Hello Sébastien
Il y a un passage très drôle, lorsque tu dis « La dernière pièce va passer… tout doucement » : à ce moment, tu tapes la prétendue dernière pièce sur le tapis et le son qui est émis est celui d’une pièce qui heurte une table en verre. Je n’avais pas noté ce détail lors de mon premier visionnage, j’adore ces petits illogismes « qui marchent » cependant et révèlent à quel point notre analyse du monde en temps réel est peu de chose.
Un petit mot sur Kamel puisque Lancelot (qui sort de sa réserve et ce n’est pas plus mal car son style et sa verve manquent à VM lorsqu’il s’absente) évoque le sujet. Oh et puis non, parlons plutôt de ce que tu as fait dans cette émission. Oui, il faut un « niveau magique » pour réaliser une routine comme celle que tu as présentée, une bonne expérience (tes réparties par exemple prouvent que c’est le cas) et une certaine dose de culot (les pièces à travers la table « façon classique » avec un plateau transparent, faut oser !).
Je me permets de te rappeler un petit souvenir, j’espère que tu t’en souviens. Il y a quelques années, nous avions discuté tous les deux et quelques autres magiciens à la sortie de la boutique Paris Magic de Guy Lore. C’était je crois notre première vraie rencontre (je veux dire qui ne consistait pas seulement à se croiser et se dire bonjour). Tu venais de passer à une émission de télé (« C’est mon choix », je crois, présentée par Évelyne Thomas) dans laquelle des magiciens venaient dévoiler des tours de magie publiquement (je n’entre pas dans une polémique relative aux subtiles différences entre débinage et initiation, chacun fixant des limites différentes). Je t’avais fait part de ce que je pensais : tu révélais trop d’informations, ce qui était inutile premièrement parce que lesdites informations ne « passaient » pas et deuxièmement parce qu’on sortait terriblement du cadre de l’initiation pour rentrer dans celui d’un débinage dangereux, dangereux en ce sens qu’à force de familiariser le public à être attentif aux « trucs » plus qu’au spectacle, on en fait des spectateurs qui s’abandonnent moins et sont plus dans l’analyse (à ce propos, Fabrice Santoro est le « client » idéal, il aime la magie et se refuse à « connaître les ficelles » pour garder sa capacité d’émerveillement : il a tout compris !). J’avais ajouté qu’un magicien se doit principalement de passer à la télévision pour présenter des numéros, comme un chanteur y vient pour chanter et non pour donner des leçons de chant.
À l’époque, je me souviens bien que ma réflexion aurait pu être mal prise et comprise, il n’en a rien été. Tu t’es montré extrêmement attentif à mes remarques, je crois me souvenir que tu as ajouté que tu allais réfléchir à tout ça. Ce que tu as déjà fait dans le cadre de tes spectacles est largement suffisant pour démontrer que tu es pleinement dans une logique de spectacle désormais, et cette émission dans laquelle tu présentes les pièces à travers la table est pour moi l’exemple même de ce que j’attends d’un magicien qui intervient dans les médias : faire de la magie (et non du débinage).
Bravo Sébastien
(Au fait, j’ai un doute pour la réapparition de la salière : l’empalmage Herta ? )
Christian