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Publié le (modifié)

Bonjour à tous,

j'ai eu l'occasion de lancer un peu le débat concernant le numéro de Florian Sainvet.

Je suis tombé par hasard sur le numéro d'Eric Borner :

[video:youtube]

ma question est simple, sans lancer les débats de "c'est pas bien de critiquer", juste dite moi votre ressenti sur ce numéro ?

Merci de votre avis.

Modifié par Thomas
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Publié le

Faire des manipulations de cartes en souriant et balancer des cartes dans le public...

Pas d'émotions, pas de mystères, pas d'histoire, pas de rêves...

Pour moi ce n'est tout simplement pas un numéro de magie... voila mon ressenti.

Cependant le public semble avoir apprécier, c'est peut-être le plus important.

Publié le

Faire des manipulations de cartes en souriant et balancer des cartes dans le public...

Pas d'émotions, pas de mystères, pas d'histoire, pas de rêves...

Pour moi ce n'est tout simplement pas un numéro de magie... voila mon ressenti.

Cependant le public semble avoir apprécier, c'est peut-être le plus important.

à ce moment là tu peux dire la même chose sur quasiment 90% des manipulateurs de cartes, surtout les coréens ou ça s'apparente plus à du jonglage, mais c'est un style, une performance et ça plaît aussi, pourquoi vouloir à tout prix raconter une histoire et forcément theatraliser un numéro de magie, ? Qui a décrété cela ?
Publié le

Bonsoir,

A l'heure où de plus en plus de manipulateurs présentent leur(s) numéro(s) de ... et bien de manipulations de cartes, on peut voir de tout, partout, et à toutes les sauces.

En toute objectivité, je dois dire que je me suis ennuyé durant cette performance. Je ne parle pas du travail et/ou des manipulations, qui sont bien présentes, et qui nécessitent, on le sait, des années de travail.

Je parle de l'univers, ce qui, effectivement, rejoindra ce que disait au départ Nostrand.

Je n'ai pas été transporté durant le numéro. Je n'ai pas ressenti d'émotions, ni de frissons, ni de crescendo. Et ce n'est pas car je n'aime ou aime pas le travail d'Eric, ou le travail d'untel, ou d'untel autre. Quand je découvre une performance, mon plus grand souhait être de ressortir avec le sourire aux lèvres.

Cela est tout bête, mais je mets en parallèle une vidéo qui a fait le tour de la toile et qui est très connue, celle d'

. (<<< oui, oui, ceci est un lien)

Cette vidéo, je ne me lasse pas de la regarder. C'est un mélange de tout un tas d'éléments qui constituent un voyage merveilleux et coloré.

Les manipulations sont bien évidemment exceptionnelles, rapides, nettes et précises. Rapides, trop rapides ? Je peux comprendre qu'on le pense, mais c'est en accord avec la musique (je vous invite à aller visionner le clip d'Explosive de Bond, qui est lui aussi rapide et crû); quelque part, on reste cohérent.

Mais ... rien que la musique, avant tout, c'est quelque chose. Le morceau utilisé est juste magnifique, et la chorégraphie d'An La Him colle tellement bien avec les temps forts de la mélodie qu'on aurait presque l'impression que l'un a été fait pour l'autre, ou inversement, jusqu'à ce climax qui se termine en salut. Je ne peux que comprendre la standing ovation que la salle a faite à la fin. (la première fois que j'ai vu la vidéo, c'était à peu près ce qu'il s'est passé dans ma tête. Un gros WTF, comme disent les US)

Mais malheureusement, tout cela, je ne l'ai pas ressenti, dans la vidéo qui nous intéresse ici.

En fait, pour faire un parallèle avec le close-up, c'est comme quand je tombe par hasard sur la vidéo d'un jeune magicien qui exécute l'ambitieuse qu'il vient d'apprendre il y a moins d'une heure, et qui commence par "Bonjour, je vais vous faire un tour de magie. Prenez une carte ..."

Je suis crû dans ce que je dis, mais il faut plutôt voir le parallèle avec le fait que, plus le temps passe, et plus les choses sont vues et revues.

Des back and palm production, on en voit partout, des butterfly machin chose, on en voit partout, des tenkai grip truc muche, on en voit partout, des fans production, des perfect production, des machins, des bidules, des choses, des [Production de la brouette retournée tirée du volume VII de la série "Card Manipulation" d'untel magicien.] Il le font tous.

La seule chose qui nous transportera, c'est, effectivement, la sublime élévation des techniques utilisées, quand l'artiste atteint un niveau d'excellence comme on en voit parfois, mais surtout, l'univers, la musique, le rêve transmis, l'émotion véhiculée, la mise en scène que l'on découvre ... les surprises, les retournements de situation, les moments où mêmes les magiciens sont choqués !

pourquoi vouloir à tout prix raconter une histoire et forcément theatraliser un numéro de magie, ? Qui a décrété cela ?

Personne n'a décrété cela, c'est évident.

Mais de mon point de vue, si on me donne le choix entre

  • un magicien qui va pendant 3 minutes te faire toute une série d'X-trem Card Manipulation histoire de dire "Ouais, t'as vu comme j'suis trop un boss. En plus r'garde : ton 6 de pique, ben il est resté sur le paquet. Comme j'suis trop un ambitieuuuuuuuuux."
  • un certain Dominique présenter une routine de cartes monstrueusement ficelée, où, à chaque fois où on arrive à enfin marcher droit, on s'en prend une autre de plein fouet, pour au final finir complètement lessivé, mais avec un sourire jusqu'à là sur le visage ...

le choix est vite fait.

Après ... on peut ne pas aimer l(')a(rt) Magi(qu)e, et juste aimer la magie, c'est un choix aussi hein mdr

Amic'

Florian.

J'aime la magie, l'Art Magique, la chose bien faite ... vous aussi ? 

Publié le

Cela est tout bête, mais je mets en parallèle une vidéo qui a fait le tour de la toile et qui est très connue, celle d'

. (<<< oui, oui, ceci est un lien)

Cette vidéo, je ne me lasse pas de la regarder. C'est un mélange de tout un tas d'éléments qui constituent un voyage merveilleux et coloré.

Les manipulations sont bien évidemment exceptionnelles, rapides, nettes et précises. Rapides, trop rapides ? Je peux comprendre qu'on le pense, mais c'est en accord avec la musique (je vous invite à aller visionner le clip d'Explosive de Bond, qui est lui aussi rapide et crû); quelque part, on reste cohérent.

Mais ... rien que la musique, avant tout, c'est quelque chose. Le morceau utilisé est juste magnifique, et la chorégraphie d'An La Him colle tellement bien avec les temps forts de la mélodie qu'on aurait presque l'impression que l'un a été fait pour l'autre, ou inversement, jusqu'à ce climax qui se termine en salut. Je ne peux que comprendre la standing ovation que la salle a faite à la fin. (la première fois que j'ai vu la vidéo, c'était à peu près ce qu'il s'est passé dans ma tête. Un gros WTF, comme disent les US)

Florian.

Effectivement j'ai regardé cette vidéo des dizaines de fois sans m'en lasser une seule seconde, et je viens d'en remettre encore une couche !! c'est juste parfait et j'ai rarement vu mieux au plus grand cabaret ....

Publié le

Bonjour,

Un autre exemple qui me vient à l'esprit, quand on évoque le frisson :

...

Son numéro est très lent, mais il est génialissime : les manipulations sont redoutables, les guimmicks utilisés sont super ingénieux, et la chorégraphie est admirablement bien synchronisée avec les musiques utilisés. Et de plus, on a un fil rouge de début / fin : l'écharpe.

Amic'

Florian.

J'aime la magie, l'Art Magique, la chose bien faite ... vous aussi ? 

Publié le
pourquoi vouloir à tout prix raconter une histoire et forcément theatraliser un numéro de magie, ? Qui a décrété cela ?

Sans vouloir raconter forcément une histoire, peut être que le fait de venir devant un public se justifie par le fait d'avoir quelque chose à partager.

On peut partager un histoire.

On peut partager une esthétique.

On peut partager une interrogation.

Cela peut s'appeler du théatre, de la magie, de la chanson, du conte...

Quand on a à partager qu'une performance, cela s'appelle du sport.

Au pire de l'onanisme.

Circulez !

Publié le

Eric Borner est un magicien, un personnage avec une gueule et du charisme.

Le mec fait une standing ovation sur scène chez Sébastien avec un jeu de carte. Pas de guéridon, Tshirt manche courte, technique et bande son précise.

Alors on à le droit d'aimer ou pas. Moi le premier je ne suis pas un mordu des cartes. Mais de la à dire qu'il ne partage rien?! Je trouve ça abuser. D'autant plus qu'il rend ici hommage à son frère disparu.

La bra...ette c'est plutôt ceux qui n'ont a rien d'autre à partager qu'une publication sur Virtual...

You are the magic

Poster-USAcruiseNETduo.jpg

Publié le (modifié)
Eric Borner est un magicien, un personnage avec une gueule et du charisme.

Oui, il présente bien.

Le mec fait une standing ovation sur scène chez Sébastien avec un jeu de carte. Pas de guéridon, Tshirt manche courte, technique et bande son précise.

Oui, le numéro est moderne !

Alors on à le droit d'aimer ou pas. Moi le premier je ne suis pas un mordu des cartes. Mais de la à dire qu'il ne partage rien?! Je trouve ça abuser. D'autant plus qu'il rend ici hommage à son frère disparu.

Heuuu… le coup du frère est très émouvant, et sans doute vrai, mais cela n’entre pas dans la construction du numéro, c’est présenté par P.S. en discussion de fin de numéro, donc pas vraiment lié au numéro lui-même, même si c’est émouvant.

En fait, la partie émouvante aurait été DANS le numéro, je crois que tout le monde aurait adhéré…

Cela aurait donné une saveur « coperfieldienne » à la performance…

Comme il a été dit :

Le numéro est bien fait, peu de flash, de bons positionnements, des gestes précis…

Mais il manque un petit quelque chose.

Je ne doute pas qu’Eric le trouve bientôt, et alors, comme le dit patrick S, il pourra faire le tour du monde avec.

Mais pour l’instant, si on compare aux vidéos citées ci-dessus, ce n’est pas le top international.

C’est juste très bien fait.

La manipulation est une discipline extrêmement ingrate :

Il a choisi de ne faire que de la manipulation, sans chercher à provoquer le moindre mystère.

Même son équilibre impossible, il le fait de manière visiblement truquée, au milieu de sa planche posée au centre de la scène.

O, je ne dis pas que je pourrais faire le centième de ce qu’il fait, ni même que j’ai tout compris (certaines apparitions m’ont surpris… :) ), mais bon :

Quand le public dit :

« On ne sait pas d’où il les sort »,

il faut entendre :

« Il cache bien ses cartes, derrière ses mains, hein ? »

Car c’est de cela qu’il s’agit, et même s’il le fait très bien, on n’a pas tellement envie de mettre en doute cette explication.

Le doute étant absent, reste la performance, la jonglerie, les enchainements de techniques.

Ce qui est déjà énorme.

Mais j’ai vu des numéros de jonglerie plus forts techniquement, et avec un plus fort échange avec le public.

Bref, on salue la performance.

Mais perso, je préfère les numéros avec un peu plus de jeu avec le public.

Tiens, pour faire bonne mesure… un indémodable de la manipulation…mais pas que.

[video:youtube]

La bra...ette c'est plutôt ceux qui n'ont a rien d'autre à partager qu'une publication sur Virtual...

Ben, c’est un peu le principe du forum :

On bavarde sans que cela soit vraiment indispensable, de choses et d’autres, on donne des avis, pas forcément appropriés ou compétents, on communique, quoi.

Un forum comme VM n’a pas à être une bible de référence inattaquable, par des experts mondialement reconnus (même s’il y en a ici…), mais un carrefour de points de vue différents.

S’il en sort quelque chose, tant mieux.

Si ce sont des échanges stériles, pas grave, on fera mieux la prochaine fois…

Tout ce que je souhaite à Eric, c’est de trouver ce petit quelque chose qui le fera passer de « très bon techniquement » à époustouflant.

Je ne suis pas sûr que cela passe par plus de technique pure. Je verrais plus un approfondissement de son personnage, pour lui donner plus de vie.

Mais bon, comme tu le dit, Fabien, je n’ai rien d’autre à partager qu’un avis sur un forum, n’étant même pas vraiment magicien…

Gilbus

Modifié par Gilbus

Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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    • Et si l'on parle de "bouffée de l'humanité" : quelques portraits de la Fism à Rimini, là où l'humanité était encore plus palpable.... Qui me cite les noms ? 1er prix : Mon corps pendant 10 mn. Deuxième pris : une nuit d'amour avec moi; Troisième pris : Une vie avec moi !  
    • Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage :  on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
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