en 1861 et mort à Londres en 1918 en exécutant (et en se faisant du même coup exécuter!) l’effet Defying the Bullets, c'est-à-dire sa version de l’effet plus communément connu sous le nom de Bullet Catch. Bullet Catch (ou : bullet-catching trick, Bullet Catching Trick, Gun Trick). Il est fait mention écrite de cet effet dès 1597 mais il a été présenté un peu avant par un magicien français du nom de Coulen. Des Indiens canadiens, les Algonquins, s’en servirent vers 1723 pour prouver leur invulnérabilité face aux balles des hommes blancs. Ce tour est à l’origine de la mort de plus d’une dizaine d’exécutants (l’artiste lui-même ou l’un de ses assistants) et d’autant de blessures. Les magiciens avancent généralement dans leur boniment le nombre de douze prédécesseurs morts afin de se situer dans la position dramatique de la treizième victime potentielle. Par ailleurs, l’image que tu nous proposes ne pouvait que m’évoquer deux de mes mots-valises que voici : ANALOGIVE. Projectile qui, à des fins de parfaite pénétration des gaz atmosphériques, adopte une forme évoquant celle d'un suppositoire. « Les analogives transcontinentales vont révolutionner le mode d'administration des monumentalgiques dans les pays du tiers-monde. » (Bernard Kouchner) MONUMENTALGIQUE. Médicament de très grande taille agissant contre la douleur. (Note : en suppositoire, le monumentalgique provoque dans un premier temps l'effet contraire de celui escompté). Tout ceci en guise de mise en bouche pour le Bullet Catch. C.G.
  17. Paradoxe : Montcuq bat Lens mais il n’y a pas ballotage. Oui CHO7, il s’agit de la « contrepèterie de premier choix » dont je parlais dans mon second message .
  18. Merci CHO7 pour le lien. Ça devient un raz-de-marée ! 10.000 voix d’écart entre les deux premières villes. Montcuq est en tête, à défaut du contraire ! #1 28001 Montcuq #2 18467 Dunkerque #3 14301 Perpignan #4 12878 Reims #5 9222 Nancy #6 8478 Le Havre #7 7908 Metz
  19. 1 h 22 Montcuq premier de la liste ! #1 14743 Montcuq #2 14610 Dunkerque #3 12471 Perpignan #4 10947 Reims #5 8082 Nancy #6 7626 Le Havre #7 6973 Metz
  20. Hello CHO7 Je suis allé parcourir les 216 commentaires sur trictrac.net et je n’ai pas pu m’empêcher de me bidonner. Montcuq délie les langues ! On y trouve par ailleurs une contrepèterie de premier choix et quelques autres noms de villes pas piqués des hannetons (On fait la part belle à Montcuq mais Achiet-le-Grand aurait mérité quelque attention !). Le seul bémol est cette info récente : « Nous nous sommes donc tournés vers le règlement du concours, afin d'essayer de déterminer si celui-ci laissait une quelconque place au doute. Celui-ci explique que le nombre de votes est limité, et que les suffrages frauduleux ne seront pas comptés. Jusqu'ici, rien d'anormal. Mais il indique également que le classement des villes, pour l'instant affiché sur la page d'accueil du site Monopoly, n'y figurera plus à partir du 3 octobre, alors que les votes pourront courir jusqu'au 10 octobre. Il nous parait légitime de nous demander pourquoi les votes ne sont plus affichés publiquement pendant les sept derniers jours du concours. » Peut-être que notre ami « petitbonhomme » pourrait nous en dire plus grâce à une approche journalistique dont il a le secret ? C.G.
  21. Initiative vraiment très drôle, subtile… et presque subversive ! J’adore ! Je suis le 13515e votant, mercredi 19 septembre à 22 h 24. Montcuq est en seconde position ! Je n’hésite pas à faire circuler l’info. Ce n’est pas du narcissisme, mais je tiens à voir Montcuq dans le Monopoly… C.G.
  22. Bonjour Phil « Le billet signé dans le citron » façon Nourdine est un tour commercialisé depuis 2003 mais qui circulait sous le couvert quelques années avant ; il ne figure donc pas dans le livre puisqu’il s’agit d’un produit en vente nécessitant du matériel spécial et un fake construit à la main pièce par pièce. Ainsi, cette version a connu son heure de gloire underground, avec une fabrication à la demande ; mais de plus en plus nombreux sont les magiciens séduits par ce trucage original et les possibilités qu’il offre, ce qui entraîne sa « démocratisation ». Je ne puis t’en dire plus sans déflorer le secret. Sache que la façon de faire de Nourdine n’est pas à la portée du premier venu mais que des adaptations élémentaires de présentation ou de méthode permettent une exécution presque automatique sur le même principe et rendent l’effet réalisable quel que soit le niveau technique de l’exécutant. Le matériel fourni est accompagné d’une notice très détaillée de trois pages illustrées de trente-deux photos couleur ! Mais tout ceci nous éloigne du bouquin qui traite de la magie en restaurant en situation quasi impromptue, je dis quasi car certains effets nécessitent du matériel que tout le monde peut se procurer : cartes, f.p., ou divers petits fakes à bricoler soi-même. Les quatorze tours décrits ne constituent d’ailleurs qu’un tiers du bouquin, c’est dire si tu as fait un bon achat ! Merci Phil pour ta confiance ! C.G.
  23. Magictoine » : « Sera-t-il possible de le trouver à Angers ? » Renseignements pris, Nourdine aura un stand à Angers. N’hésitez pas à l’aborder, il est très ouvert au dialogue et généreux de son savoir. TupTup : « (…) Sa routine du billet dans le citron est un "must" et certains, comme Éric Antoine, l'utilisent régulièrement. » C’est exact, Tonio aussi et pas mal d’autres magiciens… Je suppose que Nourdine aura quelques exemplaires à vendre de son magnifique et tout à fait pratique fake. Pour ceux qui ne la connaissent pas, sachez que la version de Nourdine du billet dans le citron offre cet avantage de permettre à un spectateur de manipuler le fruit puis de l’ouvrir lui-même pour en déloger le billet signé ! Diabolique, non ? Tivoli : « Je vous conseille vivement de vous le procurer [le bouquin], Nourdine est un grand, un très grand, merci Nourdine de partager avec nous ton savoir.» Et monsieur est connaisseur ! Salut Arthur, à un de ces quatre.
  24. Nourdine La magie en restaurant 216 pages format, 17 x 23,5 cm Edition à compte d’auteur, 45 euros (+ port) [email protected] « De la théorie à la pratique, il y a un monde. Tout ce qui figure dans ce livre ne relève pas de considérations purement intellectuelles, je vous livre ici une méthode qui fonctionne. » J’ai choisi cette citation de l’artiste pour débuter ce compte-rendu car elle donne le ton exact de son ouvrage. Nourdine a maintenant une double réputation dans le milieu magique : sa compétence et sa générosité sans limite. L’ouvrage qu’il nous offre procède de ces deux pôles, d’abord parce qu’il est le fruit de plus de vingt ans d’expérience professionnelle ininterrompue, ensuite parce que tout je dis bien TOUT ce qui est nécessaire, de l’indispensable à l’anecdotique, à la pratique de cette discipline particulière qu’est la magie en restaurant est traité par le menu. Cette œuvre de l’esprit est un don, une perle de bibliothèque, que dis-je, un trésor destiné à devenir, inévitablement, l’un des livres de chevet de tous les aficionados de l’illusionnisme exerçant de table en table. Tout ce qui a rapport de près ou de loin avec la pratique de la magie en condition réelle et en restaurant est traité par cet expert du genre avec un souci exemplaire du détail. Un argument d’autorité imparable pour étayer ces assertions est le panel de personnalités de pointe entourant l’auteur tant dans sa vie professionnelle ou privée que pour la création de cet ouvrage. Une préface du monumental Jean Faré en est déjà la première preuve. Jean, qui pour Nourdine est un référent et ami depuis une dizaine d’années, affirme : « Ce magicien sait de quoi il parle. » Je confirme ! Historique Après une carrière qui l’amena à travailler tout aussi bien dans la rue que dans les trains, en gala, sur scène, en close-up, en magie pour enfants ainsi qu’en toute situation imaginable pour un magicien voulant vivre de sa passion, Nourdine a accumulé une somme de connaissances que seule une si riche expérience peut apporter. Ce savoir pratique, il a voulu le partager avec la communauté magique. En 1994, une première rédaction d’un recueil vit le jour sous les auspices de Laurent Vadel (une autre référence, magicien et traducteur d’Ascanio). Laurent me refila ensuite le bébé qui était déjà bien avancé, mais l’ouvrage se révéla si dense que nous décidâmes Nourdine et moi d’en extraire l’une des parties, celle traitant exclusivement de la magie en restaurant. Ivan Laplaud (troisième référence, rédacteur de plusieurs livres de magie et Président du club Les Amis de la Magie) prit cette portion en charge ; c’est donc le résultat de son travail qui vient d’être édité. Nourdine et Ivan décidèrent d’inclure aux remarques et conseils d’ordre général une multitude d’effets réalisables en conditions professionnelles afin de répondre au désir légitime des lecteurs d’avoir des applications magiques précises. L’ouvrage est composé de trois parties principales. D’abord, l’essentiel, à savoir tout ce qui concerne la profession indépendamment des secrets magiques : Comment négocier des contrats dans des milieux dits populaires ou autres, l’approche commerciale, le démarchage, quels restaurants et comment ?, les premiers contacts, l’argumentaire, les dates et les fréquences des prestations, les tarifs, le prix exact des cachets selon les types de soirées, les contrats, la publicité, les affiches, les supports marketing (fabrication et utilisation), les journaux, la préparation, le rapport avec le personnel de la salle, le repas, le trac, la tenue vestimentaire, la symbolique des couleurs, la prestation elle-même, l’attitude, la magie appropriée au contexte, l’adaptation aux contraintes, la « scène » au resto, la première table, l’entrée en matière, l’environnement, tapis ou pas tapis, la propriété privée, les casse-pieds, l’image de soi, le pourboire… Nourdine livre donc tous les éléments susceptibles de créer sa propre concurrence ! C’est fou, mais c’est sa façon naturelle d’être généreux et de partager son savoir. La seconde partie est composée de tours complètement adaptés à la magie en restaurant, tous faisant partie du répertoire professionnel de Nourdine, tous testés, rôdés et ciselés par des années de pratique, et tous livrés ici en raison de leur impact sur le public. Les tours, tous construit pour répondre à cette exigence : les spectateurs sont attablés ! Bris de verre Un effet de verre dont le pied est cassé puis reconstitué. J’ai déjà vu Nourdine exécuter sa routine en restaurant (il m’avait invité, comme à son habitude!) et je garde en mémoire la tête des spectateurs ébahis! Rétro Serviette Une serviette en papier diminue jusqu’à disparaître. Bagologie Une bague une cuillère, et de la magie ! Les deux objets disparaissent, réapparaissent, permutent ; puis la bague est retrouvée dans le portefeuille du magicien. Ring-a-ding Adaptation d’un effet de Marlo et d’une version de Faré : trois pièces voyagent une à une de la main au verre, avec une fin « clean ». On en profite pour réviser ses classiques comme le Friction Palm de Benzaï, le change utile de Bobo, la subtilité de Geoff Latta pour empalmer deux pièces, celle de Faré pour la tenue du verre, l’Isolation Placement de David Roth, la disparition d’une pièce à la pichenette et autres douceurs… Argent liquide Production de vin d’un billet emprunté et roulé en tube. Vu et approuvé ! Voyage Expresso Une routine de gobelet adaptée pour la table avec une tasse à café. Des sucres en morceau apparaissent dans la tasse, passent au travers, se transforment en sucre en poudre… Nourdine vous expliquera en outre pourquoi il est préférable d’exécuter la routine avec du sel ! Eh oui, encore l’expérience ! Perrier c’est fou Une routine qui plut à David Williamson en personne ! Une pièce de 2 euros pénètre dans une bouteille dont le goulot est tenu par le spectateur lui-même ! Pour finir la pièce ressort à vue du cul de la bouteille non truquée! Encore une routine que j’ai pu apprécier en conditions réelles, avec pièce et bouteille empruntés au patron du resto. Même les employés accouraient pour voir la routine ; tous les participants vécurent un grand moment magique ! Tout feu tout flamme Faites brûler votre pouce ! Matériel : un briquet et une serviette en coton, c’est tout. Télékinèse Une bague mise autour du corps d’un stylo se déplace et lévite (effet inspiré entre autres d’Attraction de Gary Kurtz). Cuillère vaudou Trente seconde de show télékinésique : une petite cuillère bouge toute seule et sort d’une tasse. La cuillère tordante Version réécrite et augmentée de celle parue dans le nº 21 d’Imagik : une cuillère empruntée se plie à vue, une autre dans la poche du spectateur ! Techniquement difficile, un classique de la magie de Nourdine qu’il présente très régulièrement, un effet à très fort impact sur le public. La cigarette à travers la pièce de 2 euros La version de Nourdine (inspirée par celle de Gérard Alexandre) de ce classique avec une pièce que vous pourrez vous bricoler à la maison. Je me souviens avoir vu Nourdine effectuer ce tour le jour même de la mise en circulation de la monnaie en euros. L’évasion du siècle Une pièce voyage d’une main à un verre. L’effet est réitéré mais la pièce voyage alors d’un verre d’eau plein à un autre vide ! Dîner à la carte Une découverte de cartes choisies, suivie d’une production en série de cartes tirées de la veste du spectateur. Drôle et efficace ! Troisième partie Les deux premières parties de ce livre sont déjà exemplaires. La suite ne va pas vous décevoir non plus. Sont données ici moult anecdotes et astuces permettant de projeter sa magie encore plus loin et des idées sur l’utilisation d’accessoires divers (salières, cendriers, couverts, sucres, serviettes, etc.). S’ensuit : tours de pièces, idées en vrac, remarques sur les objets courants, références, sources, effets possibles, amélioration du répertoire… Une partie très drôle sur les hauts et les bas de la carrière d’un magicien, les malentendus comme parler à un client bègue en le prenant pour le patron, les quiproquos avec des spectateurs persuadés que le diamant rendu n’est pas celui qui a été emprunté ou dont la bague tombée à terre est écrasée par un serveur, les réactions menaçantes à la frontière mexicaine du gars à qui a été subtilisé son portefeuille et à qui ça n’a pas plu du tout, le manchot à qui l’on demande par mégarde de mélanger un jeu de cartes, sans oublier la carte au plafond en impromptu sans adhésif, un sommet de situation inattendue que je vous laisse découvrir dans le livre. Liste de tours Pour terminer Nourdine nous offre un passionnant listing détaillé de huit pages de tours indispensables selon lui à ceux qui veulent être « armés » pour exercer de table en table (j’ai ressenti à la lecture de ce chapitre une satisfaction toute personnelle puisque deux de mes propres effets y figurent, une attention flatteuse pour laquelle je remercie publiquement Nourdine). Plus de cinquante tours de référence qui répondent à ce que toute personne confrontée à ce type de magie en restaurant devrait étudier. Bibliographie Pour finir treize pages d’une bibliographie savamment pensée, une sélection qui est plus qu’un cadeau quand on sait la profusion de livres de magie existant sur le marché. Avoir ainsi des clés pour accéder directement à ce qui a été édité de mieux dans le domaine constitue un gain de temps précieux pour les débutants et novices de tout poil. Le livre d’un beau papier ivoire contient un grand nombre d’illustrations dans la partie concernant les tours mais on y trouve aussi des photos, une feuille d’argumentaire pour donner aux responsables d’établissement, des modèles de support publicitaire, des articles de journaux, des affiches et des cartes promotionnelles, des lettres de remerciement, bref tout ce qui donne une idée concrète de ce dont doit user un magicien pour convaincre un client potentiel ou fidéliser un employeur. Cette bible de la magie en restaurant propose une approche marketing permettant de se présenter comme magicien et pas comme représentant de commerce. C’est un guide, à la fois mode d’emploi et recueil de tours conçus pour permettre de travailler avec des objets obligatoirement présents sur toute les tables de restaurant quels que soient le style et la taille de l’établissement. La magie décrite est verticale car adaptée aux contraintes. Une dernière chose : comme il est évident que certains voudront tenter de jouer la comparaison entre le livre de David Stone et celui de Nourdine, soyons clairs tout de suite. En aucun cas il n’y a eu d’inspiration de l’un sur l’autre, il se trouve que des hasards de calendrier font que les deux livres ont paru à des dates assez rapprochées et que le sujet traité peut paraître identique ; tel n’est pas le cas. Je connais ces deux magiciens talentueux et l’un comme l’autre ils m’ont comblé par leurs réflexions respectives. Chacun des deux livres apporte des éléments si importants qu’il serait absurde de se priver de l’un des deux ou de les mettre en compétition, il est plus judicieux d’en admettre la juste complémentarité. En outre, les deux ont vu le jour presque en même temps sous à la plume d’Ivan Laplaud qui a pris soin de cadrer les particularités de chaque auteur, en fonction du style et du contenu. Difficile d’apporter un meilleur gage de qualité, d’intégrité et de singularité. Nourdine (1er prix Diavol 2001, 1er prix Invention Congrès AFAP 2004, etc.) a publié de nombreux tours dans les revues spécialisées (Imagik, Arcane, l’Illusionniste…) et commercialisé plusieurs effets originaux qui font de lui l’un des créateurs qu’il faut suivre avec une attention constante. Outre son savoir-faire, il est l’un des magiciens les plus adorables que je connaisse. Je pense que son livre fera date. Une dernière chose : si après ce que je vous ai écrit ci-dessus vous n’avez pas encore commandé le bouquin, je ne peux rien d’autre que vous suggérer une reconversion dans la broderie ou le patchwork, vous auriez tout à y gagner. Christian Girard 7 septembre 2007
×
×
  • Créer...