Hello Régis
Content que tu aies toi aussi trouvé ton compte avec ce DVD. Je vais lever un petit voile sur l’atmosphère générale de cette routine pendant la phase d’explication au musée des Arts forains. Il était 23 h 30, toute l’équipe et les intervenants étaient fatigués par des heures de tournage (oui, la tension qui règne lors des prises de vues est nerveusement épuisante), nous dépassions déjà le temps qui nous était imparti dans le musée, et plusieurs intervenants savaient que les RER pour rentrer chez eux allaient se faire rares puis inexistants… Chacune des explications répondait à l’impératif d’une prise continue avec trois caméras. Or, ce tour est long à décrire car assez complexe ; à la moindre erreur, au moindre oubli, impossible de se rattraper ou de revenir en arrière, il faut recommencer la prise de vue depuis le départ ! Les intervenants, qui ont pour rôle de poser des questions sur certains points de détail afin de rendre l’explication plus vivante (mais sans trop interrompre le fil pour ne pas complètement casser le rythme ; l’équilibre entre une prise de parole trop fréquente et un silence total est délicat à trouver) doivent eux aussi retrouver leurs marques et leur « naïveté » apparente (Ben oui, on pose des questions, mais on connait les réponses par cœur, vu qu’on a passé des soirées entières à faire des répétitions de toutes les phases d’explication ; Bébel devait apprendre à contrôler son regard pour s’adresser aussi à la caméra, ce qui est inhabituel pour lui, cela a donc exigé de la préparation).
La séquence d’explication de Décollector qui figure sur le DVD est la dernière d’une série car de petits oublis faisaient que le montage des cartes, en cours de route, n’était pas celui escompté. Tu comprendras maintenant pourquoi Bébel et les participants se marrent lorsqu’il insiste sur le fait de ne surtout pas oublier d’utiliser l’une des cartes comme une pelle pour ramasser quelques autres cartes sur la table, car se fut là l’un des points qui était souvent oublié lors des prises précédentes, et on ne se rendait compte de cet oubli que bien plus tard, lorsque l’ordre des cartes n’était pas celui escompté et que la situation était irrattrapable. On comprend mieux les rires dans cette séquence qui doivent s’interpréter comme des soulagements.
Par ailleurs, un petit bruit récurrent ponctuait régulièrement l’explication, un couinement pour lequel on avait du mal à trouver l’origine, jusqu’à ce que l’on se rende compte qu’il provenait de la table même qu’utilisait Bébel et qu’il était impossible (eu égard à l’heure, à la tension et à divers autres impératifs) de l’éliminer. Même en post-production, enlever ce couinement s’avéra trop difficile, mais après tout, qui s’est aperçu de ce couinement lors du visionnage ? Bah, ce DVD est tellement chouette qu’il fallait bien lui trouver un tout petit défaut…
Card.addict :
Bravo ! J’ai une question personnelle à te poser alors, relatif à un tour du sieur Bébel, dont Pierre Guedin via Artefake.com dit :
Effectivement, Bébel et moi-même avions passé plusieurs nuits complètes à trouver le moyen de décrire au mieux ce tour monstrueux et j’avais pour l’occasion fait plusieurs dessins (plus pertinents dans cette routine que des photos pour des questions de précision). Nous nous demandions s’il y aurait au moins UNE personne qui mettrait ce tour diaboliquement complexe à son répertoire. Régis, est-ce ton cas ? En tout cas, cela a permis de créer entre Bébel et moi-même une complicité autour d’une phrase qui est devenue comme un leitmotiv entre nous et qui fait allusion à ceux qui étudient le tour :
« De toute façon, la seule chose qu’ils risquent, c’est d’apprendre quelque chose… »
À méditer !
Fabrice Delauré m’a offert le DVD dimanche dernier, j’ai pu visionner tout le film et les explications mais pas encore les bonus : je me suis régalé. Personne n’a pour l’instant fait de réels commentaires sur le travail de montage qui est REMARQUABLE. Regardez à nouveau, vous verrez que tout est fait pour conserver l’attention du spectateur, les plans et les angles de vue changent très régulièrement, les phases de rue et d’intérieur son intelligemment alternées, les musiques et les sons viennent habiller des scènes qui seraient indigestes dans un DVD de facture plus classique, c’est vraiment du bon boulot ! Mais bon, quand on connait l’exigence de Fabrice pour tout ce qui concerne le niveau de qualité (optimal !) de ses produits, ça n’est pas une surprise. Je tiens quand même à souligner que le cahier des charges, tant du côté de la production (qui veut faire un « produit » attrayant pour les acheteurs) que de celui de l’artiste (qui tient à ce que l’essentiel de son savoir ne soit pas galvaudé ou amoindri) est bien respecté et, croyez-moi, ce ne fut pas une mince affaire !
Bonne journée à tous
Christian