La Shoah n’est justement évoquée qu’en filigrane, c’est pourquoi le texte est subtil. Au-delà de cette charge historique liée à la monstruosité humaine, la chanson de Goldman traite plus largement de l’injustice, de l’enfance, des sentiments d’un père envers sa fille, du temps (passé et sans avenir certes, mais aussi présent et chargé de rêves), de la perte et de la douleur qui en résulte, ainsi que d’un faisceau d’autres thèmes que je me garderai bien pour ma part de qualifier de « dégoulinants de bons sentiments ».
L’expression d’émotions simples et élémentaires est un exercice délicat que je trouve réussi pour ce qui concerne cette chanson. Quant au sujet historique pris comme exemple en toile de fond, il est d’une portée plus universelle que le cadre dans lequel tu as choisi de le situer donc de le limiter. Lorsque Pierre Perret narre l’histoire de Lily qui « arrivait des Somalies », c’est plus largement tous les émigrés qui peuvent se projeter dans ce beau texte (heureusement porteur d’une note d’espoir à la fin), quand Renaud évoque (avec plus de distance mais pas moins de profondeur) le lien mystérieux entre un portoricain de Manhattan et une petite fille afghane tous deux « pulvérisés sur l’autel de la violence éternelle », chacun de nous peut y retrouver ce sentiment d’être une victime de la folie des autres, d’être le jouet de forces qui nous échappent. Les chansons ont des thèmes et des sujets qui sont des exemples, des allégories, des paraboles, libre à chacun de se laisser transporter ou pas.
Tu penses qu’il est « aisé d'aborder le thème de la Shoah », je pense exactement le contraire… Ce point de vue diamétralement opposé est aussi ce qui fait notre différence sans doute.
Je ne vois pas en quoi débattre entre gens de bonne compagnie (j’espère) de sujets divers et variés dans un forum public porterait ombrage à ton hommage.
Pour aller dans ton sens :
J’ai lu Logicomix (un « roman graphique » sur « la quête des fondements des mathématiques » http://linuxfr.org/~patrick_g/29772.html ) recommandé dans les pages de VM par Monsieur M, j’en ai même offert un exemplaire à un ami compositeur qui s’est régalé. N’ayant pas eu l’occasion de remercier Richard pour sa recommandation c’est chose faite.
Christian