Aller au contenu
Pas de pub non magique pour les membres du Cercle VM. Clique ici pour en savoir plus !

Recommended Posts

Publié le

Bonjour,

Je souhaiterai vous proposer une réflexion et un échange sur la question du mensonge en magie.

En partant du postulat que lorsque nous faisons de la magie pour un public, nous mentons constamment. Exemple : "je vais mélanger ce jeu de cartes" or nous réalisons un faux mélange, "votre carte est perdue dans le jeu" or nous effectuons un contrôle, etc.

Le mensonge est-il selon vous une nécessité pour rendre l'illusion crédible ou utilisons nous ce procédé pour nous rassurer, nous même, de l'opposition entre notre verbal et la réalité des actions que nous effectuons ? (je ne parle pas de missdirection verbale, puisque selon moi, l'utilisation du mensonge n'est pas une missdirection).

Et en revoyant la copie, serait-il possible de travailler nos textes en s'efforçant de ne pas mentir ? Exemple : plutôt que d'affirmer au spectateur, "votre carte est perdue dans le jeu" (alors que ce n'est pas vrai), pourrions-nous plutôt s'adresser à lui sous la forme d'une question "avez-vous une idée de l'endroit où votre carte se situe ?"

Bref, je ne sais pas si ce sujet intéressera certains d'entre vous mais n'étant pas sincèrement convaincu que le mensonge renforce l'illusion - et l'effet - je trouve que l'exploration de cette question mérite de s'y arrêter un petit moment.

A vos claviers ;)

  • J'aime 3
Pas de pub non magique pour les membres du Cercle VM. Clique ici pour en savoir plus !
Publié le (modifié)

Au début c'est ce que je faisais tout le temps, car je voyais tout le monde faire comme ça. Je ne m'étais pas posé plus de questions que ça, ni même remis en cause. Récemment, je me suis fait la réflexion suivante : pourquoi dire des choses qui sont évidentes ? Les gens voient la carte rentrer au milieu du jeu. Pourquoi le dire ? Au final, cela focalise les gens sur la carte qui est rentrée dans le jeu, donc sur la méthode, car les yeux suivent le jeu de cartes pendant un laps de temps plus long. Du coup, je ne fais plus comme ça. Je dis autre chose, une blague, ou je pose une question, donne une instruction, ou raconte mon petit scénario (les cartes ont une personnalité, elles sont rangées en familles, chacune ayant ses membres, etc. - c'est nul mais c'est un exemple).

Si je décris tous mes mouvements, exactement au moment où je le fais, à force, ça habitue les gens à regarder exclusivement tes mains. C'est une habitude que je ne souhaite pas leur donner.

Voici l'enchaînement que je fais désormais : je prends ma LD pendant que je parle, mon regard désormais se tourne vers le jeu, les gens suivent mon regard et mémorisent la carte, je tourne le regard vers le spectateur au moment où je retourne la LD, mon regard revient sur le jeu, j'attrape la carte du haut, je l'insère de moitié au centre, puis je tourne le regard vers le spectateur quand je pousse la carte jusqu'au bout.

Aussi, pour éviter qu'on croit que je manipule les cartes (problème que j'ai eu rencontré parfois à mes débuts - des gens comprenaient que c'étaient de la manipulation bien que je ne flashais que très rarement), je pause entre chaque mouvement. Je ne fais pas tout d'un coup. Exemple : je prends la LD, je parle, je la retourne, je parle de nouveau, je prends la carte du haut et la garde dans la main, je parle, je la remets au milieu du jeu, je parle de nouveau. Le problème avec ce style, c'est que chaque effet individuel dure beaucoup, beaucoup plus longtemps que ce qui se fait d'habitude, mais au moins, l'effet est plus extraordinaire.

Et sinon, pour répondre directement à cette question : 

Citation

 

"votre carte est perdue dans le jeu" (alors que ce n'est pas vrai), pourrions-nous plutôt s'adresser à lui sous la forme d'une question "avez-vous une idée de l'endroit où votre carte se situe ?"

 

Je pense que l'un ou l'autre ne change rien. Car le spectateur dans les deux cas aura l'attention focalisé sur tes mains et tes mouvements, chose que je souhaite proscrire à tout prix.

Modifié par mh1001
  • J'aime 1
Publié le

Oui, là on entre dans une nouvelle réflexion, celle du défaut de commenter toutes les actions qui vont être entreprises ou qui ont été effectuées "je vais mélanger le jeu ", " je vais poser les cartes ici ou là "  , " vous avez remis la carte dans le paquet" , etc. Il y a tellement d'exemple...

Mais du coup, on s'éloigne un peu du sujet, celui du mensonge. En tout cas, c'est déjà un très bon début que de savoir remettre en question sa pratique.

Publié le

Il y a le mensonge direct et le mensonge par omission.

En magie les deux sont très liés. La différence est faible entre "je mélange bien le jeu" et juste montrer qu'on mélange le jeu alors qu'en fait on ne mélange qu'une partie du jeu..

Quelque soit le mensonge, si il y a nécessitée de parler il est nécessaire à l'illusion, tout simplement parce que la vérité tuerait l'illusion. 

En prenant le problème dans l'autre sens on s'en rend bien compte.

Si je ne mens pas, pas même par omission, c'est que je dis la vérité (en supposant que le magicien ne fait pas une routine en étant muet) et du coup on se rend bien compte qu'on ne peut pas maintenir une illusion en disant la vérité.

La seule possibilité pour faire des illusions sans mentir c'est de ne rien dire et de faire des illusions sans parler. C'est tout à fait faisable, il suffit de voir Tabary ou Shim Lim en cartomagie.

Le mensonge peut même être une des sources de "magie" parfois. On peut penser au Père Noël qui a émerveillé chacun de nous à un moment donné. En magie il suffit de regarder quelques routines de magie fantastiques où l'histoire elle même crée la magie, l'histoire étant un tissu de mensonges renforcé par des brides de vérité afin de la rendre crédible.

  • J'aime 1
Publié le

Bonjour TalRasha

J'ai lu ce court bouquin récemment, il traite partiellement du mensonge. Pas génial mais quelques points sont intéressants (pour ce sujet) :

Citation

"L’un des traits les plus caractéristiques de notre culture est l’omniprésence du baratin."
Ce court essai, dont le titre original est On bullshit, a toutes les apparences du sérieux, bien qu’il s’agisse d’une théorisation de ce que l’on appelle communément le baratin ou les bêtise.

L’un des plus grands philosophes américains, Harry Gordon Frankfurt (né en 1929), professeur émérite à Princeton, se penche sur le sujet : un petit livre de référence pour ne plus jamais confondre connerie avec fumisterie, foutaise, baliverne ou sornette, et repérer à coup sûr tous les baratineurs.

 

41Bk+FIv0XL._AC_US218_.jpg

  • J'aime 1
Publié le (modifié)

Au cas ou cela puisse aider, voila un petit extrait du DEUDLMDG, qui traite du mensonge.

 

                 De l’utilisation du mensonge

Je voudrais vous parler d’une grande honte qui me perturbe :

Il arrive que les magiciens mentent.

Ils disent que c’est pour de bonnes raisons, mais en fait, ils ne cherchent qu’à perturber notre sens des réalités.

Pour en tirer avantage.

Le magicien est un être fourbe, malveillant et cruel, dont le but est de déstabiliser ceux qui s’oublient à le regarder, pour faire de nous ses marionnettes.

Heureusement, je ne suis pas vraiment magicien…

 

Heuuu…

Pouf pouf.

 

Il se pourrait que dans cette introduction, j’ai mentis.

Mais pas tout le temps.

 

C’est le premier point sur lequel je voulais discuter :

Un bon mensonge doit être crédible.

 

Pour cela, il peut

-Soit être mélangé à une bonne part de vérité (Il arrive que les magiciens mentent.),

-Soit s’inscrire dans une logique que la victime comprend (Pour en tirer avantage)

-Soit être caché sous un mensonge encore plus gros qui sera identifié comme tel.( Le magicien est un être fourbe, malveillant et cruel)

-Soit être présenté clairement comme un mensonge, ce qui donne un air de vérité au contraire de la proposition, alors qu’il est vrai, et donc que le contraire est faux. (Je ne suis pas vraiment magicien)

 

Il y a bien d’autres façon de mentir, mais je ne vais pas vous expliquer la vie, cela serait trop triste.

 

Je vais me contenter de quelques formes un peu exotiques, puisqu’étant magicien, vous devez déjà être d’excellents menteurs.

 

Tout d’abord, pour enfoncer les portes ouvertes, rappelons que le mensonge se produit quand la victime a sa représentation mentale de l’univers faussée par une information qu’on lui fournit.

Il n’y a pas besoin de manipuler l’univers, juste la représentation mentale de la victime.

Ce qui élargit le proverbe : « la beauté est dans l’œil de celui qui regarde » ou « la carte n’est pas le territoire ».

Cette distinction entre l’univers réel et la représentation que la victime s’en fait est une des notions de bases en PNL.

 

Maintenant, devinez quel mensonge j’ai insufflé dans le paragraphe précédent…

 

En fait, le mensonge est facile à retrouver, puisque je l’ai laissé tout à la fin :

« Notions de bases en PNL »

Oui, vous avez trouvés, le mensonge consistait à faire croire que j’avais quelques notions de Programmation Neuro Linguistique, alors qu’en fait, je n’ai fait que lire en diagonal un ou deux trucs là-dessus, restant d’une ignorance crasse sur le sujet.

 

En assaisonnant tout cela par le bon sens populaire, on crée une adhésion au début du paragraphe.

L’allusion à la PNL ne viens pas directement sur mes connaissance supposées (et réellement inexistantes…) mais bien sur le lien entre sagesse populaire et PNL, que ceux qui ont comme moi survolés un ou deux articles reconnaitrons comme plausible dans ce cas.

Donc, on a l’assimilation de vérité et de mensonge implicite, puisque je donne l’impression d’affirmer des évidences grâce à des connaissances que je n’ai pas.

 

Mais là, c’était très facile à détecter, car j’ai mis cette allusion à la PNL à la fin, alors qu’en la noyant dans le flot d’informations, elle ne serait pas apparue consciemment.

 

Donc, dans le mensonge comme pour le reste des techniques magiques, on peut :

Rendre le mensonge plausible, par des vérités (enfin, par des choses que la victime crois réelles : la carte n’est pas le territoire…)

         C’est le contexte

Faire des mensonges de façon détournée ou implicites

         C’est la méthode

Faire une scénarisation du mensonge, pour qu’il se fonde dans le décor (le noyer dans les autres infos)

         C’est la présentation

 

Le contexte :

Le mensonge doit être plausible dans son contexte.

Si je dis : « mon mac ne plante jamais », c’est crédible sur un forum d’Apple.

Pas sur un forum d’utilisateurs de PC :)

Donc, si le mensonge peut aller dans le sens des opinions de la victime, il sera plus facilement accepté.

 

La méthode :

Mensonge direct :

« Je n’ai pas planté mon mac depuis 5 ans. »

Indirect :

« Mon mac a planté l’autre jour, car j’ai utilisé un produit Microsoft » (sous-entendu, il ne plante pas autrement)

Indirection sur un point secondaire de la phrase :

« Je n’ai pas planté mon mac depuis 5 ans. » (sous-entendu : j’ai un mac, alors que c’est faux :) )

 

La présentation :

« On le dit sur tous les forums, et cela confirme mon expérience personnelle : les macs ne plantent pas. »

(Ici, le fait que j’utilise un mac est au milieu de la phrase, donc pas en évidence.)

 

La séparation de ces trois éléments n’est pas indispensable, et le mensonge peut en tenir compte :

Si je n’ai pas de mac, mais que je dis : « mon mac ne plante jamais », quel que soit le forum, mon mensonge passe :

Sur les forums mac, il ira dans le sens du poil, car les gens vivent dans un univers ou les macs sont merveilleux.

Sur le forum PC, le fait d’affirmer une ‘contre vérité’ focalisera les victimes sur cette affirmation, et on ne pensera pas que je puisse ne pas avoir de mac.

 

Prenons d’autres exemple tout bête…tiens, en magie, pourquoi pas :)

 

« Si je prends trois pièces dans ma main gauche : 1, 2 et 3» 

C’est bien sur un mensonge :

 

Soit il y a autre chose que 3 pièces dans la main gauche, bien qu’on ne puisse voir que cela.

         C’est un mensonge direct. Je ne peux pas donner ma main à examiner réellement.

 

Soit je montre ma main gauche avec 3 pièces, mais la droite, dont l’index va montrer les pièces au cours du comptage 1,2,3 en retrait et ouverte, n’est en fait pas vide :

Le mensonge est alors couvert par la présentation de la main gauche honnête, et le comptage est honnête.

         C’est un mensonge indirect.

Par la suite, je pourrais faire passer les pièces en main droite, et les recompter : on aura alors un mensonge direct, mais qui sera couvert par le premier comptage qui lui était honnête.

 

Un gros mensonge est-il plus dur à faire passer qu’un petit ?

Ça dépend :)

 

Cela dépend du contexte :

Dans beaucoup de routines, on pourrait faire des choses plus fortes que ce que l’on présente :

Une fois une carte à l’œil faite, tout le champ de la parapsychologie s’ouvre à nous.

En fait, on se contente souvent de repérer ensuite la carte, et de la faire découvrir par un moyen détourné.

Car une connaissance surnaturelle de la carte n’étant pas admise par la victime, si on annonce tout simplement la carte, celle-ci va chercher une explication rationnelle, et se rapprocher de la solution.

Il faut donc mentir sur nos pouvoirs réels, en les atténuant, pour que cela passe mieux.

 

À l’inverse, un bon nombre de passes dites ‘au bluff’ sont des mensonges énormes.

...

 

Bon, je ne vous met pas l'article entier, c'est un peu soulant, et l’exposition de cas trop pratique n'est pas le but de cette partie du forum...

 

Gilbus

Modifié par Gilbus
  • J'aime 1

Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

Publié le

Le mensonge n'est en effet pas lié uniquement à la description procédurale des mouvements. C'est ainsi que je perçois la question.

Mais tout dépend aussi de ton rapport à ta magie.

Je prends l'exemple d'une routine de torsion de pièce réalisée dernièrement. Je ne mens jamais durant cette routine, dont le script a donné ça :

"Voici une pièce, et je vous demande de la signer des deux côtés. Parfait. VB c'est pour Valentin, et MC ?... Marie ? Enchanté Marie. Tiens Valentin je te confie la pièce. Tu as une belle casquette Marvel, qui est ton super-héros préféré ? Iron Man ? Ah moi aussi j'adore, j'aimerais bien voler comme lui, il a trop la classe dans son armure. Tu tiens bien la pièce ? Imagine que l'armure d'IronMan apparaisse et recouvre ta main... Imagine que tu as la force d'IronMan et même le pouvoir de lancer son rayon, tu te rends compte ? Pour l'instant tout se passe dans ta tête et dans ta main, mais d'après toi elle serait dans quel état la pièce ?...  Ouvre pour voir..."

Aucun mensonge. De la dissimulation technique, oui. L'appel à l'imagination aussi.
Je n'ai même pas menti sur le super-héros puisque c'est aussi MON préféré.

  • J'aime 1

David

mnemonaute_tn.jpg

Rejoins la conversation !

Tu peux publier maintenant et t'enregistrer plus tard. Si tu as un compte, connecte-toi maintenant pour publier avec ton identité.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Vous avez collé du contenu avec mise en forme.   Restaurer la mise en forme

  Only 75 emoji are allowed.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédemment saisis, a été restauré..   Effacer le contenu

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.



  • Pas de pub non magique pour les membres du Cercle VM. Clique ici pour en savoir plus !
  • Messages

    • Je suis allé voir son spectacle avec ma compagne il y a quelques années. C'était très bien écrit, scénarisé et présenté. De l'humour sans tomber dans le lourd, de très belles routines et une bonne présence sur scène. Une personne qui cherche une prestation pour un anniversaire et qui voit cette vidéo peut se dire à tort que la prestation proposée est en dehors de son budget et ne franchira même pas le cap d'une demande de devis. Autrement dit, faire une vidéo dans un cadre luxueux permet de viser certains clients mais peut aussi priver d'autres clients. C'est un choix. Cela ne veut pas dire que c'est un bon ou un mauvais choix.
    • Je fais parti du Champagne Magic Club de Reims depuis  près de 18 ans (depuis 2007) et j'ai toujours connu les conférences à peu près au même prix (entre 350 et 450€), tout comme le prix d'entrée moyen (20€). Les choses que j'ai pu constatées en 18 ans, avec en moyenne 6 conférences par an de 2007 à 2017 environ (nous étions l'un des clubs qui en organisait le plus à cette époque) puis 4 jusqu'à nos jours : - le prix des hôtels a bien augmenté : avant une chambre correcte coûtait 60-70€ (Ibis rouge) et aujourd'hui cela coûte 120-130€. Une conférence coûte donc en moyenne entre 470 et 580€, hors repas. - le nombre de magiciens venant assistant aux conférences a baissé : avant, nous étions sur 20 à 30 en moyenne et aujourd'hui 10 à 20 à quelques exceptions près. Faites le calcul à 20€ en moyenne, le club éponge à chaque fois et ses seules sources sont les cotisations (55€ à l'année avec deux entrées aux conférences incluses) et un gala tous les 10 ans. Et les conférences ne sont pas les seuls frais du club bien entendu. - la qualité des conférences est très variable et le choix de ces dernière se fait sur la base d'une publicité qui présente toujours l'artiste comme le meilleur, avec une liste de points vaseux comme "vous aidera à améliorer votre magie", "effets visuels à fort impact", etc...mais pas de contenu précis. David Stone indique à chaque fois le contenu précis de sa conférence. Il fait parti des plus cher (450€+hôtel) mais on le prend à chaque fois parce qu'on sait quel est le menu, on sait qu'il ne va pas nous présenter la même conférence que celle 10 ans avant en faisant croire à une nouvelle et cet artiste fait toujours le plein (25-30 personnes en moyenne, c'est ça le plein pour nous). Il y a aussi le fait qu'il ne fait pas une tournée de conférence très souvent donc il y a une attente. Je pourrais dire la même chose de @Luc APERS : il indique bien le contenu de sa conférence et même si il n'est pas encore aussi connu des magiciens que David Stone, on sait qu'on peut prendre le risque de mettre un peu plus parce qu'on sait que cela va plaire au plus grand nombre et qu'on aura pas trop à éponger. Le fait qu'un conférencier présente une conférence très proche voire identique à celle qu'il avait présentée 10 ans avant n'est pas un problème en soi. Ce qui est mal perçu est le fait qu'on nous les présente comme des "nouvelles conférences". Revoir Michael Ammar présenter sa routine de gobelets, Juan Tamariz présenter sa "Triple coïncidence" ou @Gaëtan BLOOM présenter ses épingles est toujours un plaisir mais c'est en grande partie parce que l'on sait justement qu'il vont nous présenter ces routines que l'on aime revoir. D'une manière plus globale, ce sont les magiciens français qui indiquent le mieux (ou un minimum) le contenu de leur conférence. Peut-être parce qu'ils nous envoient leur proposition directement. Je n'accuse pas les autres d'être trop vaseux mais leur publicité (ou présentation de la conférence) l'est souvent (après, qui la rédige ? Nous ne le savons pas). Le choix se fait alors sur les bases de ceux qui connaissent l'artiste et son travail. Les conférences "marchands de trucs" (conférence ou chaque routine ou presque nécessite l'achat d'un gimmick ou d'une vidéo auprès du conférencier) ne sont également pas un problème tant que c'est dit dès le départ. Ce sont les déceptions suites à un manque d'information qui font que nous n'allons pas prendre tel ou tel artiste ou que nous ne mettrons pas 450€ plutôt que 350€. Ayant participé à l'organisation d'un congrès (planning, contact des artistes, gestion des entrées du public), je peux également dire que les prix sont les mêmes pour les conférences lors de congrès sauf que la conférence dure 1h et est souvent doublée au lieu d'une seule conférence de 2h en moyenne (avec une pause champagne chez nous) dans un club. Alors oui, une conférence est payée en moyenne 3 à 4 fois moins cher qu'un numéro de gala alors que l'artiste ne se contente pas de présenter des routines mais il les décrit pour que d'autres les présentent correctement à leur tour ou reprennent certaines idées pour en faire autre chose mais le public n'est pas le même (le nombre surtout) donc les moyens pour financer un tel évènement ne sont pas les mêmes. Nous avons fait le choix, pour continuer de recevoir des conférenciers sans être trop dans le rouge et sans augmenter nos prix d'entrée, de réduire le nombre de conférences à 4 au lieu de 6. Alors, on va me dire qu'il faut augmenter le prix d'entrée. Nous l'avons déjà fait un petit peu mais si nous allions au delà, nous aurions encore moins de monde. Ce n'est pas viable. Et croyez-moi, le club ne fait aucun bénéfice sur le dos des conférenciers, bien au contraire. Je parle pour le club de Reims en tout cas. Les problèmes majeurs par rapports aux conférences (et aux congrès d'ailleurs) sont deux : - le manque d'informations importantes précises et assez tôt : date, lieu, prix et surtout contenu (et pour un congrès, c'est le plateau qui devrait être annoncé complètement au moins 6 mois avant; c'est faisable, c'est un choix) - le fait que beaucoup de magiciens préfèrent aujourd'hui apprendre sur internet (avoir tout tout de suite et gratuitement) plutôt que d'aller sur des congrès et des conférences. Ils préfèrent acheter un tas de gimmick, de vidéos, etc...qui leur procure le sentiment de tout avoir plutôt que d'aller voir des spectacles, des conférences et des congrès (où il faut en plus s'organiser pour le transport, le logement, les repas). C'est un phénomène de société qui n'est pas propre à l'univers des illusionnistes mais que l'on retrouve dans toutes les associations : théâtre, danse, même les associations de musique et de sports commencent à voir la moyenne d'âge de leurs membres augmenter. On le voit aussi dès que l'on va voir le spectacle d'un artiste visuel (illusionniste, clown, jongleur, mime, etc...) ou une pièce de théâtre (même moderne) dans un théâtre : la moyenne d'âge est de plus en plus élevée. Les jeunes investissent dans leurs portables, dans leurs chaussures, leurs vêtements, dans certains concerts mais rarement dans les sorties spectacles voire dans les sorties tout court. On est dans le "paraître" avant tout, dans l'image. Les jeunes sont élevés ainsi aujourd'hui. Ce second point est donc insolvable à l'échelle de notre monde de magiciens car il touche à l'éducation. Et je ne parle pas de l'éducation nationale dont le rôle devrait uniquement être d'instruire et de former mais du rôle des parents. Trop de parents ne passent pas assez de temps avec leurs enfants aujourd'hui. Parfois par contrainte mais aussi plus souvent qu'on ne le croit par choix bien qu'ils le nient. On touche donc à un sujet bien plus complexe et plus vaste, la difficulté d'être parent aujourd'hui et d'élever des enfants. Le premier point en revanche peut être résolu à notre échelle : - pour les conférenciers, il s'agit de s'assurer que la présentation de leur conférence soit claire et précise même si, pour conserver l'effet de surprise de certaines routines, il est compréhensible que la présentation n'en dise pas trop non plus. Toute la subtilité est là : en dire suffisamment pour que l'on sache à quoi s'attendre sans en dire trop pour garder quelques surprises. - pour les congrès : c'est une histoire de prise de risque. La stratégie actuelle est d'attendre d'avoir des inscriptions (et donc des ressources financières) pour engager des artistes et si les organisateurs ne se rendent pas compte que cette stratégie ne fonctionne pas depuis des années, c'est qu'ils ont de la merde dans les yeux, je n'ai pas d'autre mot. Si le plateau est bien choisi, les gens s'inscrivent. C'est comme dans un restaurant : vous regarder le menu, les tarifs et si ça vous plaît, vous y aller. Pour aller voir un spectacle : vous consulter le site de la salle (théâtre, parc des expos, etc...) ou sa brochure papier, une affiche et si tel artiste vous plaît, vous réservez vos billets. Je n'ai jamais vu un évènement demander à régler avant en ne fournissant comme seules informations que le lieu, la date et le prix. Encore une fois c'est comme si on vous demandait de payer pour aller à un concert sans qu'on vous donne le nom de l'artiste, au cinéma sans annoncer le film que vous pourrez aller voir, au restaurant sans vous donner le menu, à un spectacle sans info sur son contenu autre que la date, la salle et le prix. Et cette histoire de prix progressif, c'est bien pour les avions et les trains (et encore) mais si certains croient qu'il y aura plus d'inscriptions au prix fort parce que les artistes auront été annoncés, et bien...vous voyez ce que ça donne depuis un moment. Pour revenir aux conférences : payer un conférencier au prix d'un numéro de gala (donc 1200-1500€ en moyenne, parlons concrètement) nécessiterait pour un club recevant disons 20 personnes : - soit d'augmenter l'entrée à 60-75€ et il n'y aura jamais 20 personnes à ce prix aujourd'hui à part pour quelques très grands noms qui ne viendrons jamais en conférence dans un club. - soit d'avoir 60 à 75 personnes en gardant le même tarif d'entrée (20€), ce qui est pire car non seulement réunir ce nombre de magiciens dans un petit club est très difficilement réalisable mais en plus ce serait une conférence dans des conditions défavorables aussi bien pour l'artiste que pour les magiciens spectateurs (en termes de visibilité et de son) ou alors il faudrait louer une salle plus grande, avoir un équipement (micro, sono, lumières voire vidéoprojection, comme pour les congrès). Il y a 30 ans, les magiciens pouvaient encore mettre une somme assez élevée pour aller voir un conférencier mais aujourd'hui, avec la "concurrence anarchique" de tout ce qui se trouve sur internet pour rien ou presque, comment réussir à vendre une conférence à 60-75€ l'entrée ? A moins que ce ne soit David Copperfield, Penn & Teller, Derren Brown ou des artistes de renom hyper médiatisés comme ça qui ne viendront jamais, je ne vois pas comment cela pourrait marcher. Après il y a les masterclass mais c'est autre chose (et à en croire un sujet sur ce forum, la notion de "masterclass" commence à faire débat parce que certains vendent leur conférence sous ce titre et provoque des déceptions). Alors comment faire en sorte qu'on ait envie de mettre le prix pour aller voir un conférencier ? Il faut que ça vaille plus le coup que d'aller sur internet pour avoir ce qui est recherché. Cela veut dire que le contenu d'une conférence ne doit pas se trouver sur internet. Il faut du nouveau, de l'original par rapport à tout ce qui est publié, par rapports aux autres conférenciers. Difficile aujourd'hui de faire une conférence sans "déjà vu". Cela veut dire redonner l'envie de découvrir un artiste en vrai, de le voir présenter ses routine en vrai, de pouvoir échanger quelques mots avec lui. Il faut retrouver ce plaisir là. Parce que lorsque je dis "Il faut que ça vaille plus le coup que d'aller sur internet pour avoir ce qui est recherché", il y a aussi le problème de ce qui est recherché et ce qui est recherché, c'est souvent l'explication d'une routine précise ou deux, souvent celles des routines présentes sur les vidéos youtube de l'artiste que chacun visionne pour compenser le manque d'information de la fiche de présentation de la conférence. Et si par malheur le conférencier ne décrit pas les routines trouvées sur youtube, on a à chaque fois des retours du type "mais ça il ne l'a pas fait". Oui mais il n'a jamais dit qu'il le ferait ! Voici l'essentiel pour ceux qui ne veulent pas passer 10min à lire tout  : - un club (en tout cas je parle pour le club de Reims) ne fait pas de bénéfices avec les conférences (et ce n'est pas le but). Si on rentre dans nos frais ou qu'on s'en tire avec 50€ sur les comptes du club, on est content. Si le club éponge de 300-350€ à chaque fois, ça n'est plus viable. - les conférencier doivent s'assurer que la fiche qui présente leur conférence soit claire et détaille un minimum son contenu. C'est une des raisons pour laquelle un club prendra le risque de mettre un peu plus, même si ce ne sera pas le prix d'un gala. - une conférence en français, même si on a des traducteurs, c'est toujours mieux - revenir à des secrets mieux préservés : moins de commercialisation à tout va de certaines routines permettrait de rendre les conférences et congrès plus attractifs. Il y a 30 ans et avant, les magiciens mettaient le prix plus facilement pour une conférence, un livre ou une vidéo (VHS) parce qu'il y en avait beaucoup moins qu'aujourd'hui et qu'il n'y avait pas tout sur internet. Si le prix pour les conférenciers tout comme pour les galas d'ailleurs a baissé à quelques exceptions près, c'est en partie parce que c'est moins rare. Il faut donc retrouver une certaine rareté. - pour les congrès, c'est comme pour les clubs : la prise de risque doit être pour les organisateurs. Si le choix du conférencier ou du plateau est bon, les inscriptions se font, les comptes s'équilibrent. Si on a des mauvaises surprises par manque d'information ou qu'on cherche à faire des économies sans que cela se voit et bien...ça finit toujours par se voir et ça conduit à faire couler le navire petit à petit.
  • Statistiques des membres

    • Total des membres
      8223
    • Maximum en ligne
      4524

    Membre le plus récent
    Claude MAUGUIT
    Inscription
  • Statistiques des forums

    • Total des sujets
      84k
    • Total des messages
      679k

×
×
  • Créer...