Pourquoi ne pas lui faire une réponse en vidéo, argument contre argument ?
J'ai lu un commentaire sur sa vidéo sur youtube qui mérite une attention particulière : "NON, si tu comprends un gimmick tu ne peux pas le reproduire, car certains tours sont déposés !"
Il s'agit là d'une erreur particulièrement courante sur la compréhension du brevet dont certains s'imaginent qu'il constitue une protection du secret. C'est en réalité tout l'inverse, les brevets ont été créés pour inciter les créateurs à divulguer leurs secrets avant la mort de leur auteur dans un contexte de crainte de disparition des procédés industriels. Le contrat est le suivant : divulguez votre secret de fabrication et en contrepartie l'État vous octroie un droit exclusif d'exploitation commerciale. Ce contrat est à la fois limité territorialement aux États où le brevet est souscrit et il est aussi limité dans le temps avant de tomber dans le domaine public.
Il n'existe aucun mécanisme de protection du secret contre sa divulgation, ce serait contraire au principe de libre circulation des connaissances sans lequel nos sociétés ne sauraient prospérer dans leur diversité scientifique et industrielle. Ne prospèrent que les connaissances écrites, c'est ainsi que les langues orales auront totalement disparues de la surface de la terre avant la fin du siècle. La magie ne saurait faire exception à ce principe, pour que l'art magique subsiste aux générations futures il doit être transmis et diffusé sur les supports de communication utilisés par les nouvelles générations, youtube en fait naturellement partie.
On pourrait imaginer que le secret pourrait être protégé par le droit d'auteur s'il existe un support descriptif du secret, mais la divulgation du secret ne saurait être assimilée à de la contrefaçon si elle est diffusée à travers une explication nouvelle. Par exemple, si je fais une vidéo décrivant le principe d'un nouveau flap dont je suis l'inventeur, je pourrais m'opposer à la diffusion de cette vidéo mais pas à la diffusion d'une vidéo d'analyse de ce flap qui en révèlerait à sa manière le secret de fabrication. Une fois ces fondamentaux bien compris, on comprend encore mieux pourquoi le débinage ne constitue ni ne constituera jamais un délit.
En plus de se heurter au principe de diffusion des connaissances, l'interdiction de révéler un secret se heurterait à un droit constitutionnel encore plus défendu que jamais : la liberté d'expression. Si certains magiciens se sentent offensés par les débinages, je réponds que la liberté d'affirmer librement ses pensées est plus précieuse que les idées qui pourraient en souffrir. Et quand bien même il en résulterait un préjudice financier pour les magiciens (ce qui reste à démontrer) , par nos actions nous contribuons tous au préjudice de nos concurrents de la même façon que le marchand de biscotte porte un préjudice au boulanger.