Cher Lancelot
Je crains que ta solution ne complexifie énormément le problème au lieu de le résoudre ou même de seulement le simplifier. Chacun des tiroirs de ton meuble se trouve en fait, à l’image de l’allégorie du chat de Schrödinger, dans une situation indéterminée, c'est-à-dire tout à la fois en haut et en bas. Ce qui est fascinant, c’est qu’en éliminant la superposition des tiroirs, on obtient du même coup ce que la physique quantique suggère d’imaginer comme une « superposition des états ». La loi du tiroir de Sorano semble donc soumise au principe d’incertitude de Heisenberg. Du coup, on apprécie toute la pertinence de Jean-Philippe Loupi qui a tout de suite saisi l’importance de l’observateur (ou du décideur) dans ce que je me permets d’appeler — non sans une certaine légèreté que je reconnais tout à fait — le champ quantique du meuble à tiroir. Ainsi, lorsqu’il écrit « La SEULE et UNIQUE réponse possible à ta question est : le premier tiroir est celui qu'indique ta femme. », ce n’est pas tant pour céder à ce choix par défaut qui consisterait à se soumettre à un hypothétique (et fort discutable) diktat de la femme au foyer mais bien parce que le tiroir du bas ne peut être déterminé que par le fait même d’interagir (en partie) avec le système afin de l’observer.
De la même manière qu’on ne peut connaître simultanément la vitesse ET la position d’une particule, il semble impossible de déterminer la nature du tiroir (« celui du haut » ou « celui du bas ») en même temps que son contenu (« chaussettes vertes » ou « topinambours »).
TOUS les tiroirs du « Meuble de Lancelot » (une des rares structures macroscopiques illustrant à merveille les principes habituellement associés à des systèmes d’échelle atomique) sont des chats de Schrödinger, que les chaussettes soient sales ou pas, que les topinambours soient frais ou pas ; des chats qui attendent que la femme de Sorano décide dans quel sens retourner le meuble (afin de « résoudre » l’état de superposition quantique) et décide de l’ordre des tiroirs.
Le cas de Benoît qui suggère que le premier tiroir est au centre constitue un bel exemple de ce que la logique floue révèle des états intriqués : la nature ondulatoire du tiroir du milieu ne laisse en rien impliquer la nature corpusculaire du tiroir du bas !
Si la péristance est une généralisation du principe de Gilbreath, rien ne nous empêche de penser que le meuble de Lancelot qui, par bien des points, pousse dans ses retranchements les principes fondamentaux qui découlent de la loi du tiroir de Sorano, est une aberration du principe d’incertitude à l’échelle macroscopique, MAIS PAS UN PARADOXE !
Il serait bon de développer le postulat de Paul sur l’empilement chaotique des tiroirs du bas, mais le temps, tout relatif qu’il soit, me manque.
Bonne journée à tous, je dois prendre d’urgence le dernier wagon du milieu.
Christian