[Réflexion] "STREET MAGIC" = gros pas en arrière ?

Nikola PELLETIER · 16 décembre 2006

Une petite bafouille pour parler d'un thème cher depuis un certain temps la "street magic"... ou magie de rue (bien que ce terme américain ne soit pas innocent à l'affaire).

Je suis un peu étonné pour cet engouement, qui selon moi n'est qu'une tentative de reproduire le succès de ce genre aux US. En effet, je pense que ce style est pour le vieux continent très sensible pour le vieux continent et pourrait amener notre art à un immense pas en arrière. En effet voilà quelques temps lointains, le prestidigitation etait un art de rue, assimilé à d'autres arts de rue et exeuté par des saltimbanques qui ne gagnaient leur vie qu'en faisant la manche (le terme "saltimbanque" est utilisé ici sans aucune connotation négative autre que celle qui lui est en général associée). Or, un beau jour un Amoureux de cet art qui jugeait que sa place ne pouvait se cantonner dans la rue où elle cotoyait hélas la lie de la société, décida de se battre pour lui donner ses lettres de noblesse. Il réussi en lui donnant une vraie place dans un théatre réussissant ainsi de nouveaux miracles impossibles à reproduire dans d'autres conditions que dans une vraie salle devant un vrai public. Cet homme, fut Robert Houdin...à qui tous les hommes qui ont vécu, vivent et vivront de cet art doivent un respect sans limite, ce respect commençant selon mon humble avis par ne pas déservir son oeuvre, ou encore assassiner l'Art magique tel qu'il l'a construit.

Oui je pense (à peut etre une exception pres qui concerne un cartomane parisien réputé...) que la magie n'a rien à faire dans nos rues...

Alors comment expliquer cet engouement ?

Selon moi, ceci est dû au succès qu'a remporté la street magic aux USA qui reste paradoxalement une référence et un pays de fantasme...Or l'approche des Américains face à la magie n'a rien avoir avec l'approche des Européens car ils ont une véritable culture du Music Hall et donc respectent de fait tout ce qui se présente en tant qu'artiste.

Selon moi c'est une toute autre histoire chez nous, et ce à cause d'un passif historique lourd et toujours plus ou moins consciemment ancré dans nos gènes : les batteleurs n'étaient ils pas souvent ceux qui se servaient du spectacle pour détourner l'attention des spectateurs pour mieux les détrousser ? (un exemple parmi tant d'autres légendes atroces sur les saltimbanques)...

Tous les magiciens professionnels se souviennent des moultes arguments tentant de les dissuader de ce diriger vers cette branche....

Oui je suis un amoureux du Music Hall,

Oui je pense que la magie n'a rien à faire dans la rue,

Oui je suis de plus en plus inquiet quant à son avenir...

Vincent DELOURMEL · 16 décembre 2006

Hello Nikola,

Attention, la magie de rue a toujours existé et

elle existera toujours... Tant mieux !

J'ai commencé comme ça et je continue sous une autre

forme, en galerie marchande notamment, via mon

exposition www.magimalice.com . J'ai juste l'avantage

de ne plus me soucier de la météo.

La magie de rue est une excellente école et je ne

me lasse pas de me retrouver dans ces conditions

"extrêmes" où j'ai tant et tant appris.

Pour moi, les meilleurs magiciens sont issus de la rue.

Carmelo, Bertrand Crimet, Mimosa et bien d'autres

sont des artistes qui ont contribué à amener la magie aux

gens, directement.

En galerie marchande, la démarche est la même. Nous

allons vers les gens. Nous leur apportons la magie. Et

dans la plupart des régions, la plupart des gens n'ont

jamais vu de magie d'aussi près.

Pour moi, la rue, la galerie, c'est l'école.

C'est mon laboratoire où je teste un tas de trucs sans

véritable limite (si ce n'est le respect d'autrui).

Et ça ne m'empêche pas de me produire en salle, car

moi aussi je suis aussi amoureux du Music Hall !

Qui ne l'est pas ici ?

Pour ma part, je ne suis pas du tout inquiet pour

la magie. Quand on voit des gars comme

Michael Stutzinger, Xavier Mortimer, le duo Crimet-Carmelo,

mon bon ami Eric Ramage, le trio "Magiciens Tout

est Ecrit", Gaëtan Bloom, Jean Merlin etc...

je ne suis non seulement fier d'être magicien,

mais en plus je reste persuadé que nous avons une

énorme marge de progression.. et donc de manoeuvre.

Wait and See...

Modifié 16 décembre 2006 par Splitch

Loïc MARQUET · 16 décembre 2006

C'est effrayant...

Zappy (ça me fait penser qu'il faut que je renvoie ce papier du reader's digest pour bénficier de ce chèque de 500.000€ attesté par un huissier tamponné par un avocat, signé par un PDG).

Gibé QB · 17 décembre 2006

Salut Niko,

Comme tu le sais, je travaille régulièrement en rue et je t'avoue que je ne cesse de penser au contraire que la magie y a toute sa place comme n'importe quel art du moment où il y a une vraie raison de jouer dans l'espace urbain et avec le public de la rue. La rue ne peut pas être un palliatif à un manque de public en salle, elle est un lieu de spectacle comme un autre avec ses règles et ses inconvénients. Et puis LA magie de rue, ça n'existe pas: il y a DES magies de rue. Pour exemple, je ne me retrouve absolument pas dans la magie t-shirt/basket courante aux USA. Pour moi, ce n'est pas du spectacle de rue mais de l'animation de rue. Il y a une différence entre animation et spectacle (tu le sais bien) et je pense que parfois certaines interventions entretiennent la confusion.

Autre exemple, mon spectacle de close-up (photo ci-jointe) me semble trouver totalement sa place en rue car se référant à un métier de rue, livreur et je ne crois pas qu’en le voyant, le public puisse penser que la magie n’est pas à la place dans la rue. L’objectif d’ailleurs, est de faire du spectacle avant de faire de la magie. Je crois que les spectateurs font très bien la différence.

Vincent DELOURMEL · 17 décembre 2006

Wow, terrible ton truc Art-Gaêl !

Bravo !

Nikola PELLETIER · 17 décembre 2006

Une fois encore, loin de moi l'idée de juger les arts du spectacle de rue...cette bafouille est une simple réflexion, et j'ai bien évidemment conscience que certains magiciens excèllent dans ce domaine (dont toi mon cher Art gaêl ;-) )... Cependant il ne s'agit plus simplement de faire des tours de cartes en jean T shirt et Baskets, sans oublier le tatouage et le piercing....Le tout a des spectateurs surjouant l'émotion magique devant des caméras non cachées....

Je te rejoins tout à fait Art gaêl quant à ton analyse de l'animation de rue...

Nicolas GOUBET (gounico) · 17 décembre 2006

je suis de l'avis d'art gael qui souligne la différence entre animation et spectacle de rue

Je crois que finalement certains qui font de la street magic en jean/tee shirt etc ont trouvé là une façon de ne pas avoir à crééer un "spectacle". C'est un paliatif à la création.

On achete un tour qui tue, on va dans la rue, peu de texte mais juste un effet boeuf et voilà, on n'en fait pas plus on change de passants. Je ne critique pas, je considère aussi que cela n'a rien à voir avec un spectacle de rue comme on peut l'imaginer quand on voit Art gael ou Mimosa, d'autres et j'en passe.

Jean-Charles VAUZELLE · 17 décembre 2006

Et pis surtout le "street magic" tel qu'il est présenté à la mode Ellusionist n'existe pas ! C'est un concept marketing, destiné à faire fantasmer le boutonneux moyen qui se voit ainsi devenir le héros de sa high school le temps d'une vidéo sur youtube !

Par contre des vrais et excellents spectacles de rue, il y en a toujours eu dans les grandes villes aux USA, où le public est bien plus généreux qu'en France et où on peut vivre correctement... (et sans bosser au noir, ni reverser 50% de son cachet à la sécu mais ça c'est une autre histoire... )

Mais les pseudo Blaine, Criss Angel, qu'on rencontrerait à tout bout de champs... y en a pas... ou du moins j'en ai pas vu et pourtant j'y ai vécu un bout de temps...

Snorg

Gibé QB · 17 décembre 2006

Wow, terrible ton truc Art-Gaêl !
Bravo !

Oui, terriblement lourd, j'avoue qu'avec ces 30 kilos sur le dos, je bataille pour avoir l'air détendu. (cf photo 2)

Snorg, pour info, y'à au moins 5 ans que je vis en partie de mon travail en rue sans avoir à faire la manche. Et si le public est plus généreux auX USA, les municipalités (ça dépend lesquelles remarque) le sont plus ici envers les artistes.

Jean-Charles VAUZELLE · 17 décembre 2006

Tout à fait d'accord Art Gael, je parlais bien du public américain, qui est plus généreux, pas les municipalités : exemple à New Orleans, tu payais 50$ la journée pour avoir le droit de te produire dans la rue (il ya six sept ans, ça a du augmenter )

Maintenant aussi, une différence : on ne fait pas "la manche" aux USA, il n'y a pas du tout cette notion de mendicité qu'on retrouve en France où finalement les gens ont tendance à mettre dans le même panier les pauvres types du métro, les chanteurs du même métro, et les artistes de rue... et autres solliciteurs.

Il n'est pas rare d'avoir un billet de 10$ voire de 20$ quand ce qu'on présente plait, je vois ça rarement ici (mais je ne fais plus de rue depuis que j'ai atteind un age avancé et une certaine respectabilité moi mossieur.. )

Quant à ton travail de rue continue, continue, et continue :grin: :grin:, c'est pour moi la plus belle des scènes et heureusement qu'on a des municipalités généreuses !

Snorg