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Curieux ce message contestataire qui disparait après quelques heures...

En même temps, pour un premier message, ça sentait la rancune.

  • 2 weeks plus tard...
Publié le (modifié)

Bon allez, je m'y colle pour un CR.

Avant de commencer je tiens à dire que je n'ai pas aimé du tout (sauf l'entrée et le final), donc ne vous attendez pas à lire un éloge...

Je ne suis pas fan de ce type de spectacle, donc avant d'acheter ma place je ne me faisais pas vraiment d'illusion (un ami m'a même déconseillé d'y aller tant le rapport qualité prix est mauvais), mais j'étais curieux... Etant donné le tapage qu'il y a eu autour d'Enzo, de cette "magie nouvelle", des créations, de l'équipe d'ingénieurs etc. Je me suis dit qu'il y avait probablement des nouveautés intéressantes à voir sur le plan technique.

J'étais placé au premier rang donc j'ai pu profiter de tout le spectacle et j'ai même tenu un néon à la fin.

Je passe sur la première partie et cette chanteuse qui donne effectivement envie de s'ouvrir les veines dans le sens de la longueur...

Le discours du spectacle.

On va nous raconter "la vie d'Enzo"... Bon je veux bien m'enfin, il a 24 ans hein... Mais surtout, ce ton, très à l'américaine (mais qu'on retrouve dans les émissions de tv réalité), "Ouais il a cru en ses rêves et il a réussi à les réaliser et ça c'est trop bien, on est trop fier de lui"... Tant mieux, on est content pour lui mais... A aucun moment le spectateur que j'étais n'a été embarqué dans cette histoire... Ca tourne presque au délire égocentrique... Je ne jette pas la pierre à Enzo, parait que c'est M6 qui a écrit "l'histoire".

Le jeune magicien commence donc à nous raconter sa vie et là c'est la catastrophe sur la forme comme sur le fond.

Commençons par la forme... Personne ne lui a expliqué que lorsqu'on est sur scène, c'est du théâtre ? Qu'un texte ça s'écrit et ça se travaille ? J'ai trouvé qu'il avait de grosses lacunes de ce côté : présence et discours. Même sa façon de se tenir sur scène n'est pas bonne, ça faisait vraiment amateur... (On va me dire que "oui mais c'est pour faire djeun's"... Heu non, désolé ça ne passe pas).

Sur le fond, quand on écoute ce qu'il raconte, on comprend que "La magie n'existe pas", pour lui comme pour tellement de magiciens contemporains. Il nous explique donc que lorsqu'il était plus jeune, il n'avait pas assez d'argent pour "acheter des illusions" (comprenez "acheter du matériel de grandes illusions)... Donc ça s'achète ?

Et ensuite quand il a grandi un peu et qu'il a vu que ses parents étaient "bien énervés" par ses tours, il s'est dit qu'il était sur la bonne voie... La magie c'est donc des trucs qu'on achète pour énerver les autres... Dommage, et "un peu" réducteur.

C'est le problème aujourd'hui : on veut "faire de la magie", sans savoir ce que c'est. Il serait plus correct de dire qu'on veut "faire des trucs". Transformer ces trucs en magie, ça c'est le vrai travail d'artiste.

Je n'aime pas du tout, mais alors pas du tout !, le look d'Enzo et de son équipe... On va encore me dire que c'est pour faire djeun's... Non ! C'est le look de Darcy Oake, repiqué aux magiciens "de rue" qui ont été médiatisés ces dernières années, bref, c'est le look de ceux qui n'en ont pas. Moi quand le magicien est habillé de la même façon, voire plus mal, que les techniciens, ça m'énerve... Moi je m'habille quand je sors, quand je vais en boîte ou au théâtre, par respect pour ceux qui sont sur scène et j'en attends de même... Si encore ce look collait avec un personnage de bad boy, mais ça n'est pas le cas, Enzo est un gentil garçon (c'est du moins ce qu'il nous raconte !).

D'une manière générale, les effets sont quand même au point, je n'ai pas vu un seul raté, contrairement à ce à quoi nous a habitué Dany Lari. C'est propre mais on tombe quand même souvent dans une facilité presque grossière : grands coups de projo dans la tronche du public pour masquer ce qu'il se passe, c'est à la limite du foutage de gueule, ça manque de finesse et de subtilité.

Les tours :

L'apparition d'Enzo, ou plutôt son vieillissement accéléré

(Oserai-je le dire, en fait j'ai acheté une place pour voir cet effet)

Je pensais qu'il s'agissait d'une technique nouvelle, mais non, il s'agit d'un fantôme à la Robert (genre de pepper's ghost). J'ai beaucoup aimé cet effet même si on a vu quelques reflets sur la vitre. Je pense que ça dépend de l'endroit où l'on regarde, mon voisin ne les a pas vus par exemple... Par contre il n'a pas saisi qu'il s'était passé quelque chose tant la transition entre le petit Enzo et le Enzo d'aujourd'hui est "faible". Il faudrait un Enzo encore plus petit au début pour qu'on le voit bien grandir. C'est vraiment une belle illusion : sans boîte, sans gros matériel visible, de la pureté, très chouette. Mais ensuite...

La chaise !

Si mes souvenir sont bons, cette illusion a été présentée par son créateur pour la première fois à Paris en 1886... Donc pour le côté "magie nouvelle", on repassera...

Une chaise énorme, tellement énorme qu'on pourrait tout simplement se cacher derrière le dossier (d'ailleurs...), bref, une chaise qui ressemble à tout sauf à une chaise, comme toutes les chaises que l'on voit aujourd'hui. Hé bien sûr, montée sur une plateforme car il n'est plus question d'utiliser des trappes... Bref encore une fois les magiciens (pas seulement Enzo) ont réussi à foutre en l'air tout ce qui rendait ce truc "magique" à la fin du XIXe siècle, pour n'en garder que le "truc". La plus belle version "récente" que j'ai vue, était celle de Dani Lary dans son numéro sur Blanche-Neige, une merveille.

Bref, Enzo nous fait 2 fois la chaise, 2 versions différentes. A chaque fois on se prend les phares en pleine gueule pendant qu'il s'assied à l'endroit de la scène où il doit reparaître... La première fois on se dit que c'était peut-être pas fait exprès, la seconde fois ça énerve. Il réapparait en disant "Des questions ?!"... Ca doit être de l'humour... Ca m'a fait exactement la même impression que s'il avait dit "ça va les cons ?!"... Il aurait pu choisir de réapparaître avec un cigare et une coupe de champagne à la main mais non... Il arrive en buvant au goulot (!) d'une bouteille en plastique...

Pour le reste, je ne me souviens pas de tout dans les détails.

Une femme coupée en deux verticalement. Je n'avais jamais vu ça mais le truquage est tellement gros que les gens ont eu du mal à applaudir.

L'évasion du coffre-fort. Bien exécuté mais mauvais : la boîte ne ressemble pas à un vrai coffre fort... Quant au chariot, il faudrait lui trouver une autre utilité que celle de contenir 3 petits bâtons d'explosif, sinon c'est un peu gros, disons que son emploi n'est pas absolument pas justifié, d'un point de vue scénique.

Une jolie lévitation d'une spectatrice. Bel effet, bien exécuté mais... les mouvement avec la veste ne sont pas naturels, on sent "qu'il doit y avoir quelque chose". Et ce qui m'a attristé le plus : c'est de voir toute la mise en place par les techniciens, on voit même le câble électrique ! Pour ceux qui n'avaient aucune idée sur la méthode, voilà une bonne ficelle...

Ensuite il y a eu quelques autres boîtes... Ces effets m'impressionnent rarement.

Passons au final... Le fameux Voyage dans le temps ! (dont on nous dit depuis le début que c'est son rêve de gosse...)

Là il y a un peu de mise en scène dramatique : on fait reculer les cardiaques, les sourds et les femmes enceintes, et on nous présente les 3 plus grosses bobines Tesla d'Europe.

La machine est mise en fonctionnement, il y a des éclairs partout, c'est impressionnant et ça "sent" l'électricité statique, un peu comme pendant un orage.

Je n'entre pas trop dans les détails. Enzo enfile sa combinaison et se place au centre de la machine, où il attire toutes les décharges électriques : impressionnant.

Et puis soudainement 2 gugusses arrivent avec des extincteurs, font un écran de fumée derrière lequel Enzo a largement le temps de sauter derrière la plateforme... Et là on se dit... Tout ça pour ça ?! Grosse déception, cette disparition n'a rien d'impressionnant.

Et puis comme l'effet est mal monté/pensé, ce qui nous est vendu comme un voyage dans le t temps s'avère être un voyage dans l'espace... Bref une usine à gaz, un "voyage dans le temps", un truc extraordinaire pour... prédire les objets donnés par des spectateurs... No comment.

C'est beaucoup plus impressionnant quand on regarde Le Prestige

Plus proche de nous encore, l'excellente pièce Le Cercle des Illusionnistes, donne une réflexion bien plus poussée et bien plus magique sur la nature du temps... Le théâtre, encore et toujours...

En final final, Enzo monte sur un petit praticable (genre Spider), lève un drap devant lui et lorsqu'il retombe, le Petit Enzo a pris sa place... Ca c'est un véritable voyage dans le temps. Tout simple, très clean, très beau... Encore une fois, avec peu de moyen... On pourrait même imaginer encore moins de moyen si on pouvait utiliser des trappes... C'est un effet comme celui que réalise souvent Luc Langevin.

C'est, avec le vieillissement du début, l'effet qui m'a le plus plu. Parce qu'il n'est pas annoncé, parce qu'il y a une part de mystère et de poésie, bref, un peu de magie.

Voilà. Maintenant tout ce que je souhaite à Enzo c'est de rencontrer les bonnes personnes, celles qui le feront avancer dans la bonne direction. Il est jeune (très jeune !), la route est longue... Il a clairement une tronche à avoir du succès, reste à voir comment il va mener sa petite barque... ;)

On m'a dit que M6 contrôlait tout et que lui malheureusement, contrôle beaucoup moins depuis que M6 est aux manettes...

Modifié par Invité
Publié le (modifié)

David Copperfield - The Blade - YouTube

Vidéo pour "David Copperfield - The Blade David Copperfield has invented a brand new way to cut someone in half. Enjoy. Song: Seal - Killer youtube.com"

▶ 4:38

[video:youtube]

Modifié par Thomas
Publié le

Merci Gambit!

J'ai vu le spectacle mercredi soir et ton cr reflète très bien mon avis...

Et comment peut on avoir une première partie aussi faible...

"chacun de nous est magique, combien le réalisent et combien partent trop vite..."

Publié le

Gambit je n'ai pas vu le spectacle mais tes réflexions me semblent refléter ce que j'aurai pensé de celui-ci.

Sans doute faut-il lui laisser encore quelques années de travail.

Merci du tien pour ce CR.

Si Dieu existe j'espère qu'il a une bonne excuse.

Woody Allen

Publié le

Oui c'est ça !

C'est ce côté, moi je sais et je vous b.... quand je veux qui ne passe pas dans ma conception de la magie. La prestation est agréable, la chaise un peu mastoc mais le texte vraiment lourdingue.

Si Dieu existe j'espère qu'il a une bonne excuse.

Woody Allen

Publié le

J'ai eu la même réaction que toi Petibonhomme ! Mais je me suis abstenu de répondre parce que j'ai cru que c'était un message troll ;)

Publié le (modifié)
Moi, c'est pareil pour les bouquins ou les films que je ne lis pas et ne vais pas voir : je suis d'accord avec les critiques et les comptes rendus que je peux lire parce qu'ils disent exactement ce que j'aurais pensé si j'avais lu et vu les livres et films en question... Oh !

j'ai failli écrire la même chose :) assez drôle non ?, au moins ça fait faire des économies

Modifié par Danilsen

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    • Derniers souvenirs partagés ici de cette FISM 2025 avec le 1er prix de micro-magie et Grand Prix FISM de Close-Up. *** Et puis le mercredi 16 IBUKI paru en scène, plia son foulard et avec lui la compétition de micro-magie. Ce n’était que la première session sur les trois de la compétition mais il n’y avait guère de doute qu’IBUKI serait au palmarès. La rumeur se répand rapidement comme souvent dans ce type d’événement. Le soir même coincé dans un bus avec la délégation russe qui avait loupé le passage du japonais les voilà qui m’assaillent de questions sur son numéro, car leur propre candidat, Vova, va devoir en découdre avec le magicien japonais. *** Description pour qui veut : IBUKI apparaît debout derrière sa table : sur celle-ci un tapis de close-up relevé à 45° vers le public et où se déroulera l’essentiel de la routine. Mais pas son introduction. Le magicien japonais sanglé dans une large veste de costume (couleur entre pêche et crème, mais pas noir, surtout pas noir), fermée sur le devant par quatre gros boutons, commence par poser alternativement ses mains sur des paires de boutons qui se téléportent magiquement jusqu’à se regrouper tous les quatre dans le coin supérieur gauche (vue du public) de son pan de veste.   Cousus là, tous les quatre.   Restés jusque-là bouche cousue, les premiers glapissements de surprise des spectateurs se font entendre dans la salle. Ce n’est que le début. *** Sur cette introduction : Les trois premiers effets de téléportation se produisent dans un plan vertical, sur la veste même d’IBUKI : il s’assure ainsi de l’excellente visibilité de cet effet de Matrix, effet redoublé d’une impossibilité matérielle : non seulement les boutons voyagent magiquement, mais avec eux leurs coutures aussi (sur cette impossibilité matérielle qui redouble le seul effet de téléportation, on pense par exemple à la Matrix avec des clous plantés dans une planche de Michael WEBER). Le contraste entre la couleur très claire du tissu et les boutons sombres participe de cette parfaite visibilité de l’effet - en plus d’éliminer certaines explications potentielles au tour. Et comme le montrera le reste de sa routine la visibilité des effets a été clairement un des problèmes qu’a eu à résoudre IBUKI.    IBUKI aurait pu faire le choix inverse : démarrer par les boutons regroupés puis les remettre magiquement à leur bonne place ; cela aurait fait sens si la routine avait été contextualisée : IBUKI aurait alors « réparé » magiquement la malfaçon initiale de sa veste. Mais ici pas de contexte, IBUKI préfère nous laisser sur l’image incongrue de cette veste aux boutons drôlement regroupés (d’ailleurs on a pu croiser dans les allées de la FISM IBUKI tout au long de ces six jours avec sa veste et ses drôles de boutons, conscient de cette image emblématique, cette image signature). En plus, en terminant avec les boutons regroupés là où ils ne servent plus à rien, quoi de plus naturel que de les découdre avec un petit ciseau de couturière.   La spectatrice (sans introduction formelle) assise à droite de la table se voit tendre les ciseaux et découd elle-même le 4e et dernier bouton (cette spectatrice jouera un rôle clef dans la suite de la mise en scène).    Enfin cette introduction instaure aussi l’émotion magique du reste de la routine : à savoir la surprise. « Les boutons ont voyagé...mais attendez un peu, surprise, ils sont bel et bien cousus ». D’ailleurs la première surprise de la suite du numéro sera que le « pouvoir » d’IBUKI ne va pas être tant la téléportation que de coudre entre eux magiquement et à volonté toutes sortes d’objets. *** Fin de l’introduction. Un foulard quadrillé est déplié sur le tapis incliné, les quatre boutons tout juste défaits de la veste sont chacun posés à un des quatre angles et à partir de là, et bien disons que plus rien ne va se passer comme prévu. Plutôt que de déflorer la suite de la routine deux remarques.  La visibilité : IBUKI a donc un problème : il va magiquement coudre entre eux des objets préalablement montrés « libres » les uns des autres…mais voilà : des coutures c’est bien peu visible de loin. La mise en scène de la routine pallie cette difficulté majeure de plusieurs façons : o   Quand il le peut IBUKI profite du contraste bien visible de loin du fil de couture blanc magiquement apparu sur certains objets noirs en montrant bien ceux-ci...sous toutes les coutures, avant et arrière. o   IBUKI va à plusieurs reprises basculer ses accessoires du plan incliné du tapis de close-up vers le plan vertical du début. Cela rend palpable les coutures même aux spectateurs les plus éloignés qui font physiquement l’expérience qu’en dépit de la gravité des objets restent désormais inexplicablement fixés, car cousus entre eux. o   À l’appui du mot « cousu » qu’il vient de prononcer, IBUKI mime (et ce mime a une autre raison d’être - voir ci-dessous, les mots) par de larges gestes de sa main droite, en vagues montantes et descendantes, l’acte même de l’aiguille qui coud, communiquant là encore pratiquement physiquement à tous les spectateurs l’expérience du fil qui transperce les objets pour les unir – ce qui renforce encore au passage la totale impossibilité de son effet magique. o   La spectatrice est elle aussi mise à contribution comme témoin-relais de l’ensemble du public : invitée à toucher les coutures, à découdre, à manipuler les boutons libres l’instant d’avant puis soudainement cousus sous sa propre paume ; jusqu’au tout dernier geste d’IBUKI envers cette spectatrice, geste qu’on ne révélera pas ici, mais qui a fait fondre les derniers neurones des spectateurs et du jury.            Obtenir une standing ovation de quelque 2200 spectateurs dans une salle dont il a été suffisamment dit qu’avec son sol plat elle offrait une piètre visibilité, et ce avec quatre boutons et un foulard, prouve combien cette mise en scène est efficace.  Les mots. Pas de dramatisation de l’effet via un contexte, pas de personnage autre d’IBUKI lui-même, un côté gendre idéal un rien timide engoncé dans son costume, posé au début, puis qui s’anime de plus en plus au gré du crescendo des effets. Le texte : réduit au possible ; en fait il va tout entier tourner autour d’un calembour assez sot (si j’ose dire) : les différentes acceptions en anglais du son [soʊ], de « tellement » (so), à « coudre » (saw), en passant par « vu » (saw). Mais ce jeu de mots à première vue bêta contribue à la montée en émotion de toute la routine. Et on l’a dit l’émotion visée est la surprise, aussi chaque séquence se déroule selon : o   Exposition de la situation initiale : les objets sont clairement séparés. o   La magie se produit en douce, sans incantation, ni geste magique. o   IBUKI prononce le son [soʊ] et on découvre stupéfait que l’effet n’est pas nécessairement celui attendu (une téléportation), mais qu’une nouvelle couture est apparue, et jamais là où on l’aurait imaginée. Le son [soʊ] n’a pas la valeur d’un abracadabra (car quand il est prononcé la magie est déjà advenue), mais il en conserve la valeur rythmique de leitmotiv en marquant le début de la phase de révélation de l’état final : dès qu’IBUKI se montre ravi que quelque chose de « so impossible » s’est produit (mime à l’appui de la couture pour souligner le piètre calembour so/saw) on frémit : on n’a rien vu et pourtant une nouvelle couture a surgi là où on ne l’attendait pas. La tension entre la naïveté assumée du jeu de mot qui nous nargue d’une part, et notre totale incompréhension du « truc » d’autre part, décuple alors l’émotion magique ressentie. *** Un dernier détail. Deux fois j’ai vu IBUKI (en compétition et dans le gala des gagnants) et deux fois à un certain moment de la routine alors qu’il se saisit du bouton le plus près de lui à sa gauche, le foulard amidonné reste malencontreusement (?) dressé à la verticale. Notre « taureau de la raison » (TAMARIZ) se rue sur ce pli accidentel : IBUKI ne profite-t-il pas d’un pli pas si fortuit pour y dissimuler un bouton resté en place et dont il n’a que simulé la prise ? L’instant suivant remarquant le désordre de son foulard IBUKI le saisit par deux coins, le claque pour le redéposer bien à plat sur le tapis…et anéantir au passage notre hypothèse : aucun bouton où nous le soupçonnions. L’art de la fausse piste, du red herring, est un art du tact : trop subtil, le leurre n’est même pas remarqué ; grossier, le spectateur flaire l’intention délibérée du magicien de l’égarer et se rebiffe. J’ignore si ce pli, bien vertical, bien visible était ou non une maladresse par deux fois réellement malencontreuse (improbable à ce niveau de compétition, d’autant que la chorégraphie d’IBUKI est impeccable partout ailleurs), j’ignore si ce minuscule « incident » du pi de trop a donc quoi que ce soit de réfléchi, d’intentionnel (voir même de nécessaire à la méthode), mais si tel est le cas, comme je le soupçonne, faire d’un faux pli un vrai contrôle de notre attention aura suffi à me ravir.    
    • Bonjour, Un peu plus haut en évoquant combien l''humanité" du personnage de Mortenn CHRISTIANSEN participe de la construction de son numéro, la citation de Derren BROWN que j'avais en tête est extraite de "Notes from a Fellow Traveller", page 416 :  
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