[Lecture] La formation de l'acteur de Constentin Stanislavski

[Matt MORGAN]

Bonjour,

Souhaitant concourir à l'évolution de notre Art du fantastique, j'aimerais vous donner envie de lire "La formation de l'acteur" de Constentin Stanislavski. Se livre, relatant sur le théâtre, et notamment, comment être un Acteur (Magicien), avec un état créateur capable de construire une œuvre, en face d'un public et, en montrant des actes vrais alors que tout est artificiel sur scène (comme en magie). Il y a ainsi, une forte corrélation avec notre Art de la magie. Constentin Stanislavski a contribué à l'évolution du théâtre, en se battant pour un jeu non conventionnel, donc pour un jeu vraisemblable. J'aimerais que cette lecture puisse faire évoluer notre Art, qui souffre d'une image devenue aujourd'hui obsolète. Qui, a encore envie de donner son nom, à une image faisant penser à un lapin dans un chapeau ? Et oui ! Aujourd'hui encore, beaucoup de profanes ont cette représentation mentale obsolète. Qu'attendons nous pour faire évoluer notre Art vers son sommet ?

J'utiliserai, entre parenthèses, le mot « magicien » après le mot « acteur ». En effet, comme le disait Jean-Eugène Robert Houdin : « Le magicien n’est pas un jongleur, il est un acteur qui joue le rôle d’un magicien. »

Tout d'abord, voici une courte introduction du livre :

« La Formation de l'acteur (magicien) est un livre théorique, sur le théâtre, écrit par l'auteur et metteur en scène russe, Constantin Stanislavski. Il a été, avec "La Construction du personnage" et les Cahiers de régie du même auteur, la base de la création de la technique d'interprétation appelée "La Méthode" utilisée à l'Actors Studio. » Wikipedia.

« Ce livre, ce grand livre, est une reconsidération totale de l'acteur (magicien). Il dépouille l'interprète de ses vanités. Il le dévêt de ses clinquants. Il analyse sans pitié ses faux prestiges. Il détruit le cabotinage. Les milliers de spectateurs qui vont au théâtre le soir, à New York comme à Moscou, à Rome comme à Paris, à Berlin comme à Londres, ignorent que ce qu'ils admirent ici ou là sur la scène, depuis le jeu de l'acteur jusqu'à la tenue des groupes, vient souvent de la leçon de Stanislavski. Il n'est pas de comédien authentique qui n'ait, un jour ou l'autre, emprunté sciemment ou non quelques-uns des sentiers de cette analyse. » ( Jean Vilar).

« Le livre prend la forme d'un journal intime, tenu par un étudiant nommé Kostia, pendant sa première année de formation à la méthode Stanislavski. Kostia et ses camarades ont peu, voire aucune, expérience en matière d'art théâtral. Au fur et à mesure des leçons, Torstov, leur professeur et metteur en scène, s'adresse à tous les préjugés qu'ils ont acquis par le passé et qui ne sont pas compatibles avec son « système ». Le livre trouve ainsi une façon originale et indirecte d'enseigner. » Wikipedia. J'ajoute que l'histoire racontée n'est pas seulement théorique, mais aussi concrète. Elle nous propose plusieurs séries d'exercices réalisés par les élèves mêmes, que nous pouvons reproduire pour mieux comprendre le "système".

Ensuite, dans son contenu, ce livre traite de la préparation intérieure de l'acteur (magicien). Effectivement, les spectateurs ne demandant qu'à croire en ce qu'ils voient sur scène, il faut que l'acteur (magicien) joue un jeu authentique, vrai, en expriment des émotions et des sentiments. Le second livre de Constentin Stanislavki, "La Construction du personnage", traite le second aspect du travail de l'acteur (magicien), la préparation extérieure.

Revenons à la formation de l'acteur (magicien) et le premier chapitre. Celui-ci évoque les différentes façon de jouer, et "comment jouer devient un Art."

Après, nous apprenons dans le second chapitre "l'activité" comment chaque action doit avoir un but, de quoi résultent les sentiments, et comment passer du monde réelle au monde de l'imaginaire.

Ensuite, nous tombons dans "l'imagination" qui est le troisième chapitre. Cette partie nous explique comment accéder du domaine du réel au domaine de l'imagination et comment créer mentalement une continuité d'images à la manière d'un film pour remonter les sentiments et émotions à la surface.

Le quatrième chapitre traite de la "concentration". Nous découvrons ici, comment garder son attention sur la scène, les personnages et ce qui s'y passe.

Nous voyons, dans le cinquième chapitre la relaxation en trois phases. Car un acteur (magicien) qui a ses muscles tendus, ne peut pas jouer son rôle convenablement.

Les séquences et objectifs constituent un sixième chapitre. Il s'agit de la technique de la division qui permet d'obtenir les objectifs, qui sont dans un certain sens vrai, et favorisent le passage à l'action de la part de l'acteur (magicien).

Dans le septième chapitre, nous abordons la foi et le sens du vrai. Comme en magie, il faut croire en nos actes. La vérité se trouve dans l'imagination (cf. Chapitre trois).

Le huitième chapitre traite de la mémoire affective. Cela nous explique comment revivre des sentiments que nous avions éprouvés autrefois, par des pensées ou des objets. Pour faire revivre ses émotions et sentiments, il faut faire appel à des excitants qui sont décrits dans cette partie.

Nous étudions dans ce neuvième chapitre, le contact. Le professeur nous apprend comment être en contact avec sois-même (lorsque nous nous parlons à nous même), comment être en contact avec un personnage, comment être en contact avec le public.

Le dixième chapitre relate de l'adaptation. Nous voyons comment s'adapter sur scène.

Nous apprenons dans un onzième chapitre, les moteurs de la vie psychique, qui sont, les sentiments, l'esprit / l'intellect, et la volonté. Il s'agit d'une trinité. En faisant appel à un élément de cette trinité, nous pouvons arriver aux émotions.

Le douzième chapitre nous parle de la ligne de comportement du personnage. L'acteur (magicien) doit lire et relire plusieurs fois la pièce et son rôle, pour comprendre leur essentiel. Cela permet de se laisser porter par le personnage, et une ligne se dessinera en un tout continu.

Le treizième chapitre porte sur l'état créateur a proprement parler. Quel est-il ? Comment y accéder ?

L'avant dernier chapitre, pas le moindre, parle du super-objectif, c.-à-.d. le thème central de la pièce ; et de la ligne continue principale qui attire à elle seule les objectifs mineurs et les séquences.

Le dernier chapitre nous fait voyager au bord du subconscient. En effet, depuis le début de la lecture, nous avons appris des méthodes conscientes pour accéder au subconscient favorisant l'imagination, et par conséquent, jouer un jeu authentique.

Et maintenant à vous d'être acteur. Bonne lecture.

[Thomas]

Merci pour ce CR complet de cet ouvrage de référence.

[Christian CHELMAN]

La lecture de Stanislavski se complète très bien par celle de Tchekov, puis de Lee Strasberg sur la Méthode de l'Actor Studio, de l'incontournable Espace Vide (suivi du "le Diable c'est l'ennui) de Peter Brook. De Peter Brook on retournera à Edward Gordon Craig (l'art du théâtre), sans oublier d'aborder Grotowski et Antonin Artaud (le Théâtre et son Double)

Enfin, il est intéressant de comparer la méthode de l'Actor Studio et celle de l'Old Vic*. Tout ceci pour commencer...

Vous pourrez aussi considérer que la magie est un théâtre d'objets et donc explorer la revue Puck qui traite du théâtre de marionnettes.

La lecture de l'Espace Vide a été essentielle dans ma vision de la magie.

*

Une anecdote célèbre voudrait que lors du dernier jour de tournage du film "Marathon Man", Dustin Hoffman, qui vient de faire un long footing pour paraître épuisé dans le plan qui s'apprête à être tourné, s'étonne du peu de préparation de Laurence Olivier pour la scène. Ce dernier, imperturbable, de lui répondre : « Et si vous vous contentiez de jouer ? ». La réalité est en fait différente comme l'explique Dustin Hoffman lors de son interview réalisée à l'Actors Studio par James Lipton. Étant en instance de divorce, Dustin Hoffman tentait d'oublier ses soucis en se consacrant au travail. Laurence Olivier, qui avait compris son petit jeu, voulut par cette phrase, lui faire comprendre qu'il savait et qu'il lui donnait son soutien.

Cependant, autour de cette situation mythique, se trouve un point essentiel du jeu. Dois-t-on se rapprocher d'émotions réelles ou simplement pouvoir les jouer?

Dans mon cas, lié à la magie contée et étrange, j'ai trouvé un équilibre en mélangeant subtilement des deux.

[Gérard BAKNER]

Autre question :

"Faut-il avoir déjà vécu la même situation ou une situation proche pour pouvoir la jouer ?"

[Christian CHELMAN]

Autre question :

"Faut-il avoir déjà vécu la même situation ou une situation proche pour pouvoir la jouer ?"

C'est toute la problématique qui différencie la Méthode de l'Actor Studio à celle de l'Old Vic.

Se placer dans un état émotionnel proche de la situation ou la jouer?

Bien entendu, certaines situations sont difficiles à imiter (meurtre...). Dans une scène amoureuse, faut-il seulement imiter la chose?

Personnellement, je trouve que la méthode de l'Old Vic dépasse celle de l'Actor Studio, mais les deux écoles ont produit de fabuleux acteurs. Et toutes les deux ont quelque chose à offrir.

Toutefois, la légende veut que les acteurs américains aient du mal à jouer Shakespeare, c'est le thème sous-jacent du film 'Looking for Richard" d'Al Pacino qui, en fin de compte montre effectivement ça.

Qui plus est, dans une répétition d'effets, est-il possible pour le magicien, de conserver la même tension? La technique pure répond 'oui', la mise en tension est plus complexe, à mon avis.

On pourrait comparer aussi les différents types de littérature et cinéma fantastiques - les belges étant plus proches des anglais que des français, par exemple -, mais c'est un autre sujet.

[Allias]

Faut il être meurtrier pour jouer un assassin ?

Faut il avoir fait l'amour avec une personne de son genre pour jouer un(e) homosexuel(lle) ?

Cependant comprendre ce que l'on joue est important et avoir vécu ou vu/lu, apporte un plus non négligeable à l'incarnation. L'imagination doit aussi avoir son rôle à jouer (sans jeu de mot)

[Invité]

Faut-il avoir des pouvoirs pour jouer un magicien ?

Modifié 26 août 2014 par Invité

[Amaury]

Je crois aussi qu'il ne faut pas oublier que comédien ou comédienne est un métier.

On peut construire des ponts, apprendre travailler et peaufiner des techniques mais le savoir ne s'acquiert qu'en jouant. Ne considérez pas cela à la légère en imaginant que c'est un "art annexe" svp.

85% des magiciens que je connais ne sont pas comédiens (même si ils pensent le contraire parfois...), cela ne les empêche pas de faire du bon spectacle de magie. Quand je croise un magicien qui à fait le travail du comédien, je vous jure que ça se sent dans l'émotion magique dégagée.

Mais il ne s'agit pas de lire quelques livres (même si c'est bon de le faire...). Il faut apprendre et jouer !

[Julien LOSA]

Mais il ne s'agit pas de lire quelques livres (même si c'est bon de le faire...). Il faut apprendre et jouer !

Amen. À un moment il faut arrêter de théoriser et il faut agir.

Puis se remettre en question, puis agir à nouveau... Puis se remettre en question... Et ca ne s'arrête JAMAIS.

[Christian GIRARD]

Et ca ne s'arrête JAMAIS.

Quoique :

Sépulture de Stanislavski au cimetière de Novodiévitchi