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Tristesse...

Paco de Lucía, maître de la guitare flamenco, est mort

http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/02/26/paco-de-lucia-maitre-de-la-guitare-flamenco-est-mort_4373387_3382.html

(J'ai vécu grâce à Paco notamment, il y a quelques années, un moment inoubliable et vraiment magique de ma vie...)

Ce musicien était extraordinaire. Il nous reste des souvenirs et heureusement des enregistrements comme celui-ci :

[video:youtube]

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  • 2 weeks plus tard...

Le Devin du village, Jean-Jacques Rousseau

250px-DevinVillage.jpg

J'ai visité hier le musée Jean-Jacques Rousseau (clic), à Montmorency, constitué notamment par une petite maison que le philosophe et écrivain habita de 1757 à 1762 et où il acheva d'écrire La Nouvelle Héloïse, L'Emile et Le Contrat social.

Le cadre de vie de l'écrivain est restitué grâce à des documents et des témoignages d'époque - les expositions temporaires sur la vie et l'oeuvre Rousseau, ainsi que sur le XVIIIe siècle et l'histoire locale, complètent la visite. Le jardin présente le cabinet de verdure et le "Donjon", lieu de travail de Rousseau. La "maison des Commères" jouxtant le musée, abrite une bibliothèque d'étude rousseauiste ouverte à tous.

http://museejjrousseau.montmorency.fr/fr

Le charmant donjon se trouvant au fond du jardin est assez émouvant à visiter lorsque l'on sait que Rousseau y travaillait plusieurs heures par jour (quand les conditions le permettaient), ce qui n'a pas manqué de me rappeler la Tour Velléda se trouvant dans le grand parc de la Maison de Chateaubriand et dans laquelle "Chateaubriand installa son bureau et sa bibliothèque" (Clic).

Jean-Jacques Rousseau est moins connu du grand public par ses qualités de musicien. Il avait également un travail de copiste de partitions (il travaillait à "tant" la feuille), une activité qui lui assura une grand partie de ses revenus.

J'écoute actuellement les Consolations des misères de ma vie ("des chants simples, expressifs et agréables, mais d’une harmonie souvent incorrecte" lit-on sur Wikipédia) par l'ensemble ALBA, mais je vais plutôt insérer ci-dessous l'ouverture de son oeuvre musicale majeure, à savoir Le Devin du village, site de magie oblige ;) .

Le Devin du village est un intermède (petit opéra) en un acte de Jean-Jacques Rousseau (paroles et musique), représenté le 18 octobre 1752 au château de Fontainebleau devant Louis XV et la cour, et le 1er mars 1753 à l’Académie royale de musique de Paris

Le Devin du village est le premier opéra dont les paroles et la musique soient du même auteur. Cette œuvre illustre également les nombreuses contradictions qui parsèment la vie et l’œuvre intellectuelle d’un homme qui écrira, peu de temps après, dans sa Lettre sur la musique française, qu’« il n’y a ni mesure ni mélodie dans la musique française, parce que la langue n’en est pas susceptible ; que le chant français n’est qu’un aboiement continuel, insupportable à toute oreille non prévenue ; que l’harmonie en est brute, sans expression et sentant uniquement son remplissage d’écolier ; que les airs français se sont point des airs ; que le récitatif français n’est point du récitatif. D’où je conclus, que les Français n’ont point de musique et n’en peuvent avoir ; ou que si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux ».

Colette se plaint de l’infidélité de Colin et va trouver le devin du village pour connaître le sort de son amour. Elle apprend que la dame du lieu a su captiver le cœur de son berger par des présents. Le devin laisse espérer Colette qu’il saura le ramener à elle.

Si la représentation à la cour fut un succès, il en alla tout autrement à la ville où pour la première représentation elle participa aux troubles de la querelle des Bouffons, partisans de Rousseau et de Rameau s’invectivant durant l’opéra au milieu des rires. Les jeunes gens du parterre avaient imaginé de couvrir leur tête d’un bonnet de coton à longue mèche.

Le Devin du village eut néanmoins un succès prodigieux : c’est le moyen terme entre la musique italienne et la musique française. La mélodie est simple, naturelle et facile, l’harmonie bien mariée avec la mélodie ; l’accord est parfait entre les paroles et la musique : il y règne d’un bout à l’autre une complète unité de ton et de dessein. Jean-Jacques Rousseau, dans ses Confessions, raconte en ces termes l’effet de la première représentation du Devin du Village, devant la cour, à Fontainebleau :

« On ne claque point devant le roi : cela fit qu’on entendit tout ; la pièce et l’auteur y gagnèrent. J’entendis autour de moi un chuchotement de femmes qui me semblaient belles comme des anges et qui s’entre-disaient à demi-voix : — Cela est charmant, cela est ravissant ! Il n’y a pas un son là qui ne parte du cœur. — Le plaisir de donner de l’émotion à tant d’aimables personnes m’émut moi-même jusqu’aux larmes, et je ne pus les contenir au premier duo en remarquant que je n’étais pas seul à pleurer.

Le lendemain Jélyotte m’écrivit un billet où il me détailla le succès de la pièce et l’engouement où le roi lui-même en était. Toute la journée, me marquait-il, Sa Majesté ne cesse de chanter avec la voix la plus fausse de son royaume :

J’ai perdu mon serviteur,

J’ai perdu tout mon bonheur ! »

Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Devin_du_village

Rousseau aurait pu obtenir une pension du roi, du moins le lui faisait-on espérer, et le duc d’Aumont l’avait invité à se rendre le lendemain au château pour le présenter au roi. « Croirait-on, dit-il, que la nuit qui suivit une si belle journée, fut une nuit d’angoisses et de perplexité pour moi ? Je me figurais devant le roi… Ma maudite timidité, qui me trouble devant le moindre inconnu, m’aurait-elle quitté devant le roi de France !… Je voulais, sans quitter l’air et le ton sévère que j’avais pris, me montrer sensible à l’honneur que me faisait un si grand monarque. Il fallait envelopper quelque grande et utile vérité dans une louange belle et méritée. Pour préparer une réponse heureuse, il aurait fallu prévoir juste ce qu’il pourrait me dire… S’il allait m’échapper dans mon trouble quelqu’une de mes balourdises ordinaires ? Ce danger m’alarma, m’effraya, me fit frémir au point de me déterminer, à tout risque, de ne m’y pas exposer. Je perdais, il est vrai, la pension qui m’était offerte en quelque sorte ; mais je m’exemptais aussi du joug qu’elle m’eût imposé. Adieu la vérité, la liberté, le courage. Comment oser désormais parler d’indépendance, de désintéressement. Il ne fallait plus que flatter ou me taire, en recevant cette pension : encore qui m’assurait qu’elle serait payée ? Que de pas à faire, que de gens à solliciter ? » Diderot qui ne lui fit pas un crime de n’avoir pas voulu être présenté au roi, lui en fit un terrible de son indifférence pour la pension. « II me dit que, si j’étais désintéressé pour mon compte, il ne m’était pas permis de l’être pour celui de Madame Levasseur et de sa fille, que je leur devais de n’omettre aucun moyen possible et honnête de leur donner du pain… »

La "fille" est Thérèse Levasseur avec qui Rousseau se maria civilement et avec qui il eut cinq enfants qui furent tous "confiés" à l'Assistance publique, euphémisme consistant à dire qu'il abandonna ses cinq enfants, d'où la polémique puisque le même homme a écrit un traité d'éducation ! (Clic).

J'avais déjà évoqué cette "contradiction" dans ce sujet :

_La_Cause_Anima#Post384598]Rousseau

D'ailleurs : "De ces contradictions naît celle que nous éprouvons sans cesse en nous-même. Entraînés par la nature et par les hommes dans des routes contraires, forcés de nous partager entre ces diverses impulsions, nous en suivons une composée qui ne nous mène ni à l'un ni à l'autre but. Ainsi combattus et flottants durant tout le cours de notre vie, nous la terminons sans avoir pu nous accorder avec nous, et sans avoir été bons ni pour nous ni pour les autres." (Jean-Jacques Rousseau)

[video:youtube]

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