đą Patrick J. is back de Pierre ONFROY | Samedi 14 Octobre @Paris
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Par Dominique BODIN · PubliĂ© le
Derniers souvenirs partagĂ©s ici de cette FISM 2025 avec le 1er prix de micro-magie et Grand Prix FISM de Close-Up. *** Et puis le mercredi 16 IBUKI paru en scĂšne, plia son foulard et avec lui la compĂ©tition de micro-magie. Ce nâĂ©tait que la premiĂšre session sur les trois de la compĂ©tition mais il nây avait guĂšre de doute quâIBUKI serait au palmarĂšs. La rumeur se rĂ©pand rapidement comme souvent dans ce type dâĂ©vĂ©nement. Le soir mĂȘme coincĂ© dans un bus avec la dĂ©lĂ©gation russe qui avait loupĂ© le passage du japonais les voilĂ qui mâassaillent de questions sur son numĂ©ro, car leur propre candidat, Vova, va devoir en dĂ©coudre avec le magicien japonais. *** Description pour qui veut : IBUKI apparaĂźt debout derriĂšre sa table : sur celle-ci un tapis de close-up relevĂ© Ă 45° vers le public et oĂč se dĂ©roulera lâessentiel de la routine. Mais pas son introduction. Le magicien japonais sanglĂ© dans une large veste de costume (couleur entre pĂȘche et crĂšme, mais pas noir, surtout pas noir), fermĂ©e sur le devant par quatre gros boutons, commence par poser alternativement ses mains sur des paires de boutons qui se tĂ©lĂ©portent magiquement jusquâĂ se regrouper tous les quatre dans le coin supĂ©rieur gauche (vue du public) de son pan de veste.  Cousus lĂ , tous les quatre.  RestĂ©s jusque-lĂ bouche cousue, les premiers glapissements de surprise des spectateurs se font entendre dans la salle. Ce nâest que le dĂ©but. *** Sur cette introduction : Les trois premiers effets de tĂ©lĂ©portation se produisent dans un plan vertical, sur la veste mĂȘme dâIBUKI : il sâassure ainsi de lâexcellente visibilitĂ© de cet effet de Matrix, effet redoublĂ© dâune impossibilitĂ© matĂ©rielle : non seulement les boutons voyagent magiquement, mais avec eux leurs coutures aussi (sur cette impossibilitĂ© matĂ©rielle qui redouble le seul effet de tĂ©lĂ©portation, on pense par exemple Ă la Matrix avec des clous plantĂ©s dans une planche de Michael WEBER). Le contraste entre la couleur trĂšs claire du tissu et les boutons sombres participe de cette parfaite visibilitĂ© de lâeffet - en plus dâĂ©liminer certaines explications potentielles au tour. Et comme le montrera le reste de sa routine la visibilitĂ© des effets a Ă©tĂ© clairement un des problĂšmes quâa eu Ă rĂ©soudre IBUKI.   IBUKI aurait pu faire le choix inverse : dĂ©marrer par les boutons regroupĂ©s puis les remettre magiquement Ă leur bonne place ; cela aurait fait sens si la routine avait Ă©tĂ© contextualisĂ©e : IBUKI aurait alors « rĂ©paré » magiquement la malfaçon initiale de sa veste. Mais ici pas de contexte, IBUKI prĂ©fĂšre nous laisser sur lâimage incongrue de cette veste aux boutons drĂŽlement regroupĂ©s (dâailleurs on a pu croiser dans les allĂ©es de la FISM IBUKI tout au long de ces six jours avec sa veste et ses drĂŽles de boutons, conscient de cette image emblĂ©matique, cette image signature). En plus, en terminant avec les boutons regroupĂ©s lĂ oĂč ils ne servent plus Ă rien, quoi de plus naturel que de les dĂ©coudre avec un petit ciseau de couturiĂšre.  La spectatrice (sans introduction formelle) assise Ă droite de la table se voit tendre les ciseaux et dĂ©coud elle-mĂȘme le 4e et dernier bouton (cette spectatrice jouera un rĂŽle clef dans la suite de la mise en scĂšne).  Enfin cette introduction instaure aussi lâĂ©motion magique du reste de la routine : Ă savoir la surprise. « Les boutons ont voyagĂ©...mais attendez un peu, surprise, ils sont bel et bien cousus ». Dâailleurs la premiĂšre surprise de la suite du numĂ©ro sera que le « pouvoir » dâIBUKI ne va pas ĂȘtre tant la tĂ©lĂ©portation que de coudre entre eux magiquement et Ă volontĂ© toutes sortes dâobjets. *** Fin de lâintroduction. Un foulard quadrillĂ© est dĂ©pliĂ© sur le tapis inclinĂ©, les quatre boutons tout juste dĂ©faits de la veste sont chacun posĂ©s Ă un des quatre angles et Ă partir de lĂ , et bien disons que plus rien ne va se passer comme prĂ©vu. PlutĂŽt que de dĂ©florer la suite de la routine deux remarques.  La visibilité : IBUKI a donc un problĂšme : il va magiquement coudre entre eux des objets prĂ©alablement montrĂ©s « libres » les uns des autresâŠmais voilĂ Â : des coutures câest bien peu visible de loin. La mise en scĂšne de la routine pallie cette difficultĂ© majeure de plusieurs façons : o  Quand il le peut IBUKI profite du contraste bien visible de loin du fil de couture blanc magiquement apparu sur certains objets noirs en montrant bien ceux-ci...sous toutes les coutures, avant et arriĂšre. o  IBUKI va Ă plusieurs reprises basculer ses accessoires du plan inclinĂ© du tapis de close-up vers le plan vertical du dĂ©but. Cela rend palpable les coutures mĂȘme aux spectateurs les plus Ă©loignĂ©s qui font physiquement lâexpĂ©rience quâen dĂ©pit de la gravitĂ© des objets restent dĂ©sormais inexplicablement fixĂ©s, car cousus entre eux. o  à lâappui du mot « cousu » quâil vient de prononcer, IBUKI mime (et ce mime a une autre raison dâĂȘtre - voir ci-dessous, les mots) par de larges gestes de sa main droite, en vagues montantes et descendantes, lâacte mĂȘme de lâaiguille qui coud, communiquant lĂ encore pratiquement physiquement Ă tous les spectateurs lâexpĂ©rience du fil qui transperce les objets pour les unir â ce qui renforce encore au passage la totale impossibilitĂ© de son effet magique. o  La spectatrice est elle aussi mise Ă contribution comme tĂ©moin-relais de lâensemble du public : invitĂ©e Ă toucher les coutures, Ă dĂ©coudre, Ă manipuler les boutons libres lâinstant dâavant puis soudainement cousus sous sa propre paume ; jusquâau tout dernier geste dâIBUKI envers cette spectatrice, geste quâon ne rĂ©vĂ©lera pas ici, mais qui a fait fondre les derniers neurones des spectateurs et du jury.            Obtenir une standing ovation de quelque 2200 spectateurs dans une salle dont il a Ă©tĂ© suffisamment dit quâavec son sol plat elle offrait une piĂštre visibilitĂ©, et ce avec quatre boutons et un foulard, prouve combien cette mise en scĂšne est efficace.  Les mots. Pas de dramatisation de lâeffet via un contexte, pas de personnage autre dâIBUKI lui-mĂȘme, un cĂŽtĂ© gendre idĂ©al un rien timide engoncĂ© dans son costume, posĂ© au dĂ©but, puis qui sâanime de plus en plus au grĂ© du crescendo des effets. Le texte : rĂ©duit au possible ; en fait il va tout entier tourner autour dâun calembour assez sot (si jâose dire) : les diffĂ©rentes acceptions en anglais du son [soÊ], de « tellement » (so), à « coudre » (saw), en passant par « vu » (saw). Mais ce jeu de mots Ă premiĂšre vue bĂȘta contribue Ă la montĂ©e en Ă©motion de toute la routine. Et on lâa dit lâĂ©motion visĂ©e est la surprise, aussi chaque sĂ©quence se dĂ©roule selon : o  Exposition de la situation initiale : les objets sont clairement sĂ©parĂ©s. o  La magie se produit en douce, sans incantation, ni geste magique. o  IBUKI prononce le son [soÊ] et on dĂ©couvre stupĂ©fait que lâeffet nâest pas nĂ©cessairement celui attendu (une tĂ©lĂ©portation), mais quâune nouvelle couture est apparue, et jamais lĂ oĂč on lâaurait imaginĂ©e. Le son [soÊ] nâa pas la valeur dâun abracadabra (car quand il est prononcĂ© la magie est dĂ©jĂ advenue), mais il en conserve la valeur rythmique de leitmotiv en marquant le dĂ©but de la phase de rĂ©vĂ©lation de lâĂ©tat final : dĂšs quâIBUKI se montre ravi que quelque chose de « so impossible » sâest produit (mime Ă lâappui de la couture pour souligner le piĂštre calembour so/saw) on frĂ©mit : on nâa rien vu et pourtant une nouvelle couture a surgi lĂ oĂč on ne lâattendait pas. La tension entre la naĂŻvetĂ© assumĂ©e du jeu de mot qui nous nargue dâune part, et notre totale incomprĂ©hension du « truc » dâautre part, dĂ©cuple alors lâĂ©motion magique ressentie. *** Un dernier dĂ©tail. Deux fois jâai vu IBUKI (en compĂ©tition et dans le gala des gagnants) et deux fois Ă un certain moment de la routine alors quâil se saisit du bouton le plus prĂšs de lui Ă sa gauche, le foulard amidonnĂ© reste malencontreusement (?) dressĂ© Ă la verticale. Notre « taureau de la raison » (TAMARIZ) se rue sur ce pli accidentel : IBUKI ne profite-t-il pas dâun pli pas si fortuit pour y dissimuler un bouton restĂ© en place et dont il nâa que simulĂ© la prise ? Lâinstant suivant remarquant le dĂ©sordre de son foulard IBUKI le saisit par deux coins, le claque pour le redĂ©poser bien Ă plat sur le tapisâŠet anĂ©antir au passage notre hypothĂšse : aucun bouton oĂč nous le soupçonnions. Lâart de la fausse piste, du red herring, est un art du tact : trop subtil, le leurre nâest mĂȘme pas remarqué ; grossier, le spectateur flaire lâintention dĂ©libĂ©rĂ©e du magicien de lâĂ©garer et se rebiffe. Jâignore si ce pli, bien vertical, bien visible Ă©tait ou non une maladresse par deux fois rĂ©ellement malencontreuse (improbable Ă ce niveau de compĂ©tition, dâautant que la chorĂ©graphie dâIBUKI est impeccable partout ailleurs), jâignore si ce minuscule « incident » du pi de trop a donc quoi que ce soit de rĂ©flĂ©chi, dâintentionnel (voir mĂȘme de nĂ©cessaire Ă la mĂ©thode), mais si tel est le cas, comme je le soupçonne, faire dâun faux pli un vrai contrĂŽle de notre attention aura suffi Ă me ravir.   -
Par Dominique BODIN · PubliĂ© le
Bonjour, Un peu plus haut en Ă©voquant combien l''"humanitĂ©" du personnage de Mortenn CHRISTIANSEN participe de la construction de son numĂ©ro, la citation de D.BROWN que j'avais en tĂȘte est extraite de "Notes from a Fellow Traveller", page 416 : "I may be alone in thinking about this, but in a craft building on foundations of untruth, it is a worthwile occupation to seek to bring it to a place of honesty."
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