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Le mensonge en magie


Guillaume MTTT

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Bonjour,

Je souhaiterai vous proposer une réflexion et un échange sur la question du mensonge en magie.

En partant du postulat que lorsque nous faisons de la magie pour un public, nous mentons constamment. Exemple : "je vais mélanger ce jeu de cartes" or nous réalisons un faux mélange, "votre carte est perdue dans le jeu" or nous effectuons un contrôle, etc.

Le mensonge est-il selon vous une nécessité pour rendre l'illusion crédible ou utilisons nous ce procédé pour nous rassurer, nous même, de l'opposition entre notre verbal et la réalité des actions que nous effectuons ? (je ne parle pas de missdirection verbale, puisque selon moi, l'utilisation du mensonge n'est pas une missdirection).

Et en revoyant la copie, serait-il possible de travailler nos textes en s'efforçant de ne pas mentir ? Exemple : plutôt que d'affirmer au spectateur, "votre carte est perdue dans le jeu" (alors que ce n'est pas vrai), pourrions-nous plutôt s'adresser à lui sous la forme d'une question "avez-vous une idée de l'endroit où votre carte se situe ?"

Bref, je ne sais pas si ce sujet intéressera certains d'entre vous mais n'étant pas sincèrement convaincu que le mensonge renforce l'illusion - et l'effet - je trouve que l'exploration de cette question mérite de s'y arrêter un petit moment.

A vos claviers ;)

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Au début c'est ce que je faisais tout le temps, car je voyais tout le monde faire comme ça. Je ne m'étais pas posé plus de questions que ça, ni même remis en cause. Récemment, je me suis fait la réflexion suivante : pourquoi dire des choses qui sont évidentes ? Les gens voient la carte rentrer au milieu du jeu. Pourquoi le dire ? Au final, cela focalise les gens sur la carte qui est rentrée dans le jeu, donc sur la méthode, car les yeux suivent le jeu de cartes pendant un laps de temps plus long. Du coup, je ne fais plus comme ça. Je dis autre chose, une blague, ou je pose une question, donne une instruction, ou raconte mon petit scénario (les cartes ont une personnalité, elles sont rangées en familles, chacune ayant ses membres, etc. - c'est nul mais c'est un exemple).

Si je décris tous mes mouvements, exactement au moment où je le fais, à force, ça habitue les gens à regarder exclusivement tes mains. C'est une habitude que je ne souhaite pas leur donner.

Voici l'enchaînement que je fais désormais : je prends ma LD pendant que je parle, mon regard désormais se tourne vers le jeu, les gens suivent mon regard et mémorisent la carte, je tourne le regard vers le spectateur au moment où je retourne la LD, mon regard revient sur le jeu, j'attrape la carte du haut, je l'insère de moitié au centre, puis je tourne le regard vers le spectateur quand je pousse la carte jusqu'au bout.

Aussi, pour éviter qu'on croit que je manipule les cartes (problème que j'ai eu rencontré parfois à mes débuts - des gens comprenaient que c'étaient de la manipulation bien que je ne flashais que très rarement), je pause entre chaque mouvement. Je ne fais pas tout d'un coup. Exemple : je prends la LD, je parle, je la retourne, je parle de nouveau, je prends la carte du haut et la garde dans la main, je parle, je la remets au milieu du jeu, je parle de nouveau. Le problème avec ce style, c'est que chaque effet individuel dure beaucoup, beaucoup plus longtemps que ce qui se fait d'habitude, mais au moins, l'effet est plus extraordinaire.

Et sinon, pour répondre directement à cette question : 

Citation

 

"votre carte est perdue dans le jeu" (alors que ce n'est pas vrai), pourrions-nous plutôt s'adresser à lui sous la forme d'une question "avez-vous une idée de l'endroit où votre carte se situe ?"

 

Je pense que l'un ou l'autre ne change rien. Car le spectateur dans les deux cas aura l'attention focalisé sur tes mains et tes mouvements, chose que je souhaite proscrire à tout prix.

Modifié par mh1001
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Oui, là on entre dans une nouvelle réflexion, celle du défaut de commenter toutes les actions qui vont être entreprises ou qui ont été effectuées "je vais mélanger le jeu ", " je vais poser les cartes ici ou là "  , " vous avez remis la carte dans le paquet" , etc. Il y a tellement d'exemple...

Mais du coup, on s'éloigne un peu du sujet, celui du mensonge. En tout cas, c'est déjà un très bon début que de savoir remettre en question sa pratique.

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Il y a le mensonge direct et le mensonge par omission.

En magie les deux sont très liés. La différence est faible entre "je mélange bien le jeu" et juste montrer qu'on mélange le jeu alors qu'en fait on ne mélange qu'une partie du jeu..

Quelque soit le mensonge, si il y a nécessitée de parler il est nécessaire à l'illusion, tout simplement parce que la vérité tuerait l'illusion. 

En prenant le problème dans l'autre sens on s'en rend bien compte.

Si je ne mens pas, pas même par omission, c'est que je dis la vérité (en supposant que le magicien ne fait pas une routine en étant muet) et du coup on se rend bien compte qu'on ne peut pas maintenir une illusion en disant la vérité.

La seule possibilité pour faire des illusions sans mentir c'est de ne rien dire et de faire des illusions sans parler. C'est tout à fait faisable, il suffit de voir Tabary ou Shim Lim en cartomagie.

Le mensonge peut même être une des sources de "magie" parfois. On peut penser au Père Noël qui a émerveillé chacun de nous à un moment donné. En magie il suffit de regarder quelques routines de magie fantastiques où l'histoire elle même crée la magie, l'histoire étant un tissu de mensonges renforcé par des brides de vérité afin de la rendre crédible.

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Bonjour TalRasha

J'ai lu ce court bouquin récemment, il traite partiellement du mensonge. Pas génial mais quelques points sont intéressants (pour ce sujet) :

Citation

"L’un des traits les plus caractéristiques de notre culture est l’omniprésence du baratin."
Ce court essai, dont le titre original est On bullshit, a toutes les apparences du sérieux, bien qu’il s’agisse d’une théorisation de ce que l’on appelle communément le baratin ou les bêtise.

L’un des plus grands philosophes américains, Harry Gordon Frankfurt (né en 1929), professeur émérite à Princeton, se penche sur le sujet : un petit livre de référence pour ne plus jamais confondre connerie avec fumisterie, foutaise, baliverne ou sornette, et repérer à coup sûr tous les baratineurs.

 

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LES QUATRE COMMANDEMENTS DE L'ILLUSIONNISTE

- 1) Faire ce que l'on ne dit pas.

- 2) Dire ce que l'on ne fait pas.

- 3) Ne pas faire ce qu'on dit.

- 4) Ne pas dire ce que l'on fait.

(Michel SELDOW : Les illusionnistes et leurs secrets)

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La critique est un médicament amére, mais la maladie la rend indispensable.

http://mankaimagie.free.fr

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Au cas ou cela puisse aider, voila un petit extrait du DEUDLMDG, qui traite du mensonge.

 

                 De l’utilisation du mensonge

Je voudrais vous parler d’une grande honte qui me perturbe :

Il arrive que les magiciens mentent.

Ils disent que c’est pour de bonnes raisons, mais en fait, ils ne cherchent qu’à perturber notre sens des réalités.

Pour en tirer avantage.

Le magicien est un être fourbe, malveillant et cruel, dont le but est de déstabiliser ceux qui s’oublient à le regarder, pour faire de nous ses marionnettes.

Heureusement, je ne suis pas vraiment magicien…

 

Heuuu…

Pouf pouf.

 

Il se pourrait que dans cette introduction, j’ai mentis.

Mais pas tout le temps.

 

C’est le premier point sur lequel je voulais discuter :

Un bon mensonge doit être crédible.

 

Pour cela, il peut

-Soit être mélangé à une bonne part de vérité (Il arrive que les magiciens mentent.),

-Soit s’inscrire dans une logique que la victime comprend (Pour en tirer avantage)

-Soit être caché sous un mensonge encore plus gros qui sera identifié comme tel.( Le magicien est un être fourbe, malveillant et cruel)

-Soit être présenté clairement comme un mensonge, ce qui donne un air de vérité au contraire de la proposition, alors qu’il est vrai, et donc que le contraire est faux. (Je ne suis pas vraiment magicien)

 

Il y a bien d’autres façon de mentir, mais je ne vais pas vous expliquer la vie, cela serait trop triste.

 

Je vais me contenter de quelques formes un peu exotiques, puisqu’étant magicien, vous devez déjà être d’excellents menteurs.

 

Tout d’abord, pour enfoncer les portes ouvertes, rappelons que le mensonge se produit quand la victime a sa représentation mentale de l’univers faussée par une information qu’on lui fournit.

Il n’y a pas besoin de manipuler l’univers, juste la représentation mentale de la victime.

Ce qui élargit le proverbe : « la beauté est dans l’œil de celui qui regarde » ou « la carte n’est pas le territoire ».

Cette distinction entre l’univers réel et la représentation que la victime s’en fait est une des notions de bases en PNL.

 

Maintenant, devinez quel mensonge j’ai insufflé dans le paragraphe précédent…

 

En fait, le mensonge est facile à retrouver, puisque je l’ai laissé tout à la fin :

« Notions de bases en PNL »

Oui, vous avez trouvés, le mensonge consistait à faire croire que j’avais quelques notions de Programmation Neuro Linguistique, alors qu’en fait, je n’ai fait que lire en diagonal un ou deux trucs là-dessus, restant d’une ignorance crasse sur le sujet.

 

En assaisonnant tout cela par le bon sens populaire, on crée une adhésion au début du paragraphe.

L’allusion à la PNL ne viens pas directement sur mes connaissance supposées (et réellement inexistantes…) mais bien sur le lien entre sagesse populaire et PNL, que ceux qui ont comme moi survolés un ou deux articles reconnaitrons comme plausible dans ce cas.

Donc, on a l’assimilation de vérité et de mensonge implicite, puisque je donne l’impression d’affirmer des évidences grâce à des connaissances que je n’ai pas.

 

Mais là, c’était très facile à détecter, car j’ai mis cette allusion à la PNL à la fin, alors qu’en la noyant dans le flot d’informations, elle ne serait pas apparue consciemment.

 

Donc, dans le mensonge comme pour le reste des techniques magiques, on peut :

Rendre le mensonge plausible, par des vérités (enfin, par des choses que la victime crois réelles : la carte n’est pas le territoire…)

         C’est le contexte

Faire des mensonges de façon détournée ou implicites

         C’est la méthode

Faire une scénarisation du mensonge, pour qu’il se fonde dans le décor (le noyer dans les autres infos)

         C’est la présentation

 

Le contexte :

Le mensonge doit être plausible dans son contexte.

Si je dis : « mon mac ne plante jamais », c’est crédible sur un forum d’Apple.

Pas sur un forum d’utilisateurs de PC :)

Donc, si le mensonge peut aller dans le sens des opinions de la victime, il sera plus facilement accepté.

 

La méthode :

Mensonge direct :

« Je n’ai pas planté mon mac depuis 5 ans. »

Indirect :

« Mon mac a planté l’autre jour, car j’ai utilisé un produit Microsoft » (sous-entendu, il ne plante pas autrement)

Indirection sur un point secondaire de la phrase :

« Je n’ai pas planté mon mac depuis 5 ans. » (sous-entendu : j’ai un mac, alors que c’est faux :) )

 

La présentation :

« On le dit sur tous les forums, et cela confirme mon expérience personnelle : les macs ne plantent pas. »

(Ici, le fait que j’utilise un mac est au milieu de la phrase, donc pas en évidence.)

 

La séparation de ces trois éléments n’est pas indispensable, et le mensonge peut en tenir compte :

Si je n’ai pas de mac, mais que je dis : « mon mac ne plante jamais », quel que soit le forum, mon mensonge passe :

Sur les forums mac, il ira dans le sens du poil, car les gens vivent dans un univers ou les macs sont merveilleux.

Sur le forum PC, le fait d’affirmer une ‘contre vérité’ focalisera les victimes sur cette affirmation, et on ne pensera pas que je puisse ne pas avoir de mac.

 

Prenons d’autres exemple tout bête…tiens, en magie, pourquoi pas :)

 

« Si je prends trois pièces dans ma main gauche : 1, 2 et 3» 

C’est bien sur un mensonge :

 

Soit il y a autre chose que 3 pièces dans la main gauche, bien qu’on ne puisse voir que cela.

         C’est un mensonge direct. Je ne peux pas donner ma main à examiner réellement.

 

Soit je montre ma main gauche avec 3 pièces, mais la droite, dont l’index va montrer les pièces au cours du comptage 1,2,3 en retrait et ouverte, n’est en fait pas vide :

Le mensonge est alors couvert par la présentation de la main gauche honnête, et le comptage est honnête.

         C’est un mensonge indirect.

Par la suite, je pourrais faire passer les pièces en main droite, et les recompter : on aura alors un mensonge direct, mais qui sera couvert par le premier comptage qui lui était honnête.

 

Un gros mensonge est-il plus dur à faire passer qu’un petit ?

Ça dépend :)

 

Cela dépend du contexte :

Dans beaucoup de routines, on pourrait faire des choses plus fortes que ce que l’on présente :

Une fois une carte à l’œil faite, tout le champ de la parapsychologie s’ouvre à nous.

En fait, on se contente souvent de repérer ensuite la carte, et de la faire découvrir par un moyen détourné.

Car une connaissance surnaturelle de la carte n’étant pas admise par la victime, si on annonce tout simplement la carte, celle-ci va chercher une explication rationnelle, et se rapprocher de la solution.

Il faut donc mentir sur nos pouvoirs réels, en les atténuant, pour que cela passe mieux.

 

À l’inverse, un bon nombre de passes dites ‘au bluff’ sont des mensonges énormes.

...

 

Bon, je ne vous met pas l'article entier, c'est un peu soulant, et l’exposition de cas trop pratique n'est pas le but de cette partie du forum...

 

Gilbus

Modifié par Gilbus
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Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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Le mensonge n'est en effet pas lié uniquement à la description procédurale des mouvements. C'est ainsi que je perçois la question.

Mais tout dépend aussi de ton rapport à ta magie.

Je prends l'exemple d'une routine de torsion de pièce réalisée dernièrement. Je ne mens jamais durant cette routine, dont le script a donné ça :

"Voici une pièce, et je vous demande de la signer des deux côtés. Parfait. VB c'est pour Valentin, et MC ?... Marie ? Enchanté Marie. Tiens Valentin je te confie la pièce. Tu as une belle casquette Marvel, qui est ton super-héros préféré ? Iron Man ? Ah moi aussi j'adore, j'aimerais bien voler comme lui, il a trop la classe dans son armure. Tu tiens bien la pièce ? Imagine que l'armure d'IronMan apparaisse et recouvre ta main... Imagine que tu as la force d'IronMan et même le pouvoir de lancer son rayon, tu te rends compte ? Pour l'instant tout se passe dans ta tête et dans ta main, mais d'après toi elle serait dans quel état la pièce ?...  Ouvre pour voir..."

Aucun mensonge. De la dissimulation technique, oui. L'appel à l'imagination aussi.
Je n'ai même pas menti sur le super-héros puisque c'est aussi MON préféré.

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David

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