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Le Blues du Magicien


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Ce fil rempli de questionnements et de considérations très pertinentes m'en rappelle un autre tout aussi excellent et qui ouvre des voies de réflexion (et surtout d'explication) sur le "blues du magicien" :

 

 

Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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Le blues du magicien est une forme (modérée) de dépression. Or la dépression est une maladie du sens de l’existence.

Ok… Je fais de la magie… C’est un hobbie (ou un métier)… Je m’éclate un temps… J’épate la galerie et ça vient combler un vide existentiel et un besoin narcissique… Ok, ok… Mais après quelques années vient la question (pour ceux qui se posent des questions) : Quel est le sens de ce que je fais ?

Certains vont assumer d’être des "divertisseurs" et même donner un sens altruiste à leur fonction (après être passé par la phase narcissique du magicien). Ils vont se dire : Je divertis les gens, je leur permet d’oublier leur soucis. J'ai une fonction utile et gratifiante.

D'autres vont rester dans la phase narcissique ad vitam aeternam et ça leur ira très bien.

D’autres, à la manière d’un Christian Chelman, vont complètement sublimer les choses et aller très au delà du divertissement (tout en continuant à revendiquer le divertissement).

Ces trois types de personnes sont peu touchée par le blues du magicien.

Pour les autres (ceux qui ne trouve aucun sens dans ce divertissement futile) c’est plus compliqué !

Le jour où tu te rends compte que le monde n'existe pas, la vie devient plus simple.

Paul Binocle

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il y a 21 minutes, Shiva a dit :

Ce fil rempli de questionnements et de considérations très pertinentes m'en rappelle un autre tout aussi excellent et qui ouvre des voies de réflexion (et surtout d'explication) sur le "blues du magicien" :

 

 

Voilà ce que disait Seb pour l'étape dépression. Il parlait plutôt du désespoir du magicien à  se rendre compte que d'autres arts émerveillait davantage ses spectateurs que ses tours de magie. Ce n'est pas tout à fait ce dont je parlais. Je parlais du différentiel entre la promesse d'être magicien et les tours effectués pour le démontrer, et non des réactions des spectateurs.

"DEPRESSION: C'est généralement à ce stade que notre magicien ne poste plus sur les forums, et demande parfois même au webmaster de détruire son compte car non, ce n'est plus possible !

Le magicien songe sérieusement à mettre la magie entre parenthèses. Oh, pas l'arrêter définitivement, bien sûr. Mais il se rend compte qu'au fond, ce qu'il aime bien dans la magie, c'est l'histoire que l'on raconte, l'univers que l'on installe, le partage d'expérience avec les spectateurs. Notre magicien se rend compte qu'il retrouve ça dans bien d'autres "(Reines des) Arts": le cinéma, le sport, la lecture d'un bon bouquin dont les chapitres ne sont pas forcement "Effet-Matériel-Méthode", ou simplement une bonne soirée entre potes.

Il se rend compte qu'à chaque film qu'il regarde et qu'il aime, en voyant sa copine rire ou pleurer à côté de lui, ou ses potes se passionner et s'engueuler sur l'interprétation de la dernière scène, qu'il n'a pratiquement jamais vu un tour de magie créer les mêmes réactions. Qu'est-ce qu'ils ont que nous n'avons pas? Ou plutôt, que faisons-nous qu'ils ne font pas ?"

Melvin

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il y a 9 minutes, Shiva a dit :

Ces trois types de personnes sont peu touchée par le blues du magicien.

Pour les autres (ceux qui ne trouve aucun sens dans ce divertissement futile) c’est plus compliqué !

pour les autres, il faut donc accepter que la magie ne sert qu'à divertir ? :P

il y a 1 minute, Melvin a dit :

Voilà ce que disait Seb pour l'étape dépression. Il parlait plutôt du désespoir du magicien à  se rendre compte que d'autres arts émerveillait davantage ses spectateurs que ses tours de magie. Ce n'est pas tout à fait ce dont je parlais. Je parlais du différentiel entre la promesse d'être magicien et les tours effectués pour le démontrer, et non des réactions des spectateurs.

Je viens de lire le sujet de Seb (merci Shiva, c'était vraiment dommage d'être passé à côté), et je trouve qu'on est plutôt dans le sujet : bien que l'exemple qu'il donne pour l'étape Dépression concerne la comparaison avec le cinéma, il ne s'agit pas tant d'être déprimé par les arts "supérieurs" au nôtre que de faire le deuil de l'idée que nous nous faisons de la magie, et de notre rôle de magicien.

Quand on réalise qu'il y a un décalage entre ce qu'on est et ce qu'on imaginait qu'on serait, il faut l'accepter, et cela passe par différentes étapes. Je voulais devenir magicien pour faire des choses impossibles, mais je réalise que je ne suis qu'un tricheur qui simule des choses impossibles. Je pensais que les magiciens pouvaient faire apparaître ce qu'ils voulaient, mais je ne fais apparaître que des balles en mousse, etc.

Le blues évoqué ici provient du décalage entre ce que nous pouvons faire (de l'illusionnisme) et ce que nous devrions pouvoir faire (de la vraie magie). C'est en acceptant cet état de fait (en passant donc par les 5 étapes du deuil de Kubler-Röss) qu'on se débarrasse de la déprime en question.

L'important, c'est que ça valide !

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il y a 2 minutes, Alx a dit :

C'est en acceptant cet état de fait (en passant donc par les 5 étapes du deuil de Kubler-Röss) qu'on se débarrasse de la déprime en question.

Sauf qu'un deuil ça ne se guérit jamais, on arrive vaguement à l'inhiber pour la plus grande partie du temps mais ça revient régulièrement, c'est toujours là qquepart au fond de nous, prêt à ressurgir. Je n'ai jamais compris l'expression "faire son deuil", c'est un truc de comm. mais ça ne correspond pas à la réalité.

Pour le blues du magicien, je ne crois pas à une guérison totale non plus.

Melvin

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La dernière étape n'est ni la guérison ni l'oubli : c'est l'acceptation.

Faire son deuil, c'est finir par accepter, au bout d'un temps qui peut être assez long, la perte de la personne ou de la chose qu'on a perdue. Il arrive de temps en temps qu'on y pense encore, mais on n'est plus bouleversé quand cela arrive.

Et ça marche aussi avec les idées.

L'important, c'est que ça valide !

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Si je comprends bien l'idée de ton premier message, j'ai partagé ce sentiment il y a quelques années : 

Je prétends être un magicien, mais je ne présente que des effets : ceux ci sont inutiles, et mêmes s'ils sont forts, ne correspondent pas à ce que ferait quelqu'un qui posséderait des pouvoirs magiques. Ainsi, pour le public, il ne s'agit que de petites énigmes permettant un divertissement dans l'instant, mais invitant au débunkage immédiat s'ils sont présentés comme de réels miracles. En effet, il est évident pour le spectateur que je ne possède pas de pouvoirs magiques (sinon, je ne ferais pas ce genre d'effets).

La voie semble sans issue :

 - Soit je présente ces effets comme de la vraie magie, et ce faisant je mets le surnaturel au rabais (je voudrais pouvoir voler, mais faute de savoir mieux je vais reconstituer une carte). Je pense qu'il y a une part de challenge personnel pour rendre cela digne d'intérêt. Si l'on me proposait d'écouter une interprétation de la flûte enchantée, mais dans un garage et avec des instruments pour enfant, j'irai sûrement pour voir, sans grandes attentes, je préférerai aller dans une salle de concert de prestige, écouter des musiciens de prestige...Si j'ai le choix entre un burger mcdo et un coq au vin, je choisis le coq au vin. 

C'est la sensation d'avoir toujours voulu régaler les gens, mais de n'avoir que les ingrédients et les connaissances pour faire des burgers mcdo.

- Soit je présente ces effets comme ce qu'ils sont : de petites énigmes sans prétention, pour divertir dans l'instant. Je ne risque pas l'adversité du spectateur, puisque je ne prétends rien, mais il reste de fait une part d'invitation à la résolution : puisqu'il n'y a pas de magie, juste un puzzle, alors le jeu est de résoudre le puzzle. 

- Soit je ne choisis que des effets de mentalisme que je joue à la façon "pouvoir crédible, pnl, psychologie". Et là, bingo, je peux présenter des miracles dignes de vrais pouvoirs surnaturels (la lecture de pensée pourrait potentiellement ressembler à cela !). Sauf que pour le spectateur, il n'y a plus de miracle...Bah oui, "tout est rationnel, tu m'as fait penser à ça parce que les magiciens savent manipuler les décisions etc". Donc cette voie est une manière de rendre un miracle trivial. 

ça donne la sensation de servir aux gens un superbe coq au vin, mais qui a le goût d'un burger macdo.

 

Ces trois solutions semblent les seules possibles pour présenter de la magie dans un cadre amateur, au quotidien, pour ses amis.

1) je leur fais des effets un peu pétés en leur disant que ce sont des miracles : mes amis savent que je ne peut pas faire de miracles, donc je dis de la merde : d'ailleurs, les effets que je leur propose sont un peu des miracles de merde...

2) je leur fait des effets un peu pétés en assumant que se sont des effets un peu pétés : "ne vous inquiétez pas, je sais que vous savez que je n'ai pas de pouvoirs magiques, mais on va faire semblant que j'en ai pendant deux minutes". Cette démarche me semble la plus facile à gérer des trois : au moins on ne se déçoit pas soi même.

3) je leur présente des effets très fort, mais pour ne pas trop titiller leur volonté de gratter trop profond, je fait passer ces miracles pour des choses réalisables avec beaucoup d'entraînement, une fine connaissance de la psychologie humaine, une mémoire photographique etc. Ces miracles sont à la frontière du surnaturel, et ne tiennent qu'à un fil : le fait que vous êtes un être exceptionnel. Sauf que vos amis savent que vous roulez en fiat punto, que vous ne faites pas preuve de tempérance, que vous vous êtes déjà fait rouler, que vous ne jeûnez pas tous les deux jours pour augmenter votre concentration, et que vous ne décelez pas leurs émotions en temps normal. 

 

J'ai quasiment arrêté de faire de la magie, en partie à cause des mes deux premières années de médecine, mais surtout parce que je n'arrivais pas à trouver une façon de concilier mon envie de présenter des choses surnaturelles avec le fait que je n'avais à me disposition que des méthodes permettant de présenter des choses légèrement extraordinaires. Forcé de choisir entre les trois positions précédemment citées : "je suis un type qui possède des pouvoirs surnaturels, et je fais des miracles pétés" ; "je n'ai pas de pouvoir, je vous présente des petits puzzles" ; "je suis un type exceptionnel, je vais vous montrer des choses exceptionnelles (différent de 1, en ceci que l'on ne prétend pas posséder des pouvoirs surnaturels ou présenter des choses surnaturelles), Je prenais la deuxième option : tiens, regarde, voilà un tour, pif paf pouf, la vie continue. N'ayant rien de transcendant à présenter de cette façon, cela revient à raconter une histoire drôle : on rit un coup, on passe à autre chose, c'est trivial. 

C'est alors que je me suis mis à lire le blog du Jerx, qui a complètement retourné ma vision de la magie. La voie était sans issue car bloquée par une chose : le magicien est le centre de tout. Virons le ! 

Et cela résout complètement le blues du magicien que tu décris. Le facteur qui empêche le magicien de présenter des miracles à partir de méthodes réalisant des choses invraisemblables, c'est le magicien lui même.

 

Je vais m'arrêter là, tout est sur son blog, en mieux, et je ne saurai retranscrire trois ans de publications quasi quotidiennes en un seul message. 

Tout ceci s'adresse bien entendu au magicien présentant de la magie dans un cadre informel. Je suis conscient qu'il existe d'autres façons de présenter de la magie. Je me souviens d'une discussion ou Christian Chelman indiquait que le problème du Jerx, c'est de partir du principe que la magie n'existe pas. C'est faux, son postulat de départ est le suivant : est ce que la magie existe ? je m'en fous, je ne sais pas en faire et mes amis le savent : si je veux présenter de l'extraordinaire, il faut me soustraire de l'équation.

Et ensuite, il décrit des tas de méthodes pour rendre la pratique de la magie absolument exaltante ;) 

 

Modifié par Zacharie Simmons
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il y a 14 minutes, Zacharie Simmons a dit :

Si l'on me proposait d'écouter une interprétation de la flûte enchantée, mais dans un garage et avec des instruments pour enfant

C''est pas La flûte enchantée mais ça a eu un succès relatif (989 816 vues) comme quoi tout est possible :

 

Désolé pour ce HS :D

Faiseur de trucs et de bidules.

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