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« Emportez le public dans votre univers. »


Gilbus

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Tiens, ça faisais longtemps que je n’avais pas enfoncé de portes ouvertes, là, d’un coup, j’ai envie (suite à une remarque de Bénocard) de dire des choses évidentes…

 

Comme il y en a beaucoup, vous n’êtes pas obligés de tout lire…

C’est en partie composé de citation du DEUDLMDG, bien sûr…

 

« Emportez le public dans votre univers. »

Voilà le précieux conseil que l’on donne parfois au débutant.

Comme si, alors qu’on se débat dans les affres de la LD, on avait le temps de se construire un univers…

 

La remarque est judicieuse, puisque tout le monde le dit, la fameuse « présentation » est ce qui va rendre un tour sublime.

 

On a donc un conseil qui est bon, mais en pratique, on fait quoi, pour emporter les gens dans notre univers… ?

Essayons d’y voir un peu plus clair :

Déjà, il faut avoir un univers ;)

Bon, pas besoin qu’il soit immense, il peut même être centré uniquement sur soi :
Le personnage est la résultante de l’univers dans lequel il vit, on peut donc commencer par ça.

Et ça nous amène au conseil suivant :
« Travaillez votre personnage »

Là, les avis sont contradictoires :

Il y a ceux qui disent que le personnage doit être travaillé, et ceux qui disent qu’il suffit de rester soi-même, on est pas des acteurs…:D

Alors le personnage doit il être soi, ou un autre ?

Différent de soi ?
C’est qui, soi ?

Cela voudrais dire que le « soi » est monolithique, uniforme, unique.

Hors nous avons tous différents aspects de notre personnalité, qui apparaissent au fil des situations ou des humeurs.
Se considérer comme un seul style de personnage soit même, c’est limiter la vision que l’on a de nous.

Donc, si le jeu d’acteur vous effraie, on peut concevoir de développer un aspect de sa personnalité à soi, pour créer un personnage différent de ce qu’on fait d’habitude :

On restes soi, mais pas le soi habituel…

Pensez à ce que vous êtes quand vous êtes :

Amoureux
En colère
Débordé par plein de boulot
Morose
Etc.

Autant de personnalité qui sont les vôtres, et peuvent être exploitées par vos personnages.

Bon, çà, c’est l’idée générale, l’application, c’est plus dur.

Perso, je suis du genre gros bonhomme rigolo, pince sans rire, et qui se moque volontiers de lui-même, maladroitement,  charmeur, voir libidineux si l’occasion se présente, et surtout ridicule.
C’est le Gilbus que j’ai en magie.

Mais c’est lassant :
Marre d’être le rigolo de service, au bout d’un moment.

J’essaie de faire des choses différentes, mais c’est dur.

Tiens, je me suis fait une série d’histoire abominables (de quoi faire un spectacle entier), très noires, qui finissent mal, et en général par la mort de quelqu’un (dans d’atroces souffrances, c’est encore mieux)

Le personnage qui dit ces histoires n’est pas un rigolo.
Et bien c’est difficile :
Les spectateurs se marrent tous, ils rigolent quand je leur dit des horreurs… dur dur…

Du coup, j’essaie d’être inquiétant, dans une autre gamme, celle du mystère.
Mais comme je veux rester sympa, ce n’est pas simple : sympa, mais inquiétant, c’est une personnalité complexe…

Je crois que je devrais faire dans les choses plus simples, plus clairement lisible.

Mais à faire trop simple et monolithique, on risque de tomber dans la caricature.
Tout cela n’est pas simple…
Et cela demande du temps, bien sûr, et de nombreux essais.

 

Il faut en tout cas qu’il y ait unité, cohérence et lisibilité.

-L’unité est ce qui va rendre lenuméro homogène, honnête, on pourra y croire.

-La cohérence aussi, mais à un autre niveau : chaque chose qu'on fera sera justifiée et conforme à l’univers et au personnage concerné : c’est une cohérence interne, que le spectateur n’a pas forcément à connaitre par le détail, mais que nous devons mettre en place, pour que tout soit réaliste.

-et enfin la lisibilité, car à travailler sur les deux premières choses, on peut parfois (souvent) arriver à des aberrations qui ne sont compréhensibles que par l’auteur, et qui ne servent donc à rien, si ce n’est rendre son spectacle ennuyeux, puisque le spectateur ne pourra pas y adhérer :

Même si on développe des univers très fouillés et poétiques, il faut que le public puisse au moins des entrevoir, et venir y jeter un œil, voir même y entrer un moment avec nous… sinon, tout cela ne sert qu’à se faire mousser en mode intello.

 

Il faut donc qu’il y ait une logique entre le personnage et son univers.
Car le personnage du magicien est le plus souvent la clef d’entrée dans l’univers en question.

Mais par pitié, ne restez pas vous-même :
Nous sommes, pour la plupart, des gens ordinaires.
Rien de passionnant, de palpitant, d’attractif.

Si on veut cultiver son personnage à partir de soi-même, plutôt que d’en créer un de toute pièce, dépassons-nous !

Une version de nous, mais améliorée, avec plus de charisme, de mystère, de drôlerie ou de débilité, suivant le type de personnage, mais PLUS !

Nous sommes en spectacle, et l’artiste peut tout se permettre, s’il le fait bien :
Soyons donc PLUS intéressant que nous même, même si on veut rester proche de nous-même.

On n’est de toute façon jamais nous même, quand on est devant un public :
Il y a toujours une modification automatique de la voix, de la façon de s’exprimer, de la posture etc…
En public, on n’est pas le même nous qu’en privé avec des proches.
Quitte à ne pas être le même, profitons-en pour améliorer le machin, pour qu’il soit plus intéressant.

Cela peut se faire par l’amplification.

En scène, on ne va pas rester neutre, plat, anonyme dans la foule :
On est la vedette…

En amplifiant certains traits de personnalité, on va donner du caractère à notre personnage.

En amplifiant les réactions du personnage, on va donner de la lisibilité à ce qu’il ressent.

En amplifiant les actions, la façon de s’exprimer, on va affirmer un contexte.

 

Je sais, on nous bassine toujours avec les gens qui sur-jouent…

Ben, le plus souvent, on voit des magiciens qui sous-jouent, bien plus que l’inverse.

Si on « sous-joue », on donne un spectacle terne, gris.
Je ne suis pas pour les paillettes, mais donnons au moins de la couleur !

 

Une méthode quand on travaille le personnage est d’amplifier au maximum un trait de caractère, ou une façon de s’exprimer.

Et quand on pense être au maximum, on double encore l’amplification… si si, c’est possible :
Il faut apprendre à se dépasser.
Et puis on va encore plus loin…on redouble encore…
Etc.

Et une fois qu’on a trouvé son vrai maximum (qui peut encore être dépassé avec du travail, mais bon….), on va réduire progressivement la dose, jusqu’à trouver ce qui passe avec des spectateurs.

Évidemment, on ne va pas donner, ou rarement, notre vrai maximum en spectacle :
Mais en ayant placé un maximum réel très haut, on verra qu’on peut largement dépasser, en spectacle, ce que nous pensions au départ être notre maximum avant d'essayer d’aller plus loin.

Oui, c’est un travail d’acteur…
Un travail difficile, puisque cela nous pousse à nous dépasser.

Mais regardez les prix FISM de ces 10 dernières années :
Du jeu d’acteur, toujours du jeu d’acteur… et pas qu’un peu, des jeux fouillé, des personnages affirmés, des mises en scène magistrale, des incarnations parfaitement maitrisées…

Vous n’avez peut-être pas envie d’avoir un prix FISM, mais cela peut donner un indice quand même sur ce que font les « grands ».

Rester soi-même, comme le préconise certains, cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas travailler un meilleur « soi-même »…

Ne parlons même pas d’être quelqu’un d’autre…

 

Donc, pour être pratique :

On prend un de nos traits de caractère, et on amplifie.

On peut travailler n’importe quel trait :
Drôle,
Pince sans rire,
Silencieux,
Bavard,
Maladroit,
Lourd,
Hésitant,
Taciturne,
Présomptueux,
Angoissé,
Mystérieux,
Insouciant,
Inquiet,
Prévenant,
Dragueur,
Charmeur,
Poli,
Content de lui-même,
Timide,
Etc…

La liste est sans fin…

Le principal, c’est que cette caractéristique de votre personnage permette de l’identifier.

La lisibilité, c’est le centre du spectacle.
Et ensuite, on en joue…

J’évoque juste les caractéristiques secondaires :
Bien sûr, notre personnage peut avoir une ou plusieurs caractéristiques secondaires.
C’est préférable, pour avoir un être complexe, sinon, on peut rester dans la caricature…
Les êtres réels sont complexes, mais attentions : secondaire veux dire que la seconde caractéristique, même si elle peut nous donner des idées de jeu ou le personnage est soumis à des désirs contradictoires, doit rester lisible :

Chaque facette du personnage doit être travaillée indépendamment, pour être sûr qu’on peut l’identifier, avant de penser à mélanger les facettes dans une scène :

Il faut déjà savoir faire des choses simples, l’une après l’autre, avant de faire des choses compliquées.

 

Quand on a un début de personnage, on peut penser à ce qui l’entoure.

Donc créer l’univers du personnage.

Cela semble paradoxal, de construire un univers à partir du personnage qui évolue dedans.

Mais rappelons-nous que nous ne sommes pas de vrais acteurs capables d’endosser n’importe quel rôle, sauf quelque uns ici qui ont fait une vraie formation d'acteur, mais ils sont rares... :
En créant à partir du personnage, on a une économie de moyen en termes de jeu :
On joue ce qu’on a des facilités à jouer, donc cela implique des concessions dans la méthode de construction de l’univers…

Les vrai pros pourront, s'il ont le talent pour, faire la construction inverse...

Ce personnage, donc, va évoluer dans un « monde » définissant le numéro qu’on va avoir au final.

Déjà, il est où ce monde ?
Est-ce quelque chose d’onirique, comme dans l’ombre orchestre de Xavier Mortimer ?
Quelque chose de refermé, pour coller avec un personnage refermé sur lui-même, comme dans Baltass de Yann Frisch ?
Quelque chose de rassurant, familier, comme dans les spectacles de Peter Din ?

Ensuite, comment se situe notre personnage par rapport à son univers :

Il y est intégrés, l’univers et lui sont en symbiose parfaite ?
Neutre ?
Ou il y a conflit, l’univers persécute le personnage, ou lui est incompréhensible ?

On voit déjà, sur ces quelques bases, se découper des interactions magiques entre l’univers et le personnage…

On va maintenant se poser la question de la relation avec le public :

4ième mur ou pas ?
Donc, interactions avec le public ou pas ?

Ce n’est pas un critère de qualité :

De très belles choses existe dans les deux modes, l’interaction n’est pas un impératif… c’est un choix artistique.

Ensuite, s’il n’y a pas de 4ième mur, et qu’on a donc des interactions avec le public, lesquelles ?
Qu’est ce qu’on vient fiche devant un public ?
Et pourquoi on lui montre des choses ?

La réponse n’est jamais : on vient parce qu’on veut leur montrer un tour de magie.
Jamais !

Le personnage a une raison profonde de vouloir faire un tour de magie : C’est cette motivation du personnage qui est la raison d’être du spectacle.

Cela va apporter un élément clef à notre numéro…

N’oublions pas que nous sommes libres de donner le rôle que l’on souhaite au public…

Par exemple, il y a bien des années, je faisais une animation au festival « l’étonnant voyageur », qui est couplé à « quai des bulle », un gros festival de BD à st Malo (cela avait lieu dans les locaux qui ont servis pour le dernier congrès, pour situer…).

La première phrase était :
« Chers collègue scientifiques, bienvenu dans ce festival des Bases de Données, 5ième festival des BD, donc, ou je vais avoir le plaisir de vous présenter les dernière avancées en matière de voyage temporel… »

Nous étions donc dans un univers de BD, j’ai donc mis en place un personnage de scientifique venant exposer ses dernières découvertes, puisque nous étions dans un festival des Bases de Données (BD)…

 Cela donnait dès la première phrase de présentation :

-Le thème du numéro, un exposé « scientifique » farfelu

-Le type de personnage : un scientifique distrait et maladroit, replié dans son monde, qui s’est trompé de congrès puisque pour lui, BD ne peux vouloir dire que base de données…

-Le rôle du public, d'éminents scientifiques...

 

L’univers qu’on va construire peut être vraiment libre :
On a le droit de tout faire, ce qui est dur, puisque la liberté totale, c’est l’incertitude totale…

Le type de numéro va jouer sur :
Poésie ?
Réalisme ?
Spectacle de cabaret?
Absurde ?
Burlesque?
Conférence ?

Je mélange tout, là : le style, le type de motivation, le ressentit par le public…

Tout simplement parce qu’a un moment donné, ça ne sert plus à grand-chose d’analyser :

Les bases qu’on a déjà posées vont nous donner des idées, normalement, et on n’a plus qu’à se laisser filer sur le cours de ces idées, et voir ou cela nous emmène…

Pensez cependant tout au long du processus :

Il faut simplifier, pour que ce soit lisible.

Tout doit être compréhensible, les private joke ne servent pas le spectacle, sauf à monter un running gag…

Donc, limitez-vous à un style, un thème, une présentation, toutes les autres idées qui viennent à ce moment, si elles sont bonnes, ne sont pas forcément pour CE spectacle : vous les ferez plus tard, dans un autre contexte…

« L’important, c’est n’est pas que tout y soit, mais que tout ce qui est dedans soit bon. (E.T.)»

Vient ensuite la réflexion sur le décor et les accessoires :

Ce monde peut être minimaliste, sans rien enlever à la qualité du numéro.

Voir par exemple Norbert Ferré, Yann Frisch (l’univers de baltas par exemple est composé d’un pot, de 2 tasses, d’une balle, tout ça sur une table…), Lennart Green (un « rayon laser », un jeu de carte)…

 

On peut aussi décider d’avoir un décor fournis, avec une toile peinte en fond, des accessoires partout, beaucoup d’objets ou de plans de travail, des paravents…

On parle ici de l’univers physique, le décor.

Qui doit être en cohérence avec notre personnage…et la raison pour laquelle on est là.

 

On voit qu’il y a donc une partie purement intellectuelle :
Les motivations, les raisons de tel ou tel choses qui arrivent, le personnage, le style…

Et des choses matérielles :
Les accessoires, le décor, le costume…

Encore une fois :

La lisibilité !

Tout doit être compréhensible, en apparence, pour aller dans le sens qu’on veut donner à « notre univers ».

 

Et puis, il y a les émotions qu’on va transmettre au public.

Il doit, pour un spectacle entier, y avoir plusieurs émotions, afin d’avoir une impression de complétude pour le spectateur.
Mais pour un simple numéro, on peut aussi avoir des émotions qui se développent, s’affrontent, changent…

Un numéro est un concentré de vie : pour qu’il soit vivant, on doit avoir de la variété de sentiments.

Tamaris, dans un « simple » tour, a souvent un moment où, après avoir réussi par exemple, a retrouver les cartes de plusieurs personnes, un moment où il demande le nom de la carte au dernier spectateur, il est surpris, a l’air ennuyé, regarde la dernière carte qu’il a en main, il se serait trompé ?… et finalement sort, alors qu’il avait visiblement raté :

« Eh bien je suis très content que votre carte soit le xx, car justement… » Et il retourne xx qu’il a en main.

Cela n’a rien à voir avec la mécanique du tour, il avait la bonne carte en main depuis le début… mais il a profité de ce moment pour créer un jeu d’émotions variées, juste parce que cela rend le numéro meilleur…

Avoir une seule émotion, c’est comme ne parler que sur un seul ton monocorde : c’est plat.
Vivez des émotions, faites les vivre au public…

 

Le spectacle n’est fait que d’émotions, que ce soit l’admiration ou l’incrédulité devant une performance, l’abasourdissement et l’émotion magique devant un effet, le sentiment d’avoir voyagé devant un univers onirique…

L’émotion est la base de tout.

 

J’en ai parlé en dernier, car c’est aussi ce qui est le plus difficile à mettre en place, et je trouve que placer les émotions sur un univers déjà construit est plus facile.

Partir d’une émotion, et construire un univers autour est pour moi beaucoup plus dur.

Après, vous faites à votre idée, hein ? ;)

 

A, oui, et la magie, la dedans?

ba, vous avez toujours les tutos YouTube, pour l'apprendre... ;)

 

Gilbus

 

Modifié par Gilbus
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  • Merci 7

Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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Il y a 1 heure, Gilbus a dit :

Comme il y en a beaucoup, vous n’êtes pas obligés de tout lire…

C'est à cause de moi que tu dis ça ? :P

Non plus sérieusement c'est pas grave d'enfoncer des portes ouvertes comme tu dis de temps en temps, car certain (dont moi) ont tendance à oublier les choses essentielles. ;)

Modifié par Maxence MURA
  • Merci 1

Le Diable me suit de jour et de nuit car il a peur d'être seul.

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Citation

« Emportez le public dans votre univers. »

Voilà le précieux conseil que l’on donne parfois au débutant.

La remarque est judicieuse, puisque tout le monde le dit, la fameuse « présentation » est ce qui va rendre un tour sublime.

On a donc un conseil qui est bon, mais en pratique, on fait quoi, pour emporter les gens dans notre univers… ?

Essayons d’y voir un peu plus clair :

Déjà, il faut avoir un univers

Bon, pas besoin qu’il soit immense, il peut même être centré uniquement sur soi

Justement il est là le problème à mon sens ! Les débutants sont envahis de conseil et de phrases toute faites qui les formatent et les empêchent de réellement comprendre.

Il m'a fallu du temps pour détruire tous ces conseils que j'avais reçu pour reconstruire et penser par moi-même. Quitte à revenir à certaines choses que l'on m'avait dit.

Déjà, par définition un "univers" c'est immense !! Quand tu dis "il faut un univers, bon pas besoin qu'il soit immense". Il y a une contradiction dans les termes employés. Car les termes ont un sens. Tu prends le temps d'expliquer ce que tu entends par "univers" et dans ta démonstration tu as tendance à réduire ce terme. Mais la majorité du temps, les magiciens qui donnent ce conseil, le donne à brut pour point, et le débutant doit se débrouiller avec ces grands poncifs !

Je me rappel au début quand les magiciens me disaient  des phrases du genre :"la magie c'est onirique, il faut faire rêver les spectateurs, les emmener dans son Univers". Dans cette phrase - personnellement - il y a déjà trois termes qui me font tourner la tête !! L'objectif est bien trop grand. Faire rêver les gens avec mon propre Univers!! Wow!!

Si les mots ont un sens, le débutant se rend compte du fossé entre le tour qu'il vient d'apprendre et ce qu'il doit en faire devant les spectateurs...

Dans ton message tu essayes de réduire ce que l'on entend par univers. J'irais jusqu'à ne plus utiliser ce terme. Peut-être plus tard. Mais au début, il faut voir ses objectifs à la baisse pour ensuite les augmenter par palier.

Comme tu le dis si bien, un débutant doit déjà apprendre une LD... alors si en plus il doit écrire un texte, trouver sa personnalité, dépeindre un univers. C'est mission impossible. Il va droit dans le mur.

 

étape 1 : faire convenablement les tours. Travailler, s'entrainer, faire de la magie devant des gens un maximum pour peaufiner et ajuster les effets (et par la même mesure, confronter sa propre personnalité devant d'autres êtres humains...)

étape 2 : prendre la magie au sérieux. Faire une boulimie de magie... Avoir la tête dans les techniques, les tours, les livres, les rencontres de magicien. On ne rigole pas avec la magie!

étape 3 : prendre du recul. Désacraliser un peu la place que l'on avait accordé à la magie. Avec ce recul, je vais me concentrer sur d'autres choses. La perception des spectateurs par exemple. Est-ce que j'ai quelque chose à dire au delà du tour? Avoir envie de se faire plaisir, qui sera communicatif.

(étape 4 : comprendre l'environnement dans lequel je vais faire de la magie. Est-ce que ma prestation va être "officielle". Spectacle de close-up, de scène, table à table, etc... Ou est-ce une performance "officieuse". Je suis à un diné avec des amis, dans un bar étudiant. Un environnement impromptue... Une fois que l'on sait ou et comment on veut faire de la magie, on n'aura pas les mêmes problématiques).

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Que d'hommes se pressent vers la lumière non pas pour voir mieux, mais pour mieux briller - Nietzsche -

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il y a une heure, Loic J. a dit :

Dans ton message tu essayes de réduire ce que l'on entend par univers. J'irais jusqu'à ne plus utiliser ce terme. Peut-être plus tard. Mais au début, il faut voir ses objectifs à la baisse pour ensuite les augmenter par palier.

O, après, univers, présentation, création d’une relation avec le spectateur… c’est un peu le même principe :

Chacun met la barre des termes un peu où il veut, le principal, c’est d’avancer ;)

Univers est effectivement un terme ambitieux…  :)

Mais pourquoi pas, l’ambition a de bons côtés, dans ce contexte ;)

il y a une heure, Loic J. a dit :

étape 1 : faire convenablement les tours. Travailler, s'entrainer, faire de la magie devant des gens un maximum pour peaufiner et ajuster les effets (et par la même mesure, confronter sa propre personnalité devant d'autres êtres humains...)

étape 2 : prendre la magie au sérieux. Faire une boulimie de magie... Avoir la tête dans les techniques, les tours, les livres, les rencontres de magicien. On ne rigole pas avec la magie!

étape 3 : prendre du recul. Désacraliser un peu la place que l'on avait accordé à la magie. Avec ce recul, je vais me concentrer sur d'autres choses. La perception des spectateurs par exemple. Est-ce que j'ai quelque chose à dire au delà du tour? Avoir envie de se faire plaisir, qui sera communicatif.

(étape 4 : comprendre l'environnement dans lequel je vais faire de la magie. Est-ce que ma prestation va être "officielle". Spectacle de close-up, de scène, table à table, etc... Ou est-ce une performance "officieuse". Je suis à un diné avec des amis, dans un bar étudiant. Un environnement impromptue... Une fois que l'on sait ou et comment on veut faire de la magie, on n'aura pas les mêmes problématiques).

On peut envisager l’étude en étape, comme tu le fait…

Mais c’est un peu restrictif à mon gout :

Cela sous-entend qu’il faut passer une étape avant d’en aborder une autre…

Je préfère penser en termes d’activités :

-accumulation de tours, de trucs, de méthode : boulimie, certes, mais de connaissances.

-pratique des techniques, essais des tours, entrainements divers.

-réflexion sur la présentation, qui inclut ce que j’ai donné dans l’ouverture de ce message et des milliers d’autres choses.

-pratique en public, pour acquérir de l’expérience.

-améliorations de choses connues.

-création de choses qu’on ne connaît pas (on ne sait pas quelles existent, la plupart du temps, mais cela n’empêche pas d’inventer)

-collections d’ouvrages, de vidéos, d’objets…

 

Il y aurait sans doute un ordre logique, pour faire toutes ces choses.

Mais l’humain n’est pas si logique, et saute sur toutes les occasions qui se présentent…

C’est ainsi qu’on peut débuter en cherchant à élargir sa culture des trucs, cela n’empêche aucunement de créer des choses qu’on ne connaît pas, tout en faisant des tours autour de soi et en achetant des tours du commerce…

Les choses viennent au fil de la vie, les ordonner suivant un ordre logique est un peu irréaliste…

J’ai toujours bricolé des choses, pour faire des tours, même quand je n’avais aucune connaissance des trucs courant, j’ai toujours cherché à mettre en scène les effets, même quand je n’avais pas eu de réflexion sur le public…

Une bonne part des choses que l’on doit travailler, on le fait d’instinct, car comme je l’ai dit en début de discussion, on en est à enfoncer des portes ouvertes, simple affaire de bon sens…

Qu’on formalise les raisonnements ensuite, c’est très bien et permet de mettre en place des méthodes... cela n’empêche pas de faire des choses au jugé, dans un premier temps… on le fait tous ;)

Si tu places une étape 1 qui dit qu’il faut faire « convenablement » les tours, c’est un vaste programme ;)

Car pour les faire "convenablement", il y a tant de choses à faire…

Une des premières, c’est justement de décoller de la technique pure, et de prendre conscience que la magie ne nait pas dans les mains du magicien, mais dans l’esprit du spectateur.

Et que le spectateur doit donc être le centre de toute notre attention :

La technique n’est qu’un moyen, pas une fin.

(On parle bien de magie, pas de démonstration d’habileté ou de devinettes...)

C’est pour cela que je trouve bien de parler du spectateur aux débutants, qui ont effectivement tendance à rester sur de la technique pure, en oubliant qu’ils font cela pour un public.

On peut porter attention aux spectateurs même au début, c’est tout aussi vital pour la qualité de notre prestation que la technique, qui peut dans bien des cas être réduite, elle, au stricte minimum si besoin : certains tours automatiques ont des effets génialement trompeurs.

Mais si on réduit la relation au spectateur au strict minimum (on est devant lui, et on lui montre un effet), c’est pauvre au niveau spectacle…

 

On parle d’apprendre à faire des tours de cartes, ou des tours de magie en général…

Apprenons à faire du spectacle, cela sera bien plus intéressant :)

C’est aussi pour cela que j’essaie de détailler les formules toutes faites, de donner des méthodes pratiques, des directions de réflexion :

Toutes ces belles formules sont indispensables, mais ont souvent besoin d’expérience pour être comprises… d’expérience ou d’explication…

Expliquons…au moins ce que l’on pense avoir compris…

Gilbus

 

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Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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Merci Gilbus d'avoir pris le temps de décrire un maximum de démarches conceptuelles avec ta verbe habituelle, très "dynamique".

Pour moi, c'est un rappel de certains points abordés durant le stage. Je comprend d'autant plus certains points que j'ai des images concrètes pour les illustrer.

Très sérieusement, je conseille à chacun :

1) De faire un copier/coller de l'intervention de Gilbus sur un word et de vous l'imprimer

2) De surligner le début de chaque partie pouvant se prêter à un exercice.

Par exemple, cette liste :

Citation

On peut travailler n’importe quel trait :
Drôle,
Pince sans rire,
Silencieux,
Bavard,
Maladroit,
Lourd,
Hésitant,
Taciturne,
Présomptueux,
Angoissé,
Mystérieux,
Insouciant,
Inquiet,
Prévenant,
Dragueur,
Charmeur,
Poli,
Content de lui-même,
Timide,
Etc…

Exercice :

- entourer ou surligner les traits de caractère qui vous correspondent ou (mais l'exercice sera plus délicat) que vous souhaitez mettre en avant dans vos prestations.

- prenez une routine ou un numéro de votre répertoire (pas trop court) et modifier votre attitude, vos gestes, votre texte, votre débit, votre intonation, votre élocution, etc... de manière à mettre en avant ces traits de caractère. N'hésitez pas à les exagérer, même si cela vous semble ridicule ou mauvais.

-filmez-vous en train de réaliser cette routine / ce numéro avec les différentes attitudes, intonations, etc... essayées : comparez-les, faites votre choix

- testez la routine / le numéro en public dans ces conditions

Ces exercices vous aideront à être créatifs, à être critique envers vous même et au final, à construire vos propres numéros, une magie qui vous ressemble. L'originalité et l'aisance en découlent.

 

 

Modifié par marc page
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L'illusionnisme est l'art de donner une réalité à des choses impossibles ou très peu probables.

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il y a 4 minutes, Gilbus a dit :

Apprenons à faire du spectacle, cela sera bien plus intéressant :)

Une citation qui résume si bien ma pensée. Merci Gilbus. Et même un débutant peut apprendre à un faire un spectacle. Je trouve cela plus important qu'une LD. Un tour automatique avec un zest d'émotions, une pincée de mystère, un tantinet de jeu d'acteur marque plus le spectateur qu'une simple technique aussi maîtrisée soit elle, enfin ce n'est que mon avis.

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www.dedales-hypnose.fr

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Merci Gilbus pour ce texte, il me conforte dans certaine de mes démarches et création de texte.

Je sais que certain grand magicien, tel que Bernard Bilis, partent du principe qu'en magie l'effet se suffit à lui-même (même s'il respecte le minimum vital du boniment).

C'est un choix, mais j'avoue que quand je vois un tour de Christian Chelman, je rentre dans son histoire et son univers et j'en oublie presque le tour. Et j'adore ça.

Mais il faut aussi être un spectateur qui apprécie les bonnes histoires et le théâtre.

Et si on aime les deux, alors ce que tu décris n'est que du bonheur.

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Citation

Chacun met la barre des termes un peu où il veut, le principal, c’est d’avancer

Univers est effectivement un terme ambitieux… 

Mais pourquoi pas, l’ambition a de bons côtés, dans ce contexte :)

Oui bien sur, je me suis permis de faire cette parenthèse sur les termes car si les conseils sont plein de bon sens, on peut se demander comment ces conseils sont perçus, compris et interprétés par celui qui t'écoute.

Je me rappel quand je recevais ces conseils, ça me donnait le tournis. Plutôt que de voir cela comme de l'ambition et de l'encouragement, je percevais cela comme un fossé énorme. D'où cette idée un peu théorique d'avancer par palier. Et cette volonté de ne pas utiliser ces mots puissants et qui sont un peu galvaudés "univers" "rêve" "poétique" etc...

Bien que je sois d'accord pour dire que mes paliers soient fictifs, je voulais surtout mettre en avant l'idée de voir ses ambitions à la baisse et avancer petit à petit.

Bien sur que toutes ses étapes et tout ce que tu ajoutes s’entremêlent de manière complexe et en fonction de chacun. Mais cette notion d'étape reste à mon sens primordiale.

Donc mon idée en te répondant : plutôt que devoir expliquer ces formules toute faites, pourquoi tout simplement ne plus les entendre ? Ou tout au moins les modifier pour qu'elles se rapprochent plus de la réalité.

Je pense aussi que trop de magicien s'illusionnent eux mêmes en pensant faire rêver les gens ou les emmener dans un univers... Essayons d'être objectif sur nos prestations et nos talents.
 

Citation

 

C’est aussi pour cela que j’essaie de détailler les formules toutes faites, de donner des méthodes pratiques, des directions de réflexion :

Toutes ces belles formules sont indispensables, mais ont souvent besoin d’expérience pour être comprises… d’expérience ou d’explication…

Expliquons…au moins ce que l’on pense avoir compris…

 

Exactement ! Ces formules sont faites de mots, et je voulais abonder dans ta direction en redonnant du sens à ces mots. Ces "belles formules" font naitre des quiproquo et des interprétations. Bien souvent par simplification, ces formules utilisent des termes bien trop fort par rapport à ce que l'on attend réellement.

On ne dit jamais à un musicien débutant : "créer ton Univers". Bosse ton instrument déjà, voit ce qui te plait, on verra après pour ton "univers"...

Je ne vois pas pourquoi en magie cela serait différent. Si tu débutes, n'allons pas trop vite en besogne à parler d'univers.
 

Citation

 

C’est pour cela que je trouve bien de parler du spectateur aux débutants, qui ont effectivement tendance à rester sur de la technique pure, en oubliant qu’ils font cela pour un public.

On peut porter attention aux spectateurs même au début, c’est tout aussi vital pour la qualité de notre prestation que la technique, qui peut dans bien des cas être réduite, elle, au stricte minimum si besoin : certains tours automatiques ont des effets génialement trompeurs.

Apprenons à faire du spectacle, cela sera bien plus intéressant

 

Non là, je ne suis pas du tout d'accord. Mais je pense que ma vision sera minoritaire. Je m'explique.

Pour moi la formule toute faite "on fait de la magie pour les spectateurs" c'est la formule la plus fausse et qui amène le plus de quiproquo en magie.

Quand on débute, on ne fait pas de la magie pour les spectateurs. On fait de la magie pour son propre plaisir. Pour son kiff perso. C'est purement égoïste à l'origine!

Chaque pratique artistique peut se faire uniquement pour soi. Je peux apprendre la musique, peindre, sculpter, danser, chanter uniquement pour moi-même. Pour mon plaisir, pour mon propre épanouissement.

Quelqu'un qui aime chanter, c'est un plaisir vital. C'est le petit truc qui lui fait rendre la vie meilleure. Après si la personne chante bien, ou qu'elle reçoit des compliments, elle va peut-être penser à progresser et pourquoi pas se produire devant des gens. Mais pas nécessairement. Elle ressentira le besoin de chanter, au moins pour elle-même.

Alors bien sur en magie, il faut bien un interlocuteur. L'illusion ne peut se produire que chez l'autre puisque l'on joue avec les sens. Mais tout comme quelqu'un qui jouerait d'un instrument uniquement pour lui, on peu envisager quelqu'un aimer la magie uniquement pour lui même.

On ne dit pas à un apprenti musicien : "apprenons à faire du spectacle, cela sera bien plus intéressant". On lui dit : "bosse ton instrument gamin"... pendant 10 ans (au conservatoire, avec un prof particulier ou autodidacte). On verra la partie spectacle au fur et à mesure.

 

 

Concernant les exercices proposés par Marc, je ne suis pas d'accord mais on en parle longuement ensemble déjà ! :) Tous ses exercices, surtout de manière autodidacte, 90% du temps ça sonne faux. Un magicien amateur/débutant qui essaye de jouer un rôle ou jouer une émotion, c'est terriblement gênant pour les gens qui le regarde.

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Que d'hommes se pressent vers la lumière non pas pour voir mieux, mais pour mieux briller - Nietzsche -

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il y a une heure, Loic J. a dit :

Donc mon idée en te répondant : plutôt que devoir expliquer ces formules toute faites, pourquoi tout simplement ne plus les entendre ? Ou tout au moins les modifier pour qu'elles se rapprochent plus de la réalité.

Ben, emporter un public dans son numéro, ce n'est pas qu'une formule :

on sent la bascule, le moment ou le public, qui avant était devant toi, est d'un coup avec toi, suspendu à ce que tu leur montre, leur dit...

il y a une réalité.

En tant que spectateur, je me suis déjà sentit emporté dans un spectacle, et senti vivre l'instant avec de grosses émotions.

C'est très dur à faire, mais c'est quand même un des objectifs principaux... ne passons pas à coté, cela fait tellement plaisir :)

Et en plus, j'aime les formules :)

Tiens, si j'ai le temps je vais fouiller le DEUDLMDG pour en sortir quelques unes...

je n'en ai pas beaucoup, mais il y en a qui sont tellement inspirantes...

 

il y a une heure, Loic J. a dit :

Et cette volonté de ne pas utiliser ces mots puissants et qui sont un peu galvaudés "univers" "rêve" "poétique" etc...

C'est sûr que dit comme ça, ce n'est pas exploitable.

c'est pourquoi je suis parti du personnage, pour construire l'univers...

La force de la magie, c'est de rendre réel une partie des univers que peut créer le spectacle.

On a donc bien des univers différents, puisque les lois naturelles peuvent y être différentes...

Si tu veux remplacer univers par "ambiance", pour commencer, tu perd en précision, et te retrouve avec un mot flou aussi... ;)

quand à "rêve", on peut le voir de deux façons:

-on construit le numéro comme un rêve, donc avec des interactions qui peuvent être décousues et fonctionner par enchainement et association d'idées, par exemple.

-ou on parle de faire "rêve" le spectateur, et la, c'est effectivement assez ambitieux ;)

Mais les choses impossibles sont la norme, en magie, non? ;)

Dans un rêve, tout est possible. En magie aussi...

Mais prenons un exemple concret:

L'ombre orchestre, de Xavier Mortimer, me semble un bon exemple de spectacle onirique:

Cela me donne l'impression de me promener dans le rêve de l'artiste, ou tout est possible. et il ne se prive pas de faire des choses impossibles...

La scène de la lévitation circulaire, par exemple, est un pur délice de ce point de vue:

les ombres tournent, l'une après l'autre, et la première fois que je l'ai vu, je me suis dit:

non, quand même pas?

Si.

Comme quoi on peut rêver un spectacle, et faire rêver le public...

Beaucoup de chose aussi dans la magie nouvelle est de cet ordre, et on a souvent l'impression d'un autre univers, sans rire...

Bon, pour un débutant, c'est difficilement accessible, ce niveau.... mais se fixer un but élevé permet d'avoir un long chemin devant soi...

il y a une heure, Loic J. a dit :

Bien souvent par simplification, ces formules utilisent des termes bien trop fort par rapport à ce que l'on attend réellement.

 

il y a une heure, Loic J. a dit :

je voulais surtout mettre en avant l'idée de voir ses ambitions à la baisse et avancer petit à petit.

De toute façon, on n'avance pas vraiment vite, il faut des années, le mieux est d'en être conscient dés le départ ;)

Mais on est dans le même cas si on prend la partie technique:

On ne manipulera pas comme Turner. Sans doute jamais, pour la majorité d'entre nous.

Mais prendre un exemple haut placé permet déjà de savoir que c'est possible (ce qui n'est pas si évident....), et d'autre part de prendre des choses qui fonctionnent auprès des maitres les plus avancés, pour faire progresser notre petit niveau...

 

il y a une heure, Loic J. a dit :

Quand on débute, on ne fait pas de la magie pour les spectateurs. On fait de la magie pour son propre plaisir. Pour son kiff perso. C'est purement égoïste à l'origine!

A, là, tu parle de la "motivation" de l'interprète.

et bien sûr, on fait de la magie parce qu'on a envie, nous.

Mais je parlais du fonctionnement de la magie elle même:

il y a une heure, Loic J. a dit :

Chaque pratique artistique peut se faire uniquement pour soi. Je peux apprendre la musique, peindre, sculpter, danser, chanter uniquement pour moi-même. Pour mon plaisir, pour mon propre épanouissement.

Pour la motivation, oui.

Mais si le peintre peut faire une œuvre juste pour lui, si le chanteur peut s'entendre lui même chanter, en magie ce n'est pas le cas :

On ne peux pas faire de magie pour soi.

Ce n'est pas de la magie.

Car (petite phrase comme tu les aimes...) :

"la magie ne nait pas dans les mains du magicien, mais dans l'esprit du spectateur."

Le magicien, contrairement à d'autres discipline, ne peut être spectateur de sa création.

Il sait comment ça marche!

Hors, la magie pour fonctionner, à besoin de l'ignorance du spectateur, ce qui est impossible pour le magicien regardant sa propre magie, à moins d'un furieux travail de double pensée...

Le magicien peut apprécier le rendu esthétique, le naturel, l'invisibilité des manips, la profondeur du trucage, mais pas la magie elle même... c'est ballot...

C'est pour cela que c'est très dur de savoir si on est bon ou pas, avant de passer en public...

Je ne sais pas si la magie est la reine des arts, mais c'est en tout cas un art à part, pour bien des raisons...

il y a une heure, Loic J. a dit :

Alors bien sur en magie, il faut bien un interlocuteur. L'illusion ne peut se produire que chez l'autre puisque l'on joue avec les sens. Mais tout comme quelqu'un qui jouerait d'un instrument uniquement pour lui, on peu envisager quelqu'un aimer la magie uniquement pour lui même.

nous sommes d'accord avec ta première affirmation.

Mais la seconde partie parle de la motivation de l'interprète, pas du fonctionnement de la discipline.

il est délicat de mélanger les deux...

D'ailleurs, on n'est pas forcé de faire de la magie parce qu'on aime faire de la magie.

On peut en faire parce que l'illusionnisme est un moyen...

On peut aussi aimer le spectacle pour le spectacle: et c'est vrai qu'une fois qu'on y a gouté, qu'on y a pris gout, c'est dur de s'en passer...

il y a une heure, Loic J. a dit :

On ne dit pas à un apprenti musicien : "apprenons à faire du spectacle, cela sera bien plus intéressant". On lui dit : "bosse ton instrument gamin"... pendant 10 ans (au conservatoire, avec un prof particulier ou autodidacte). On verra la partie spectacle au fur et à mesure.

Ben... il faut voir ce qui constitue "l'instrument" du magicien.

Comme je le disais plus haut, on peut avoir une technique faible.

Ce n'est pas un but en soi de ne pas avoir de technique, c'est une possibilité:

Pour un débutant, les tours automatiques sont très bien, mieux qu'un tour demandant manipulation ou mémorisation quand il n'est pas maitrisé, en tout cas.

ils n'ont en général pas besoin d'être travaillés 10 ans pour fonctionner fluidement... ;)

Mais qu'est ce que la magie?

quel est l'instrument de la magie?

le tour, la technique?

Pour moi, c'est le spectateur, car, attention, ça va ressortir...

"la magie ne nait pas dans les mains du magicien, mais dans l'esprit du spectateur."

Le seul endroit ou la magie peut naitre, c'est dans l'esprit du spectateur.

Les techniques, les tours, le jeu d'acteur, la mise en scène, ne sont que des moyens, la magie étant le but.

C'est pourquoi je ne dit pas: revenez quand vous maitriserez le saut de coupe, dans 10 ans...

Au contraire, faire naitre la magie dans l'esprit du spectateur est un travail effroyablement ardu, bien plus que la partie purement mécanique et technique, qui bien sûr doit être la plus parfaite possible, mais qui n'est qu'un des moyens pour atteindre le but.

Autant s'y mettre le plus vite possible...

...

Bon, OK, cela casse des clichés :

"La magie est composée de trucs, et de manipulations, qui vont donner un effet impossible."

On nous bassine avec ça depuis qu'on voit des magiciens.

Ben non.

Ici, on le dit souvent, ce n'est pas le truc ou la manipulation qui fait la magie, car cela se passe entre les mains du magicien.

C'est un élément, mais l'essentiel est dans l'esprit du spectateur....

L'instrument du magicien, pour en revenir à tes comparaisons, ce n'est pas la technique magique, c'est l'esprit du spectateur, et la façon de s'en jouer.

bien plus délicat qu'une simple technique...

Se focaliser sur la technique seule, et faire le reste d'instinct, c'est ce que font beaucoup de gens...

Mais c'est incomplet.

il y a une heure, Loic J. a dit :

Tous ses exercices, surtout de manière autodidacte, 90% du temps ça sonne faux. Un magicien amateur/débutant qui essaye de jouer un rôle ou jouer une émotion, c'est terriblement gênant pour les gens qui le regarde.

Quand ce n'est pas bien fait, et pas bien assumé, c'est effectivement difficile à regarder...

Tout comme une manipulation de carte ou l'on vois un break qui baille, un sdc qui flash, une LD qui bave...

C'est pourquoi il faut travailler l'interprétation autant que la technique :

Les moments "gênants" sont dus, la plupart du temps, a un travail bâclé.

Évidemment, on va dire: A, mais s'il faut travailler autant que ça la présentation, on n'en sort pas!

Ben, qui a dit que c'était facile, et qu'on pouvait faire de la magie en deux temps trois mouvements?

Tes dix ans de travail de l'instrument, on les retrouve dans le travail technique ET dans le travail de présentation...

Car la présentation, c'est l'instrument de la magie....au moins autant que la technique...

Il y a 1 heure, Dalmary a dit :

C'est un choix, mais j'avoue que quand je vois un tour de Christian Chelman, je rentre dans son histoire et son univers et j'en oublie presque le tour. Et j'adore ça.

Mais il faut aussi être un spectateur qui apprécie les bonnes histoires et le théâtre.

Je suis bien d'accord avec toi, mais il ne faut pas non plus limiter la belle magie et la belle interprétation à la magie contée ou au texte.

Un exemple théâtrale sans texte: Baltass... une histoire est racontée sans un mot.

Un exemple de magie presque pure, sans texte marquant : Bebel en close up: il ne raconte pas une histoire, et son texte peut sembler léger par sa simplicité trompeuse...

La magie a sa propre valeur:

Elle peut fonctionner parfaitement sans ajouter d'histoire, de texte, de motivations et tout le baratin dont je parle plus haut...

Mais pas sans présentation:

La présentation ne se limite pas au texte, c'est la façon de communiquer avec le spectateur (pour lui enfoncer les graine de magie dans la cervelle, et les faire éclore...)

Dans un spectacle de magie pure, qui n'a d'autre but apparent que de montrer la magie, on peut même effacer le magicien:

Il devient un personnage neutre, qui n'est la que pour permettre à la magie de passer par lui, un simple média en apparence.

Mais en fait, chaque geste répond aux principe de la présentation, de l'esthétique, du discours silencieux de la magie.

Chaque respiration de l'interprète est porteuse de messages.

Chaque accessoire raconte l'histoire du miracle en train de naitre sous nos yeux.

Ce n'est pas plus facile qu'en ajoutant une histoire, au contraire, vu que l'économie de moyens est énorme, il faut beaucoup plus de subtilité...

Parler est bien plus simple.

C'est pour cela que j'ai une magie si bavarde...

Gilbus

Modifié par Gilbus
  • J'aime 1

Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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