Même si de manière générale je trouve ses interventions extrêmement intéressantes (et c'est un euphémisme), celle-ci me semble particulièrement pertinente.
Je pense qu'il n'y a pas un seul mot avec lequel je ne sois pas d'accord. Ce qui est suffisamment rare pour être souligné.
L'exemple du nombre de logement vide au regard du nombre de gens sans logement est absolument éloquent. Ce n'est pas un "hasard". C'est la conséquence de politiques délibérées qui exploitent sciemment une situation qui permet de la spéculation sur la misère.
Je m'étais intéressé au sujet dans les années 2000, rien qu'à Paris intra-muros, il y avait plus de 2 millions de m2 inoccupés. Qui appartiennent en grande majorité à des banques, des compagnies d'assurance, des fonds d'investissement ; c'est à dire rien que des gens incapables de construire leur habitat avec leurs propres mains.
Et, en laissant ces locaux inoccupés, il font monter le prix du m2, ce qui leur permet d'avoir de gros montant dans leurs portefeuilles. Ces sommes qui leurs sont crédités, non seulement n'existent pas, mais si les biens étaient "réalisés" (vendus) ils ne pourraient jamais les obtenir, puisque, au fur et à mesure que des biens seraient remis sur le marché, leurs estimations diminueraient.
C'est à dire que ce système de fou permet de faire plus de bénéfice en faisant en sorte que quelque chose ne serve pas à sa destination première, à ce pourquoi il a été construit (évidemment par des gens qui, eux, ne pourront jamais y habiter)...
Évidemment le réel est implacable. Mais il est surtout une affaire de choix. Une grande partie du réel dans lequel nous vivons est la conséquence d'une pensée matérialiste au possible : le capitalisme.
Dans un monde différent, où cette pensée ne serait pas dominante comme c'est le cas aujourd'hui, où des pensées moins matérialistes, moins tournées vers le profit seraient plus rependues, nul doute que notre réalité serait différente.
En ce sens, on peut dire que la pensée participe a créer la réalité. Ce qui ne veut pas dire qu'elle permet de s'en abstraire. En tout état de cause, il est urgent de penser autrement.