Aller au contenu
Pas de pub non magique pour les membres du Cercle VM. Clique ici pour en savoir plus !

Recommended Posts

Publié le

Je profite de ce sujet pour vous demander votre opinion sur un sujet qui revient souvent, en tout cas dans mon entourage.

Ce sujet c'est celui de l'usage de l'animal dans la recherche scientifique. J'aimerais savoir si vous êtes pour ou contre et dans quelle limite.

Je précise que le but n'est pas de déclarer une guerre ouverte entre les opinions mais bien d'échanger entre personne ouverte d'esprit.

 

Pas de pub non magique pour les membres du Cercle VM. Clique ici pour en savoir plus !
Publié le

Je suis pour, effectivement c'est très cruel, mais on ne peut absolument pas faire certaines recherches sans.

Je donnes un exemple personnel:

j'ai construit des machines pour étudier les neurones "in Vivo" pour des facultés Française et Canadienne.

En France c'était avec des pigeons, au Canada avec des singes.

Le principe c'était de comprendre le fonctionnement d'un groupe de neurones, et pour connaitre exactement comment cela fonctionne.

On utilise la gravité, et le groupe de neurones d'équilibre, car c'est un moyen de connaître exactement les informations que l'on envoie au groupe de neurones et de connaître le résultat en sortie du groupe de neurones.

 C'est la que l'animal devient indispensable, pour les infos d'entrées il suffit de positionner l'animal dans  l'espace, ou de le faire tourner etc .. ,

Mais pour les infos en sortie traité par le groupe de neurones, il y plusieurs méthodes,

- pour l'homme on peut voir une partie des résultats avec les yeux

- pigeons on voit les résultats avec la position de la tête

- singes c'est beaucoup plus complet car ils ont des électrodes dans le cerveau.

On a pas trouvé de volontaires humain pour se faire implanter des électrodes dans le cerveau.

C'est de la recherche fondamentale, mais il y a aussi des retombées médicales.

Notamment sur les problèmes d'équilibre.

Publié le

@claudemage Me destinant à la biologie médicale, je ne peux être que du même avis que toi.

Ce n'est jamais un plaisir de travailler sur les animaux mais c'est très souvent obligatoire, que ce soit dans le processus de mise au point ou de validation d'une expérience.

Néanmoins cette situation est souvent incomprise et j'aimerais connaitre les opinions d'un large panel de personnes (pour ou contre)

Publié le

Je suis favorable à l'expérimentation animale. Du moins, je n'y suis pas totalement opposé, à condition qu'elle soit utile je ne suis pas chaud pour faire souffrir les animaux en espérant qu'il pourrait un jour y avoir des retombées.

Bien sûr, je comprends l'intérêt de la recherche fondamentale, mais je pense qu'elle doit s'imposer des limites déontologiques : peut-être que ça vaut le coup de faire souffrir un rat si ça permet de sauver des vies (vies de rats ou d'humains), mais il faut se poser la question. D'ailleurs, peut-être aussi que ça vaut le coup de faire souffrir un être humain si ça permet de sauver des vies... vaste débat !

D'ailleurs, l'expérimentation humaine, qui est souvent le dernier stade, est pratiquée sur des volontaires, non ?

Je conçois que l'expérimentation animale ait de nombreux avantages, notamment en raison des cycles beaucoup plus courts (voir les expériences génétiques sur les drosophiles), mais s'il s'agit uniquement de pouvoir leur faire subir des tortures qu'on n'infligerait pas à un homme, non.

Je pense que l'expérimentation sur les animaux est nécessaire, mais qu'elle devrait être aussi encadrée que l'expérimentation sur les humains.

Comme disait la grande philosophe Stéphanie de Monaco, "les animaux sont des êtres humains comme les autres" :D

L'important, c'est que ça valide !

Publié le (modifié)

Il faut aussi savoir que l'expérimentation animale n'est pas réalisée dans le but de torturer des animaux "pour voir ce que ça fait", ou parce qu'on n'a pas trouvé d'humain qui voulait se sacrifier.

La majorité des expériences, qui sont réalisées sur des souris, est faite dans un seul but : trouver la dose à laquelle un produit sera létale pour 50% de la population exposée. Et il se trouve qu'on peut aisément extrapoler à partir des résultats obtenus sur les souris, vers la population humaine. Ça permet de valider ensuite des expérimentations humaines, qui essaieront de déterminer la fréquence d'effets indésirables de la molécule étudiée, sans prendre le risque de zigouiller une proportion non négligeable des participants. Donc en gros on prend des échantillons de souris, on leur administre une dose précise (différente pour chaque échantillon) de la molécule étudiée, et ensuite on regarde la dose qui a été létale pour 50% de l'échantillon. C'est une des premières étapes pour la fabrication d'un médicament, savoir à quelle dose il tue. 

Les autres expérimentations, notamment sur les singes, les chiens, sont extrêmement minoritaires, et le but n'est absolument pas de torturer ou de tuer les modèles, car ils sont en général très chers. 

Il y a 1 heure, Alx a dit :

Je pense que l'expérimentation sur les animaux est nécessaire, mais qu'elle devrait être aussi encadrée que l'expérimentation sur les humains.

Comme disait la grande philosophe Stéphanie de Monaco, "les animaux sont des êtres humains comme les autres" 

Et là tu mets le doigt sur quelque chose de très important : il faut que l'expérimentation animale soit encadrée, mais doit elle l'être de la même façon que sur les humains ? On part du principe que les souris sont faciles à obtenir et coûtent moins chers (et sont aussi considérées comme des nuisibles) en plus d'être d'excellents modèles pour l'extrapolation humaine...mais si on applique ce raisonnement à l'expérimentation humaine, on peut chercher parmis la population des êtres inférieurs, nuisibles, pas chers... là vous pensez peut être à l'expérimentation sur les prisonniers ! 

Mais avant d'en arriver là, une brèche a été ouverte en 2015, quand l'autorisation de l'expérimentation sur embryons humains a été votée, en partie pour éviter la grogne provoquée par l'expérimentation animale (mais surtout parce que c'est pas cher !). 

Donc : l'être humain n'est plus forcément un être humain comme les autres.

Modifié par Zacharie SIMMONS
Publié le

Sur le caractère nuisible des souris, je suis réservé : ce serait vrai si les chercheurs utilisaient les souris capturées dans les greniers. Je ne crois pas que ce soit le cas ;)

Du coup, l’extrapolation sur les humains nuisibles me semble un peu tirée par les cheveux, même si elle a hélas été pratiquée naguère par les Mengele et consorts (note bien que je ne mérite pas un point Godwin : je mentionne un nazi, mais je ne le compare à personne :D)

Pour le reste, je suis plutôt d’accord avec toi : tester un médicament pour en connaître la dose létale, ce n’est pas de la recherche fondamentale (ou gratuite) : c’est nécessaire (enfin, tout dépend du médicament...)

Je ne savais pas qu’on pouvait expérimenter sur des embryons humains O.o, j’ose espérer que c’est encadré (et pas seulement par des médecins !)

L'important, c'est que ça valide !

Publié le

Bien sûr, je voulais dire que les souris se coltinent une réputation de nuisible (comme les drosophiles), ce qui fait que l'opinion publique est en général plus dérangée par les histoires d'expériences sur des lapins et des chiens que sur des rats ou des mouches :)

Bien sûr, la véritable raison du choix, c'est l'argument économique, et la compatibilité du modèle. 

Mais si l'on ne s'intéresse qu'à l'argument économique et la compatibilité du modèle, et qu'on y ajoute la notion du "humains ou animaux, quelle différence ?", la porte est ouverte.

Maintenant je m'interroge. S'il faut diminuer les expérimentations sur les animaux, parce que décidément les animaux c'est comme les humains, et qu'on a le droit de faire des expériences sur des êtres humains au stade embryonnaire, parce que ça ne coûte pas cher et que personne n'en veut (et que tout le monde s'en fout), pourquoi on ne pourrait pas faire des expériences sur des prisonniers, que cette idée nous paraît intolérable ?

Peut être que la véritable question se trouve ailleurs.

 

Publié le (modifié)
il y a une heure, Alx a dit :

Je ne savais pas qu’on pouvait expérimenter sur des embryons humains O.o, j’ose espérer que c’est encadré (et pas seulement par des médecins !)

Moi je préfèrerais que ça ne soit encadré par personne. Tu fais confiance à qui, comme être humain, pour décider des limites, des bornes, des conditions concernant  l'expérimentation sur un autre être humain ? Moi, je suis du style à craindre pour ma peau, et je ne confierais cette mission à personne... d'ailleurs, je ne suis même pas sûr de pouvoir compter sur moi, vu le nombre de fois où je me fais du tord en ne faisant pas ce que je voudrais et en faisant ce que je ne veux pas, je ne me confierais même pas cette responsabilité envers ma propre personne ! 

Modifié par Zacharie SIMMONS
Publié le
Le 20/11/2018 à 14:13, Valentin L. a dit :

Bien que je sois tout a fait d'accord avec cette citation, je ne vois pas le rapport avec l'influence du scepticisme d'un scientifique sur la validité de ses résultats in fine


Pas de rapport, mais il faut dire que ça ne répondait pas à une question (je n'en ai pas vue) :)

Pour ce qui est de l'influence de l'approche sceptique ou pas, il y en a forcément une : les scientifiques comme tout le monde, ne sont pas toujours objectifs.
Si un scientifique a un avis avant d'entamer une expérience, et que ses résultats démentent cet avis, on peut légitimement penser qu'il a été objectif et n'a pas bidonné ses résultats.

 

Le 21/11/2018 à 20:17, Valentin L. a dit :

Je profite de ce sujet pour vous demander votre opinion sur un sujet qui revient souvent, en tout cas dans mon entourage.

Ce sujet c'est celui de l'usage de l'animal dans la recherche scientifique. J'aimerais savoir si vous êtes pour ou contre et dans quelle limite.

 

Je comprends qu'on puisse poser la question et que certains veuillent y répondre par un "pour" ou un "contre", mais il me semble que la question posée ainsi est beaucoup trop tranchée...

La seule réponse qui me semble logique et acceptable est de dire qu'il faut être contre l'expérimentation animale lorsqu'on pourrait s'en passer, et qu'il faut être pour si c'est vraiment utile et si ça peut sauver des vies (un plus grand nombre de vies sauvées que de vies sacrifiées j'entends) ou soulager des souffrances (plus de souffrances soulagées que de souffrances infligées bien sûr) !

Il y a des tas de cas où l'expérimentation animale est utilisée alors qu'on pourrait s'en passer, en la remplaçant par une modélisation informatique, ou en testant sur des humains volontaires (encore que la question se pose aussi !!) (mais est-il bien utile par exemple de maltraiter des animaux pour tester des cosmétiques par exemple)

Ce genre de problème doit être pris en compte par des comités d'éthique comme  :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Comité_consultatif_national_d'éthique

https://www.inserm.fr/professionnels-recherche/recherche-pre-clinique/comites-ethique-en-experimentation-animale

https://www.recherche-animale.org/decouvrir-la-recherche-animale/lethique-de-la-recherche/les-comites-dethique

 

Le 24/11/2018 à 09:28, Zacharie SIMMONS a dit :

On part du principe que les souris sont faciles à obtenir et coûtent moins chers

 

Un critère bien malheureux en l'occurrence...

 

Le 24/11/2018 à 09:28, Zacharie SIMMONS a dit :

(et sont aussi considérées comme des nuisibles) en plus d'être d'excellents modèles pour l'extrapolation humaine...mais si on applique ce raisonnement à l'expérimentation humaine, on peut chercher parmis la population des êtres inférieurs, nuisibles, pas chers... là vous pensez peut être à l'expérimentation sur les prisonniers ! 

 

Là j'aurais plutôt pensé à l'expérimentation sur des hommes politiques, des banquiers, des industriels...

Mais il est vrai que des humains, prisonniers, militaires ou simples patients hospitaliers ont souvent servi de cobayes involontaires, y compris au service de la France !

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/experiences-sur-les-humains-122667

https://www.sortirdunucleaire.org/Essai-nucleaire-a-Reggane-150-prisonniers

http://atomicsarchives.chez.com/cobaye_humains.html

http://www.leparisien.fr/une/quand-les-appeles-du-contingent-servaient-de-cobayes-16-02-2010-817293.php

 

Le 24/11/2018 à 10:35, Alx a dit :

Je ne savais pas qu’on pouvait expérimenter sur des embryons humains O.o, j’ose espérer que c’est encadré (et pas seulement par des médecins !)

 

Oui, s'ils ne font plus l'objet d'un projet parental, et avec le consentement du couple dont les embryons sont issus.
https://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/la-recherche-sur-l-embryon-autorisee-en-france-17-07-2013-1705667_57.php

et si bien sûr la recherche est pertinente !!! (c'est le point sensible !)

 

Le 24/11/2018 à 11:43, Zacharie SIMMONS a dit :

Maintenant je m'interroge. S'il faut diminuer les expérimentations sur les animaux, parce que décidément les animaux c'est comme les humains, et qu'on a le droit de faire des expériences sur des êtres humains au stade embryonnaire, parce que ça ne coûte pas cher et que personne n'en veut (et que tout le monde s'en fout), pourquoi on ne pourrait pas faire des expériences sur des prisonniers, que cette idée nous paraît intolérable ?

 

Je ne pense pas que tout le monde se fout des expérimentations sur des embryons, ça a fait un tollé, c'est très sensible.

Quant à des expériences sur des prisonniers, c'est évidemment intolérable, on ne peut pas comparer des prisonniers avec des embryons (!?!)... Les prisonniers sont des êtres humains comme les autres, tu pourrais en être un demain si tu te trouves au mauvais endroit, au mauvais moment, ou si tu as des opinions ou des actes qui déplaisent au pouvoir en place...

Publié le
Le 24/11/2018 à 10:35, Alx a dit :

ce serait vrai si les chercheurs utilisaient les souris capturées dans les greniers. Je ne crois pas que ce soit le cas ;)

Je confirme que c'est rarement le cas. Quand on fait des recherchessur une pathologie précise (exemple: l'obésité), on cherche des modèles qui sont compatible avec notre recherche (souris ob/ob dans notre exemple). Si on devait attendre de trouver les bon modèles dans la nature, ben on avancerait pas. D'ailleurs les animaux de labos sont souvent issus de lignées, elles même conservées dans un labo.

Le 24/11/2018 à 11:48, Zacharie SIMMONS a dit :

Je ne savais pas qu’on pouvait expérimenter sur des embryons humains O.o

Si et justement on le fait de plus en plus. Simplement parce que ce n'est pas chère et parce que comme ils ne sont pas encore considérés comme humains(légalement et médicalement) , ben il y a pleins de contraintes éthiques qui tombent

Rejoins la conversation !

Tu peux publier maintenant et t'enregistrer plus tard. Si tu as un compte, connecte-toi maintenant pour publier avec ton identité.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Vous avez collé du contenu avec mise en forme.   Restaurer la mise en forme

  Only 75 emoji are allowed.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédemment saisis, a été restauré..   Effacer le contenu

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.



  • Pas de pub non magique pour les membres du Cercle VM. Clique ici pour en savoir plus !
  • Messages

    • Je reviens au sujet du livre, car c'est ce que j'ai choisi comme lecture récréative pour les vacances. La citation de Pierre Etaix sur la 4e de couverture a failli me faire passer pour un intellectuel auprès de mes beaux-parents (chez qui je passe une partie desdites vacances) parce qu'ils sont très... "Télérama". Mais j'ai senti à la tête de belle-Maman quand elle a vu la couverture (pourtant dudit Pierre Etaix) et à l'attitude de beau-Papa quand il a feuilleté le livre que leur furtif espoir de s'être trompés sur le compte du zigoto choisi par leur fille pour leur faire des petits-enfants avait encore été déçu.  J'en suis à la page 183, ça se lit agréablement. C'est étonnamment bien écrit pour quelqu'un qui a appris le français en écoutant Coluche. Je me suis marré plusieurs fois à voix haute et j'ai été étonné d'y trouver quelques remarques qui m'ont fait réfléchir sur la construction d'un numéro (dans le chapitre consacré au Champion de l'élégance). Par contre, je ne regarderai plus jamais les saucisses de Strasbourg de la même manière.  Une remarque négative, cependant, à @Otto WESSELY : pourquoi ne pas avoir mis la photo de la page 174 EN COULEURS, vu que tu dis qu'elle est belle en couleurs ?! Quelle frustration ! (Les autres, je vous entends penser "Frustration totale !", je lis dans vos pensées, je suis le plus grand des mentalistes). Je la trouve super, j'aimerais l'avoir en haute résolution pour l'imprimer en poster. Merci d'avance. Bisous. Un admirateur  (Je n'ai pas le courage de me taper les 36 pages du sujet pour voir si la question de ladite photo a déjà été soulevée)
    • Et si l'on parle de "bouffée de l'humanité" : quelques portraits de la Fism à Rimini, là où l'humanité était encore plus palpable.... Qui me cite les noms ?   
    • Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage :  on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
  • Statistiques des membres

    • Total des membres
      8225
    • Maximum en ligne
      4524

    Membre le plus récent
    Claude MAUGUIT
    Inscription
  • Statistiques des forums

    • Total des sujets
      84k
    • Total des messages
      679k

×
×
  • Créer...