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[Réflexion] La Magie de Situation


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Bonjour,

Si vous le voulez, travaillons ensemble sur ce sujet :

Quel est l'interêt de passer un plumet jaune dans un tube pour le ressortir rouge ?

Quel est l'interêt de montrer une boîte vide pour la montrer ensuite pleine de fleurs ?

Quel est l'interêt de changer de place avec sa partenaire dans une malle ?

Quel est l'interêt de sortir une carte d'un jeu pour la remettre aussitôt dedans ?

Etc... etc... etc...

La magie me semble n'être souvent (mais toujours heureusement) qu'un jeu de devinettes.

A votre avis COMMENT ce plumet a-t-il pu changer de couleur ? COMMENT ces fleurs ont-elles pu apparaître ?

Etc... etc...

Tous ces effets ne sont pas justifiés par une mise en scène.

Ils n'ont aucune raison d'être en soi.

Il faut créer une SITUATION qui va justifier leur existence.

C'est l'histoire, le scénario.

Qu'en pensez-vous ?

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Un thème assez proche avait été abordé par Trist@n

Néanmoins, il semble intéressant de creuser un peu et de s'interroger sur les raisons de l'absence de fil conducteur dans les spectacles de magie.

Le premier point semble se résumr à ceci : la plupart des magiciens, en concevant un spectacle, font la liste des effets qu'ils désirent présenter, puis essaient de les enchainer plus ou moins "logiquement". C'est évidemment plus facile que de créer une histoire et d'y intégrer ensuite des effets magiques. Ce n'est pas moi qui leur donnerai tort : je ne suis pas pro, et je serais surement le premier à utiliser cette méthode si je devais monter un spectacle.

Néanmoins, il en est de la magie comme du cinéma : certains films reposent sur le scénario, d'autres sur les effets spéciaux. Chacune des deux catégories a ses aficionados, mais un film comme Matrix les met tous d'accord (scénario irréprochable, esthétique soignée...)

Deuxième entrave à la conception d'un histoire cohérente : des effets trop similaires risquent d'entrainer une certaine lassitude du public. Or, comment créer un scénario continu en utilisant d'abord un jeu de cartes, puis des foulards, puis des pièces, puis des cartes ESP, etc. ?

Au mieux, on développera une routine "logique" dans un seul domaine (cartes OU pièces OU colombes OU bougies...), comme Ascanio avec "los dias negros" ou Daryl avec sa carte ambitieuse mais, je le répète, comment espérer ne pas lasser en ne présentant qu'un type d'effet ?

La seule situation ou il est vraiment facile de produire un effet magique qui tienne debout, c'est quand on n'effectue qu'un tour : la briéveté de l'intervention du magicien lui permet de trouver une justification à l'effet qu'il présente ("ces cartes blanches sont couvertes d'un film chimique spécial qui permet de les imprimer à volonté en claquant des doigts...")

Dans le cadre de la GI, même en ne présentant qu'un tour, il n'est pas évident de justifier ce que l'on fait (pourquoi diable irait-on couper une femme en deux ou enfoncer des sabres dans la tête de sa partenaire ?). Certain illusionnistes y arrivent pourtant très bien (Copperfield présente la "Scie de la Mort" comme un numéro d'escapologie raté, meurt coupé en deux, ressuscite, se ressoude et se lève de la table...)

Il est vrai que nous gagnerions tous à inclure nos effets dans des ensembles plus cohérents, avec de vraies justifications scénaristiques, pour que les spectateurs ne se demandent plus ni "pourquoi ?" ni "comment ?".

Le tableau n'est pourtant pas si noir : certains artistes savent mettre leur public dans l'ambiance : 5 minutes après le début d'Intimiste de Dominique Duvivier, même les magiciens arrêtent de se poser des questions et se laissent porter... (et je suis sûr qu'il n'est pas le seul : pardon à ceux que j'oublie ou que je ne connais pas !)

Alx

L'important, c'est que ça valide !

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Je crois que l'on peut parler de "motivation" aussi bien que de situation. Il n'y a pas de plus forte magie que la magie qui possède un sens ou un message... qu'il soit religieux, mystique, éducatif, commercial, etc. Ces messages permettent aux spectateurs de mieux s'identifier à la magie et de ce fait, de faire corps avec elle. Je trouve ces notions fondamentales.

Désolé de citer tout le temps les mêmes exemples, mais quand même: Copperfield est le plus grand magicien du monde car il a su trouver des "messages" universels, qui marchent pour toutes les cultures: voler comme un oiseau, vaincre les distances, les frontières, la mort, s'évader de n'importe où, réconcilier un père et son fils, parler aux esprits, gagner tous les soirs au loto, etc etc. Blaine parle de résurrection, de vaincre la douleur, de lire dans les pensées les plus intimes des gens. Pour employer une expression triviale, cela "parle" autrement plus qu'un bouquet de fleurs en plumes ou de fourguer bobonne dans une boite en strass et d'enfoncer des épées en alu dans ladite boîte.

Rien qu'en réfléchissant un peu à la contextualisation du tour et à sa motivation, l'effet prend un tout autre sens. Regardez la caisse aux "piques" de Yunke... la fille a peur, elle fuit un sadique, et le sadique veut l'empaler, point final. La lecture est autrement plus claire, et la magie autrement plus forte.

Pourquoi déchirer un journal en mille morceaux pour le raccomoder juste après(A fortiori, une carte à jouer....)? Pour prouver qu'en fait vous possédez deux journaux identiques? Vous ne pourriez pas mieux faire. Le plus gros du travail est de se demander non pas "comment" réaliser tel ou tel effet, mais "pourquoi". Quelle impression voulez-vous faire passer? A quels sentiments de chaque personne dans le public voulez-vous faire appel pour véhiculer votre magie?

Michael Weber, parmi tant d'autre, est un expert de ce genre de "mise en contexte": chaque effet a sa raison d'être. Au lieu de réparer une carte à jouer déchirée, il répare un ticket de cinéma, afin que le gamin qui possédait ce ticket déchiré puisse aller voir un nouveau film avec son billet tout neuf. Ca ne mange pas de pain et pourtant l'effet possède une toute autre signification. Pas un hasard si le Weber a travaillé pour Blaine... moi je dis.

Gérard vient d'ouvrir une boîte de Pandore qui nous oblige à reconsidérer chacun de nos gestes, et chacun de nos poncifs de magicien.

Seb.

[ 04 Mars 2003, 13:30: Message édité par : Seb ]

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D'accord à fond avec vous. Je viens (enfin) de m'acheter la vidéo Séminaire de Tamariz. Au début, on ne comprend pas pourquoi c'est si fascinant. C'est vrai, après tout il n'y a pas d'histoire (ti mélanche). La vidéo comporte très peu de tours, mais c'est une pure merveille, il explique la motivation de chaque mouvement, ce qui amène la magie.

Je pense qu'il faut se demander ce qui amène une ambiance magique.

en d'autres termes, j'ai du boulot...

Roland Barthélemy

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Tamariz a d'ailleurs réfléchi au problème longuement, et nous distille le fruit de ses réflexions à chaque fois qu'on le laisse s'exprimer (les 5 points magiques, le chemin magique, Sonata sont des ouvrages qui en apprennent plus au lecteur que de simples recueils de tours et son séminaire comporte presque autant de "mise en scène" (changements de rythme, pourquoi mélanger "au-dessus de la tête", pourquoi laisser le jeu sur la table à la fin de la routine...) que d'explications techniques... un pur moment de bonheur !

Alx

L'important, c'est que ça valide !

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Ô cher Gérard , tu mets le doigt à l'endroit qui fait mal... Le point le plus délicat de la chose. L'endroit , ou le bat blesse alors que le reste du corps sembalait sain.

La justification de l'effet n'est pour moi que le sommet de l'iceberg. En effet comme le dis Alx , il est facile de trouver une justification simple rapide du pourquoi du changement de couleur ou de l'effet. Mais il faut aggrandir le domaine de recherche , prendre de l'altitude , de la distance . Cette justification se tient elle par rapport à la cohérence du numéro.

ce problème ne doit pas apparaitre suivant la manière de construction de la routine ou du spectacle. C'est à dire en commencant par lister et imaginer l'histoire , définition des personnages, messages à faire passer, comment le public doit vou ssentir, quels sentiments doivent être échanger. Et uniquement , et bien après , l'effet en lui même qui en doit qu'un support à l'objectif du numéro . L'effet n'est pas une fin en soi , mais une matérialisation de l'objectif du numéro.

Maintenant cela reste dur à comprendre et à mettre en oeuvre car dans l'apprentissage et le commerce de la magie, on commence par la fin , on vous vends des méthodes de techniques et de tours... mais l'aspect artistique , qui n'est pas "commercial" est que très rarement mis en valeur. ou alors il faut lire ou aller prendre des cours avec les bonnes personnes. Lorsque l'on dit au débutant , commencer par prendre des cours de théatre , à lire magic and showmanship ou gary kurtz , on passe pour des vieux cons , alors qu'il est si simple d'aller acheter le dernier DVD killer ...

Je me trompre peut etre de débat , je ne crois pas qu'ils y en aient bcp mais finalement qu'un seul . .. comment être magicien !!!!!

Bruno

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Et oui Bruno, la question est bien "comment devenir magicien ?"

En achetant les tours du magasin du coin de la rue et en les presentant tel que dit dans la notice ? ou en travaillant l'effet pour qu'il devienne soi ?

Ensuite ne faut il pas travailler la mise en scène, le mime, le son, l'éclairage etc... afin de presenter un beau numéro. Ne faut il pas écrire un scénario pour que le numéro soit monté comme une intrigue ? Ne faut il pas ensuite inclure les effets magiques dans l'histoire ?

Non il ne faut pas faire tout cela, ça prend beaucoup trop de temps... Il faut presenter comme beaucoup des tours les uns après les autres. D'une part le spectacle est modifiable à souhait, d'autre part le public est ravi et decouvre un faiseur de trucs.

En se demerdant bien, on peut peut être monter un spectacle en 2 jours si on a le budget pour. On suit les routines fournies et hop voilà le magicien...

Jean Philippe Loupi sur son site donne des conseils. Duraty dans son livre Magie pour rire (1 et 2) en donne aussi. Il existe quelques livres également comme magie et mise en scène par exemple. Surtout ne les lisez pas...

C'est trop chiant de lire...

Continuez de travailler comme vous les faites si bien et ne reflechissez pas trop, ca fait mal de reflechir.

Ceci n'engage que moi

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Hello à tous

je suis bien sur d'acc avec vous et en particulier avec seb, il n'en demeure pas moins que Magic seb devrait refaire son site car si il veut vehiculer une image differente du magicien habituel (ce en quoi il a raison), en regardant son site on ne peut que dire whaou c'est super kitch....

Ce que je veux dire c'est qu'en effet la magie doit etre un pretexte pour faire passer un message, mais son image sur le web ou ailleurs est tout au temps (et la y a pas de faute vu que c'est comme ça que ça s'ecrit et non pas: au tant)importante....

Donc faire des spectacles qui tiennent la route : bravo, mais communiquer sans rester dans les clichés (voir la page d'accueil) c'est encore mieux.

Je t'en prie le prend pas mal Magic seb, je dis ça simplement pour que tu avances dans le chemin que tu t'es tracé.

Maintenant mon site web et pas genial c'est vrai, mais je ne communique pas avec c'est un site sur ma passion (les ballons en allumette...nan je delire la).

Donc pour encore apprendre plein de choses sur les motivations et autres scenarii en magie je vous conseille vivement si vous etes sur Paris ou ailleurs dans le monde (si,si) de venir voir Roberto Giobbi en conference le mardi 11 mars au musé de la magie . C'est une conference organisée par le CMP de Carbonier et Fred

voila

bises gonflées

Arthur

[ 05 Mars 2003, 09:17: Message édité par : Tivoli ]

Tivoli logo.pngMC - Fantaisiste 

from here and here

www.arthurtivoli.fr

 

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Tout comme il existe un comique de situation, nous nous devons de pratiquer une magie de situation.

Le comique de situation : un individu est assis à un bar. Il a une tasse de café en main gauche. S’il renverse sa tasse, ça peut être drôle mais sans plus. Si un autre client lui demande l’heure et qu’il renverse sa tasse pour regarder sa montre. Là on a un gag (mis en situation).

La magie de situation : mettons maintenant un peu de poudre gélifiante auparavant dans la tasse et étudions la même situation.

Cette fois-ci quand le client regardera sa montre, rien ne tombera. Le client donnera tout simplement l’heure à l’autre. Ici, le gag est décalé et la magie ajoute un élément de plus à cette situation. Et là, je crois, que la magie prend toute sa place.

Quand David STONE répare sa cigarette, c’est uniquement, parce que maladroitement il l’a cassé auparavant. L’effet magique est justifié.

Bruno, j’aime bien l’idée de l’iceberg. Le public doit voir, en priorité, le pourquoi de l’effet magique (sa raison d’être). Le comment est secondaire (mais attention, secondaire ne veut pas dire que la technique ne doit pas être excellente).

L’achat du dernier DVD Killer (dixit Bruno) est tout de même important afin d’avoir dans sa base de données des techniques ou des astuces supplémentaires dans laquelle on va pouvoir piocher.

Mais pour que cet iceberg existe, il faut s’appuyer sur la base de l’iceberg. C’est le point de départ de tout effet magique.

L’exemple du ticket déchiré de Michael WEBER, que nous rappelle SEB, est superbe.

J’adore quand SEB écrit que le fait de restaurer un journal déchiré ne sert qu’à prouver qu’il y a un deuxième journal caché quelque part. Même si la technique est excellente (et il faut qu’elle le soit) l’effet ne sera si fort que si il est justifié. Le mot « motivé » qu’emploie SEB me convient également très bien.

Plus l’effet sera justifié, plus la technique sera facile à mettre en œuvre.

Rappelez-vous ce sketch de David COPPERFIELD ou il fait disparaître sa partenaire (une vieille gouvernante qu’il l’oblige à faire ses devoirs (David joue dans ce sketch son propre rôle d’enfant). Ici, nul besoin de boîte avec des angles et des recherches de couleur pour faire paraître la boîte plus mince. Ici le matelas sur lequel va disparaître la gouvernante doit bien, faire 30 cm d’épaisseur et le public s’en fou.

La présence du matelas est pleinement justifiée (la chambre de David) et son utilisation aussi (la gouvernante se réfugie sur le lit car elle a peur de la souris que vient de faire apparaître David). Voilà de la magie comme je l’aime. De la magie théâtralisée.

La magie ne devrait être qu’un outil au service du comédien. Mais quel outil !

J’aime assez comparer la magie à l’opérette (aujourd’hui on dit comédie musicale). L’outil est bien entendu différent (la magie ou la chanson) mais la finalité est la même.

Personnellement, j’ai compris cela en voyant un spectacle d’Henri DES. Une succession de sketchs (ses chansons) s’adressant aux enfants.

Merci a toi MAGIC SEB, je sais que tu as compris.

Poursuivons si vous le voulez bien cette discussion…

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Bonjour,

Je ne peux - évidemment - qu'être d'accord avec ce qui est en train de se dire ici... Pour reprendre une réflexion précédente, il me semble qu'à chaque effet que nous présentons il nous faut nous poser la question : pourquoi (voire même : "pour quoi") est-ce que je fais ça ?...

Pour revenir sur le journal déchiré, j'aime bien une présentation de Paul Daniels : il raconte une histoire au sujet d'une petite annonce qu'il a découpée dans le journal et il sort un morceau de journal : "Ah non, ce n'est pas celle-ci...". Puis il cherche dans un autre poche, en sort un autre morceau de journal : "Ah non... toujours pas.... Puis il recommence plusieurs fois, et lorsqu'il a plein de petits morceaux de journal en main il termine par : "Bon... Ce sera plus facile comme ça !...", et POUF le journal se reconstitue, ce qui lui permet de retrouver son annonce et de terminer son histoire...

Ainsi, le but ici n'était pas de "reconstruire" le journal, mais de terminer son histoire, l'effet magique n'étant qu'un moyen d'y parvenir et pas une fin en soi...

Mais bon... Je suis sûr qu'on pense tous la même chose à ce sujet... Le problème est plutôt : comment faire pour mettre tout ça en application ?... Une partie de la réponse est à mon avis : travaillons à plusieurs !... C'est à mon avis la clé d'un spectacle réussi... Entourons-nous de différentes personnes, de diférentes sensibilités, et travaillons à plusieurs sur chaque numéro... Nos spectacles n'en seront que de meilleure qualité, et c'est en plus l'occasion de passer de très agréable moments et de bien rigoler !...

Très cordialement,

---

Frantz

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