La grande majorité des français musulmans ne veulent pas interdire les caricatures du prophète et défendent, en tant que citoyens français, la notion de liberté d'expression. Ils veulent juste avoir le droit de réagir à la qualité de ces caricatures et c'est leur droit.
Seuls les extrémistes veulent faire imposer une interdiction.
Desproges, même s'il avait bien plus de fond que Charlie Hebdo se faisait régulièrement insulter par des catholiques, et certains demandaient son éviction de France Inter. Ce n'est pas un problème lié à l'Islam.
Le "problème" de Charlie Hebdo, n'est pas Charlie Hebdo en lui même, c'est le symbole que l'on a toujours essayé d'en faire. Ce n'était pas un journal qui défendait une valeur sacré, la liberté d'expression. C'était un journal qui voulait rire de tout et se défendre du sacré. S'autoriser le mauvais gout et le mauvais esprit, en s'affranchissant d'imaginer les réactions pour éviter l'autocensure.
S'ils représentaient Mahomet, ça n'était pas pour créer un débat, c'était juste parce que des gens s'en indignaient (après, c'est aussi devenu un fond de commerce, une marque de fabrique dans l'opinion publique).
Une réaction infantile (rien de péjoratif) qui visait à dire "Ah? Vous voulez pas que je le fasse? Et bien regardez!".
Charlie Hebdo, c'était aussi simple qu'un doigt d'honneur. C'est indigne, bête, pas fin... Mais c'est volontaire.
Le problème est l'orientation du débat qui s'en suivait, et son instrumentalisation. D'amalgame en amalgame, on a entretenu un climat d'islamophobie. Parce que c'est facile, et utile lorsque l'on veut éluder certains sujets.
Il n'y a qu'à voir l'indignation nationale générée par les propos de Philippe Tesson, il y a une semaine...
Et c'est ce genre d'injustice qui pousse à faire des comparaisons (plus ou moins pertinentes).
Comme le cas Siné, qui revient souvent dans ce sujet.
L'éviction de Siné ne montre pas que l'on ne peut rien dire sur les juifs.
Il met en lumière l'instrumentalisation de l’antisémitisme, dont on se sert pour disqualifier certaines personnes du débat publique.
C'est une façon moderne de désigner des lépreux. Et l'accusation est tellement forte, que c'est comme la folie. Plus l'accusé cherchera à se défendre et plus il paraitra coupable.
Encore une fois, rien d'idéologique là derrière, juste de l'opportunisme.
Le même opportunisme qui entretient l'islamophobie pour éviter d'aborder des problèmes politiques nationaux, ou pour orienter l'opinion publique dans une certaine voie.