C'était un après-midi de 1974 dans une salle de cinéma des Champs-Elysées. On donnait Stavisky d'Alain Resnais. Subitement, au beau milieu de la séance, un homme se lève, révolté, hurle, crie au scandale. Son indignation vociférante ne s'apaisant pas, il est expulsé illico.
Ce spectateur, aide-magasinier à l'hôpital Sainte-Anne, s'appelle Claude Stavisky. Il est le fils de Sacha, alias Monsieur Alexandre ou Victor Boitel ou Doisy de Monty ou Adolphe Durantin, selon le cas, le fameux dandy-escroc dont le «suicide» dans un chalet de Chamonix, un jour de l'hiver 1934, fit vaciller la République. Lourde hérédité mais surtout pitoyable destinée que celle de ce réprouvé accablé par son nom.
Passé le temps de la splendeur d'une enfance gâtée sous les lambris du Claridge, il connut, quatorze années durant, la déchéance des aliénés enfermés dans un asile, puis la misère des vagabonds, et, avant de retourner chez les fous comme simple employé, l'errance des magiciens de cirque.
Médrano et Amar l'accueillirent dans leurs tournées. «Stavisky, illusionnistes de père en fils», pouvait-on lire alors sur les affiches de ses spectacles. Entre Alexandre, le flambeur, et Claude, le saltimbanque, après tout, quelle différence?
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