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[Réflexion] La véritable magie ?


Yves MARTIN (HREJ)

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Et dans ton post tu joues sur l'ambivalence du mot "magie".

La magie du souvenir peut être remémoré sans passer par l'illusionnisme.

On peut s’arrêter sur un tableau qui nous rappel un paysage de notre enfance, une odeur, un lieu où on a fait les 400 coups, etc.

...

Je ne peux que rejoindre cette analyse :

L’illusionnisme, comme les autres spectacles ou arts, peut se servir des ressors émotionnels.

En magie contée, ou en conte pur, c’est même une évidence.

L’exemple de la boite de magie est un bon exemple :

Elle va faire remonter des souvenirs dans l’esprit des magiciens du forum.

Mais il faut bien sûr se rappeler la cible :

Tout le monde, dans un public normal, n’a pas la même nostalgie de sa première boite de magie :

Au contraire, certains vont en garder un souvenir cuisant, quand ils ont essayés de faire les tours, et n’ont convaincu personne, ou d’autres n’auront tout simplement jamais eut une telle boite, ou l’auront mis au placard dès l’ouverture ou presque, sans y attacher d’affect particulier.

Mais il était bon d’aborder cette boite, émouvante pour nous, pour se rappeler que l’émotion est un bon moteur.

On peut quand même généraliser les thèmes, pour les rendre plus accessibles :

-L’enfance, ok, valeur sûre.

-L’amour

-L’ambition

-La peur

-La mort

-La maladie

-La faim

Etc.

Et les incontournables « sexe » et « violence », qui sont toujours d’actualité.

On remarquera qu’il n’est pas si évident que cela de classer les thèmes heureux de ceux évoquant le mal-être ou la douleur :

Certains ont pu avoir des souvenirs d’enfance pénibles, d’autre se rappeler juste une vie bisounours…

On peut donc jouer sur la surprise, en donnant une image douloureuse à un thème à priori attractif, ou l’inverse.

Mais l’enfance, par exemple, peut toujours être rattaché aux « premières fois », et donc à l’émotion particulière des premières expériences.

Tiens, rien à voir, mais voilà le texte d’un petit conte (sans magie…) que j’utilise quand je veux parler d’enfance…

Souvenir d’enfance

Les conteurs, quand ils ne font pas dans le traditionnel, le fantastique, ou les contes de sagesse, ben ils vous racontent souvent leurs souvenirs d’enfance : c’est bon pour le spectacle, ça joue sur l’émotion, tout le monde s’y retrouve, ça marche bien.

Moi, mon enfance, c’était une enfance tranquille, une enfance sans histoire…

Du coup, il n’y a pas grand-chose à raconter.

Mon enfance, c’était à Dijon.

Au 13 rue de Colmar, un immeuble bourgeois.

4 étages.

Enfin, 5, si on compte les chambres de bonnes, sous les toits.

Bon, des bonnes, il n’y en avait déjà plus, de mon temps…

Mais il restait un couple de concierge :

Mes parents.

Ma mère lavait les escaliers, elle montait le courrier aux personne âgées, elle entretenait la cour, nettoyait le garage à vélo.

Le garage à vélo :

Remplis de superbes vélos, ceux des propriétaires… mais le seul que j’ai vu faire du vélo, dans l’immeuble, c’est mon père.

Il partait le matin à vélo, pour l’usine où il travaillait.

Mais avant de partir, il allait au sous-sol, pour remplir la grande chaudière à charbon du chauffage centrale.

Une chaudière immense, plus grande que mon père, avec une porte en fonte, énorme. A côté, un tas de charbon… et il pelletait….

Ça faisait partie du travail des concierges.

Et le soir, quand il revenait, il remplissait à nouveau la chaudière, pour la nuit.

Et l’hiver, quand il faisait froid, oui, il fait très froid, l’hiver, à Dijon… il revenait aussi le midi, pour remettre du charbon, pour pas que ma mère n’ait à le faire, car elle avait mal au dos.

O, moi aussi, quand j’ai été assez grand, j’ai rempli la chaudière… pas pour travailler, non, mais c’était amusant de voir les flammes se tortiller sous le charbon qu’on lançait…

Voilà…

Moi, mon enfance, c’était une enfance tranquille, une enfance sans histoire…

A, si :

Un jour, je suis tout seul dans la loge des concierges, on sonne :

« Dit moi, mon p’tit gars, tu sais s’i y a des chminées à nettoyer, des chminées à ramoner, ici ? Je passe dans l’quartier pour ça… »

-Ben, je ne sais pas…

« Tu ne sais pas ? Ben t’est un pov gars, alors ? Tu sais pas grand-chose. T’es pas ben fin, toi, hein ? »

-C’est-à-dire que dans la loge, ici, on n’a pas de cheminée… Mais chez les propriétaires, je ne sais pas…

Enfin, si, il y a bien…la cheminée de la grosse chaudière ?

Moi, je ne peux pas vous dire de la ramoner, mais je peux vous la montrer, et vous direz à mes parents s’il faut faire quelque chose ?

« D’accord, montre-moi, mais attention : en me montrant, va pas te perdre dans l’escalier, hein ? Se perdre dans son immeuble, ça serait bien ton genre, un gars pas futé comme toi, hein ? »

Je prends la clef, la clef de la chaufferie, toujours pendue au clou, à côté de la porte.

Je l’emmène au sous-sol.

J’ouvre la porte du local de la chaudière, qui est toujours fermée à clef.

Il entre, s’approche de la chaudière, il ouvre la grande porte, se penche dessus : à l’intérieur, on ne voie rien que des flammes.

Moi, derrière, j’entre aussi.

Je referme la porte.

A clef.

Je n’aime pas trop qu’on se moque de moi.

Alors sans faire de bruit, j’attrape la grande pelle à charbon, je la brandi, et avec…

Avec… J’ai contribué au chauffage de l’immeuble.

Moi, mon enfance, c’était une enfance tranquille, une enfance sans histoires,

Mais une enfance…bien chauffée.

Gilbus

Modifié par Gilbus

Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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Et dans ton post tu joues sur l'ambivalence du mot "magie".

La magie du souvenir peut être remémoré sans passer par l'illusionnisme.

On peut s’arrêter sur un tableau qui nous rappel un paysage de notre enfance, une odeur, un lieu où on a fait les 400 coups, etc.

...

Je ne peux que rejoindre cette analyse :

L’illusionnisme, comme les autres spectacles ou arts, peut se servir des ressors émotionnels.

En magie contée, ou en conte pur, c’est même une évidence.

L’exemple de la boite de magie est un bon exemple :

Elle va faire remonter des souvenirs dans l’esprit des magiciens du forum.

Mais il faut bien sûr se rappeler la cible :

Tout le monde, dans un public normal, n’a pas la même nostalgie de sa première boite de magie :

Au contraire, certains vont en garder un souvenir cuisant, quand ils ont essayés de faire les tours, et n’ont convaincu personne, ou d’autres n’auront tout simplement jamais eut une telle boite, ou l’auront mis au placard dès l’ouverture ou presque, sans y attacher d’affect particulier.

Mais il était bon d’aborder cette boite, émouvante pour nous, pour se rappeler que l’émotion est un bon moteur.

On peut quand même généraliser les thèmes, pour les rendre plus accessibles :

-L’enfance, ok, valeur sûre.

-L’amour

-L’ambition

-La peur

-La mort

-La maladie

-La faim

Etc.

Et les incontournables « sexe » et « violence », qui sont toujours d’actualité.

On remarquera qu’il n’est pas si évident que cela de classer les thèmes heureux de ceux évoquant le mal-être ou la douleur :

Certains ont pu avoir des souvenirs d’enfance pénibles, d’autre se rappeler juste une vie bisounours…

On peut donc jouer sur la surprise, en donnant une image douloureuse à un thème à priori attractif, ou l’inverse.

Mais l’enfance, par exemple, peut toujours être rattaché aux « premières fois », et donc à l’émotion particulière des premières expériences.

Tiens, rien à voir, mais voilà le texte d’un petit conte (sans magie…) que j’utilise quand je veux parler d’enfance…

Souvenir d’enfance

Les conteurs, quand ils ne font pas dans le traditionnel, le fantastique, ou les contes de sagesse, ben ils vous racontent souvent leurs souvenirs d’enfance : c’est bon pour le spectacle, ça joue sur l’émotion, tout le monde s’y retrouve, ça marche bien.

Moi, mon enfance, c’était une enfance tranquille, une enfance sans histoire…

Du coup, il n’y a pas grand-chose à raconter.

Mon enfance, c’était à Dijon.

Au 13 rue de Colmar, un immeuble bourgeois.

4 étages.

Enfin, 5, si on compte les chambres de bonnes, sous les toits.

Bon, des bonnes, il n’y en avait déjà plus, de mon temps…

Mais il restait un couple de concierge :

Mes parents.

Ma mère lavait les escaliers, elle montait le courrier aux personne âgées, elle entretenait la cour, nettoyait le garage à vélo.

Le garage à vélo :

Remplis de superbes vélos, ceux des propriétaires… mais le seul que j’ai vu faire du vélo, dans l’immeuble, c’est mon père.

Il partait le matin à vélo, pour l’usine où il travaillait.

Mais avant de partir, il allait au sous-sol, pour remplir la grande chaudière à charbon du chauffage centrale.

Une chaudière immense, plus grande que mon père, avec une porte en fonte, énorme. A côté, un tas de charbon… et il pelletait….

Ça faisait partie du travail des concierges.

Et le soir, quand il revenait, il remplissait à nouveau la chaudière, pour la nuit.

Et l’hiver, quand il faisait froid, oui, il fait très froid, l’hiver, à Dijon… il revenait aussi le midi, pour remettre du charbon, pour pas que ma mère n’ait à le faire, car elle avait mal au dos.

O, moi aussi, quand j’ai été assez grand, j’ai rempli la chaudière… pas pour travailler, non, mais c’était amusant de voir les flammes se tortiller sous le charbon qu’on lançait…

Voilà…

Moi, mon enfance, c’était une enfance tranquille, une enfance sans histoire…

A, si :

Un jour, je suis tout seul dans la loge des concierges, on sonne :

« Dit moi, mon p’tit gars, tu sais s’i y a des chminées à nettoyer, des chminées à ramoner, ici ? Je passe dans l’quartier pour ça… »

-Ben, je ne sais pas…

« Tu ne sais pas ? Ben t’est un pov gars, alors ? Tu sais pas grand-chose. T’es pas ben fin, toi, hein ? »

-C’est-à-dire que dans la loge, ici, on n’a pas de cheminée… Mais chez les propriétaires, je ne sais pas…

Enfin, si, il y a bien…la cheminée de la grosse chaudière ?

Moi, je ne peux pas vous dire de la ramoner, mais je peux vous la montrer, et vous direz à mes parents s’il faut faire quelque chose ?

« D’accord, montre-moi, mais attention : en me montrant, va pas te perdre dans l’escalier, hein ? Se perdre dans son immeuble, ça serait bien ton genre, un gars pas futé comme toi, hein ? »

Je prends la clef, la clef de la chaufferie, toujours pendue au clou, à côté de la porte.

Je l’emmène au sous-sol.

J’ouvre la porte du local de la chaudière, qui est toujours fermée à clef.

Il entre, s’approche de la chaudière, il ouvre la grande porte, se penche dessus : à l’intérieur, on ne voie rien que des flammes.

Moi, derrière, j’entre aussi.

Je referme la porte.

A clef.

Je n’aime pas trop qu’on se moque de moi.

Alors sans faire de bruit, j’attrape la grande pelle à charbon, je la brandi, et avec…

Avec… J’ai contribué au chauffage de l’immeuble.

Moi, mon enfance, c’était une enfance tranquille, une enfance sans histoires,

Mais une enfance…bien chauffée.

Gilbus

Modifié par Gilbus

Quand le magicien montre la lune avec son doigt, le public regarde le doigt...

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Mon oncle Raoul était ramoneur à Dijon... J'm souviens que c'était un personnage avec son franc parler, et qui aimait bien vanner les gens de rencontre....

Nous l'aimions beaucoup, et il racontait volontiers aux enfants que nous étions des histoires terrifiantes... Son héros favori était ...Landru !!!

Mais un jour il a disparu, corps et âme, sans laisser de traces, et depuis lors sa veuve et mes cousins ne cessent de le rechercher, ne pouvant se résigner à envisager sa mort... Il est en quelque sorte parti...en fumée !!!

Cher Gilbus, t'aurais pas des infos plus précises sur l'"incident" que tu nous narres ?

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Mon oncle Raoul était ramoneur à Dijon... J'm souviens que c'était un personnage avec son franc parler, et qui aimait bien vanner les gens de rencontre....

Nous l'aimions beaucoup, et il racontait volontiers aux enfants que nous étions des histoires terrifiantes... Son héros favori était ...Landru !!!

Mais un jour il a disparu, corps et âme, sans laisser de traces, et depuis lors sa veuve et mes cousins ne cessent de le rechercher, ne pouvant se résigner à envisager sa mort... Il est en quelque sorte parti...en fumée !!!

Cher Gilbus, t'aurais pas des infos plus précises sur l'"incident" que tu nous narres ?

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