[Tour] Le végétarien

[Gérard BAKNER]

Le comédien est assis sur un tabouret, les avant-bras reposant sur les cuisses. Il se tient légèrement voûté. Une douche l’éclaire. Il parle à un commissaire de police en relevant légèrement la tête. On sent un peu la brute épaisse. Pas beaucoup de vocabulaire…

Il a entre les mains une corbeille métallique.

Matériel : la corbeille métallique qui permet de faire apparaître, à vue, un bouquet de fleurs. Vous aurez remplacé, auparavant, les fleurs (en papier) multicolores par les mêmes fleurs mais toutes de couleur verte. Ainsi l’apparition du « bouquet » passera pour une salade.

Scénario et texte : oui, ça m’est arrivé, comme ça Monsieur le Commissaire, d’un seul coup… Sans prévenir. Une histoire blette comme chou. (Il montre que ça l’a énervé).

Pourtant ça allait bien... Ce jour là, j’avais la patate…

Bon ben je sors de chez moi, je ne sais pas pourquoi mais toutes ces voitures, là, garées, en rang d’oignons, forcément ça m’a…

Oui la mienne aussi, oui.

Oui, j’avais une prune !

Ce que j’ai fait ?

Ben j’ai été voir l’aubergine. Une petite frisée, haute comme trois pommes (Geste de la main).

Non, elle n’était pas désagréable, non. Même plutôt charmante (Geste silhouette), les yeux en amandes… (Il dessine les yeux)

Elle m’a regardé, là, derrière ses lentilles… Elle m’a dit : vous comptez payer tout de suite ?

Bon ben, moi, forcément ça m’a énervé …

Faut dire que ce jour là, sur moi je n’avais pas un radis... Comment ça « je navet » ? Ah bah, oui forcément, je navet pas un radis !

Oui ce jour là, côté oseille, j’étais un peu raide. Plus de blé ! Complètement fauché !

Bon elle m’a dit, suivez-moi, on va éplucher votre cas…

Ben qu’est ce que vous voulez que je fasse Monsieur le Commissaire ? Moi bonne poire, je l’ai suivi…

Hé, c’est quand même pas ma faute à moi, si en voiture, elle m’a dit d’appuyer un peu trop sur le champignon et que tous les feux on les a passés à l’orange… Moi, je n’étais pas pressé, d’arriver là-bas…

Comment ça ? Si j’ai téléphoné à mon avocat ? Oui, j’ai téléphoné à mon avocat, oui… Un type bien, très cultivé. Un peu comme vous Monsieur le Commissaire. Un type qui ne mâche pas ses mots.

Oui, oui comme vous… une grosse… (Geste d’embonpoint, puis il se reprend) Une grosse légume, quoi…

Ce qu’il m’a dit ? Ben, il m’a dit : ail, ail, ail. Mon pauvre monsieur, y’a longtemps que pour vous les carottes sont cuites… Ca aussi ça m’a énervé… Surtout quand il m’a dit que mon histoire, elle datte un peu… Et pourquoi pas un roman de Lewis Scarole pendant qu’on y est. Non mais !

Oh ! Ah non, là, moi, je commençais à ruminer…

Alors de là, forcément, on est venu aux mains… Vous savez ce que c’est Monsieur le Commissaire, un marron, une châtaigne… Enfin tout un foin, quoi…

Oui, je suis d’accord avec vous Monsieur le Commissaire, c’est une véritable histoire à la noix !

Comment ça le panier à salade ?

Ah vous voulez que je monte dedans. Bon, ben si vous le dites… mais pour aller où ?

La Roquette ?

Ah la prison ! Bon, ben alors, dans ce cas là… à La Roquette… (Résigné) : Apparition de la salade puis noir.

Texte déposé à la Société des Gens de Lettres de France.

Modifié 25 août 2005 par Thomas THIEBAUT

[Thibault FORESTIER]

Merci beaucoup

Mais j'aimerais connaitre vos (tes) motivations.

Bien souvent, on voit, on entends les pros interdirent de ré-utiliser ce qu'ils vendent, leurs histoires.... [qu'on soit d'accord ou non, n'est pas le pbl ici]

re:[et encore, on a depassé la mode du "achetez ma K7, mais interdiction de faire les N°].

Alors je me demande pourquoi Gérard BAKNER lui nous offre régulièrement ses textes ??!!

Qu'est-ce qui te motive dans ta démarche à l'encontre des habitudes plus ou moins bonnes ?

A+

[Gibé QB]

Je ne répondrais pas à la place de gérard Bakner sur sa motivation mais je crois que la simple lecture de ses textes est stimulante.

Perso, je ne prends pas ces petites scènes offertes sur le forum comme un point de départ pré-mâché pour monter un spectacle mais comme une source d'inspiration à l'écriture.

J'apprécie les mots, la scène, la situation, l'emploi d'un champs lexical déterminé, je visualise et je prends plaisir à imaginer. Puis, je prends plaisir à détourner, à réinventer, à changer de thème, d'effet, de personnage et en jouant ainsi, on peut s'en aller très loin du texte et de l'effet original.

Pour faire une métaphore touristique, je crois que ce que nous offre Gérard Bakner, ce n'est pas un séjour tout compris dans un hôtel de luxe mijoté aux petits oignons mais plutôt un billet d'avion pour une destination inconnue: On sait quand on part et sur quelle compagnie mais on ne découvre que peu à peu où l'on va. Et ma foi, c'est bien plus palpitant!

[Gérard BAKNER]

En me relisant, je m'aperçois que j'ai supprimé une partie du texte. Après "blette comme chou" il faut ajouter :

"Pourtant ça allait bien... Ce jour là, j’avais la patate…

Bon ben je sors de chez moi, je ne sais pas pourquoi mais toutes ces voitures, là, garées, en rang d’oignons, forcément ça m’a… "

Quand à ma motivation ?

Je n’en sais rien mais sûrement : apporter ma pierre à l’édifice…

J’ai une conception de la magie que j’aime partager (la magie mise en situation : la magie est, pour moi, un outil au service de l’artiste).

D’autre part, j’ai des scénarios et des textes qui dorment plein mes tiroirs…

Cependant attention tous mes textes sont déposés, si vous voulez les utiliser je n’y vois aucun inconvénient (SAUF pour une diffusion à grande échelle (télévision, publicité, etc.) car là, ils ont l’argent pour payer les auteurs).

Si vous souhaitez utiliser un texte ou un scénario, il suffit de me téléphoner. C’est simple…

Merci pour tes propos Art -Gaêl.

Gérard

[Julien LOSA]

un grand merci à Mr Bakner... J'A-DO-RE vos textes...