Dans l'interview suscitée, Beretta utilise effectivement le mot "piédestal" (page 1)
"Par rapport aux jeux olympiques, aux trophées internationaux de danse etc.…que la magie redescende de son piédestal de reine des arts !"
Cela étant, Beretta, certes avec justesse, ne fait que rouvrir une porte ouverte (ou entrouverte) 20 ans auparavant.
Merlin parlait déjà du frac pailletteux et vieillissant dans son Mad Magic, écorchant à l'époque le "vainqueur" Lance Burton en l'affublant d'un slip violet (je cite de mémoire).
Tamariz révolutionna Le close-up en y incorporant… les techniques théâtrales! (ainsi qu'une sérieuse dose de psychologie). Bloom de cessa d'inventer une magie objective (usant d'objets communs); moins connu Pôl (qui fut le premier à introduire l'objet éventail dans un numéro de magie) apportait une vision bien plus artistique avec une magie chorégraphiée et débarrassée de toute boîte superflue. Pour la petite histoire, s'étant retrouvé avec Burton dans un congrès USA, celui-ci aurait dit à Pôl : "à Lausanne (Lance était sorti grand prix Fism) vous étiez le meilleur", marquant par cette phrase anecdotique le passage d'une ère à l'autre.
Sans oublier bien sûr Jacques Delord qui, bien avant les précédents glissa un long texte poétique sur une corde lisse.
Ceux-là (aussi les Ascanio, Paviato, Vito Lupo et ceux que j'oublie) inventèrent les prémisses de la magie d'aujourd'hui, il est vrai pour la plupart dans l'ombre du ghetto magique.
Les Mortimer, Beretta… reprennent la suite de cette école innovante et, miracle, sortent enfin, talent ou hasard d'une époque, la magie au grand jour ; ouf! il était temps.
Si l'idée de dépoussiérer la magie n'est certes pas nouvelle, il est nécessaire de dire et de redire les choses afin d'éviter de les voir sombrer dans l'oubli de la médiocrité et Beretta ne se contente pas d'énoncer le problème : il s'emploie à en appliquer les principes émergeants.