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Dans tout type d'intervention, compétition sportive, prise de parole ou spectacle de magie, le plus difficile : c'est le départ.

Comment bien démarrer ?

Comment introduire son spectacle ? Par quels tours et routines commencer ?

Il ne faut pas quelque chose de trop incroyable, sinon tout ce qui suit peut sembler fade - ni quelque chose de trop lourd, sinon tout le monde décroche avant le 2e numéro ! Pas facile de trouver le tour qui respecte le bon dosage. D'autant plus en mentalisme.

En ce moment je bosse sur un projet de petit spectacle de mentalisme (plus exactement à mi-chemin entre le conte et le mentalisme..). Mais il n'est pas évident d'amener des effets de mentalisme. La réussite d'un effet dépend d'ailleurs souvent d'une réussite précédente, il y a une forme d'effet d'entraînement - comme en hypnose par exemple. D'ailleurs on lit souvent dans nombre de manuels : "routine idéale une fois que le public est conquis, ne pas démarrer par ce tour" - mais aucun n'indique par quel tour on peut idéalement démarrer. Ma question est donc : par quels tours - quel genre de tours - peut-on démarrer un tel spectacle ? Pour l'instant chacune de mes routines conviendrait bien en 2e ou 3e position - pas en 1ere... Que suggérerez-vous ?

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Tu mets un bel ordi pommé avec le nom du spectacle en blanc et rouge sur fond noir, tu écris une belle musique avec un leitmotiv bien catchy, avec de temps en temps un mec à la voix caverneuse qui dit "une heure...", et entre les interventions de la voix, tu expliques ce que représente une heure pour toi, le tout sous une douche à la couleur chaleureuse...

...

...

Ah non, mince, quelqu'un l'a déjà fait, ça !

"Pourquoi jouer tant de notes, alors qu'il suffit de jouer les plus belles ?" (Miles DAVIS).

Publié le

mdr, il l'a fait et le fait bien, il faut le lui laisser roh ! :D

Personnellement je suis en écriture d'un spectacle de mentalisme, et mes effets ou expériences sont toutes trouvés.

Elles suivent une ligne directrice logique et amenée par la présentation.

Je pense donc que le meilleur tour avec lequel commencé c'est celui qui va le mieux illustrer vos propos.

J'avoue cependant que commencé avec une expérience d'hypermnésie ou de duplication de dessin c'est peut être un peu violent.

Mais tentez, relisez, et voyez si ça vous convient, si vous y trouvez une logique et si ça vous plait.

Cordialement,

Anthony.

"If you can’t explain it simply, you don’t understand it well enough."

Einstein

"Success is a bad teacher, it pushes the smart people to believe that they're infallible."

"I'll always choose a lazy person to do a difficult job because he'll find an easy way to do it."

Gates

Publié le
Tu mets un bel ordi pommé avec le nom du spectacle en blanc et rouge sur fond noir, tu écris une belle musique avec un leitmotiv bien catchy, avec de temps en temps un mec à la voix caverneuse qui dit "une heure...", et entre les interventions de la voix, tu expliques ce que représente une heure pour toi, le tout sous une douche à la couleur chaleureuse...

...

...

Ah non, mince, quelqu'un l'a déjà fait, ça !

ahahaha ! ;)

Allez, une fois , n'est pas coutume :

Hello niVelant !

Je ne pense pas qu'il faille réfléchir en terme de "par quel tour commencer" mais plutôt "comment installer la relation spectateur/artiste" ...

Je m'explique : en ce qui me concerne, dans mon spectacle, il se passe 7/8 minutes durant lesquelles...il ne se passe rien ! (en terme de tours/expériences)

Je n'ai jamais vraiment cautionné le "tu arrives, tu fais un tour rapide pour péter les dents et poser les bases et montrer que c'est toi le big boss mentaliste".

Mon intro me permet : de casser l'image ténébreuse que peuvent avoir les gens vis à vis des mentalistes, de présenter mon personnage (enfin, "Julien version scène", car il y a d'autres personnages dans mon spectacle...), de les rassurer (non, je ne révélerai pas des choses intimes ou personnelles) et du coup de m'assurer que personne n'aie peur de participer quand "leur tour viendra" (à dire avec une voix rauque... ;) )...le tout en les faisant rire...

Ensuite, j'ai effectivement un tour rapide qui me permet :

1) de montrer que les personnes foulant mon espace scénique seront mises à l'aise et que l'humour ne se fera pas à leur dépends.

2) d'exposer le thème du spectacle et de m'assurer l'attention de tout le monde.

L'entrée en scène est beaucoup beaucoup beaucoup plus importante à mes yeux (avis perso toujours... ;) ) que le premier "tour".

Si dès les premiers pas sur scène tu attires l'attention, tu peux prendre le temps de raconter une histoire ou d'avoir un long speech avant même qu'un effet soit présent...

Et je ne suis pas non plus pour l'abattage : dans le spectacle que je joue, j'ai au final :

- 1 effet d'influence

- 1 effet de divination

- 1 bloc avec 2 divinations (dont une faite par un spectateur...dans le meilleur des cas...) + 1 prédiction

- 1 dernier effet de divination

- 1 sorte de twist final qui s'apparente à une prédiction mais qui en fait est un élément de réflexion.

That's it...

amic'

Ju'

  • J'aime 1

Choose your battles wisely.

Publié le

Le premier tour et surtout en mentalisme c'est vous.

Les mentalistes n'ont pas l’opportunité d'apparaître en un éclair dans un nuage de fumée tandis que du côté cours et du côté jardin s'agitent deux poupées callipyges. L'entrée du mentaliste c'est lui.

Les spectateurs doivent se dire avec inquiétude "Oh le personnage, comme il parait étrange" et immédiatement il a envie d'en savoir plus, de voir si ce qu'il va présenter est aussi sulfureux que l’atmosphère promise.

Ensuite on passe à son meilleur effet, pour continuer avec son meilleur effet et terminer avec son meilleur effet.

Opinion personnelle bien sûr.

Moi mon entrée, c'est de pousser les assiettes et les verres pour y déposer de mes mains tremblantes mes trois jetons Tenyo que j'extirpe de mon attaché-case, mais les clients du Pochtron's bar sont tellement gentils avec moi.

T'as vu ? Y'en a plus !

Publié le (modifié)
[...]en ce qui me concerne, dans mon spectacle, il se passe 7/8 minutes durant lesquelles...il ne se passe rien ![...]

Au moins, on en a pour son argent...

Sinon moi je commence par un tour de cartes classiques (le tour du biddle), histoire d'installer l'ambiance et surtout de ne pas effrayer mes spectateurs par mes pouvoirs mentaux à la Pr. Xavier. D'ailleurs pour être tout à fait sûr de mon coup, je rate ce tour d'entrée exprès. L'ambiance est tout de suite plus détendue, d'ailleurs parfois trop et je dois recourir au mentalisme punitif (cher à Jean Merlin).

Enfin, contrairement à mon camarade Ju', je proscris l'utilisation de la baguette Kiss-Kass dans un spectacle de mentalisme.

My2Cents

:cool:

Woody

Modifié par Woody
Publié le (modifié)

Pffff... Quand je vous dis que je me ramollis, enfin... Cela cassera certainement le comique inénarrable et ô combien subtil de ma précédente intervention mais je ne pouvais pas garder cela pour moi : Merci Ju' de nous avoir fait profiter de ton expérience : la façon dont tu as structuré ton spectacle, les principaux ressorts de ton entrée, la motivation qu'il y a derrière et les types "d'effet" que tu as proposes au cours de ton spectacle. Bref merci d'avoir partagé un peu de ton bread & butter :) . Vraiment.

Amitiés

:cool:

Woody

Modifié par Woody
Publié le (modifié)

Si la présentation est basée sur la force mentale, psychique et télékinésique des Moines de Shaolin, la baguette Ki Kass est un must. On continue ensuite par la lecture des plis de la baguette grâce à l'universel cold reading que nul n'ignore. Ne pas oublier la neige japonaise en finale.

En "improvisation" si le tour qui amène à la conversation fait itou partie des routines de démarrage, j'ai toujours sur moi de ces petits poissons en fine pellicule cellulosique et qui se plient ou gondolent à la chaleur de la paume de la donzelle sur laquelle l'ide est déposé. La façon dont l'ide se tord indique moult détails sur la sensualité du tendron. Ce n'est pas vulgaire, ni politique et encore moins religieux et ça amuse les petits comme les grands. Les petits cris de joie attirent du monde et chacun veut se faire tester. Le poisson divinatatoire retourne ensuite dans son étui et on passe à autre chose suivant les réactions des téléspectateurs en panne de récepteur : Yi-King, signes ESP, ou balles de mousse.

Bien sûr si, comme votre serviteur, on manque totalement de scrupule, on peut s'écrier en reprenant le poisson "Oh la belle ligne de Destinée que voilà" en y aller de son petit cold reading en chatouillant la paume de l'à présent dulcinée avant de lui remettre sa carte avec l'horaire des consultations, mais ça c'est immoral, c'est du Webster, donc je n'ai rien dit.

Modifié par GRANDOZZIO

T'as vu ? Y'en a plus !

Publié le
J'avoue cependant que commencé avec une expérience d'hypermnésie ou de duplication de dessin c'est peut être un peu violent.

Oui, voilà... ;)

Je pense donc que le meilleur tour avec lequel commencé c'est celui qui va le mieux illustrer vos propos.

d'ac, je vais commencer par le propos, c'est le propos qui doit être prétexte aux tours, et non les tours prétextes aux propos

Hello niVelant !

Je ne pense pas qu'il faille réfléchir en terme de "par quel tour commencer" mais plutôt "comment installer la relation spectateur/artiste" ...

Je m'explique : en ce qui me concerne, dans mon spectacle, il se passe 7/8 minutes durant lesquelles...il ne se passe rien ! (en terme de tours/expériences)

Je n'ai jamais vraiment cautionné le "tu arrives, tu fais un tour rapide pour péter les dents et poser les bases et montrer que c'est toi le big boss mentaliste".

Mon intro me permet : de casser l'image ténébreuse que peuvent avoir les gens vis à vis des mentalistes, de présenter mon personnage (enfin, "Julien version scène", car il y a d'autres personnages dans mon spectacle...), de les rassurer (non, je ne révélerai pas des choses intimes ou personnelles) et du coup de m'assurer que personne n'aie peur de participer quand "leur tour viendra" (à dire avec une voix rauque... ;) )...le tout en les faisant rire...

Ensuite, j'ai effectivement un tour rapide qui me permet :

1) de montrer que les personnes foulant mon espace scénique seront mises à l'aise et que l'humour ne se fera pas à leur dépends.

2) d'exposer le thème du spectacle et de m'assurer l'attention de tout le monde.

L'entrée en scène est beaucoup beaucoup beaucoup plus importante à mes yeux (avis perso toujours... ;) ) que le premier "tour".

Si dès les premiers pas sur scène tu attires l'attention, tu peux prendre le temps de raconter une histoire ou d'avoir un long speech avant même qu'un effet soit présent...

...

Merci pour ces conseils Julien ! Effectivement je vais penser "relation" avant de penser "démonstration", ce sont des excellents critères pour choisir ce que je vais faire au début... quitte à ne rien faire ;)

Toutefois après l'entrée en scène il y a bien un premier tour rapide, je ne l'ai pas encore et du coup ça bloque un peu - cela dit je vais peut-être y arriver tout naturellement en continuant de travailler.

Alors oui, le rythme doit aller crescendo, et si tu assures fort climax en intro, il faut tenir la route derrière.

Bonne entrée, bon plat de résistance, bon dessert, chacun de ses plats ne doivent pas t'être indigeste naturellement, je dirais mieux:

Comment offrir du plaisir, du rêve, si l'on possède pas soi-même ?..

Oui je ne compte pas démarrer trop fort, pour ne pas créer dans le public des attentes trop élevées pour les tours suivants. L'image du menu est bien trouvé, il me faut quelques tapas ;)

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  • Messages

    • Et si l'on parle de "bouffée de l'humanité" : quelques portraits de la Fism à Rimini, là où l'humanité était encore plus palpable.... Qui me cite les noms ?   
    • Bonjour, Heureux si j'ai pu partager avec certains quelques unes des émotions ressenties pendant les six jours de cette FISM. À propos d'émotions, le numéro du 1er prix en magie de salon en débordait. (précision : lors de son second passage sur "Fool Us" le tout début de ce numéro a déjà été montré : si vous ne l'avez pas déjà vu...alors tant mieux, gardez-vous de le regarder, vous vous gâcheriez une partie du plaisir de la version intégrale) *** Asi WIND dans « Incredibly Human » ou Derren BROWN dans son dernier livre se posent la même question : pour que dans un spectacle vivant et interactif une émotion sincère puisse naître, il faut que surgisse une connexion authentique entre l’artiste et son public. Dès lors, comment concilier en magie cette authenticité de la relation humaine avec un art qui est, lui, tout entier tourné vers l’artifice ? Ce jeudi 17 juillet à TURIN au matin, lors de la compétition de magie de salon, Mortenn CHRISTIANSEN a à sa manière si particulière fait surgir cette bouffée d’humanité dans un auditorium comble. *** Dès le départ tout est allé de travers pour le candidat danois Mortenn CHRISTIANSEN, appelé sur scène alors qu’il n’était absolument pas prêt. Mais alors pas prêt du tout, du tout, du tout. Le jeune homme bien portant boulottait des chips en douce dans les coulisses au moment d’entrer en scène, mais dans la précipitation, c’est la cata : sa main droite s’est coincée dans son tube de chips. Son désarroi est palpable. Pour tenter de sauver la mise de demander malgré tout une carte à un spectateur (Shawn FARQUHAR s’y colle, va pour le 4 de cœur) avant de s’apercevoir que son paquet de cartes est coincé dans la poche arrière droite de son pantalon -pas de bol, pile du côté de sa main bloquée dans le paquet de chips : au prix de moult contorsions Mortenn parvient à faire remonter peu à peu le paquet de cartes qui émerge de sa poche et finit par chuter sur scène. Il le ramasse de sa seule main libre -la gauche- sort les cartes et enchaine une série de piètres manipulations d’une main. Les maladresses succèdent aux maladresses, Mortenn peste, marmonne combien il n’était pas prêt, laisse lamentablement choir toujours plus de cartes, bref sa prestation tourne à l’embarras complet. Mais attendez, voilà que Mortenn ne tient plus qu’une seule carte, dos au public…se pourrait-il ? *** À cet instant la routine bascule : Mortenn fanfaronne : « Eh eh…vous avez cru que je n’étais pas prêt…et bien c’était pour de faux, j’étais prêt, archi-prêt… ». Qu’on se le tienne pour dit, on va voir ce qu’on va voir. Non pas bien sûr que quiconque dans la salle ait réellement cru à la farce de Mortenn pas prêt – même si cette séquence du pauvre garçon en prise aux pires coups du sort aura quand même suffit à susciter notre empathie immédiate envers lui-, mais nous voilà, nous dans la salle, passés en un clin d’œil de spectateurs à spect-acteurs, projetés dans le rôle qui nous est assigné : celui d’adultes face à un petit enfant trop content d’avoir roulé son monde dans la farine ; et nous allons, pour lui faire plaisir, faire comme si nous avions effectivement gobé la bonne blague de sa déroute feinte. Par sa personnalité scénique et sa mise en scène, ayé, le (vrai) tour est joué : le bras de fer potentiel public-magicien est illico désamorcé, nous consentons à entrer dans le monde de Mortenn, nous jouons à faire comme si nous avions vraiment cru qu’il était pris de court, et ainsi nous nous livrons pieds et poings liés au garnement. Mortenn est un enfant mais pas à la manière mettons d’un Rubi FEREZ- enfant lunaire, rayonnant et malicieux, qui s’émerveille de tout. Non, pour Mortenn le monde est vaste et compliqué ; puéril et hypersensible (donc hyper-attachant) il est en butte aux gens et aux choses qui le rendent bien, bien, malheureux. Et la magie est son salut. Et la vraie magie est que tout le reste de la routine va puiser sa justification précisément dans le personnage même de Mortenn CHRISTIANSEN, dans sa « revanche » face aux grandes personnes. *** Car à cet instant la routine bascule aussi en termes de nature d’effet magique : on va passer d’une démonstration burlesque d’habilité à retrouver une carte par des manipulations faussement maladroites, à un tout autre effet : une prédiction. Ou plutôt des prédictions. Les magiciens ont sans doute tendance à surestimer l’impact réel des effets de prédiction sur leur public, et, pour donner un semblant de construction dramatique à leur numéro, à multiplier les révélations sur le mode : « vous avez librement choisi le 4 de cœur…observez miracle ! C’est la seule carte à dos rouge dans ce paquet bleu… non seulement cela, mais j’ai aussi un 4 de cœur tatoué sur mon bras…et attendez un peu…une carte et une seule dans mon portefeuille le 4 de cœur… ». Le kicker jusqu’à plus soif. La surenchère de prédictions au lieu de décupler l’effet bien souvent l’amoindrit. On avait saisi le message dès la première prédiction révélée : ok le magicien a prévu l’avenir, quel besoin a-t-il donc de nous le « prouver » encore et encore ? L’insistance superflue éveille la suspicion : lors d’un spectacle vu il y a quelques temps j’entendis ainsi soupirer un spectateur au moment de la « trop parfaite » énième révélation : « Bon ok donc c’est le 4 de cœur tous les soirs... » (sic) (pages 46-47 de « Notes from a Fellow Traveler » D.BROWN explique la réécriture du final de son show « Enigma » suite à un exemple semblable d’accumulations d’effets redondants qui s’affaiblissaient mutuellement au lieu de créer la montée dramatique escomptée). Mortenn CHRISTIANSEN va réemployer cette structure « discutable » et lui aussi multiplier les prédictions de la carte choisie -au moins 5 de mémoire : alors pourquoi ici cela fonctionne-t-il si bien, jusqu’à déclencher une standing ovation ? Premièrement le choix initial est on ne peut plus convaincant, transparent : le spectateur nomme librement la première carte qui lui passe par la tête -le jeu n’est même pas encore sorti, et puis quelles manipulations possibles avec une main fourrée dans un paquet de chips ? Comme notre esprit rationnel est tranquillisé de ce côté-ci par une procédure rapide et limpide, il va se faire d’autant plus facilement submerger ensuite par notre esprit émotionnel. Car, deuxièmement, l’accumulation de révélations de prédictions de cette carte est motivée dramatiquement (et donc notre esprit rationnel le cède d’autant plus aisément à notre esprit émotionnel) : c’est juste le personnage immature de Mortenn qui piaffe ; il nous a bien eu, et vlan, vlan, vlan, prédiction après prédiction, le petit enfant jubile d’avoir joué un si bon tour à ces grands bêtas d’adultes. Et nous qui avions si volontiers consenti à entrer dans son jeu nous voilà refaits, désarçonnés face à une avalanche d’impossibilités grandissantes. Ici c’est donc du personnage que part la construction dramatique de la routine et sa multiplication des effets de prédictions. Et non pas d’un personnage de magicien surplombant qui pour accroitre son prestige, prédictions après prédictions, essaierait (vainement) d’étoffer le mystère ; mais bien d’un personnage enfantin qui a gagné notre sympathie et que l’on regarde tendrement trépigner d’avoir enfin le dessus sur les « grandes » personnes que nous sommes. Le martèlement des effets reflète la psychologie de Mortenn. D’un point de vue magique, la rafale de révélations sature notre esprit rationnel : à peine est-il parti en chasse d’un début d’explication potentielle d’une des prédictions qu’une autre surgit encore plus mystérieuse (on n’est pas ici face à un même effet strictement répété avec des méthodes différentes qui se protègent mutuellement - voir la carte ambitieuse dans "Le Chemin Maqique" de J.TAMARIZ- mais bien face à une même carte prédite de manières très variées). Le crescendo est assuré par l’animation puérile croissante du personnage trop content de nous avoir bien eus, par des prédictions de plus en plus incompréhensibles donc (variées aussi en échelle et supports), et enfin par une série d’effets annexes qui rythment l’emballement final du numéro et brisent l’enchainement de prédictions seules : production de deux verres de jus d’orange, une carte transformée en chips, une autre en écouteurs, et même un quick change mi-foiré - l’enfant Mortenn a mis sa chemise à l’envers. Et tout cela en harmonie avec le personnage :  on se souvient comment il avait au début joué sans ambages de sa morphologie pour péniblement extraire les cartes de son pantalon (d’ailleurs comme un callback il se dandinera une seconde fois au cours de la routine pour extraire une seule carte de son autre poche arrière), c’est cette sincérité-là vis-à-vis de ce qu’il est, physiquement et mentalement, qui fait qu’on se figure assez Mortenn se couper d’un monde compliqué pour lui avec ses écouteurs, en mangeant ses chips, parfois même peut-être essaye-t-il de socialiser en offrant des verres de jus d’orange sans voir qu’on rigole dans son dos de ce qu’il est mal fagoté. Tout un petit monde, toute une humanité simple, dans les pas dix minutes d’un « bête » tour de cartes. *** Plus tard ce même jour alors que j’évoque avec Shawn FARQUHAR son documentaire « Lost in the Shuffle » il soupire, soulagé : enfin quelqu’un qui lui parle d’autre chose que de ce satané 4 de cœur de la compétition du matin avec Mortenn CHRISTIANSEN. Il a visiblement été assailli toute la journée par des spectateurs persuadés de sa complicité avec le magicien danois – une complicité pourtant clairement interdite par le règlement du concours. Le 4 de cœur ?, me dit-il, c’est tout simplement la carte qui avait été choisie lors de sa propre victoire à la FISM en 2009.
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