allez, enfin de la baston sur un forum
je pense que la plupart des gens ne connaissent pas le statut des intermittents ce qui leur ouvre la porte à tous les amalgames et leur donne le droit de débiter n'importe quelle connerie...
Le statut d'intermittent permet à un artiste de pouvoir vivre durant les périodes pendant lesquelles il ne travaille pas, période qu'il utilise à créer ou rechercher du travail.
Dans ce dossier, le but du medef est de retourner les "honnêtes travailleurs" contre les "intermittents fainéans et profiteurs"... en gros les salariés contre d'autres salariés... le résultat est donc de faire oublier à l'opinion publique que le problème vient avant tout des employeurs... je m'explique par quelques exemples :
- saviez vous que la plupart des théatres emploient leur personnel de caisses, d'accueil et parfois même administratif comme des intermittents ?...(en gros trois jours déclarés par mois, le reste du salaire étant payé par la caisse des artistes)
- saviez vous que la plupart des chaines de télévision utilisent le même procédé pour employer le caméraman qui travaille tous les jours sur les émissions, pareil pour certaines secrétaires, scriptes, maquilleuses, créatifs, commerciaux, rédacteurs.... et j'en oublie.
- saviez vous que beaucoup d'agences artistiques emploient la totalité de leur personnel en intermittent (de la secrétaire au comptable)
tous ces patrons s'expriment très peu dans la crise actuelle car tous sont concernés directement par cette grande escroquerie en attendant que les changement soient votés pour savoir enfin comment ils vont pouvoir contourner les lois (enfin plutôt leurs juristes, experts financiers et autres conseillers)
de plus, quand 80% des intermittents seront affamés, ils discuteront un peu moins les salaires avec ces mêmes employeurs...
en gros... VAINQUEUR... LES PATRONS !
maintenant, reprenons le véritable débat de l'affaire...
Actuellement, un artiste doit assurer 507 heures de spectacle sur une année pour voir ses droits reconduits pendant un an...
Le fait que le medef veuille faire passer ce nombre de cachet à plus de 600 heures est loin d'être le plus grave des problèmes... car après tout, beaucoup d'artistes dépassent déjà ce quota et la pluparts des techniciens en sont déjà très loin...
le vrai danger est dans le mode de calcul... en feet, actullement un artiste gère sa carière et ses périodes d'activité sur une durée de 1 an ce qui lui laisse le temps de créer des choses nouvelles d'une saison sur l'autre... ce qui amène certains artistes à faire 70 % de leurs cachet sur une période très courte (noël ou l'été, ou une pièce de théatre....) sachant que les 30 % restants sont répartis sur le reste de l'année... mais c'est pas grave car l'artiste se gère à l'année.
Le medef lui voudrait réexaminer nos droits tous les 4 mois, contraignant les artistes à répartir leur activité régulièrement sur l'année en faisant régulièrement 1/4 des cachets annuels tous les 4 mois... ET IL EST LA LE PROBLEME...
les artistes ne sont malheureusement pas maîtres de leur marché et sont en plus à la merci d'événements surprises (grève des routiers en décembre = 60% de galas de noël en moins... plan vigie pirate=plus de sortie des écoles et centres de loisirs dans les théatres..Un impayé par un producteur escroc=un mois de festival travaillé et non rémunéré et non déclaré en cachets, ça compte pour du beurre) et en cas de coup dur, je peux vous assurer que un ans ça n'est pas de trop pour se refaire une situation stable.
Je trouve qu'il est un peu facile pour un "amateur/prédateur" de critiquer un système de survie alors que dans le même temps il contribue au déséquilibre du métier... si on devait réellement mettre en parallèle le travail des amateurs et des intermittents, je pourrais dire ceci.
L'amateur a un employeur ou des parents qui lui donnent de quoi vivre en échange d'un seul travail dans lequel il est qualifié : 8 h par jour + 2h dans les transports... ensuite il consacre ses loisirs à travailler sur ses spectacles : le temps qu'il faut ou le temps qu'il veut, cela n'a pas d'importance car il a toujours de quoi manger... de temps en temps il fait un spectacle à un tarif souvent très bas et très souvent au black qui lui donnera de quoi s'acheter de nouveaux tours ou qui lui donnera un salaire de complément (parfois plus que son salaire)
L'intermittent lui a un "employeur" (les assedics), qui lui donne de quoi manger pendant qu"il travaille ses spectacles, cherche des contrats, gère ses contacts, entasse les paperasses (griss, assedic, congés spectacles, adami, sacd, sacem, droits d'auteur....),achète ou fabrique son matériel, rencontre ses futurs clients, se fait payer pas ses clients actuels, crée ses publicités envoie ses mailings, recherche ses fichiers... puis, il fait des spectacles pour ses clients qui lui donneront de quoi manger "à la place des assedic" et non en "complément de revenus".
je pense que peu d'amateurs sont amenés à faire autant de métiers qu'un intermittent pour survivre... alors je trouve un peu déplacé le fait de nous comparer à des profiteurs... être intermittent est un métier qui occupe parfois plus que la journée et dont la survie est menacée par certains amateurs qui ne cotisent pas pour un système qu'ils contribuent à détruire, et surtout par beaucoup d'employeurs très heureux de payer moins de charges grace aux amateurs.
PS : l'amateurisme est nécessaire pour la vitalité d'un métier mais devient dangereux quand il prend la place des professionnels au sein des entreprises de spectacles
PS2 : il est un peu facile de critiquer les personnes qui transforment leurs revenus issus de la vente de produits dérivés en cachets et salaire dans la mesure ou en faisant cela ils divisent leurs revenus nets par deux, sacrifiant le reste aux charges sociales, cette vente étant généralement destinée à des amateurs qui plus tard leur casseront leur métier en exécutant leurs tours.
PS3 : je suis magicien pro, intermittent depuis 11 ans... je sais précisément de quoi je parle et j'invite ceux qui n'y connaissent rien à la fermer ou à s'informer objectivement avant de l'ouvrir