la Blague de Vanderdeken
Au début des années 1990, j’eus l’occasion d’acheter quelques pièces de monnaie anciennes chez mon numismate préféré, près de la Bourse à Bruxelles. Rien que l’idée d’acheter des pièces près de la Bourse m’amuse. Bon.
Ce jour-là, le marchand venait d’acquérir divers Thalers et pièces de Huit Réales provenant de naufrages. Je lui achetais donc 4 Thalers et une pièce de 8. Cette dernière provenait du naufrage d’un navire de la VOC (la Compagnie des Indes Orientales Néerlandaises), le Vergulde Draeck – le Dragon Doré. Ce bateau voyageant en direction de Batavia aux Indes néerlandaises – actuellement Jakarta -avait coulé en 1656 près de la future ville de Perth en Australie, et transportait à son bord diverses marchandises et des caisses d’argent.
J’ai joué un temps avec les pièces, imaginant des histoires de pirates, de galions maudits, de trésors cachés, puis je remisai le tout. Mais la pièce de huit m’intriguait et, en me laissant aller à une rêverie légère, je finis par écrire l’histoire ci-dessus. Puis je laissai de côté le conte et passai à autre chose.
Avec l’évolution d’internet au début du XXIe siècle, je retombai sur l’histoire du naufrage du Vergulde Draeck. Sur les 193 personnes à bord, 75 réussirent à atteindre les côtes de l’Australie. Sept hommes dans une chaloupe reprirent la mer pour aller chercher du secours à Batavia. Ils atteignirent la ville après 40 jours d’épuisants efforts. Les responsables de la VOC envoyèrent 2 vaisseaux en retour, mais ils ne purent retrouver les survivants. Pire, 11 hommes et un bateau furent perdus pendant la mission et les marins furent à nouveau abandonnés sur la plage, après une épouvantablement tempête. Ils firent à nouveau le voyage de retour en chaloupe.
En 1696, soit 40 ans après le naufrage, un capitaine de la VOC, Willem de Vlamingh (1640-1698), proposa d’envoyer une mission d’exploration pour retrouver les traces du Vergulde Draeck du Ridderschap van Holland (disparu en 1694), et de dresser de nouvelles cartes des côtes de l’Australie. En effet, le nombre de naufrages des vaisseaux de la VOC laissait supposer de graves lacunes dans les cartes maritimes de la région.
Contrairement aux missions précédentes, le capitaine proposa comme base de départ, la ville du Cap plutôt que Batavia. Trois navires participaient aux recherches.
On considère généralement que le mot Vergulde (Doré) – prononcé en flamand – ressemble assez fort au mot Vliegende (Volant). De là passer de Vlamingh et Vergulde à vliegende Vamingh, il n’y a qu’un pas. Et le Vergulde Draeck ainsi que le capitaine de Vlamingh vont passer à la postérité sous le nom de Vliegende Vlamingh, Flying Dutchman ou Hollandais Volant.
Il y a donc de fortes chances que le Vergulde Draeck soit donc le navire à l’origine de la Légende.
Ce qui est étonnant, c’est que j’ai imaginé une version du conte en manipulant cette pièce et sans connaître les liens entre les deux histoires, la magie viendrait donc de là…