đ„ Masterclass Cold Reading de Taha MANSOUR
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Messages
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Par Yann CPN · PubliĂ© le
Je reviens au sujet du livre, car c'est ce que j'ai choisi comme lecture rĂ©crĂ©ative pour les vacances. La citation de Pierre Etaix sur la 4e de couverture a failli me faire passer pour un intellectuel auprĂšs de mes beaux-parents (chez qui je passe une partie desdites vacances) parce qu'ils sont trĂšs... "TĂ©lĂ©rama". Mais j'ai senti Ă la tĂȘte de belle-Maman quand elle a vu la couverture (pourtant dudit Pierre Etaix) et Ă l'attitude de beau-Papa quand il a feuilletĂ© le livre que leur furtif espoir de s'ĂȘtre trompĂ©s sur le compte du zigoto choisi par leur fille pour leur faire des petits-enfants avait encore Ă©tĂ© déçu. J'en suis Ă la page 183, ça se lit agrĂ©ablement. C'est Ă©tonnamment bien Ă©crit pour quelqu'un qui a appris le français en Ă©coutant Coluche. Je me suis marrĂ© plusieurs fois Ă voix haute et j'ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© d'y trouver quelques remarques qui m'ont fait rĂ©flĂ©chir sur la construction d'un numĂ©ro (dans le chapitre consacrĂ© au Champion de l'Ă©lĂ©gance). Par contre, je ne regarderai plus jamais les saucisses de Strasbourg de la mĂȘme maniĂšre. Une remarque nĂ©gative, cependant, Ă @Otto WESSELY : pourquoi ne pas avoir mis la photo de la page 174 EN COULEURS, vu que tu dis qu'elle est belle en couleurs ?! Quelle frustration ! (Les autres, je vous entends penser "Frustration totale !", je lis dans vos pensĂ©es, je suis le plus grand des mentalistes). Je la trouve super, j'aimerais l'avoir en haute rĂ©solution pour l'imprimer en poster. Merci d'avance. Bisous. Un admirateur (Je n'ai pas le courage de me taper les 36 pages du sujet pour voir si la question de ladite photo a dĂ©jĂ Ă©tĂ© soulevĂ©e) -
Par Otto WESSELY · PubliĂ© le
Et si l'on parle de "bouffĂ©e de l'humanitĂ©" : quelques portraits de la Fism Ă Rimini, lĂ oĂč l'humanitĂ© Ă©tait encore plus palpable.... Qui me cite les noms ?  -
Par Dominique BODIN · PubliĂ© le
Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des Ă©motions ressenties pendant les six jours de cette FISM. Ă propos d'Ă©motions, le numĂ©ro du 1er prix en magie de salon en dĂ©bordait. (prĂ©cision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout dĂ©but de ce numĂ©ro a dĂ©jĂ Ă©tĂ© montrĂ© : si vous ne l'avez pas dĂ©jĂ vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gĂącheriez une partie du plaisir de la version intĂ©grale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la mĂȘme question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une Ă©motion sincĂšre puisse naĂźtre, il faut que surgisse une connexion authentique entre lâartiste et son public. DĂšs lors, comment concilier en magie cette authenticitĂ© de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tournĂ© vers lâartifice ? Ce jeudi 17 juillet Ă TURIN au matin, lors de la compĂ©tition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a Ă sa maniĂšre si particuliĂšre fait surgir cette bouffĂ©e dâhumanitĂ© dans un auditorium comble. *** DĂšs le dĂ©part tout est allĂ© de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelĂ© sur scĂšne alors quâil nâĂ©tait absolument pas prĂȘt. Mais alors pas prĂȘt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment dâentrer en scĂšne, mais dans la prĂ©cipitation, câest la cata : sa main droite sâest coincĂ©e dans son tube de chips. Son dĂ©sarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgrĂ© tout une carte Ă un spectateur (Shawn FARQUHAR sây colle, va pour le 4 de cĆur) avant de sâapercevoir que son paquet de cartes est coincĂ© dans la poche arriĂšre droite de son pantalon -pas de bol, pile du cĂŽtĂ© de sa main bloquĂ©e dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient Ă faire remonter peu Ă peu le paquet de cartes qui Ă©merge de sa poche et finit par chuter sur scĂšne. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une sĂ©rie de piĂštres manipulations dâune main. Les maladresses succĂšdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il nâĂ©tait pas prĂȘt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne Ă lâembarras complet. Mais attendez, voilĂ que Mortenn ne tient plus quâune seule carte, dos au publicâŠse pourrait-il ? *** Ă cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh ehâŠvous avez cru que je nâĂ©tais pas prĂȘtâŠet bien câĂ©tait pour de faux, jâĂ©tais prĂȘt, archi-prĂȘtâŠÂ ». Quâon se le tienne pour dit, on va voir ce quâon va voir. Non pas bien sĂ»r que quiconque dans la salle ait rĂ©ellement cru Ă la farce de Mortenn pas prĂȘt â mĂȘme si cette sĂ©quence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand mĂȘme suffit Ă susciter notre empathie immĂ©diate envers lui-, mais nous voilĂ , nous dans la salle, passĂ©s en un clin dâĆil de spectateurs Ă spect-acteurs, projetĂ©s dans le rĂŽle qui nous est assignĂ© : celui dâadultes face Ă un petit enfant trop content dâavoir roulĂ© son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobĂ© la bonne blague de sa dĂ©route feinte. Par sa personnalitĂ© scĂ©nique et sa mise en scĂšne, ayĂ©, le (vrai) tour est jouĂ©Â : le bras de fer potentiel public-magicien est illico dĂ©samorcĂ©, nous consentons Ă entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons Ă faire comme si nous avions vraiment cru quâil Ă©tait pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liĂ©s au garnement. Mortenn est un enfant mais pas Ă la maniĂšre mettons dâun Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui sâĂ©merveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliquĂ©Â ; puĂ©ril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification prĂ©cisĂ©ment dans le personnage mĂȘme de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car Ă cet instant la routine bascule aussi en termes de nature dâeffet magique : on va passer dâune dĂ©monstration burlesque dâhabilitĂ© Ă retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, Ă un tout autre effet : une prĂ©diction. Ou plutĂŽt des prĂ©dictions. Les magiciens ont sans doute tendance Ă surestimer lâimpact rĂ©el des effets de prĂ©diction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique Ă leur numĂ©ro, Ă multiplier les rĂ©vĂ©lations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cĆurâŠobservez miracle ! Câest la seule carte Ă dos rouge dans ce paquet bleu⊠non seulement cela, mais jâai aussi un 4 de cĆur tatouĂ© sur mon brasâŠet attendez un peuâŠune carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cĆurâŠÂ ». Le kicker jusquâĂ plus soif. La surenchĂšre de prĂ©dictions au lieu de dĂ©cupler lâeffet bien souvent lâamoindrit. On avait saisi le message dĂšs la premiĂšre prĂ©diction rĂ©vĂ©lĂ©e : ok le magicien a prĂ©vu lâavenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? Lâinsistance superflue Ă©veille la suspicion : lors dâun spectacle vu il y a quelques temps jâentendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » Ă©niĂšme rĂ©vĂ©lation : « Bon ok donc câest le 4 de cĆur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la rĂ©Ă©criture du final de son show « Enigma » suite Ă un exemple semblable dâaccumulations dâeffets redondants qui sâaffaiblissaient mutuellement au lieu de crĂ©er la montĂ©e dramatique escomptĂ©e). Mortenn CHRISTIANSEN va rĂ©employer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prĂ©dictions de la carte choisie -au moins 5 de mĂ©moire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusquâĂ dĂ©clencher une standing ovation ? PremiĂšrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la premiĂšre carte qui lui passe par la tĂȘte -le jeu nâest mĂȘme pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrĂ©e dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisĂ© de ce cĂŽtĂ©-ci par une procĂ©dure rapide et limpide, il va se faire dâautant plus facilement submerger ensuite par notre esprit Ă©motionnel. Car, deuxiĂšmement, lâaccumulation de rĂ©vĂ©lations de prĂ©dictions de cette carte est motivĂ©e dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cĂšde dâautant plus aisĂ©ment Ă notre esprit Ă©motionnel) : câest juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prĂ©diction aprĂšs prĂ©diction, le petit enfant jubile dâavoir jouĂ© un si bon tour Ă ces grands bĂȘtas dâadultes. Et nous qui avions si volontiers consenti Ă entrer dans son jeu nous voilĂ refaits, dĂ©sarçonnĂ©s face Ă une avalanche dâimpossibilitĂ©s grandissantes. Ici câest donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prĂ©dictions. Et non pas dâun personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prĂ©dictions aprĂšs prĂ©dictions, essaierait (vainement) dâĂ©toffer le mystĂšre ; mais bien dâun personnage enfantin qui a gagnĂ© notre sympathie et que lâon regarde tendrement trĂ©pigner dâavoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martĂšlement des effets reflĂšte la psychologie de Mortenn. Dâun point de vue magique, la rafale de rĂ©vĂ©lations sature notre esprit rationnel : Ă peine est-il parti en chasse dâun dĂ©but dâexplication potentielle dâune des prĂ©dictions quâune autre surgit encore plus mystĂ©rieuse (on nâest pas ici face Ă un mĂȘme effet strictement rĂ©pĂ©tĂ© avec des mĂ©thodes diffĂ©rentes qui se protĂšgent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face Ă une mĂȘme carte prĂ©dite de maniĂšres trĂšs variĂ©es). Le crescendo est assurĂ© par lâanimation puĂ©rile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prĂ©dictions de plus en plus incomprĂ©hensibles donc (variĂ©es aussi en Ă©chelle et supports), et enfin par une sĂ©rie dâeffets annexes qui rythment lâemballement final du numĂ©ro et brisent lâenchainement de prĂ©dictions seules : production de deux verres de jus dâorange, une carte transformĂ©e en chips, une autre en Ă©couteurs, et mĂȘme un quick change mi-foirĂ© - lâenfant Mortenn a mis sa chemise Ă lâenvers. Et tout cela en harmonie avec le personnage : on se souvient comment il avait au dĂ©but jouĂ© sans ambages de sa morphologie pour pĂ©niblement extraire les cartes de son pantalon (dâailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arriĂšre), câest cette sincĂ©ritĂ©-lĂ vis-Ă -vis de ce quâil est, physiquement et mentalement, qui fait quâon se figure assez Mortenn se couper dâun monde compliquĂ© pour lui avec ses Ă©couteurs, en mangeant ses chips, parfois mĂȘme peut-ĂȘtre essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus dâorange sans voir quâon rigole dans son dos de ce quâil est mal fagotĂ©. Tout un petit monde, toute une humanitĂ© simple, dans les pas dix minutes dâun « bĂȘte » tour de cartes. *** Plus tard ce mĂȘme jour alors que jâĂ©voque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagĂ©Â : enfin quelquâun qui lui parle dâautre chose que de ce satanĂ© 4 de cĆur de la compĂ©tition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement Ă©tĂ© assailli toute la journĂ©e par des spectateurs persuadĂ©s de sa complicitĂ© avec le magicien danois â une complicitĂ© pourtant clairement interdite par le rĂšglement du concours. Le 4 de cĆur ?, me dit-il, câest tout simplement la carte qui avait Ă©tĂ© choisie lors de sa propre victoire Ă la FISM en 2009.
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