Comment connaître le prix de son spectacle ?

[Sébastien FOURIE (Spiouf)]

Ce sujet est vraiment très intéressant, et il va certainement faire plusieurs pages.

Je trouve que les propos de Frantz ET de Peter sont à lire avec attention car ce sont 2 avis sur la questions qui peuvent nous aider à nous faire le notre. Je vois que le vieux débat amateur/pro refait surface... ca me fais sourire...

En tout cas j'aime de plus en plus les propos de notre ami Frantz et sa façon de penser le spectacle qui est une vision globale, peut être un peu utopique, mais si tout le monde tendait vers cette direction...

L'idée de mettre des tarifs "de base" est également une bonne chose car je trouve que les magiciens parlent difficilement d'argent, mais j'ai eu une fois l'occasion de faire une grosse soirée avec 15 artistes qui passaient aux tables (Magiciens, balooneurs, silhouetistes, caricaturistes, ventriloque,...) et PERSONNE n'avais les mêmes tarifs !

Une dernière chose, j'ai l'impression après avoir discuté avec des magiciens de plusieurs régions que les tarifs varient également en fonction des régions, des saisons, bref que tout ça est bien compliqué parfois.

Désolé si je ne fais pas avancer le débat mais je vous fait part de mon sentiment sur le sujet.

[Winfried]

C'est sur Spiouf. Il est vrai qu'il arrive qu'on fasse aussi à la tête du client. J'en connais qui font ça, mais gare si ces dames se rencontrent chez le coiffeur!! Mais il est bien tentant du moins il était de faire des prix astronomiques pour des princes ou émirs. les temps ont changé et ils sont devenus non pas regardants mais "radins" j'ai eu l'occasion d'en envoyer bouler un qui ne voulait pas donner plus de 150€. Il faut savoir que ce n'est pas l'émir qui traite mais le troisième sous fifre qui s'occupe du chat de la petite fille et qu'il se gave au passage. C'est le retour de bâton pour tous ceux qui sur la cote ont exagéré à une certaine époque bénie.

[Frantz (CC Magique !)]

Bien que je ne sois pas "full-time pro", et que j'ai donc bien peu de légitimité pour parler de tout ça (à ce que l'on m'a fait comprendre...), je vais me permettre de continuer un peu la discussion, qui m'intéresse vraiment...

j'ai eu une fois l'occasion de faire une grosse soirée avec 15 artistes qui passaient aux tables (Magiciens, balooneurs, silhouetistes, caricaturistes, ventriloque,...) et PERSONNE n'avais les mêmes tarifs !

C'est normal que personne n'aie les mêmes tarifs... Tous ces artistes sont différents, font des choses différentes... Certains sont plus exceptionnels que d'autres dans leur art, donc ils sont plus demandés, donc ils sont plus chers... D'autres arts sont plus rares à trouver, donc ils sont plus chers. Et puis certains veulent gagner mieux leur vie (c'est que ça consomme une Jaguar, et au prix actuel de l'essence...), alors que d'autres ont pour désir impérieux et nécessaire de monter sur scène, sans forcément se soucier de qu'ils peuvent en retirer financièrement...

Vive la différence !... Cherchons à la cultiver et à l'entretenir...

Une dernière chose, j'ai l'impression après avoir discuté avec des magiciens de plusieurs régions que les tarifs varient également en fonction des régions, des saisons, bref que tout ça est bien compliqué parfois.

Exactement... Une heure de close-up à Paris ne se vend pas le même montant qu'à Pouzioux-la-Jarrie, de même que le tarif pour un spectacle le 18 décembre n'est pas le même que pour le même spectacle, fait pour la même personne, dans les mêmes conditions, le 12 février... (C'est, bizarrement, ce que les "full time pros", les seuls ayant une réelle légitimité pour parler du sujet, ont déjà dit ici-même... Bien sûr, ils n'ont pas employé le terme "économie de marché" (ouh ! le vilain mot), mais on parle bien de la même chose...)

Au lieu de vouloir imposer un grille tarifaire stipulant que "tout-le-monde-y-doit-demander-la-même-chose", je pense qu'il serait plus profitable pour notre art d'éduquer sur :

- le fait de se produire en "respectant les règles du jeu" (la loi), et donc en étant déclaré (et, déjà, ceux qui demandaient 100,00 € tout compris vont vite comprendre que ce n'est pas jouable) ;

- le fait de chercher la qualité dans les numéros proposés, de mettre en avant le côté unique de ce que l'on est, et de chercher à faire en sorte que le "client" (ouh ! le vilain mot) veuille nous avoir nous, parce que c'est nous, et pas juste "un magicien, peu importe lequel, si possible le moins cher"...

(Ce qui n'empêche pas, bien évidemment, que certains parlent de leurs propres cachets (comme Teddy ou Peter l'on fait), à titre d'information et d'illustration.)

Puisque certains ici aiment Tommy Wonder (moi le premier), je vais citer une de ses phrases qui m'avait marqué la première fois que je l'ai entendue : "Ne cherchez pas la gloire ou l'argent... cherchez l'excellence dans ce que vous faites... La gloire et l'argent viondront alors nécessairement..."

[Vincent DELOURMEL]

Plutôt d'accord avec Frantz.

Il y a un autre facteur à prendre en compte à mon

humble avis : à partir de quand peut on se faire

rémunérer ?

Je pose la question parce que je vois un tas

de jeunes magiciens qui ont découvert l'art

magique depuis un an ou deux et qui, pour une

raison qui m'est inconnue, pensent pouvoir

facturer une prestation. Or, si je ne m'abuse

faire un tour de magie, c'est bien, mais c'est

pas encore ça qui fait l'artiste.

MagicMic, je te renvois ta question : pourquoi

penses-tu pouvoir facturer une prestation ?

Tu te sens suffisamment bon pour le faire et

assumer un cachet ? Tu as eu un déclic ou c'est

vraiment par amour du métier ?

Je te pose ces questions car comme tu fais

la démarche sincère d'en savoir plus, je pense

qu'avant de se vendre il faut faire un vrai état

des lieux.

Pour ma part, j'ai eu la chance d'être formé pendant

plus de 2 ans avec notre actuel secrétaire FFAP,

Christian Guignet, en cours particuliers. Et c'est seulement

au bout de 3 ans donc que nous avons créé un spectacle

que nous avons vendu à l'époque (en 1992) 1500 francs.

Avec du recul, c'était un spectacle très classique, mais

"propre", avec le regard de Christian (qui n'est pas professionnel,

je le précise).

J'ai continué pendant les 12 années suivantes à me produire

en semi professionnel, en prenant garde de ne pas casser

les prix quand je facturais et, de toute façon, sans faire aucune pub.

Durant ces 12 années, j'ai fait aussi de la magie de rue,

je me suis produit pour des amis, des assos et surtout,

j'ai travaillé mes gammes, j'ai découvert d'autres arts.

Ce n'est qu'en 2004 que je suis passé professionnel en

créant ma propre structure.

Mes prix à mes débuts, c'était donc pour mon tout

premier spectacle 1500 francs. Ensuite, j'ai fait très peu

de prestations payantes : la plupart du temps, comme je

travaillais, je me produisais bénévolement sauf vers les

années 2000 où, comme j'envisageais de me professionnaliser

j'ai commencé à vraiment facturer. En général, je me produisais

en close up pour 500 euros TCC (Toutes Charges Comprises)

et en spectacle de scène pour 700 euros TCC (en fait entre

3000 et 4500 francs suivant que je faisais du close up ou de

la scène.

Avec le temps, j'ai eu le sentiment que je devais me produire

à un prix qui me semblait juste :

- par rapport à ce que je proposais

- par rapport à mes contraintes d'entrepreneur

Je n'ai aucun tabou concernant les prix, voici les miens

au jour d'aujourd'hui :

- Close up : 900 euros HT

- Spectacle "Coffre Magique", clé en main : 1200 euros HT

- Spectacle "Bizarre Non" : 1500 euros HT

- Après, il y a du sur mesure.

Les magiciens qui travaillent avec moi sont tous

professionnels et répondent à certains critères

que j'évalue personnellement :

- personnage

- originalité

- niveau technique

- culture spectacle et magique

- capacité à évoluer, progresser

- capacité à divertir SANS magie

Aujourd'hui, malgré tout, c'est clair qu'il est

plus difficile de passer auprès de nouveaux clients

qui, bien souvent, ne faont pas la différence entre

les magiciens (et pour cause...).

Donc oui, ces clients potentiels là iront naturellement

vers le moins cher s'ils n'ont pas saisit la différence.

Mais le but du jeu, c'est de durer. Or bien souvent, je

croise des jeunes magiciens qui voient là un moyen

rapide pour gagner pas mal d'argent. Sauf que dans

99% des cas ils se grillent auprès de leurs clients, auprès

des collègues, après avoir fait un grand tort à notre

communauté.

Tout est question de RAISON, de RESPONSABILITE et

de MORALITE.

Les prix : ils sont libres, tu peux te vendre le prix qui

te convient comme le dit Frantz. A priori, on ne devrait

pas réserver un "magicien", mais bien tel ou tel artiste. Ce

qui implique, tôt ou tard, de se démarquer d'une façon

ou d'une autre.

Pour finir, je sais que bon nombre crachent sur la FFAP et

sur les amicales. Pourtant, je reste persuadé que c'est

par ce biais qu'on arrivera à éduquer et former...

[Nicolas GOUBET (gounico)]

Je suis d'accord avec Frantz, et comme il parle mieux que moi je vais le laisser parler.

Je suis d'accord sur le fait que si chacun travaillait dans le respect de la loi, les prix monteraient (et oui il faut bien vivre, et si on nous prend la moitié du cachet forcément ça va monter).

Dans l'exemple ci dessus, heureusement que les artistes ne sont pas au même prix. Car même s'ils étaient élevés, le fait qu'ils soient aux mêmes prix constituerait un tarif et tous ceux hors tarifs se verraient exclus ?

c'est marrant car c'est un peu ce qui se passe avec les boutiques.

Personnellement je pense faire de bons close up mais je pense que je n'ai pas la légitimité pour prendre autant que prendrait Sylvain Mirouf.

Je suis aussi d'accord sur le fait de la différence Paris/ Province. Certains tarifs ne pourraient pas s'appliquer à mon sens.

Bref Frantz parlant mieux je le laisse continuer ^^

[magic' mick]

MagicMic, je te renvois ta question : pourquoi

penses-tu pouvoir facturer une prestation ?

Tu te sens suffisamment bon pour le faire et

assumer un cachet ? Tu as eu un déclic ou c'est

vraiment par amour du métier ?

Alors j'ai posé la question car tout bêtement c'est une question qui me turlupine et qui est en rapport (d'après moi) avec comment ce déclarer.

Pour le moment je fait très peu de spectacle et généralement ceux que je fait c'est en scène ouverte ou avec mon asso quand on fait des dînez spectacle.

J'adore la magie, et si je pose aussi cette question c'est surtout pour pas vous faire de tord a vous professionnel.

Je préfère laisser ma place a un pro plutôt que de prendre sa place et que cela ne plaise pas au publique et ne veulent plus entendre parlé de magie.

Pour le moment je n'est pas encore de spectacle monté mais quelque idée avec leurs présentation donc je ne suis pour le moment pas prêt a facturé.

Je préfère prendre des infos maintenant plutôt que d'attendre la veille de mon premier spectacle par exemple.

[Cyrille BEAUDET]

quand je vois les prix je me di que je suis bien en desous.

mais comment monté les prix quand le client nous di que c'est deja trop cher. sa me soul car il sont pres a metre des fortune pour un DJ. mais pour un magicien on a l'impression que on est juste l'amuse quele de la soirée , le petit appéritive avant le plat de resistance.

[John FIKS]

Ah ça y est c'est dit... LA comparaison DJ/magicien...

Bon, comment dire... RIEN A VOIR !!! Voilà... Et justement, dans l'esprit de certain clients cela n'a effectivement rien à voir... Notre rôle (et notre interrêt) est aussi d'informer notre client sur ce que nous apportons à son évènement... Je dis cela mais c'est vraiment un fondamental de la démarche commerciale...

Nous sommes considéré comme "la cerise sur le gâteau" ? Et bien justement, cela se paie !!! A toi de présenter ta prestation comme le clou de la soirée, de convaincre ton client que si celle-ci réussie ce sera parcequ'il t'a engagé !

Autre aspect : de tout ce que j'ai pu lire, il ressort pour certains qu'il ne jugent pas que leur travail vaut les sommes avancées dans ce thread... Comment voulez vous être pris au sérieux, vous vendre, si vous ne croyez même pas en vos qualités (ou les sous-évaluez...) ?

Aussi, et je le dis en tant qu'artiste vivant de ma forme d'expression artistique : NON au dumping. Rendez-vous service : ne bradez pas vos prestations...

Je peux comprendre que l'on n'ose pas placer la barre trop haut ou qu'on soit tenté de casser un peu les prix car on a besoin absolument de bosser, mais je reprendrais les propos de Jean Merlin que j'ai déjà cité dans un interview : "Je comprend qu'on fasse n'importe quoi quand on veut manger, mais ce qui n'est pas normal c'est d'avoir toujours faim après 15 ans de carrière"... Ce qui montre que se brader ne pourra que tirer vers le bas toute la profession (donc soi-même par nécessité).

Pour conclure (et vous me pardonnerez j'espère de citer pas mal de monde ce soir), Otto avait écrit sur ce forum il y a quelques temps que le bon prix se situait quelque part entre le prix minimal que le client voulait mettre et le prix maximal que l'ariste souhaite toucher...

Alors une grille de salaire ? Ben oui, nous sommes quelques uns à vouloir en mettre une en place.... Voir une charte de qualité (je sais c'est un peu utopique, mais si on ne tente rien...)

[Cédric RANS]

mais comment monté les prix quand le client nous di que c'est deja trop cher.

... mais de toute façon, ils disent toujours ça, ou alors qu'ils ont un budget limité ! Il faut passer au-dessus de ça !

[Eflamm CAOUISSIN]

Il faut bien comprendre que si vous acceptez de baisser vos tarifs pour un oui ou pour un non, le client ne vous respectera pas la plupart du temps. En l'occurence vous aurez les toilettes comme vestiaire, on aura oublié de vous prévoir un repas...

Si un électricien ou un plombier vient chez vous, vous négociez son tarif ? Je ne crois pas... Alors pourquoi le feriez-vous ?

Quand vous allez faire vos courses, négociez-vous le prix de votre caddie ?

Quand vous payez vos impôts, les négociez-vous ?

Bref... Quand il n'y a pas de sous, on ne va pas faire ses courses. Mais si vous êtes prêts à baisser votre culotte, pourquoi pas aller faire le tapin, tant qu'à faire !!!