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Dominique BODIN

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Tout ce qui a été publié par Dominique BODIN

  1. Derniers souvenirs partagés ici de cette FISM 2025 avec le 1er prix de micro-magie et Grand Prix FISM de Close-Up. *** Et puis le mercredi 16 IBUKI paru en scène, plia son foulard et avec lui la compétition de micro-magie. Ce n’était que la première session sur les trois de la compétition mais il n’y avait guère de doute qu’IBUKI serait au palmarès. La rumeur se répand rapidement comme souvent dans ce type d’événement. Le soir même coincé dans un bus avec la délégation russe qui avait loupé le passage du japonais les voilà qui m’assaillent de questions sur son numéro, car leur propre candidat, Vova, va devoir en découdre avec le magicien japonais. *** Description pour qui veut : IBUKI apparaît debout derrière sa table : sur celle-ci un tapis de close-up relevé à 45° vers le public et où se déroulera l’essentiel de la routine. Mais pas son introduction. Le magicien japonais sanglé dans une large veste de costume (couleur entre pêche et crème, mais pas noir, surtout pas noir), fermée sur le devant par quatre gros boutons, commence par poser alternativement ses mains sur des paires de boutons qui se téléportent magiquement jusqu’à se regrouper tous les quatre dans le coin supérieur gauche (vue du public) de son pan de veste. Cousus là, tous les quatre. Restés jusque-là bouche cousue, les premiers glapissements de surprise des spectateurs se font entendre dans la salle. Ce n’est que le début. *** Sur cette introduction : Les trois premiers effets de téléportation se produisent dans un plan vertical, sur la veste même d’IBUKI : il s’assure ainsi de l’excellente visibilité de cet effet de Matrix, effet redoublé d’une impossibilité matérielle : non seulement les boutons voyagent magiquement, mais avec eux leurs coutures aussi (sur cette impossibilité matérielle qui redouble le seul effet de téléportation, on pense par exemple à la Matrix avec des clous plantés dans une planche de Michael WEBER). Le contraste entre la couleur très claire du tissu et les boutons sombres participe de cette parfaite visibilité de l’effet - en plus d’éliminer certaines explications potentielles au tour. Et comme le montrera le reste de sa routine la visibilité des effets a été clairement un des problèmes qu’a eu à résoudre IBUKI. IBUKI aurait pu faire le choix inverse : démarrer par les boutons regroupés puis les remettre magiquement à leur bonne place ; cela aurait fait sens si la routine avait été contextualisée : IBUKI aurait alors « réparé » magiquement la malfaçon initiale de sa veste. Mais ici pas de contexte, IBUKI préfère nous laisser sur l’image incongrue de cette veste aux boutons drôlement regroupés (d’ailleurs on a pu croiser dans les allées de la FISM IBUKI tout au long de ces six jours avec sa veste et ses drôles de boutons, conscient de cette image emblématique, cette image signature). En plus, en terminant avec les boutons regroupés là où ils ne servent plus à rien, quoi de plus naturel que de les découdre avec un petit ciseau de couturière. La spectatrice (sans introduction formelle) assise à droite de la table se voit tendre les ciseaux et découd elle-même le 4e et dernier bouton (cette spectatrice jouera un rôle clef dans la suite de la mise en scène). Enfin cette introduction instaure aussi l’émotion magique du reste de la routine : à savoir la surprise. « Les boutons ont voyagé...mais attendez un peu, surprise, ils sont bel et bien cousus ». D’ailleurs la première surprise de la suite du numéro sera que le « pouvoir » d’IBUKI ne va pas être tant la téléportation que de coudre entre eux magiquement et à volonté toutes sortes d’objets. *** Fin de l’introduction. Un foulard quadrillé est déplié sur le tapis incliné, les quatre boutons tout juste défaits de la veste sont chacun posés à un des quatre angles et à partir de là, et bien disons que plus rien ne va se passer comme prévu. Plutôt que de déflorer la suite de la routine deux remarques. La visibilité : IBUKI a donc un problème : il va magiquement coudre entre eux des objets préalablement montrés « libres » les uns des autres…mais voilà : des coutures c’est bien peu visible de loin. La mise en scène de la routine pallie cette difficulté majeure de plusieurs façons : o Quand il le peut IBUKI profite du contraste bien visible de loin du fil de couture blanc magiquement apparu sur certains objets noirs en montrant bien ceux-ci...sous toutes les coutures, avant et arrière. o IBUKI va à plusieurs reprises basculer ses accessoires du plan incliné du tapis de close-up vers le plan vertical du début. Cela rend palpable les coutures même aux spectateurs les plus éloignés qui font physiquement l’expérience qu’en dépit de la gravité des objets restent désormais inexplicablement fixés, car cousus entre eux. o À l’appui du mot « cousu » qu’il vient de prononcer, IBUKI mime (et ce mime a une autre raison d’être - voir ci-dessous, les mots) par de larges gestes de sa main droite, en vagues montantes et descendantes, l’acte même de l’aiguille qui coud, communiquant là encore pratiquement physiquement à tous les spectateurs l’expérience du fil qui transperce les objets pour les unir – ce qui renforce encore au passage la totale impossibilité de son effet magique. o La spectatrice est elle aussi mise à contribution comme témoin-relais de l’ensemble du public : invitée à toucher les coutures, à découdre, à manipuler les boutons libres l’instant d’avant puis soudainement cousus sous sa propre paume ; jusqu’au tout dernier geste d’IBUKI envers cette spectatrice, geste qu’on ne révélera pas ici, mais qui a fait fondre les derniers neurones des spectateurs et du jury. Obtenir une standing ovation de quelque 2200 spectateurs dans une salle dont il a été suffisamment dit qu’avec son sol plat elle offrait une piètre visibilité, et ce avec quatre boutons et un foulard, prouve combien cette mise en scène est efficace. Les mots. Pas de dramatisation de l’effet via un contexte, pas de personnage autre d’IBUKI lui-même, un côté gendre idéal un rien timide engoncé dans son costume, posé au début, puis qui s’anime de plus en plus au gré du crescendo des effets. Le texte : réduit au possible ; en fait il va tout entier tourner autour d’un calembour assez sot (si j’ose dire) : les différentes acceptions en anglais du son [soʊ], de « tellement » (so), à « coudre » (saw), en passant par « vu » (saw). Mais ce jeu de mots à première vue bêta contribue à la montée en émotion de toute la routine. Et on l’a dit l’émotion visée est la surprise, aussi chaque séquence se déroule selon : o Exposition de la situation initiale : les objets sont clairement séparés. o La magie se produit en douce, sans incantation, ni geste magique. o IBUKI prononce le son [soʊ] et on découvre stupéfait que l’effet n’est pas nécessairement celui attendu (une téléportation), mais qu’une nouvelle couture est apparue, et jamais là où on l’aurait imaginée. Le son [soʊ] n’a pas la valeur d’un abracadabra (car quand il est prononcé la magie est déjà advenue), mais il en conserve la valeur rythmique de leitmotiv en marquant le début de la phase de révélation de l’état final : dès qu’IBUKI se montre ravi que quelque chose de « so impossible » s’est produit (mime à l’appui de la couture pour souligner le piètre calembour so/saw) on frémit : on n’a rien vu et pourtant une nouvelle couture a surgi là où on ne l’attendait pas. La tension entre la naïveté assumée du jeu de mot qui nous nargue d’une part, et notre totale incompréhension du « truc » d’autre part, décuple alors l’émotion magique ressentie. *** Un dernier détail. Deux fois j’ai vu IBUKI (en compétition et dans le gala des gagnants) et deux fois à un certain moment de la routine alors qu’il se saisit du bouton le plus près de lui à sa gauche, le foulard amidonné reste malencontreusement (?) dressé à la verticale. Notre « taureau de la raison » (TAMARIZ) se rue sur ce pli accidentel : IBUKI ne profite-t-il pas d’un pli pas si fortuit pour y dissimuler un bouton resté en place et dont il n’a que simulé la prise ? L’instant suivant remarquant le désordre de son foulard IBUKI le saisit par deux coins, le claque pour le redéposer bien à plat sur le tapis…et anéantir au passage notre hypothèse : aucun bouton où nous le soupçonnions. L’art de la fausse piste, du red herring, est un art du tact : trop subtil, le leurre n’est même pas remarqué ; grossier, le spectateur flaire l’intention délibérée du magicien de l’égarer et se rebiffe. J’ignore si ce pli, bien vertical, bien visible était ou non une maladresse par deux fois réellement malencontreuse (improbable à ce niveau de compétition, d’autant que la chorégraphie d’IBUKI est impeccable partout ailleurs), j’ignore si ce minuscule « incident » du pi de trop a donc quoi que ce soit de réfléchi, d’intentionnel (voir même de nécessaire à la méthode), mais si tel est le cas, comme je le soupçonne, faire d’un faux pli un vrai contrôle de notre attention aura suffi à me ravir.
  2. Bonjour, Un peu plus haut en évoquant combien l''humanité" du personnage de Mortenn CHRISTIANSEN participe de la construction de son numéro, la citation de Derren BROWN que j'avais en tête est extraite de "Notes from a Fellow Traveller", page 416 :
  3. Bonjour, Plein d'autres souvenirs de ces six jours :
  4. Pas de 1er prix en cartomagie attribué cette année, donc Markobi reste le dernier champion du monde en titre pour 3 ans. Compte-rendus des trois numéros primés : Francesco FONTANELLI : Assis derrière une table pleine et blanche, l’italien Francesco FONTANELLI a été le seul de la compétition à opter pour un dispositif que Juan TAMARIZ privilégiait pour ses passages télévisés : à savoir trois ou quatre spectateurs assis en rang à la table sur sa gauche et autant sur sa droite, et, derrière chaque spectateur assis, un autre qui se tient debout sur un second rang. Effet miroir pour les spectateurs assis dans la salle qui voient clairement les visages et les réactions de ceux sur scène. Le magicien se retrouve au centre de l’attention de tous. E t, de manière subliminale, parce qu’il est cerné sur le devant par nous qui sommes dans la salle, sur les côtés et l’arrière par ceux sur scène, ces conditions de « contrôle » écartent assez naturellement l’idée de manipulations de cartes (en micro magie l’argentin Hernan MACCAGNO avait choisi un dispositif similaire avec de nombreux spectateurs de part et d’autre de lui, mais magicien et spectateurs cette fois tous debout et très mobiles autour de la table. Intéressant d’observer comment la « franchise » apparente du dispositif avec cette grande liberté de mouvements permet à Hernan MACCAGNO d’user de diverses stratégies de contrôle de l’attention et de couvertures des manœuvres). Francesco FONTANELLI débute en évoquant sa première émotion magique, un coquetier (balle et vase) en bois tourné devant lui. Il le referme sur la balle rouge puis le pousse au coin avant droit de la table pour ne plus jamais y toucher. Un paquet de cartes est sorti : peu de souvenirs du début de la routine mais disons qu’une spectatrice finira par choisir une carte -mettons le 9 de carreaux – qui est perdue dans le jeu mélangé et retrouvée dans le coquetier. La mémoire qu’on conserve d’un numéro est ô combien malléable -les magiciens le savent bien- mais c’est à ce moment je crois que Francesco FONTANELLI a bondi accroupi les deux pieds joints sur sa chaise. Cette posture ne conviendrait pas à tout le monde mais elle « colle » avec cette personnalité énergique : · Magie : Cette posture souligne la distance entre Francesco FONTANELLI et le coquetier à l’avant de la table, où la spectatrice va elle-même retrouver son 9 de carreaux inexplicablement téléporté-là. De plus tout le corps de Francesco se retrouve très opportunément au-dessus du plateau de la table à ce moment-clef. · Présentation : Accroupi sur sa chaise Francesco concentre d’abord l’attention vers le coquetier à l’autre bout de la table ; ensuite en une brusque détente debout sur sa chaise, il donne le coup de fouet de la fin de son numéro, refocalise l’attention sur lui au foyer du « chœur » de spectateurs présents sur scène, et déclenche spontanément les applaudissements. *** Tino PLAZ : Le magicien suisse parle du passé et des souvenirs en tenant un pot en verre de confiture vide et de bonne taille fermé par son couvercle métallique. Matérialisation à vue d’un paquet de cartes dans le pot en verre tenu à bout de bras. Tino en dévisse le couvercle : le spectateur à la table se saisit du pot de verre et en sort lui-même le paquet de cartes. Tino revisse le couvercle du pot de confiture qui est posé sur le coin arrière droit de la table pour ne plus être touché jusqu’au dénouement. Souvenirs confus du début de la routine mais disons que le spectateur va choisir une carte : il obtient une figure, un roi en l’occurrence, aussi pour une meilleure lisibilité Tino propose au spectateur d’écrire ses initiales à un coin de la carte tandis que lui-même écrit les siennes au coin opposé. À un certain moment Tino va déchirer le coin de la carte qui porte les initiales du spectateur et le lui confier. La carte se volatilise du paquet. Réapparition à vue dans un petit nuage de fumée de la carte déchirée qui porte les initiales T.P. dans le pot en verre posé sur la table. Le magicien en dévisse le couvercle : le spectateur se saisit du pot, en sort la carte et constate que le coin avec ses propres initiales coïncide parfaitement. Carte et coin déchirés sont replacés dans le pot de verre dont Tino revisse le couvercle pour offrir le tout au spectateur en souvenir. Fallait-il que la seconde apparition dans le pot, celle de la seule carte déchirée, moins convaincante que celle du paquet de 52 cartes au début, se fasse elle aussi à vue ? Quel aurait-été le ressenti avec la très brève couverture d’une main ou d’un foulard mettons ? - ou peut-être même du spectateur qui aurait tenu le pot entre ses propres mains (la méthode inférée semble l’autoriser). Fallait-il troquer la surprise fugace d’une « illusion d’optique » pour le sentiment plus prégnant d’une totale impossibilité ? Ce qui aurait été perdu en eye candy aurait peut-être été gagné en mystère. *** Kimoon DO : Un numéro mené à cent à l’heure, auto-ironie constante, petite pique en passant au cadeau de bienvenue de la FISM qui déclenche les rires dans la salle, bref du divertissement pur. La routine du magicien coréen multiplie des transpositions de cartes avec un twist : en schématisant, mettons que les paquets A et B s’échangent magiquement de place, Kimoon DO révèle le paquet B là où était initialement le A, mais, surprise, là où était le B surgit non pas le paquet A mais une carte avec une flèche dessinée : perplexe Kimoon suit l’endroit pointé par la flèche -par exemple sa propre pochette de costume- pour finir par retrouver là le paquet A. Transposition à deux bandes en quelque sorte avec donc ce surgissement constant d’une carte flèche qui dévie les trajectoires attendues des transpositions enchaînées. Au milieu du numéro une production « inépuisable » de paquets de cartes de sa poche de costume participe au rythme échevelé de la routine. Jubilatoire.
  5. Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage : on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
  6. Comment la FISM définit-elle un « trick » ? Et un « act » ? Est-ce qu’un tour comportant des répétitions d’un même effet sous des conditions de plus en plus restrictives par exemple peut suffire à bâtir un « act » ? Sait-on si les participants reçoivent en plus du règlement disponible sur le site de la FSIM des directives plus détaillées ? *** Si j’ai bonne mémoire (possiblement défaillante vu l’avalanche de magie dévorée pendant 6 jours) l’italien Piero VENESIA n’a présenté qu’un seul tour (l’effet où des aiguilles et autres objets avalés par le magicien-fakir sont régurgités enfilés sur un fil) ce qui ne l’a pourtant pas empêché de tirer son épingle du jeu avec le 2e Prix en magie de salon. *** Description du numéro pour qui veut : À l’entame de ce numéro muet, le petit disque lumineux d’une poursuite perce le noir de scène pour révéler progressivement Piero VENESIA tiré à quatre épingles, pieds serrés, une main derrière le dos. Comme le disque de lumière va s’agrandissant, il révèle à sa droite une de ces anciennes machines à coudre, de celle qu’avait ma grand-mère, encastrée dans une petite table en bois aux pieds ornementés en fer, avec une courroie de cuir qui relie le mécanisme d’entrainement de l’aiguille à un large pédalier métallique situé sous la table. Nous sommes donc dans une maison de couture. S’agit-il d’un client ? Non : et la posture semblable à celle d’un valet au garde-à-vous tout prêt à exécuter une courbette, et la douzaine d’aiguilles qui accrochent bien la lumière piquées dans le revers de tissu sombre de sa veste, lèvent l’ambiguïté : Piero VENESIA est le petit tailleur. Une première aiguille avalée pour ainsi dire accidentellement, et Piero qui ne s’en trouve pas plus mal, se pique d’avaler toutes les autres. Un instant on a pu craindre que chaque nouvelle aiguille avalée allait être l’objet d’une pantomime propre, question de « meubler » le numéro (comme on l’a vu dans d’autres « acts » avec des textes trop longs et parfois superflus ou -surtout en magie scène- avec des jongleries et autres pas de danse quelque peu « plaqués » entre deux effets proprement magiques). Mais non, Piero VENESIA accélère le mouvement pour avaler toutes ses aiguilles (avoir toutes les aiguilles préalablement piquées dans ses revers participe de la clarté de l’effet) ; et de là, il amorce son crescendo, à la fois en variant taille et nature des objets avalés, mais aussi en accentuant le côté « tour de force » des conditions dans lesquelles ces objets sont ingérés. Ainsi plutôt que d’avaler une à une des aiguilles, un petit faisceau de celles-ci sera placé dans un verre, mêlé à du vin, et le tout sera avalé d’un trait. Et, tant qu’à faire, pourquoi ne pas avaler au passage le bouchon de liège du carafon de vin. Repu, Piero s’allume une cigarette de fin de repas qu’il gobe avec son allumette. Restait la question du fil, blanc, bien visible depuis le début du numéro sur la machine à coudre : Piero s’en saisit, le rompt, et le convertit en fil dentaire d’après repas, avant de le manger aussi. S’ensuit la classique régurgitation un à un de tous les objets que le magicien retire dramatiquement de sa bouche. *** Autant qu’on puisse en juger Piero VENESIA emploie ici un « décalage temporel » (D.ORTIZ) : c’est-à-dire que la révélation de l’état final débute (avec les premières aiguilles qui apparaissent sur le fil extrait de la bouche -> relâchement du spectateur , la magie a opéré, plus la peine de chercher le "truc") alors que la méthode pour produire l’effet n’est pas terminée. Malheureusement pour Piero VENESIA vendredi dernier le jury l’a sans doute épinglé à cet instant précis, faute à un mouvement curieusement chorégraphié qui attire trop l’attention sur lui et ne fournit pas la couverture suffisante à la dernière manœuvre nécessaire pour le final. Je viens de réaliser qu’une version de ce numéro était en ligne et ce moment clef y fait d’ailleurs l’objet d’un plan de coupe opportun : Rien de plus suspect pour un magicien que de dérober à la vue des spectateurs ses mains, qu’elles farfouillent trop longuement dans ses poches, sous la table ou dans son dos. Piero VENESIA offre ici une intéressante solution à deux niveaux : · Par sa pose initiale, celle d’un groom au garde-à-vous, d’un valet de pied, Piero VENESIA fixe l’image d’une posture archétypale, et si plus tard il l’adopte à nouveau, une main derrière son dos, cela nous parait tout naturel. · De plus placer une main derrière son dos est ici davantage perçu comme signe de franchise - pour exposer à la vue de tous le plus possible l’objet avalé ou régurgité.
  7. Et malgré une salle totalement inadaptée pour assurer une bonne visibilité (sol plat pour 2200 spectateurs, inconfortables sièges plastique placés en colonnes et pas même en quinconce, écrans trop petits, souvent restés noir en entame de numéros) je vous confirme que même tout en fond salle où je me trouvais le public a tout autant exulté, plié en deux de rire, interloqué et ahuri devant bien des effets ; notamment immédiatement après votre entrée en scène, clairement à ce moment là une perplexité flotte brièvement dans les rangs autour de moi : c'est du lard ou du cochon ? semblent s'interroger les spectateurs autour du moi, et très vite ils comprennent que c'est et de l'art (comique au plus haut niveau, imparable) et du cochon ça et là (ah la lévitation du lapin). De très nombreuses personnes découvraient très certainement votre numéro et soyez heureux d'avoir échappé de peu à une inculpation pour meurtre par fou rire, vu l'état dans lequel j'ai aperçu notamment un spectateur italien pleurer à n'en plus pouvoir de rire, pas sûr que le pauvre homme qui a frôlé l'apoplexie s'en soit remis . Standing ovation totalement sincère et spontanée en fond de salle aussi. Merci à vous !
  8. Bonjour, Plus frappant peut-être était surtout l'hommage final à René LAVAND, et ses trois boulettes de mie de pain dans la tasse, exécuté ici à quatre mains...ou plutôt à deux mains sur quatre - Rubi FEREZ étant la main droite et Fernando NADAL la gauche ; et sans récitation de poème non plus mais en musique. Le duo FEREZ-NADAL fonctionne ceci dit à l'opposé de celui de Pepe CARROLL et Juan TAMARIZ - si je m'en réfère à leurs apparitions dans la série Magia Potagia. *** Pour Pepe CARROLL et Juan TAMARIZ la dramaturgie du numéro se nouait généralement sur une mise en compétition entre eux, se lançant des défis mutuellement, essayant de surpasser l'autre ; ou, parfois, le fantasque et farceur Juan TAMARIZ tendant un "piège" dans le dos de l'élégant et suave Pepe CARROLL -modifiant par exemple avec un clin d’œil au public l'ordre de certaines cartes, ou mélangeant carrément le paquet à son insu. Mais immanquablement Pepe CARROL retombait sur ses pieds, comme si de rien n'était, l'embuche tendue par J.TAMARIZ effacée par magie... Dans ce dispositif-ci, l'intérêt est que ce conflit narratif "extérieur" entre les deux magiciens agit à la manière d'une couverture pour leur collusion secrète bien réelle : le mélange de l'un destiné à compliquer la tâche de l'autre - récit apparent- a en réalité bien l'objectif par exemple d’amener secrètement l'arrangement voulu sur le dessus du paquet, arrangement qui permettra justement au second magicien de "briller" en dépit de l’apparente traitrise du mélange du paquet par le premier ( voir l'introduction du classique "Magic and Showmanship" de H.NELMS pour un autre exemple de conflit narratif apparent comme couverture du modus operandi réel de l'effet, par complicité secrète entre les deux adversaires déclarés du récit). *** Le duo FEREZ-NADAL, lui, est soudé pour produire l'effet magique, soudé littéralement bien souvent, épaule contre épaule. La séquence intermédiaire du numéro à une main chacun sur la guitare, et à une main chacun sur la table pour y produire l'effet magique, illustre cette complète coopération. S'il y a bien une dynamique de (léger) conflit entre les deux personnages elle n'est pas sur la table mais sur leurs visages avec deux leitmotiv : les lunettes de Fernando ne cesse de lui glisser sur le bout du nez et c'est Rubi qui les lui remonte en place. Ce simple geste pose les deux personnages : Fernando est le "sérieux" du duo, soucieux des apparences, et Rubi est l’affectueux, le bienveillant. Fernando, par souci des convenances, ne cesse d'arracher un cure-dent d’entre les dents de Rubi, et le cure-dent malicieusement fait perpétuellement sa réapparition dans la bouche de Rubi. Mais aucune provocation de l'un par rapport à l'autre ici, non, c’est juste que Rubi est l'enfantin des deux -et son cure-dent, et bien, il ne peut juste pas s'en empêcher c'est tout. Avec son visage ovale illuminé de son franc sourire, ou même lorsqu'il fait fait son mystérieux - tel un petit enfant qui aurait caché un objet dans sa main et nous lancerait "Devine !"-, Rubi FEREZ a un charisme tel qu'il désamorce instantanément tout bras de fer magicien-public quant au secret : la magie advient, tout simplement. *** À noter qu'il y avait un autre duo en compétition de micro-magie, les suisses Omini et Nico qui ont vendredi matin fait l'ouverture de la 3e et dernière session de la compétition close-up/magie de salon, avec un numéro extrêmement soigné, bien construit, où des balles éponges vertes sont des virus qui se multiplient et infectent un des magiciens : bâtonnets de test dans la narine, thermomètre, masque sanitaire, tous les accessoires employés sont parfaitement justifiés, la progression dramatique comme la maladie passe de l'un à l'autre très claire. Le thème choisi qui ne rappelle guère de bons souvenirs à quiconque les a-t-il desservi ? Sans doute, mais plus globalement il parait assez net que ce jury était sur une ligne "la magie avant tout", et s'est montré globalement très peu sensible à toute mise en contexte narrative de la magie* du moins c'est comme cela que je le perçois (seul au palmarès Starman et son numéro de dépressif après une rupture amoureuse peut être vu comme une légère exception) (je m'en vais relire à ce sujet la section de L'Arc en Ciel Magique où J.TAMARIZ analyse longuement le mélange magie et narration). *C'est cette même ligne très arrêtée du jury qui a sans doute, comme pour Omini et Nico, compliqué la tâche aux numéros de Air One, Bertrand MORA et Robin DEVILLE puisque chacun à leur manière assumait des partis pris narratifs justement très marqués, assortis d'un travail sur les personnages et sur le conflit dramatique qui en découle. Je repense à l'excellent "Conspirations" spectacle de mentalisme donné la saison dernière au LUCERNAIRE et qui proposait par sa mise en scène astucieuse, levant et rabaissant virtuellement l'invisible 4e mur au gré des effets, comment une magie fortement théâtralisée est possible. Chauvinisme en passant : au contraire des délégations italienne, allemande, bulgare ou autrichienne (olalala l'Autriche pitié) qui nous ont toutes infligés au moins un numéro irregardable, tous les candidats français en magie de salon et close-up qu'on en ait apprécié ou pas le résultat final, leur parti-pris artistique, leurs effets magiques, témoignaient d'un travail de mise en scène, sans doute perfectible, mais avec au moins à chaque fois une recherche de quelque chose. On ne pouvait vraiment pas en dire autant donc de bien d'autres pays. *** Ces six jours furent intenses, passionants, et totalement épuisants : épuisants par ces montagnes russes émotionnelles quand on passe d'un numéro où du fond de son siège on se sent en total empathie avec l'artiste, on croiserait presque les doigts pour que le numéro tienne jusqu'au bout, on vibre et on craint, puis l'instant d’après on aimerait se terrer sous son siège tant le numéro proposé tourne à la débandade complète, le numéro s'étire, la confusion embrume les esprits, les applaudissements s'étiolent, la gêne s'installe. Épuisants aussi car intellectuellement c'est une sollicitation constante, chaque choix thématique, choix de mise en scène, de musique, d’accessoires, de chorégraphie, de texte suscitent une foule d'interrogation, d'idées, on imagine des alternatives, on reconnait un principe plus ou moins bien employé, on s'interroge sur un texte, peu importe qu'on adhère ou pas, c'est un bouillonnement de créativité qui vous lessive, qui parfois frise l’excellence, parfois sombre dans des approximations difficilement recevable côté public, mais qui toujours exige une concentration soutenue s'il on veut analyser à fond chaque numéro- et par analyser j'entends aller au-delà du "oulalala il a flashé" ou des conjectures quant à la méthode employée (après, le 3e jour des session de close-up et magie de scène, vendredi donc 5e jour de la FISM, on ne cachera pas que c'était visiblement et surtout bruyamment difficile pour beaucoup de suivre encore la compétition tant la fatigue était grande) . Admiration aussi pour ceux, tous ceux, qui s'y collent : que de mains qui tremblent, que de voix qui déraillent sous le coup de l'émotion, que de gestes techniques qui dérapent sous la pression, mais ils y sont allés quand même, dans l'espoir de créer un moment magique. Chapeau. L'aspect compétition, délégation des pays, avait été ici même discuté avant la FISM : très franchement ces questions une fois qu'on est dedans s’envolent instantanément, l'ambiance fabuleuse qui se crée autour de la compétition, le plaisir de voir les équipes soutenir avec un chauvinisme bon enfant leurs différents candidats vous emporte-on a souvent la standing ovation facile, mais qu'importe c'est le jeu. Au contraire même l'idée d'avoir des équipes qui soutiennent les artistes dans tous les domaines, créatifs, techniques, et pourquoi pas psychologique - la pression est telle- paraît assez évidemment la voie à poursuivre et amplifier. *** Et zut ... ce matin -après un retour dans la nuit homérique de quelque sept heures depuis TURIN pour PARIS- je me suis surpris à fredonner "Abracadabra"... arghhhhhh Lady GAGA sort de ce corps...
  9. Bonjour, Grosse déception : le Magic Wip c'est hélas fini ... https://www.lephalene.com/actualite-cie-lephalene/2025/4/30/newsletter-maijuinjuillet-2025 Thierry COLLET, maître d’œuvre de l'événement, se produira tout de même dans son propre spectacle en mai prochain, toujours à La Villette : https://www.lavillette.com/manifestations/le-phalene-thierry-collet/
  10. Bonjour, Le programme de la FISM 2025 est en ligne : https://www.fismitaly2025.com/wcm25-program/mobile/index.html
  11. Bonjour, Walter ROLFO à la tête de la FISM 2025 présente ici l’organisation de cet événement :
  12. Bonjour, Le spectacle "Stand Up Magic" de @Jean-Luc BERTRAND n'est hélas annoncé que jusqu'au 30 Avril les mercredis à la Contrescarpe à ce stade, souhaitons donc vu vos dates qu'il soit prolongé en mai. À ne surtout pas rater sinon, une vraie recherche d'une présentation engageante et rythmée loin de certains poncifs du mentalisme, un parti pris minimaliste en scène qui tient la route de bout en bout, un travail de la lumière et de la musique tout simple mais soigné et efficace, et disons de vraies "prises de risque" en magie avec une belle variété d'effets. On passe de très beaux moments où l'humour (respectueux, ça change) et l’autodérision sont présents, sans pour autant "cannibaliser" d'autres émotions, assez intenses- des spectateurs (dont je fus je l'avoue) ont été clairement très vivement émus par certains passages du spectacle. Ce qui est frappant c'est combien la salle , au fil des interactions constantes, fait peu à peu sensiblement "corps" (en tous les cas ce fut le cas ce soir-là) ; et rien que pour cela chapeau. L'habilité avec laquelle Jean-Luc BERTRAND fait de chaque participant un "personnage" à part-entière des petits "drames" qui se jouent est à observer comme une leçon de showmanship. Un bravo au passage aussi à Marco BERTRAND qui lance et ponctue le spectacle avec efficacité et humour. Anecdote : un moment délicieux hier soir quand à la question posée à trois spectatrices par Jean-Luc BERTRAND "Comment avez-vous entendu parler du spectacle ?" il y eut un immense éclat de rire car les trois bonnes copines en goguette, bien mises et permanentées de frais, ont fini par avouer entre deux hoquets de rire qu'elles s'étaient tout simplement...trompées de spectacle ! Et aussitôt de conclure, enthousiastes : "mais comme nous avons bien fait...nous passons une si excellente soirée !!!". Tout est dit.
  13. Bonjour, Absurde & auto-dérision, tenir une salle du Magic Castle avec si peu (un clin d’œil ici ou là à Ricky JAY et son melon) mais un sens de la pause et du rythme très sûr : Mot clé : Jonglerie
  14. Bonjour, Ai répertorié ici des vidéos montrant en action trois des pièces qui sont actuellement prêtées par Georges PROUST au Musée National de la Carte à Jouer : 1) La femme Zig-Zag, ici dans sa présentation originale par son créateur Robert Harbin : 2) L'illusion d'optique des écrous de Jerry ANDRUS : 3) Et enfin l'illusion des deux tonneaux dont Paul DANIELS donnait ici une présentation à la manière début XXe :
  15. Bonjour, La presse généraliste aborde ce sujet : https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/mon-mari-ma-dit-cest-la-magie-ou-moi-ces-magiciennes-qui-semancipent-et-reinventent-lart-de-la-magie-2171251
  16. Bonjour, Vu "Look Closer" également hier soir. Je n'avais jamais été frappé jusque là par la probable influence de Doug HENNING (cité dans le spectacle) sur Joshua JAY : quelque chose d'une candeur bienveillante, d'une sincérité malicieuse, d'un enthousiasme contagieux. Toutefois s'il y a une communauté de ton, les deux diffèrent sensiblement par l'implication personnelle et biographique qu'instille J.JAY dans ses scripts - là où D.HENNING incarnait un pur personnage, sorte de lutin, enfantin et hippie . On ne peut que saluer le mérite de J. JAY d'assurer le spectacle en anglais devant un parterre français : heureusement Joshua JAY a des notions de français, lesquelles lui ont permis d'ailleurs hier d'éviter habilement quelques écueils d'incompréhension chez les spectateurs invités à participer. Un bémol dans l'usage de la vidéo portée ceci dit : celle-ci aurait gagné (à mon sens) à être plutôt au milieu des travées pour toujours faire face à J. JAY en le filmant en plan "américain" disons, plutôt que de dos et en plan (trop) large (bien trop large même, et sous un angle défavorable disons - au risque de possiblement "trahir" certaines méthodes). Plus que la construction des tours eux-mêmes ici (celle du second tour, le tee-shirt, étant sans doute la plus intéressante à étudier) , c'est la mise en espace, les circulations du magicien, la gestion des accessoires qui, pour ma part toujours, m'ont poussé à la réflexion. Grand merci à @Thierry COLLET et son équipe pour l'organisation de ces Magic Wip : j'avais assisté à une soirée "homérique" de "L'Enfumeur" l'an passé, laquelle est restée un super souvenir grâce à la réactivité et la gentillesse, et de l'équipe d'organisation, et de @Luc APERS lui-même, professionnel jusqu'au bout, faisant preuve d'un flegme et d'une amabilité sans faille. Hâte donc de retrouver cette fois Laura LONDON le 7 Mars prochain au Magic Wip, puisqu'elle serait semble-t-il portée disparue...
  17. Bonjour, Un bref documentaire sur Fay PRESTO : J'en profite pour reposter ici deux autres entretiens déjà partagés il y a quelques années : Bonne journée, Dominique
  18. Bonsoir, Le mathématicien et magicien Persi DIACONIS sur comment mélanger un paquet de cartes : Et une conférence plus en longueur :
  19. "People should get up everyday and try to make somebody laugh for no reason." Cliff Gustafson Un petit court métrage amateur, comme en raffolent les américains pour célébrer un membre de la communauté, "I’m Here on Wednesdays" en mémoire du magicien Cliff Gustafson (décédé en 2016). Quelque chose de tout simple, prosaïque (?), le vieux magicien de Seatlle sanglé dans son smoking tiré à quatre épingles, souliers impeccablement cirés, s'en va de bars en bars, dans des conditions souvent pas idéales (pour dire le moins), parce qu'il faut bien vivre, à courir le pourboire, mais pas seulement, parce que donner un instant de rires aux autres c'est son job. Et en quelques plans de coupe bien sentis au domicile du couple Gustafson c'est toute une vie qui défile comme un intérieur à la Simenon. Pas un prodige technique sans doute, pas un comédien de première force non plus, mais une manière de générosité jusqu'à rendre "magiques" les dernières nuit sur Terre de proches malades https://robhanna.com/portfolio_page/im-here-on-wednesdays/
  20. "Les magiciens ne protègent par leurs secrets du public, ils protègent le public de leurs secrets." Jim STEINMEYER Alors qu'une production très "francisée" de la franchise "The Illusionists" arrive en février et mars à Paris aux Folies Bergères, voici un reportage d'une vingtaine de minutes (en anglais), très soigné, qui donne la parole à Mark KALIN (du duo Kalin et Jinger) directeur artistique de la (d'une des) version(s) américaine(s) de "The Illusionists", "Turn of the Century" . On y voit quelques documents d'archives amusants, mais aussi, et surtout, le très prolifique créateur et historien Jim STEINMEYER interviewé dans son studio de travail :
  21. Bonjour, À voir pour les fêtes en famille sur Culturebox jusqu'au 05 janvier le très joli spectacle de nouvelle magie pour enfants (?) "Déluge" de la compagnie "Sans gravité" où un cousin de Jacques TATI, mi clown, mi savant de fantaisie, fuit les réalités du monde grâce à ses folles inventions à la Rube Goldberg (on pourra aussi aller musarder du côté du film expérimental "culte" "Der Lauf der Dinge (extrait)" ou des objets introuvables de Jacques Carleman ) Qui dit magie nouvelle, dit qu'ici la narration prime, l'effet magique (1) rejoint le trucage théâtral pour se mettre au service de celle-ci, nous sommes tacitement invités à abandonner toute recherche du comment pour chérir la seule l'émotion ressentie (rire, étonnement, surprise...) : https://www.france.tv/spectacles-et-culture/theatre-et-danse/4382197-deluge.html Dominique (1) Le final où notre attachant héros en vient violemment aux prises avec un poste radio récalcitrant est même totalement dénué d'effet magique, mais conclut logiquement la narration.
  22. Bonjour, Pour le plaisir de revoir Ricky JAY et Juan TAMARIZ à l’œuvre avec deux variations sur un même thème : une spectatrice va jouer sa bonne fortune selon que des cartes aléatoirement tirées du jeu sont rouges ou noires. Dans le cas de Ricky JAY on voit comment un effet plutôt banal et dénué intrinsèquement de sens est placé dans un contexte correspondant idéalement à son personnage : celui du jeu de cartes et d'argent, discipline où le personnage de Ricky JAY est connu du public pour être un habile falsificateur (et le script a bien le soin de le rappeler dès l'entame de la routine - remarque au passage : c'est aussi là une motivation habile au tirage des cartes trois par trois, ou quand une marque d’honnêteté supposée n'en camoufle que mieux la méthode). La routine en deux phases (la 1re sur une idée de Dai VERNON enchaînée sur le classique OTW de CURRY, mais ici pour une fois bien contextualisé) construit une sorte de crescendo de l'excès : c'est par ce que la déveine de la spectatrice est à ce point systématique, que se construisent, et l'humour de la saynète, et l'habilité sous-jacente de Ricky JAY aux cartes. Là où un esprit de mentaliste aurait essaimé sans doute une ou deux réussites par-ci, par-là, question d'accroitre la crédibilité de l'aléa l'ensemble, c’est bien au contraire cet excès dans l'échec qui ici fait que le public à la fois : 1) infère que Ricky JAY "a bien dû faire quelque chose" ; sans mention explicite dans le script d'une quelconque tricherie de sa part, sans démonstration aucune d'habilité, ni fioriture quelconque surtout : voire même comment le magicien guide la spectatrice dans son mélange "basique" des cartes ; et le ton suave, et la rythmique impeccable de la présentation, catalysent encore plus ce sentiment du public que ce diable de Ricky JAY est définitivement expert en subterfuges et artifices. 2) éprouve de l'empathie pour l’infortunée spectatrice à la malchance décidément suspecte (d'autant que Ricky JAY a bien soin que de l’argent soit explicitement, visuellement, en jeu ce qui amplifie encore l'effet d'identification du public à la spectatrice, victime bien innocente d'un charmant tricheur). Parvenir à ce maximum de divertissement avec une présentation toute entière bâtie sur un bras de fer autour d'un jeu, avec qui-plus-est le parti-pris d'une défaite totale de la spectatrice n'est vraiment pas donné à tout le monde ! *** Amusant donc de comparer avec le même effet -sinon la même méthode- présenté cette fois par Juan TAMARIZ : mais ici voir comment tout au contraire le magicien est embarrassé, tout en empathie et compatissant avec là encore une infortune totale de sa spectatrice. Infortune dont le magicien dans la narration n'est cette fois nullement suspecté d'être responsable (bien entendu le public perçoit certainement que dans l'écriture cette malchance par trop systématique répond à une nécessité préméditée du récit qui se joue devant lui, mais le personnage de J.TAMARIZ est bien innocent dans ce récit). On ne peut qu’admirer toutes les petites touches de présentation qu'emploie J.TAMARIZ pour construire simultanément son personnage et aussi un crescendo dans la routine (et ce malgré la stricte répétition de l'effet : la spectatrice n’obtient que des cartes noires). Comme précédemment avec Ricky JAY, c'est à la fois la parfaite mise en adéquation au personnage du magicien de la routine (à l'effet intrinsèquement assez peu épatant), combinée à cet effet délibéré d'excès, qui en élèvent la qualité de divertissement. Et là où tant réduisent un effet de transformation de carte à un effet purement visuel/flash, pure fioriture dénuée de sens, voir ici comment l’ultime transformation est le parfait climax du récit : le magicien par son pouvoir apportant la bonne fortune à sa très malchanceuse spectatrice. Finalement on a là deux expressions totalement différentes autour d'un même effet, mais qui ont en commun d’être jouées par deux maîtres de la présentation d'un effet magique. Bonne journée, Dominique
  23. Dominique BODIN

    Fay PRESTO

    Bonjour, Figure emblématique de la magie outre manche, Fay PRESTO livre ici diverses réflexions tout à fait à son image : solides et pragmatiques: Bonne journée, Dominique
  24. Bonjour Un long portrait de Derek DelGaudio paru il y a tout juste un an dans le New-York Times (et qui n'a pas été répertorié ici sauf erreur de ma part): https://www.nytimes.com/2017/03/15/magazine/derek-delgaudio-the-magician-who-wants-to-break-magic.html Cordialement, Dominique
  25. Bonjour, Une critique assassine du show en question: https://www.lesinrocks.com/2018/03/09/medias/tele/qui-est-derren-brown-lhomme-derriere-push-la-tele-realite-derangeante-de-netflix-111056428/ Même s'il est assez clair que le journaliste n'a pas vraiment creusé au-delà des shows "polémiques" de D.BROWN, et qu'il méconnait clairement la perception du personnage par son public anglo-saxons d'origine, certaines questions méritent toutefois d'être posées. Cordialement, Dominique
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